mercredi 24 avril 2024
Emmanuel de Vaucelles

Emmanuel de Vaucelles

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...

C’est officiel et comme attendu toujours à cette époque le Château Mouton Rothschild dévoile sa nouvelle étiquette pour son millésime 2018 et met en avant un artiste contemporain et cette année c’est le Chinois Xu Bing qui a été choisi pour la dessiner.

Pour rappel, la folle histoire autour des étiquettes de Mouton a débuté en 1924, à l’occasion de la première mise en bouteille au Château. Une étiquette spécifique est réalisée pour l’évènement par l’affichiste Jean Carlu. Cette étiquette est, depuis 1994, sur les bouteilles du vin Petit Mouton.

Par la suite, c’est en 1945 que l’histoire, voire le rite, s’installe. Le baron Philippe de Rothschild décide, avec le succès des Alliés sur l’Allemagne mettant fin au segond conflit mondial du XXème siècle, de le célébrer en illustrant l’étiquette de Mouton Rothschild d’un V de la Victoire. Elle est dessinée par Philippe Jullian. Depuis, chaque année, divers artistes réalisent les étiquettes du Château et certaines ne manquent pas d’originalité et peuvent dérouter parfois les consommateurs traditionalistes. En revanche, elles font le bonheur des collectionneurs à travers le monde.

Il est à noter que les auteurs ne sont pas rémunérés pour leur œuvre. Ils reçoivent par contre des bouteilles de deux millésimes différents, dont celui qu’ils illustrent. Le Chinois Xu Bing ne sera pas déçu, car l’année 2018 semble être à la lumière des premières dégustations une très belle réussite.

Selon les premiers commentaires, au premier regard, l’étiquette du millésime 2018 du château Mouton-Rothschild déploie des caractères chinois aussi stylisés qu’illisibles pour celui qui ne maîtrise pas les sinogrammes. Mais avec une lecture attentive, il apparaît que ces signes sont en réalité des lettres latines donnant l’illusion de l’écriture chinoise traditionnelle (selon une police d’écriture : Square Word Calligraphy).

Réalisée par le peintre et sculpteur chinois Xu Bing, âgé aujourd’hui de 65 ans, cette calligraphie « reflète le travail de l’artiste sur la splendeur illusoire des apparences » indique un communiqué du château Mouton-Rothschild, précisant que « ces caractères de Xu Bing sont conçus pour se révéler au lecteur attentif les uns après les autres, comme les saveurs d'un grand vin se donnent, elles aussi, peu à peu à découvrir. »

Cette belle poésie ne doit pas faire oublier les enjeux commerciaux important auxquels les grandes propriétés viticoles dont Mouton sont aujourd’hui confrontés à cause de la crise et le choix d’un citoyen Chinois n’est pas anodin. La croissance se confirme en Asie alors que le reste du monde est en récession, le vin en Chine est en pleine croissance, mouton connait un fort développement et il est important de communiquer auprès des consommateurs de l’Empire du Milieu afin de traverser une conjoncture peut être durablement tendue ailleurs.

Source: McViti

Mieux qu’un film dramatique ou qu’une série policière, le scénario de la vente des Hospices de Beaune, qui a réservé bien des surprises aux acteurs de la filière. Après quelques rebondissements, elle a été finalement annulée ce samedi 14 novembre en fin d’après-midi, à la veille de son déroulement.

« Acheter aux Hospices de Beaune est une tradition autant qu’un engagement », expliquait Albéric Bichot, président de la Maison Albert Bichot, suite à la vente des Hospices le dimanche 17 novembre 2019. Et la Maison n’avait pas départi à la tradition cette année-là en se portant acquéreur de 122 pièces (82 pièces de vin rouge et 40 pièces de vin blanc), soit près de 21% du total des pièces de la vente, pour un montant de 2 795 100 €. Sur les 10 dernières années, la Maison aura acquis 1002 pièces sur les 6257 vendues par les Hospices.

Il va sans dire qu’’à la suite de l’annulation de la vente, la réaction d’Albéric Bichot était attendue. Dans une note adressée à ses clients principaux il a indiqué: « Nous avons le regret de vous annoncer que la 160e vente des vins des Hospices de Beaune, qui aurait dû se dérouler le dimanche 15 novembre, est repoussée à une date ultérieure. Cette décision préfectorale a été rendue publique le samedi 14 novembre en début de soirée. Nous attendons avec impatience l’annonce de la prochaine vente, qui devrait être organisée dans les meilleurs délais, et nous ne manquerons pas de vous en informer. Nous restons bien entendu mobilisés et déterminés pour continuer à soutenir les Hospices de Beaune, comme nous le faisons depuis plus d’un siècle. »

Mais comment s’est déroulé ce film au scénario improbable? Début novembre, Alain Suguenot, le maire de la ville, les Hospices Civiles de Beaune et la société Christie’s annoncent, via des communiqués de presse successifs, que la vente est sauvée malgré le confinement décidé par le gouvernement quelques jours avant. La préfecture de Côte-d'Or valide une vacation qui se tiendra principalement en ligne, avec très peu d'acheteurs présents et à travers un protocole sanitaire strict. Quelques jours plus tard, le nom du parrain est dévoilé, ce sera Marc Lavoine, qui de chez lui et non en présentiel devra supporter l’enchère de la Pièce des Présidents, dont les fonds iront aux hospitaliers qui sont au front contre la pandémie. Vendredi 13 novembre, vers 20 heures, le Conseil des ventes volontaires (CVV), autorité qui régule les ventes aux enchères – donc Christie's –, suspend l'événement à la surprise générale.

La raison serait que la vente violerait les règles du confinement. Contestant cet argument, les organisateurs prétendent que cette décision est nulle de droit. Ce qu’ils redoutent surtout, c’est que la 160e édition de la vente soit autorisée uniquement sur Internet, risquant de ne pas attirer les gros acheteurs.

Ce samedi 14 novembre, vers 14h30, le directeur et président du directoire des Hospices Civils de Beaune affirme qu'un accord a été trouvé : la vente se fera tout de même, mais à huis clos, le CVV est d'accord. Pourtant à 19 heures, la décision de la préfecture tombe comme un couperet, elle annule la tenue ce 15 novembre à 14h30 de la vente tant attendue.

Ne souhaitant pas de polémique, les Hospices Civils de Beaune ont indiqué dans un communiqué que l'événement n'est que reporté et « sera organisé dans les meilleurs délais en prenant en compte toutes les remarques et contributions pour en améliorer encore les conditions et son bon déroulement  ».

« Nous sommes déçus, mais ce n’est pas non plus une catastrophe, la vente n’est que repoussée », résume Louis-Fabrice Latour, le président du Bureau Interprofessionnel du Vin de Bourgogne (BIVB) et de la maison de négoce éponyme. Soulignant que la filière des vins de Bourgogne résiste bien à la crise sanitaire (-7 % d'exportations en valeur en septembre), le négociant estime que « dans le fond, le négoce et les acheteurs seront là pour la vente si elle se tient dans les prochaines semaines, avant Noël. Mais pour la forme, après toutes ces palinodies entre les Hospices, la mairie, la préfecture et Christie's, quitte à annuler, il aurait été mieux de la faire il y a quinze jours ou trois semaines plutôt que du jour pour le lendemain, sans que les clients soient correctement informés », indique-t-il.

Une belle pagaille qui prête à sourire cette fois-ci, si la manifestation peut se dérouler dans de bonnes conditions prochainement. Néanmoins, beaucoup restent surpris de la réaction tardive du CCV et du préfet qui attendent la veille pour annuler une manifestation ô combien importante pour la filière viticole Bourguignonne.

Source: McViti

Malgré le confinement partiel décidé par le gouvernement français, la vente aux enchères des Hospices de Beaune se déroulera bien le dimanche 15 novembre en présentiel, mais avec les professionnels seulement.

Le suspense est levé depuis quelques jours. La célèbre vente de charité aura bien lieu, le communiqué de presse des Hospices de Beaune le confirme tout en établissant une forme de code de bonne conduite imposé aux participants: « La 160e vente des vins des Hospices de Beaune aura bien lieu le dimanche 15 novembre 2020. Cette vente aux enchères sera orchestrée par Christie’s sous les Halles de Beaune à 14 heures 30 précises dans un format raisonnable et raisonné principalement réservé aux acheteurs professionnels présents sur place, tandis que les acheteurs particuliers français et du monde entier pourront également participer aux enchères par téléphone ou en ligne. »

Afin de respecter au mieux la distanciation sociale, les Hospices Civils de Beaune et Christie's  imposent un protocole sanitaire strict. Ainsi, il est exigé aux participants assis sous les Halles de :

  • Porter un masque en toute circonstance depuis la sortie de leur véhicule ou domicile. Le port du masque est obligatoire durant toute la durée de la vente sauf pour le commissaire-priseur. Pour des questions d'hygiène, il leur sera demandé de changer de masque après 4 heures d'utilisation (prévoir un masque de rechange);
  • Se présenter à l'entrée indiquée sur le ticket acheteur à partir de 13h45 (début de la vente à 14h30;
  • Se laver les mains avec de la solution hydroalcoolique à l’arrivée;
  • Rejoindre sa place assise numérotée directement sans aucun contact;
  • Respecter la distanciation sociale avec les autres participants (pas de changement de place autorisé, une chaise sur deux, pas de discussion penchée vers son voisin...);
  • Limiter ses déplacements au strict nécessaire (accès aux sanitaires et sortie). Seul le personnel en charge de l'organisation de la vente (nombre limité au strict nécessaire) pourra se déplacer.

D'une manière générale, le nombre de personnes présentes sera très fortement limité : l'accès au public ne sera pas autorisé, rappelle le communiqué.

Le parrain cette année de la pièce de Charité dite Pièce des Présidents est le chanteur et acteur Marc Lavoine. Les Hospices Civils de Beaune et le Château de Chambord font œuvre commune pour proposer une pièce d’exception qui sera vendue au profit des hospitaliers de France victimes de la COVID-19 afin de rendre hommage à leur engagement en première ligne depuis plusieurs mois.

Il s’agira cette année d’un Clos de la Roche Grand Cru, dans le vignoble de la Côte de Nuits. L'an dernier, en 2019, la "pièce des présidents" avait été adjugée pour 260 000 euros, au profit l’Association Autour des Williams et l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.

Concernant le reste de la vente de Charité, ce sera pas moins de 630 pièces de vin qui seront proposées aux enchères, dont 156 pièces de blancs et 474 pièces de rouges qui s’annoncent là aussi de très belle qualité. Le communiqué des Hospices précise que 2020 a été une année très précoce, les vendanges se sont déroulées entièrement en août, du 18 au 29, avec un état sanitaire des raisins presque parfait, la pression des maladies cryptogamiques ayant été contenue. Les vignes n’ont en outre pas connu de situation caniculaire comme cela avait été le cas en 2019 et la vinification a été adaptée par Ludivine Griveau, la régisseuse du domaine. Pour les rouges, notamment, les macérations préfermentaires à froid ont été plus longues que d’habitude afin de conserver un maximum de fraîcheur fruitée dans les vins (les macérations à chaud de fin de fermentation alcoolique ayant pour leur part été écourtées).

Afin d’éviter toute polémique quant au maintien de cette manifestation majeure pour le secteur vitivinicole et la Bourgogne en particulier, le maire de Beaune, Alain Suguenot, estime que "la pire des choses aurait été de ne pas l’organiser, car il s’agit en tout premier lieu d’assurer les ressources permettant de pérenniser les investissements nécessaires à l’Hôpital, car je rappelle que l’ensemble des travaux de rénovation sont entrepris grâce aux fruits de cette vente, sans dotation extérieure et sans financement de l’État. À travers cette décision, c’est aussi l’œuvre de bienfaisance et de charité de Nicolas Rolin et de Guigne de Salins que nous poursuivons, puisque la pièce de charité bénéficiera cette année directement aux personnels soignants, à travers la FHF et le CGOS." Rappelle-t-il.

Il va sans dire que la 160e vente aux enchères aura un côté quelque peu particulier du fait du contexte sanitaire. Quel en sera ou non l’impact sur le montant de la vente? Allons-nous battre de nouveaux records? La qualité du millésime pourrait le permettre. Mais cette vente sera aussi un révélateur pour savoir où en est le moral des acheteurs tant en France qu’à l’international, du fait de la récession économique. À suivre, donc de près, la semaine prochaine!

Source : McViti

Une production viticole 2020 presque normale en une période qui n’est l’est plus soit par la conjoncture soit par les effets d’un climat quelque peu capricieux.

Comme chaque année, l’OIV (office International de la Vigne et du Vin) dont le siège est à Paris et qui est à la filière viticole et des spiritueux ce qu’est l’ONU à l’organisation du monde ou l’OMS à celle de la santé, publie ses résultats sur la production 2020 du vin dans le monde.  Il s’agit d’une estimation car si dans l’hémisphère sud les vendanges ont eu lieu entre février et mars, dans l’hémisphère nord, elles se sont déroulées entre septembre et octobre et les chiffres pourraient encore évoluer à la marge.

Pour l’année 2020, l’OIV estime la production mondiale de vin entre 253,9 millions d’hectolitres et 262,2 Mhl, soit une moyenne de 258 Mhl, après 256 Mhl en 2019 rapporte l’organisation dans son communiqué de presse.

Dans l’Union européenne, la récolte est estimée à 159 Mhl, soit 5% de plus qu’en 2019, avec un recul de 1% du premier producteur mondial, l’Italie, à 47,2 Mhl, une légère progression de 4% en France (43,9 Mhl), le deuxième producteur mondial et un bond de 11% en Espagne (37,5 Mhl), le troisième acteur majeur de la filière.

La production de chacun de ces trois pays – qui représentent 49% de la production mondiale de vin – est en dessous de leur moyenne quinquennale respective 2015-2020, souligne l’OIV. Ceci résulte aussi bien de conditions météorologiques favorables au printemps et en été pour la vigne, que de mesures de régulation du marché en amont, certains vignobles ayant volontairement réduit leurs volumes pour ne pas trop affecter les prix déjà tirés vers le bas par la crise du Covid-19 comme la champagne par exemple.

Ailleurs dans le monde, L’OIV souligne aussi l’impact des sécheresses et feux de forêts qui ont affecté beaucoup de domaines viticoles. Principale victime des aléas climatiques cette année, l’Argentine qui a vu sa production baisser de 17% par rapport à 2019 et de 13% par rapport à la moyenne quinquennale, à 10,8 Mhl. De même, le voisin Chilien a souffert de la sécheresse et affiche un recul de 13% à 10,3 Mhl.

Toujours dans l’hémisphère sud mais à l’autre bout, L’Australie enregistre  un déclin de sa production viticole, à 10,6 Mhl, -11% par rapport à 2019 et -16% par rapport à sa moyenne quinquennale. L’effet des incendies de décembre 2019 et janvier 2020 ne sont pas étrangers à ce recul même si la sècheresse en est l’explication principale.

Aux États-Unis, si les premières estimations de l’OIV, basée sur celles du ministère américain de l’agriculture (USDA) tablent sur une production de vin de 24,7 Mhl, soit une hausse de 1% par rapport à 2019), l’OIV prévient que ce chiffre pourrait être “revu significativement dans les mois à venir” lorsque “les effets réels des feux dans les vallées viticoles de Napa et Sonoma entre autres seront évalués.

Production stable, donc, mais contrasté. Reste à connaitre maintenant le niveau qualitatif. Là encore, il est trop tôt pour se prononcer mais la filière dans sa globalité se veut optimiste, un peu comme chaque année… Seul le temps et les dégustations arbitreront. 

Source: McViti

Le célèbre Château Lafite Rothschild fête ses 150 ans de « Rothschild » à l’occasion de la sortie du millésime 2018 sur les marchés début 2021.

Le Château Lafite Rothschild, premier Cru classé en 1855 est situé au cœur de l’appellation Pauillac. Le vignoble se situe plus précisément à une quarantaine de kilomètres au nord de Bordeaux, sur la rive gauche de la Gironde. Les 1250 hectares de vignes sont entouré au nord par celles de Saint Estephe et au sud par celles de Saint Julien.

Mais ce qui fait le prestige entre autre de Pauillac est que sur les cinq premiers crus classés que déterminent le classement voulu par Napoléon III en 1855, trois sont issus de ce vignoble. Outre, Lafite, il y a Château Latour et son cousin Mouton Rothschild, une autre branche de la famille.

Le vignoble de Lafite comprend trois grandes zones : les coteaux autour du Château, le plateau des Carruades contigu à l’ouest et une parcelle de 4,5 ha sur la commune voisine de Saint-Estèphe. La surface est de 112 ha, ce sont des terres de graves fines, profondes, mêlées à des sables éoliens sur un sous-sol de calcaire tertiaire, bien drainées et bien exposées.

Les cépages sont le cabernet sauvignon (70%), le merlot (25%), le cabernet franc (3%) et le petit verdot (2%).

L’âge moyen des vignes est de 39 ans, mais il faut savoir que les vignes de moins de 10 ans ne rentrent pas dans le grand vin, ce qui signifie que l’âge des vignes donnant le grand vin est plutôt de l’ordre de 45 ans en moyenne. La parcelle la plus âgée, dite « La Gravière », fut plantée en 1886, presque un record de longévité...

Si la première référence connue de Lafite remonte à 1234, avec un Gombaud de Lafite, abbé du Monastère de Vertheuil au nord de Pauillac, l’existence de Lafite en tant que Seigneurie médiévale est attestée dès le XIVe siècle. Le nom de Lafite provient du gascon « la hite », c’est à dire la butte. Il y avait probablement déjà des vignes sur la propriété, mais c’est avec les Ségur, au XVIIe siècle, que le vignoble se structure et que la réputation de Lafite comme grande propriété viticole s’établit. Jacques de Ségur est à l’origine de la plantation du vignoble, autour de 1670 et au début des années 1680.

Le 8 août 1868, le Baron James de Rothschild acquiert le Château Lafite mis en vente publique dans le cadre de la succession d'Ignace-Joseph Vanlerberghe dont la famille avait racheté la propriété en 1818 mettant fin à diverse transaction qu’avait connu le domaine après l’exécution en 1794 du dernier propriétaire issus de la famille Ségur.

Source: McViti

Le Château Latour, 1er grand Cru Classé en 1855, propriété du milliardaire François Pinault situé à Pauillac, participerait à faire flamber le prix du foncier sur son appellation.

Tandis que les derniers coups de sécateurs se donnent dans le Sauternais et que nos meilleurs statisticiens calculent le volume que la France produira en cette vendange 2020, chiffre qui devrait tourner autour de 45 millions d’hectolitres, année moyenne, donc, pour le volume, c’est à Pauillac que se fait l’actualité avec une transaction spectaculaire.

Depuis l’arrivée du coronavirus, le confinement et maintenant le début d’une nouvelle vague de contamination, les transactions s’étaient faites rares. Juste à signaler la vente en Bourgogne du Domaine Jessiaume. L’exploitation de Santenay (Côte de Beaune) a été cédée en septembre 2020 par l’investisseur écossais Sir David Murray. Le domaine de 15 hectares appartient désormais à Jean-François Le Bigot, docteur en pharmacologie et dirigeant d’une start-up de biotechnologie.

Au cœur du Médoc, à la fin du XXe siècle, dans les années 1990, le prix à l’hectare à Pauillac se négociait autour de 500 000 francs, soit 75 000 euros environ, et cela paraissait à tout un chacun une vraie fortune. Mais l’époque à bien changé, comme nous l’indique le site Internet Terre de Vins dans un article paru le 25 septembre, où il nous informe qu’une transaction récemment réalisée entre le Château Latour et une famille de coopérateurs (les Aka-Creuzin) – il en reste une petite dizaine sur Pauillac qui travaillent avec la cave – s’est décidée à céder son petit vignoble. Le prix de vente avoisinait les 3 millions d’euros l’hectare, mais la transaction s’est faite en deçà, de 2,2 à 2,5 millions en fonction de la parcelle. Car le petit hectare se composait de trois lots, l’un jouxtant le vignoble de Latour, un autre celui de Pichon Longueville Comtesse de Lalande, et enfin le troisième touchait les vignes de Cordeillan-Bages. Le Château Latour a acheté la première parcelle et le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande s’est emparé des deux autres. Après négociation, le bout sur Cordeillan sera à nouveau cédé aux propriétaires du Château Lynch-Bages. Une logique de proximité qui n’a pas toujours été respectée, nous précise l’article de Terre de Vins.

Mais comment peut s’expliquer une telle inflation surtout en cette période si particulière où la crise économique pourrait toucher durablement la planète et aussi le monde du luxe? L’une des explications avancées par les professionnels est que contrairement à beaucoup de région comme la Bourgogne, où se sont les terroirs qui sont classés, à Bordeaux, par la magie du classement de 1855, un Grand Cru Classé peut voir son vignoble s’agrandir sans limite, si ce n’est celle de son appellation, Pauillac en l’occurrence, pour notre affaire.

Depuis trente ans, l’inflation des Grands Crus Classés Bordelais aiguise les appétits de leurs prestigieux propriétaires. Terre de Vins nous précise que la dernière opération d’envergure avait eu lieu en 2017 par la famille Cazes, propriétaire du Château Lynch-Bages, avec l’achat du Château Haut-Batailley, autre Grand Cru Classé 1855, et sa quarantaine d’hectares. Les chiffres qui circulaient à l’époque évoquaient 2 millions d’euros l’hectare.

Mais François Pinault, propriétaire de Latour, n’en est pas à son coup d’essai. En 2017 déjà, il souffle le Clos de Tart, à Morey Saint Denis, au milliardaire chinois Jack Ma. fondateur d’Alibaba, l’Amazone chinois. Pour mémoire, ce clos, propriété de la famille mâconnaise Mommessin depuis 1932, d’un seul tenant de 753 hectares, produit 30 000 bouteilles par an d’un vin rouge qui est l’un des plus fameux de Morey Saint-Denis, dans la Côte de Nuits. Mais surtout, le Clos de Tart est à la fois un grand cru et un monopole. En clair, le domaine constitue une appellation à lui seul, ce qui est rarissime. C’est surtout l’exact pendant de l’autre clos fameux de l’appellation, le Clos des Lambrays, racheté en 2014 par le vieux rival du milliardaire breton, Bernard Arnault. Le prix de la cession n’a jamais été communiqué, mais les proches du dossier ont parlé de record. La qualité du foncier n’est donc pas toujours l’explication de son prix, mais l’égo de ses acquéreurs en est aujourd’hui une composante importante.

Crise ou pas, il semble que le vignoble, tout au moins les vignobles de luxe, continuent à susciter un intérêt particulier auprès des milliardaires ou autres institutionnels. Nous verrons dans les mois à venir si cette tendance se confirme ou non.

Source: McViti

La mention « Crus Bourgeois » consacre la qualité et la valeur des vins rouges produits dans l’une des huit appellations du Médoc : Médoc, Haut-Médoc, Listrac, Moulis, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe. Mais être « Cru Bourgeois », qu’est-ce que cela signifie ?

Le terme « Cru bourgeois » trouve sa source dans la classification coutumière antérieure au XIXe siècle qui distinguait, au sein des vins du Médoc, les « Crus Bourgeois », les « Crus Artisans » et les « Crus Paysans » selon le statut social du propriétaire du vignoble. La publication du Classement de 1855 remettra en cause cette hiérarchie.

Mais depuis cette date, les qualités respectives des différents vins de Bordeaux ont évolué. Le classement ne reflétait donc plus toujours au XXe siècle l'évaluation historique. Sur cette constatation, des producteurs et négociants de la région Médocaine ont proposé en 1932 une distinction nouvelle appelée à devenir la mention « Cru bourgeois » qui pouvait être facultativement apposée sur les bouteilles récompensées.

En 1966 et en 1978, deux palmarès syndicaux sont venus couronner la dénomination, pour aboutir à un classement officiel reconnu par l'État français. Ce classement a été réactualisé en 2003 et est devenu « Le classement officiel des Crus Bourgeois » dans le cadre de deux arrêtés de juin 2003.

C’était sans compter sur quelques châteaux déclassés, qui ont entamé un marathon devant les tribunaux pour en obtenir l’annulation. À la suite des différents jugements, l’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc a entrepris de faire homologuer un nouveau régime, portant non plus sur un système de classification, mais sur un principe de labellisation, selon un rythme annuel. Ce nouveau régime a été introduit par un décret de 2009, complété par un arrêté ministériel de la même année..

Mais cette situation ne convenaient pas à une grande majorité des acteurs Bordelais et un long travail de fond a été mené par les professionnels et l’administration pour qu’enfin aboutisse un nouveau classement publié ce 20 février.

Le classement des « Crus Bourgeois », Comment ça marche?

C’est un long parcours du combattant qu’ont dû mener les propriétés afin de pouvoir prétendre au fameux « titre ». Tout d’abord, il fallait déposer une candidature, validée par un organisme de vérification. Puis le château candidat devait soumettre ses vins à la dégustation verticale à l’aveugle de 5 millésimes. La note obtenue par le cru candidat à cette analyse conditionnait l’accès du cru à l’un des niveaux du Classement. Un niveau 3 à l’analyse sensorielle donnait l’accès à la mention « Cru Bourgeois », un niveau 1 ou 2 à la mention « Cru Bourgeois Supérieur », un niveau 1 à la mention « Cru Bourgeois Exceptionnel », nous résume Terre de Vins dans un article publié le 18 février. Mais pour accéder à l’un de ces deux niveaux, Supérieur ou Exceptionnel, encore fallait-il avoir candidaté à la « mention complémentaire ». Plusieurs critères entraient alors en ligne de compte :

  • Critère 1 : Attestation d’une certification environnementale de niveau 2
  • Critère 2 : Vignoble, récolte, chais, conditionnement, étiquetage, stockage, système de qualité doivent répondre à un cahier des charges
  • Critère 3 : Mise en valeur du site, qualité de l’accueil des visiteurs professionnels (du vin) et des particuliers, promotion individuelle et collective, mode de distribution, valorisation nationale et internationale du cru

L’évaluation aura été faite par une commission de 6 experts (Technique / Commerce & Promotion), plus une visite complémentaire sur site par l’Organisme de Vérification.

Cette phase s’est soldée par l’attribution d’une note pour chacun des 10 thèmes.

Le classement durera cinq ans avant qu’un nouveau soit établi, mais pendant cette période, les contrôles suivants seront appliqués :

  • La qualité du vin : dégustation à l’aveugle et mesure de la constance.
  • La traçabilité et l’authentification par un sticker pour chaque millésime.
  • Les contrôles organoleptiques avant conditionnement perdurant pendant toute la durée quinquennale du Classement (au moins 2 contrôles par cru).
  • L’environnement par l’engagement des crus dans une démarche de respect des bonnes pratiques culturales et environnementales. Beaucoup de Château pour ce classement. Ne pouvant y prétendre, ils ont pris un engagement avec une échéance dans cinq ans.

Et donc ce jeudi 20 février le suspens a pris fin et les résultats ont été révélés à la presse. Il a été retenu 249 crus, soit 31% de la production de la région du Médoc (28 millions de bouteilles).

Les jurés ont distingué 14 propriétés « Crus Bourgeois Exceptionnels », la plus haute distinction. Les « Crus Bourgeois Supérieurs » sont nombreux cette année avec 56 propriétés. Les « Crus Bourgeois » simples sont au nombre de 179.

L'AOC Médoc concentre 115 propriétés distinguées « Haut-Médoc », 88 « Saint-Estèphe », 15 « Listrac-Médoc », 14 « Moulis-en-Médoc », 8 « Margaux », et « Pauillac » une seule propriété.

Le grand changement pour les propriétés est que le classement est établi sur cinq ans et n’est plus révisé chaque année. Il y a donc désormais la possibilité de voir plus loin qu’à l’horizon d’une année. Pour ces réseaux de distribution l’obtention de la mention « Cru Bourgeois » est cruciale, car le consommateur qui vient au château est davantage intéressé « par ce qu’il goûte » que par le sticker « Cru bourgeois » sur la bouteille. Par contre, ce même consommateur, dans un rayon de supermarché, n’a pas la possibilité de goûter, et s’en remet donc à ce qu’il lit sur la bouteille et plus particulièrement les mentions de médaille à divers concours, ou lorsqu’il s’agit d’un vin du Médoc, la mention « Cru Bourgeois ».

Beaucoup de châteaux dépendent donc des cavistes, des restaurateurs et des négociants et lorsque ceux-ci représentent 70% de vos ventes, le classement prend une toute autre importance. Pour un propriétaire, la peur de ne pas être « Cru Bourgeois », c’est la peur de perdre des marchés, surtout en temps de crise, tant en France qu’à l’export. Si sur les marchés émergeants, les « Crus Bourgeois » ne sont pas encore très reconnus, sur les marchés traditionnels tels que la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Québec ou le Benelux, le taux de notoriété est très bon chez les amateurs. 

Quant au prix, une augmentation sur les « Crus Exceptionnels » peut être attendue, certains châteaux étant encore très bon marché. Pour les autres, rien n’est moins sûr, compte tenu de la conjoncture internationale. Les primeurs d’avril de Bordeaux nous donneront sans doute une indication.

Source : McViti

Le discret négociant bordelais, propriétaire notamment du Château Gruaud Larose à Saint-Julien et des eaux minérales Abatilles, investit dans le Sauternais en reprenant le domaine de la famille Dejean, le Château Rabaud Promis.

À Sauternes, depuis quelques années, l’ambiance est morose, le vin d’Or ne se vend plus aussi bien qu’avant pour de multiples raisons. Ces derniers mois ont été l’occasion d’échanges entre quelques figures du vignoble comme Alexandre de Lur Saluces, qui reproche à certains propriétaires comme ceux du Château Lafaurie Peyraguey de dénaturer ses vins en voulant des associés à des recettes atypiques tel du vin chaud ou des cocktails. Mais pendant que le débat fait rage sur cette nouvelle mode entre les anciens qui se veulent gardien du temple, et les modernes qui voudraient bouleverser les codes, des transactions ont lieu dans le vignoble et pas des moindres.

Suite à cette opération, les commentaires vont bon train dans le village des irréductibles producteurs de liquoreux: « qu’un des grands négociants de Bordeaux s’intéresse à un grand cru de Sauternes est bien sûr une bonne nouvelle », a réagi Xavier Planty, président de l’ODG de Sauternes-Barsac. D’autant que Thomas Dejean « un des meilleurs vinificateurs de Sauternes », selon Xavier Planty, doit rester actionnaire et directeur de la propriété. Le journal Sud-Ouest, dans son édition Internet du 3 février, précise que Jean Merlaut n’est pas un inconnu dans l’appellation, puisqu’il a été le vinificateur d’un autre 1er grand cru de Sauternes, le Château Reyne Vigneau, il y a quelques années.

L’achat, selon le site Internet Terre de Vins, aurait été signé le 24 décembre, mais le montant de la transaction est resté confidentiel. Néanmoins, le journal Sud-Ouest indique que quelques points restent à finaliser avant une signature définitive. Un peu de suspens persiste, donc. Le Château Rabaud-Promis, situé à un kilomètre au nord d'Yquem sur la commune de Bommes, occupe le sommet de la colline de Rabaud, aux pentes douces et couvertes de vignes qui lui ont permis d'être classé Premier Cru en 1855. Il est produit du vin en ce lieu depuis le XVIIe siècle et c'était jusqu’à peu la famille Déjean qui en était à la tête. Adepte des innovations, elle fut la première à installer dans le vignoble de Sauternes un canon anti-grêle. Les vignes couvrent 33 hectares où domine le sémillon, un peu de sauvignon et des traces de muscadelle comme au Château Filhot, à quelques encablures de là. En effet, rare sont les propriétés à avoir de la muscadelle dans leur parcellaire. La famille revendiquait une viticulture raisonnée qui favorisait la biodiversité et le travail mécanique du sol. Une philosophie assez proche de celle du Château Gruaud Larose.

Les vins de Rabaud Promis bénéficient d’une vinification parcellaire. Ils sont réputés pour être des vins qui ne sont pas exagérément chargés en sucre, pour ne pas saturer les papilles. Ils produisent également un second vin, les Promesses de Rabaud-Promis. Tout un programme en période de crise…

Pour mémoire, le Château Gruaud Larose est une belle référence du Médoc. La famille Merlaut a repris ce 2e cru classé en 1855 en 1997, après que celle-ci soit passé dans les mains d’investisseurs institutionnels comme Alcatel Alsthom en 1993, permettant d’importants investissements, notamment pour la rénovation des chais. Les vignes couvrent 80 ha et sont plantées sur un sol de graves garonnaises sur sous-sol argilo-calcaire avec un encépagement de Cabernet-Sauvignon (61%), Merlot (29%), Cabernet-Franc et Petit Verdot (5% chacun). L’âge moyen des vignes est de 43 ans.

Que ce soit en France ou à l’étranger, la période des « transferts » à l’image du football reste très active. Les rumeurs actuellement ne manquent pas dans les différents vignobles de l’hexagone, à voir maintenant si elles se concrétisent ou non. Suspens!

Source: McViti

« L’Amérique est un gros client pour nous. Nous n’avons pas fait cet investissement pour réagir aux secousses du marché mais nous nous doutions que les taxes risquaient d’augmenter et que les relations pouvaient se compliquer. Être sur place nous permet d’intervenir au quotidien. » Par cette déclaration Daniel Cathiard justifie l’important investissement que lui et sa famille viennent de faire aux États-Unis.

Depuis 1990, Smith Haut-Lafite est la propriété de Daniel Cathiard, qui est tombé sous le charme des lieux et des vins qui y sont produits. Les vignes couvrent aujourd'hui 67 hectares en rouge et 11 en blanc, avec les principaux cépages bordelais : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, petit verdot, sauvignon et sémillon.

Outre un domaine viticole à la pointe, la famille Cathiard a développé une marque de cosmétiques, Caudalies, essentiellement issus du produit de la vigne et en particulier du pépin de raisin. De même, la famille a créé un hôtel restaurant étoilé dans l’enceinte de la propriété, venant compléter une offre viticole reconnue.

Mais l’histoire de Smith Haut-Lffitte est ancienne : déjà en 1365, la maison noble du Bosq donne naissance au vignoble. Au 18e siècle, l'Écossais George Smith achète le domaine, accole son nom, construit la chartreuse et exporte le vin vers l'Angleterre, contribuant ainsi à sa renommée. Le classement de 1959 pour les vins de Graves vient conforter cette réputation en classant les rouges en Grand Cru Classé.

Et puis, parce que peut-être un peu à l’étroit en France, l’information est tombée en début de semaine, le lundi 20 janvier, et a été reprise massivement par la presse. Une famille française investit fortement en Californie et pas n’importe laquelle, les Cathiard.

Depuis longtemps, la Napa Valley, au nord de San Francisco, fait rêver les Français. De nombreux propriétaires de châteaux et de grands groupes (Moët Hennessy et Pernod Ricard, entre autres) y ont investi dans des domaines de premier plan.

Aujourd’hui, la politique protectionniste de Trump, qui vise essentiellement le vin français, constitue un premier motif valable d’acquisition aux États-Unis pour qui veut profiter du formidable marché du vin local. Sur place, les tarifs des bouteilles plus élevés qu’en France, l’importance de la vente directe et des clubs mis en place par chaque marque sont d’autres atouts. Dans ce contexte, trente ans après l’acquisition de Smith Haut-Lafitte Florence et Daniel Cathiard annoncent leur première acquisition à l’étranger avec l’achat aux familles Komes et Garvey d’un domaine situé à Rutherford, au sud de St. Helena.

Au-delà des motifs conjoncturels, la famille explique ses motivations : « Nous avons un temps prospecté en Toscane, mais acquérir un domaine en Italie est vraiment très compliqué. Alors nous avons cherché en Napa Valley, où la viticulture est proche de celle que nous connaissons. En outre, nous avons des affinités familiales avec les États-Unis », a précisé Daniel Cathiard.

Les voilà donc à la tête du ranch de Rutherford. Il compte 25 hectares de vignes entourés de 110 hectares de forêt primaire, explique Florence Cathiard. Comme la plupart des propriétés perchées sur les coteaux de la vallée, la propriété est composée de plusieurs parcelles. Et cerise sur le gâteau, le domaine pourra être agrandi de 5 à 10 hectares sans difficultés, a-t-il été précisé. L’encépagement est majoritairement bordelais, Cabernet Sauvignon et Merlot. Ce sont des vignes en coteaux avec un ensoleillement modéré, ce qui est un point très important, l’ensoleillement trop important en Californie étant souvent un problème pour la vigne.

La famille n’a pas repris la marque, ni les stocks Flora Springs, conservés par le vendeur. L’image actuelle du domaine ne correspond pas aux ambitions des Cathiard, semble-t-il, qui souhaitent revoir la gamme du domaine. Jusqu’à présent, 600 000 bouteilles y étaient produites chaque année, ce qui est un rendement que l’on n'imagine pas sur un domaine traditionnel en appellation en France. Néanmoins, le prix des vins se situe aujourd’hui sur le marché américain entre 30 et 50 dollars, ce qui est déjà une somme rondelette. Pour ce qui est du future nom du domaine, rien est encore arrêté, mais les initiales de Smith Haut-Lafitte pourraient ête rappelées sur l’étiquette.

Dès les vendange 2020, la première récolte devrait descendre à 200 000 cols. Le vin est appelé à progresser avec des rendements plus faibles, une agriculture bio, une approche plus précise du terroir... « Nous voulons retrouver l’esprit l’origine des pionniers, celui des frères Rennie qui ont créé l’exploitation en 1885. Nous allons installer sur place un jeune ingénieur agronome œnologue formé à Château Smith Haut-Lafitte », précise la famille.

Comme premier projet, un très gros chantier de construction d’un nouveau cuvier devrait voir le jour afin d’adapter la vinification à la recherche de précision souhaiter. Autre programme à court terme, profiter de l’œnotourisme très développé dans la vallée. « Nous disposons d’autorisations pour recevoir un grand nombre de personnes au domaine », ajoute Florence Cathiard. Mais pour le moment il n’est pas envisagé de créer un hôtel ou un restaurant haut de gamme comme en France. La famille souhaite au départ se consacrer au vignoble et à la vinification.

D’ordinaire, nous indiquons que le montant de l’opération n’a pas été communiqué à la presse. Néanmoins, cette fois-ci, le site Lefigaro-Vin, dans son article paru le lundi 20 septembre, s’est risqué à donner un chiffre : la transaction serait proche de 100 millions d’euros. Et compte tenu des investissements prévus, la note finale devrait être salée. Rappelons que ni la marque, ni les stocks n’ont été rachetés. Mais le prix des prochaines bouteilles devrait s’envoler, compte tenu du futures coûts de production...

Il sera intéressant de suivre ce projet de longue haleine sur un secteur en perpétuelle transformation et où d’autres investissements en 2020 ne devraient pas manquer d’avoir lieu.

Source: McViti

Si très souvent la presse se fait l’écho d’investissements étrangers dans nos régions viticoles françaises, l’inverse est parfois aussi vrai : depuis quelques années, les vignerons ou de grands groupes hexagonaux investissent à travers le monde.

C’est le cas dans l’hémisphère sud en ce moment, où les producteurs font parler d’eux par l’intermédiaire de leurs vins produits en Nouvelle-Zélande, où un cépage domine le Sauvignon Blanc. Les trois grandes références françaises sont : Cloudy Bay appartenant au groupe Moët Hennessy (LVMH), Rimapere jusqu’à présent Joy-Venture appartenant à la famille Rothschild ou Clos Henri, détenu par la famille Bourgeois, belle maison du Sancerrois, la région iconique du Sauvignon.

Vitisphère, dans un article paru sur son site Internet le jeudi 19 décembre, annonce la prise de contrôle du groupe Edmond de Rothschild du vignoble néo-zélandais Rimapere. Rimapere est un domaine de 24 hectares qui commercialise ses premières bouteilles en 2012. C’est peu de temps avant que la maison Baron Benjamin de Rothschild décide de développer la production de vin blanc de la Compagnie Vinicole en acquérant 24 hectares de vignes sur le site de Rapaura, dans la vallée de Marlborough (15 900 hectares de vigne), par une association avec la famille néo-zélandaise Peabody, propriétaire de la winery Craggy Range. Le Sauvignon Blanc de Rimapere est accompagné par une production de Pinot Noir. Rothschild décide donc d’en prendre totalement la gestion avec une volonté de développer ce vignoble tant en notoriété que peut-être dans l’avenir par le développement du foncier.

La célèbre vallée de Marlborough compte aujourd'hui près de 12 000 hectares dédiés au Sauvignon (presque 80% de la surface plantée en vigne). Largement de quoi entretenir sa réputation mondiale. De même, les productions de Pinot Noir, de Riesling et de Chardonnay se montrent à leur tour de plus en plus présentes sur les marchés internationaux, même si les quantités restent encore faibles.

Pour rappel, la firme Edmond de Rothschild Héritage qui vient de faire cette opération est à la tête de 500 hectares de vignes en France et dans le monde. Dans le Bordelais, elle possède le Château Clarke situé à Listrac en Médoc, Château des Laurets à Puisseguin Saint Emilion et le Château Malmaison) à Moulis en Médoc. En Argentine, le groupe possède la Bodega Flechas de los Andes en copropriété avec la famille Dassault. En Europe, en Espagne, le groupe codétient dans la Rioja la Bodegas Benjamin de Rothschild & Vega Sicilia – Macán. Vega Sicilia est la Bodega la plus prestigieuse d’Espagne avec son vin historique dans l’appellation Ribera del Douero. Enfin, en Afrique du Sud, elle possède le vignoble Rupert & Rothschild Vignerons.

Comme le veut la formule désormais consacrée, le montant de cette prise de participation qui permettra au groupe d’être seul maître à bord dans son vignoble néo-zélandais, « n’a pas été communiqué ». L'année 2019, comme les années précédentes, n’a pas été avare en transactions, une fois de plus à travers notre petite planète bleue, la mondialisation des capitaux du vin continue son développement. Les prochains épisodes, en 2020!

Source: McViti