Roger Huet
Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...
Les Vins de Bolla, de la région de Vérone
Il y a quelques jours, je me rendais à une dégustation de vins de Bolla, au Restaurant Graziella à Montréal, et je pensais à Graziella le titre d’un charmant roman d’Alphonse de Lamartine, poète romantique aujourd’hui oublié. Au Québec aussi nous avons de bons écrivains oubliés, entre autres presque tous ceux qui ont été publiés avant les Années Soixante, comme si la Révolution tranquille les avait effacés de la mémoire collective. Que connaissent nos étudiants des œuvres littéraires de Joseph Raiche, du Frère Marie-Victorin, et même de Louis Frechette? Il faudrait un jour rééditer ce patrimoine culturel pour le remettre dans les bibliothèques des écoles.
De gauche à droite : M.Stefano Puppini, le Directeur régional du Gruppo Italiano Vini, qui produit les vins de Bolla, et de Laure Garnier, l'adjointe de Michel Beauregard, Directeur national du marketing chez Vins Philippe Dandurand.
De ce pas je suis arrivé devant la porte du Graziella où j’ai rencontré d’autres amis chroniqueurs avec lesquels nous sommes allés à la rencontre de Michel Beauregard, Directeur national du marketing chez Vins Philippe Dandurand, de Laure Garnier, son adjointe et de Stefano Puppini, le Directeur régional du Gruppo Italiano Vini, qui produit les vins de Bolla.
À l’origine le fondateur Abele Bolla avait une auberge dans la ville médiévale de Soave au Sud-est de Vérone où il était connu pour servir des vins excellents. En raison de son succès, il décide de commercialiser les vins de Soave et crée son premier chai en 1883. Le négoce prend de l’expansion au point de devoir fonder un deuxième chai à Pedemonte, sur les terres de Valpolicella pour fabriquer et commercialiser les vins de Valpolicella et de Recioto. À partir de 1946, grâce à ses contacts à New York, la famille Bolla commence à exporter vers les États-Unis. Ils sont les premiers à commercialiser l’Amarone.
Dans les années cinquante et soixante les vins de Bolla sont si bien établis qu’on voit leurs bouteilles figurer dans plusieurs films d’Hollywood. Frank Sinatra refusa même une fois de se mettre à table, si on ne lui servait pas du Bolla Soave qu’il adorait.
En 1996 le système de qualité de la compagnie est tel qu’ils reçoivent la prestigieuse certification UNI EN ISO 29002. Le Gruppo Italiano Vini prend le contrôle du Chai de Pedemonte dans les années 2006 et le contrôle total de l’entreprise en 2009. Tout en préservant la philosophie, la qualité des vins, et le respect du terroir énoncé par son fondateur, le GIV veut établir un nouveau style de vins.
Plusieurs types de vin sont produits par Bolla aujourd’hui :
Les classiques de Vérone : le Bardoline, le Soave et le Valpolicella.
Les Sélections Premium : Cabernet Sauvignon, Chardonnay, Chianti, Merlot, Pinot Gris, Pinot Noir, Riesling et Sangiovese Le Soave Classico et Ripasso et Les Sélections Amarone.
Le Gruppo Italiano Vini est représenté au Canada par les Vins Philippe Dandurand, Inc.
Nous avons commencé la dégustation avec un Prosecco superiore, le Bolla Conegliano Valdobbiadene DOCG, 90% Glera, 10% Verdeso. Une robe jaune très claire, des petites bulles, des arômes d’agrumes, de chèvrefeuille. En bouche un goût de pomme verte, avec beaucoup de fraîcheur, belle acidité, joyeux jusqu’en finale. Un vin très élégant. Il sera bientôt disponible à la SAQ au prix environ de $ 18.
Nous avons goûté ensuite le Soave Classico DOC 2009. 95% Garganega et 5% Trebbiano di Soave. Vendangé à la main. Robe jaune cristalline, bouquet souple, arômes d’ananas, de mangue. En bouche, semi-sec, une belle fraicheur, une acidité présente très agréable, des saveurs de pamplemousse, de lime, de poire et de melon. Belle longueur finale. (SAQ 11,95)
Nous avons continué avec le Valpolicella DOC Classico 2008 60% Corvina-Corvinone, 30% Rondinella et 10% de cépages divers. Ce vin a subit deux fermentations, la première en cuves inox pour préserver son fruité, et ses tanins souples et une deuxième malolactique avec vieillissement en barriques de bois pour lui donner sa rondeur, son boisé, ses arômes d’épices si riches, de fumé de tabac, de poivre. Robe rouge grenat, vin complexe et élégant, une belle fraîcheur et des tanins souples. (SAQ $ 14,95)
Le quatrième vin était le Valpolicella Doc Classico Superiore 2007 «Le Poiane». 70% Corvina-Corvinone, 30% Rondinella. Les vignes sont montées en Pergola, sur des terrains rocailleux, elles sont vendangées manuellement lorsque le raisin est bien mûr. Le raisin est pressé et laissé fermenter à 28°C pendant 15 jours pour obtenir le fruité et les tanins souples, on procède ensuite à une macération malolactique qu’on enchaîne avec une troisième fermentation dite de Ripasso afin de rehausser le vin. Pour le ripasso on pompe du jus d’Amarone sur les peaux du Valpolicella, et on le laisse fermenter pendant 20 jours, le vin est finalement élevé en fûts de chêne pendant 18 mois avant sa mise en bouteille où il se repose pendant trois mois avant sa mise en marché.
Le résultat donne un vin plus coloré, savoureux et alcoolisé que les Valpolicellas réguliers. Il exhibe une belle robe rouge sang, assez dense, arôme de cannelle, de poivre de clou de girofle. En bouche, il s’épanouit dans un éventail de goûts de fruits rouges et d’épices; bel équilibre entre les tanins ronds et bien fondus et l’acidité discrète, une longue finale très élégante.
Nous avons terminé avec un Amarone della Valpolicella Doc Classico 2006. Corvina 70% et Rondinella 30%. Chaque année le producteur doit déterminer le temps de «passerillage» de ses raisins. Le passerillage est une technique de déshydratation, par laquelle on fait sécher le raisin à température et humidité contrôlée, quoiqu’on accepte la pourriture noble qui va conférer au vin sa structure et son caractère unique. Lorsque le raisin a perdu 32% de son eau, on le presse et on le fait fermenter à sec. On obtient ainsi ce vin dont les arômes et les saveurs sont concentrées et le taux d’alcool plus élevé. Ce vin vieillit 18 mois en fûts de chêne et 4 mois en bouteille, pour augmenter son niveau de qualité. La robe est grenat foncé, le liquide colle bien au verre et forme des larmes généreuses. Le bouquet livre des parfums des fruits séchés, de figue, de cassis, de confiture de cerise mais aussi de cuir, de vanille, de chocolat et de cèdre. En bouche, il est sec et corsé, mais ses tanins mûrs sont ronds et bien fondus avec l’acidité et le fruité. On apprécie l’équilibre raffiné entre les arômes et les saveurs et sa complexité. Un vin élégant qui a une longue finale ronde et persistante qui dévoile sa minéralité. Un trésor. Il sera disponible à la SAQ à la fin de l’année au prix de $ 40.00
La chef Graziella Batista et son associé Pierre Julien, nous avaient préparé un menu pour être marié aux vins de la maison Bolla.
Nous avons eu en entrée la Zuppa di Tartufoli e anatra, accompagnée d’un Prosecco di Conegiiano e Vaidobbiadene, suivie d’un Culatello, Parmigiano e aceto vecchio accopagné d’un Soave classico 2009. Comme Primo, on nous a servi des Gnocchi di Grana Padano con ragu di coniglio avec un Valpolicella Classico 2008. Et comme Secondo un Brasato d'agnello all'erbette avec un Valpolicella Classico superiore 2007 Ripasso Le Poiane, que nous aurions pu aussi déguster avec l’Amarone della Valpolicella Classico 2006, qui nous a été servi avec le dessert qui consistait en un Semifreddo di pere e cake alle spezie.
C’était délicieux ! Je suis rentré chez moi tout à fait content de ma soirée et de la charmante compagnie de mes amis gourmets.
Roger Huet
Président du Club des Joyeux
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Vins de Provence, vins de fraîcheur
La presse gourmande était invitée à une dégustation de vins de Provence exprimant le terroir. Je me suis rendu au Restaurant Le Newton où j’ai été accueilli par madame Cassandre Pérusse, en représentation de la SOPEXA qui m’a présenté M. Roque Pertusa, Président du Conseil Interprofessionnel des vins de Provence.
Plusieurs de mes confrères journalistes et chroniqueurs étaient déjà au travail.
Pour situer le territoire disons qu’il se se trouve dans le Sud-est de la France en face de la Méditerranée, entre la rive gauche du Rhône et la rive droite du Var.
Le climat près de la Côte est méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux. Il est plus humide à l'Est, et alpin au Nord. Dans sa partie centrale et côtière où le sol est calcaire, la végétation est du type garrigue, vulnérable aux incendies. À l’Ouest et au Nord, la Provence est par contre humide et verdoyante.
Les cépages blancs les plus courants sont : le Rolle, l’Ugni Blanc, la Clairette, le Sémillon et le Bourboulenc Blanc ou Doillon.
Les cépages rouges sont : le Mourvèdre, la Syrah, le Grenache, le Cinsault, le Tibouren, le Carignan, le Cabernet Sauvignon et la Counoise.
L’histoire vinicole y est très ancienne. Ce sont les Grecs, qui 600 ans avant J.C. ont planté les premiers ceps autour de Massilia (Marseille). C’est là que les premiers vins français ont été produits.
En 1951 les vins de Provence accèdent au rang de Vins Délimités de Qualité Supérieure. À partir de 1977 ils obtiennent la classification d’Appellation d’Origine Contrôlée.
Il y a neuf Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) provençales: Côtes de Provence, Coteaux Varois en Provence, Coteaux d’Aix en Provence, Les Baux de Provence, Coteaux de Pierrevert, Bellet, Cassis, Bandol et Palette. Les trois premières appellations représentent 95% du vin provençal. Le vignoble couvre 26 890 hectares d’où l’on tire 161 millions de bouteilles : 89% sont de vin rosé, 8% de rouge et 3% de blanc.
Un courant de sympathie a tout de suite passé entre Monsieur Pertusa et moi. Nous avons découvert par la suite que nous étions liés par la culture espagnole. Il est né en Espagne et moi j’y ai passé dix années heureuses. Je l’ai prié de s’asseoir à ma table et de déguster ensemble les quatre vins rosés qui nous étaient proposés.
Nous avons commencé par le Billette Rosé de Provence du Domaine La Gordonne. Appellation Côtes de Provence. Robe rouge clair tirant à rosé. Arôme fleuri et de fruits exotiques. Beaucoup de fraicheur en bouche. Corsé, généreux, élégant. (SAQ # 23465 - $11,80).
Monsieur Pertusa connaît bien l’histoire du Château La Gordonne. Les Romains s’y sont installés au 1er siècle avant J.C. et ont planté la vigne. Au Moyen-âge les Chartreux de la Verne exploitent le vignoble. Vers 1650 le domaine est acheté par le Conseiller Gourdon qui lui donne le nom de La Gordonne. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’à la Révolution Française où l’État confisque et vend le domaine aux enchères. Il est acheté par la famille Combeau qui le revend trente ans plus tard, aux négociants de Marseille Joseph et Bernard Magnan.
En 1922 un viticulteur du nom de Grimaud fait l’acquisition du domaine mais doit le vendre à la Société Gérard et Cie en 1941. Elle est absorbée à son tour par la Société Méridionale Salinière en 1965, qui fusionne avec la Cie des Salins du Midi et des Salines de l'Est, pour finir dans le giron des Domaines Listel.
Le deuxième vin que nous avons dégusté est le Roseline Prestige 2009, Appellation Côtes de Provence. Robe claire pâle tirant à Mandarine. Arômes de fleurs provençales. En bouche semi-sec, complexe, un peu de minéralité, bel équilibre, velouté, élégant ! (SAQ # 534768 $ 15,70)
Ce vin sympathique est produit par le Château Ste Roseline qui a été autrefois un cloître médiéval.
En troisième place nous avons dégusté le Pétale de Rose 2009, Appellation Côtes de Provence. Fait de huit cépages cultivés de façon biologique. La Robe a une très jolie couleur rose pâle. Arôme charnu de fleurs : chèvrefeuille et jasmin principalement. En bouche beaucoup de fruit et légèrement minéral, avec une approche d’abord vive, qui s’adoucit et se fait caressante. Belle fraîcheur et une longue finale. (SAQ # 425496 $ 17,85)
Le domaine de 89 hectares qui produit le Pétale de Rose a été autrefois un monastère, ensuite la résidence d’été des Évêques de Toulon et porte deux noms : Château La Tour de l’Evêque et Château La Tour Sainte Anne. La propriétaire actuelle, est Madame Régine Sumeire dont la famille a acquis le château en 1958. C’est elle, qui a créé le Pétale de Rose. Son château a une fontaine magique, la fontaine aux Dauphins. On raconte que suite au départ de son époux pour la croisade, la châtelaine aurait empoisonné le puits de ses pleurs. Son chagrin aurait desséché la fontaine. Le grand-père de la propriétaire actuelle a mis fin à la malédiction en lui apportant de l’eau par gravité.
En dernier nous avons goûté le CUVÉE CLARENDON 2008, Appellation Côtes de Provence, du domaine Gavoty. Robe Rose Saumon. Le nez est une explosion de fleurs et de fruits, des fraises, des pêches, beaucoup de fraicheur, un vin jovial et charmant.
Le Domaine Gavoty est lui aussi chargé d’histoire. Il est situé sur la Via Aurelia dont on déterre encore des vestiges archéologiques, comme cette borne de l’époque de Néron qui se retrouve aujourd’hui dans le caveau du domaine. Il est dans le giron de la famille Gavoty depuis 1806. Madame Roselyne Gavoty qui était en charge de la vinification depuis 1985 dirige maintenant avec son époux, toutes les activités du domaine.
La Provence produit aussi des vins blancs agréables. La SAQ en propose deux : le Château La Tour l’Évêque 2008 et l’Orenga de Gaffory 2006. Seize vins rouges sont aussi disponibles dans les succursales SAQ; des vins pleins de fraicheur et d’harmonie. Néanmoins, pour nous Montréalais, la Provence demeure la terre des rosés. Ils nous accompagnent du printemps à l’automne et se marient si bien, lorsqu’il fait beau et chaud, avec les poissons, avec les fromages, avec les viandes blanches et rouges!
Lorsque nous nous sommes quittés, Roque Pertusa m’a dit «¡ Hasta la Vista!», ce qui veut dire que nous aurons l’occasion de le revoir.
« ¡ Hasta la Vista, Roque !»
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Des vins australiens très séduisants!
Il y a quelques jours j’ai reçu une invitation pour rencontrer l’œnologue australien Wanye Stehbens et pour déguster les vins de la maison Katnook Estate, qu’il produit.
Je me suis rendu à la Maison du Gouverneur, de l’ancienne Prison du pied du courant. C’est une maison du dix-neuvième siècle, coquette et fort confortable. En montant les escaliers j’imaginais la charmante famille du gouverneur prenant le thé, tandis qu’à quelques yards, derrière, croupissaient dans des geôles, les pires criminels et quelques douzaines de Patriotes. Aujourd’hui la Maison du Gouverneur fait partie siège social de la SAQ qui la met à la disposition des Agences pour des dégustations de vin.
J’ai été reçu de la façon la plus charmante par Luc Provencher, Directeur de la division des vins fins et de la communication chez Charton Hobbs. Il m’a présenté Wayne Stehbens, «Hi Wayne ! », «Hi Roger ! » et Derrick Butler, Directeur des ventes pour le Canada de la maison Freixenet, qui vient de prendre le contrôle de la Katnook Estate dont nous sommes venus découvrir les vins. Plusieurs de mes confrères journalistes étaient déjà là.
Nous avons pris place, il y avait dix verres devant nous. Le sommelier les a remplis. Nous avons été invités à les noter avant l’intervention de Wayne. Certains vins montraient des robes d’un rouge intense avec des reflets violets, d’autres tout aussi intenses tiraient plutôt vers le caramel.
Le premier vin dégusté était un Katnook Founder’s Block Carbernet Sauvignon 2007. Bouquet riche de fleurs, de fruits rouges. Onctueux, les larmes collaient bien au verre. En bouche beaucoup de fraîcheur, des tanins bien présents, un goût de vanille boisé, belle structure, un peu court en finale. Un vin agréable à boire maintenant.
Le deuxième verre contenait un Katnook Estate 1994, 100% Merlot. Un vin onctueux qui se colle au verre dont la robe rouge grenat est invitante. Nez boisé et très fruité : prunes, mangues ; des tanins ronds qui tapissent vos papilles et qui restent présents jusqu’en fin de bouche. Une pointe d’aigreur très agréable.
Le troisième vin était un Katnook Estate Merlot 2005. Un beau millésime. et un vin complexe, qui sent le bois, le tabac, le fumet mais aussi les fruits mûrs, les fruits des bois. Généreux en bouche, rond, soyeux, complexe, équilibré. Une belle et longue finale.
Le quatrième verre contenait le Katnook Estate Carbernet Sauvignon 1994. Visuellement très belle robe rouge foncé, belle onctuosité. Un bouquet d’arômes : cèdre, vanille, chocolat, fruits des bois, qui se confirment en bouche où l’approche est tout de suite joyeuse. Des tanins ronds, veloutés, une belle complexité, belle et longue finale. Un vin fait dans les règles de l’art.
Le cinquième verre avait un Katnook Estate Cabernet Sauvignon 1997. Robe rouge pourpre intense. Arôme boisé et vanillé, des accents de violette, de clou de girofle, de baies rouges, une touche de chocolat. En bouche, rond, poivre blanc, romarin, des tanins fondus, une acidité bien équilibrée et une très belle et longue finale.
Le sixième vin c’était un Katnook Estate Cabernet Sauvignon 2006. Un nez qui est un feu d’artifice d’arômes : fruits et douceur. Belle concentration, des tanins présents mais soyeux, un peu de minéralité. Ample en bouche, beaucoup d’équilibre et d’élégance. Un vin de plaisir.
Le septième verre contenait du Katnook Estate Prodigy Coonawara Shiraz 2005. Un vin typiquement Syrah, arômes de violette, de cerise, de framboise. En bouche, savoureux et tannique, on retrouve de la vanille, de la cerise, de la prune, de l’anisette, un peu de poivre, mais surtout beaucoup d’équilibre et de fraîcheur. Très différent des premiers vins, et pourtant combien charmant !
Le huitième verre c’était un Katnook Estate Prodigy Coonawara Shiraz 2006. C’était une année plus chaude où le raisin a été récolté plus tôt, mais qui a donné des raisins sains et très fruités. La robe est rouge prune tirant vers le pourpre. Le nez éminemment généreux en fruits, des baies rouges, framboise, prune, anis. Complexe et élégant au palais, un vin fait de subtilité et de beaucoup de fraîcheur. Les tanins souvent très présents dans le Syrah, se montrent ici veloutés et fondus. Une finale magnifique.
Le neuvième vin était un Katnook Estate Odyssey Coonawarra Cabernet Sauvignon 2004 mûrit trois ans en petites barriques de chêne. Un vin onctueux qui recouvre le verre. La robe, rouge tirant vers le caramel rappelle les vieux vins. Absolument remarquable !
Quelle complexité d’arômes : du bois, des fruits sauvages, des bleues, des framboises et des fraises des bois. Aussi des fruits exotiques : mangue, goyave, mais également un petit peu de tabac, de chocolat. En bouche il est ample, avec un peu de minéralité, des tanins présents, car c’est un vin qui promet une belle garde de 10 à 20 ans ! De l’harmonie, de la fraîcheur, et une finale longue et délicieuse !
Le dixième et dernier vin était un Katnook Estate Odyssey Coonawarra Cabernet Sauvignon 2005, Un autre vin onctueux dont la robe rouge tire à caramel comme les vieux vins. Que potentiel de garde : 20 ans ! Très boisé, vanille, fruits rouges, baies, prune. En bouche une explosion de couleurs et de saveurs. Belle complexité, beaucoup de fraicheur, des beaux et puissants tanins, un vin de gourmet, vin élégant qui séduit votre palais, et une finale longue, qui vous rend heureux. Quelle bonne idée de nous l’avoir servi en dernier !
Nous avons émergé des vins et nous avons vu Wayne Stehbens s’animer. Il porte bien son titre de «Senior Winemaker». À peine grisonnant, c’est un athlète accompli : pilote de course automobile, joueur de tennis de niveau de compétition et cycliste passionné. Il accumule autant les trophées sportifs que les prix nationaux et internationaux pour ses vins. En l’écoutant raconter son terroir et ses méthodes de production, je me disais que dans ce métier où la science est très présente c’est surtout l’art qui fait la différence. Wayne pousse le jeu, jusqu’à acheter des fûts en chêne en France qui ont servi, et exige qu’on lui remette des échantillons des vins qu’on y a fabriqué. Cela lui permet de déterminer quel fût il veut utiliser pour chaque type de vin qu’il va faire. Nous l’avons écouté béatement nous parler de ses terres rouges et calcaires, de l’irrigation d’appoint, de sa vigne, de ses méthodes organiques.
Le Maître d’hôtel est venu nous annoncer « Madame est servie ! » Mais, Madame est partie, et nous avons mangé entre gars une terrine d’asperges et poivrons sur croûtons aux herbes, suivi d’un steak de gigot d’agneau grillé, jus à l’ail confit et purée en basilic. Pouvez-vous imaginer le plaisir que nous avons eu avec tous ces excellents vins devant nous ?
Au dessert, comme nous étions entre garçons, avec la trilogie de chocolat, je leur ai dit l’histoire de l’anneau de Hans Carven, telle qu’elle a été racontée par Rabelais, au seizième siècle. La connais-tu, lecteur ? Non ? Elle ne doit se raconter qu’autour d’une bonne bouteille, comme celles de Wayne Stehbens, parole d’amateur !
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Vins de la Katnook Estate à la SAQ
Founders Block
• Shiraz 90 es fin Août
• Cabemet Sauvignon : 100 es fin Juin
Deakin Estate
• Shiraz 2008 : 560821 : $14.95 ( Produit régulier )
Katnook Estate
•Prodigy Shiraz 2005 : 11114978 : $73.25 ( Signature )
•Odyssey Cabemet Sauvignon 2004 : 11115022 : $73.25 ( Signature )
•Merlot 2005 : 11155850 : $30.25 ( Spécialité )
•Le Cabernet Sauvignon est en demande de reconduction (2007) depuis fin
janvier.
Pour information:
M. Luc Provencher Directeur. Division Vins Fins / Communications.
Charton Hobbs, Québec
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514 353 8955 Ext : 358
www.chartonhobbs.com
Deux guides qui nous facilitent la vie!
Une des fêtes gastronomiques des plus sympathiques à Montréal est celle du Guide Debeur. En novembre dernier on a célébré la vingt-cinquième édition au Restaurant Hélène de Champlain. Des producteurs soigneusement choisis, nous ont fait déguster ce qu’ils font de meilleur! Comme ce restaurant va fermer ses portes, Monsieur Debeur cherche une grande place où célébrer son Guide 2011.
Le Guide Debeur évalue et décrit un nombre infini de restaurants à Montréal, à Québec et en région. Il est à la fois une revue gourmande, qui propose une foule d’articles de fond sur les aspects les plus variés de la gastronomie. Un incontournable pour ceux qui aiment sortir et bien manger.
Je tiens à mentionner Le Petit Debeur, qui est un guide commenté de vins, de bières de cidres et de spiritueux, avec en annexe un répertoire de conseils de dégustation. Ces deux magnifiques guides sont disponibles partout pour le prix d’une modeste bouteille de vin. À avoir absolument.
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Familia Zuccardi, une réussite jamais démentie!
Monsieur François Lebrasseur le charmant directeur de la maison Élixirs a réuni les journalistes et chroniqueurs de vins au Restaurant Da Emma. Il souhaitait nous faire rencontrer M. José Alberto Zuccardi le producteur des vins de la fameuse maison argentine Familia Zuccardi. Les Montréalais connaissons bien leur vin Fuzion, que nous avons adopté avec enthousiasme.
De gauche à droite: François Lebrasseur et José Alberto Zuccardi
José Alberto Zuccardi est ce qu’on appelle un gentleman-farmer. Élégant, dans ses gestes comme dans sa présence. Il nous a parlé de son père, un ingénieur civil qui a fondé le vignoble en 1963, plutôt pour montrer aux paysans sa méthode d’irrigation, puisque la province de Mendoza serait un désert d’altitude, sans l’irrigation qui lui vient du dégel de la Cordillère des Andes. Cinq ans plus tard M. Zuccardi père fonde «la bodega» et commence à élaborer des vins. José Alberto rejoint l’entreprise en 1976, quatre ans après ils commencent à embouteiller.
Aujourd’hui l’entreprise a 650 hectares de vignobles, compte 500 employés permanents et 200 temporaires. Elle produit une jolie brochette de vins dont 70% sont rouges, 25% blancs et 5% rosés. Parmi les blancs 5% sont destinés à la fabrication de vins mousseux. La production de Familia Zuccardi est destinée à 90% à l’exportation.
Le terroir de Mendoza est d’origine alluviale, formé par l’érosion de roches et de métaux de la Cordillère des Andes. Les principaux cépages employés sont : Le Malbec, le Bonarda cépage rouge d'origine piémontaise, le Tempranillo, le Cabernet, et le Syrah
L’amélioration constante des méthodes de vinification chez Zuccardi a comme objectif la production de vins de très grande qualité. Monsieur Zuccardi nous a manifesté son grand respect de la nature. Le quart de ses vignobles est cultivé avec du compost organique, sans pesticide.
L’Argentine est un pays du Nouveau Monde qui ne croule pas sous la réglementation comme la France et qui permet une plus grande innovation. La consommation moyenne de vin en Argentine est de 90 bouteilles par habitant et par année, tandis qu’au Canada elle n’est que de 21 litres et en France de 43. Malgré le succès du vin, la première école de sommellerie argentine ne date que de 1990.
Nous avons commencé la dégustation par un Mousseux Vida Organica chardonnay 2008, 100% Chardonnay bio. Ce mousseux est obtenu par une deuxième fermentation avec des levures sélectionnées. Robe jaune doré avec des reflets verts. Un premier nez boisé de vanille d’agrumes ; un deuxième nez de poires, de pommes de bananes. Ample en bouche, beaucoup de fraîcheur, un bon équilibre entre le sucre et l’acidité. Une longue finale et des petites bulles chatoyantes. Il est vendu comme Extra-brut mais au Canada c’est considéré comme brut. (SAQ spécialité Code 10985860 - $16.30)
Nous avons dégusté ensuite un Chardonnay Santa Julia réserva 2008. Récolte du raisin à la main. Macération à basse température et fermentation en barriques de chêne français. Robe jaune avec des reflets verts. Arômes de fruits blancs : poire et pomme mûre, banane, vanille, miel. Onctueux en bouche, complexe et bien équilibré, longue finale. (SAQ spécialité Code 516443 - $14,95)
On nous a présenté un Fuzion Alta réserva, Malbec/ Tempranillo 2008. Robe rouge violet. Arôme boisé, fruits rouges, framboise et mûre, une pointe d’épices, un peu de tabac. Au goût beaucoup de fraîcheur, bel équilibre entre l’acidité et les tanins. Une finale toute en douceur. (SAQ Classique Code : 10967611 - $10,95).
Nous avons poursuivi avec un Fuzion Organico Malbec / Cabernet Sauvignon 2009, fait avec des raisins biologiques, Malbec (60 %) et Cabernet Sauvignon (40 %). Robe rouge grenat. Très beau bouquet où prédominent les violettes et les épices. En bouche ample et complexe, avec encore des notes d’épices et des tanins charnus qui tendent encore à s’arrondir. Encore jeune, il sera parfait dans trois ans ! (SAQ classique Code 11015603 - 13,90)
On nous a servi ensuite un Vida Organica Cabernet Sauvignon 2009. Vin bio, robe rouge violacé très foncé. Nez intense de fruits noirs et d’épices : cannelle, poivre rouge, un peu de minéralité, des tanins très présents en bouche, beaucoup de caractère et d’élégance. Un vin qui doit se boire jusqu’en 2012. (SAQ Spécialité : Code 10985827 - $14,80).
Pour finir nous avons dégusté un Zuccardi Q Malbec 2007. Belle robe rouge-foncé, Riche palette d’arômes, nez intense et fruité. Fruits rouges, prunes, cerises et fruits des bois myrtille, bleuet, fraises sauvages. En bouche, beaucoup d’élégance tout en restant viril avec des tanins très présents. Une belle et longue finale. (SAQ spécialité Code 11218460 - $19,95)
La dégustation terminée, nous avons passé à table où dans une grande convivialité nous avons bu les fameux vins de Familia Zuccardi en dégustant des assiettes de bœuf à la manière argentine.
Après le café, Monsieur Zuccardi a eu la gentillesse de nous offrir un couteau à viande à manche de corne dans un étui en cuir, comme on les utilise en Argentine. En échange, il nous a demandé un sou noir, car, selon la légende, on n’offre jamais un couteau si on veut conserver l’amitié, on le vend pour la plus petite piécette. Je l’ai essayé, c’est le meilleur couteau à viande que je n’ai jamais eu.
Mon opinion est que Familia Zuccardi va continuer à nous surprendre et à nous séduire avec des vins élégants dont la qualité est toujours en progression. Des vins fleuris, ronds, soyeux, à des prix alléchants qui ont tout pour plaire au consommateur québécois.
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Les cavistes
L’autre jour, je suis allé avec une amie qui voulait pratiquer l’espagnol dans un restaurant très sympathique de la rue Saint-Denis appelé ‘Les Cavistes’. La décoration minimaliste m’a rappelé les Cafés du Commerce qui essaimaient un peu partout dans les années 50
Ce soir il faisait beau, nous nous sommes assis à la terrasse, une des plus belles du plateau, d’où nous avons passé des heures à regarder la faune montréalaise, en dégustant des verrines. Le choix est magnifique : Carpaccio de bison, Crevette géante, Niçoise au thon blanc et œuf de caille, Grande salade de homard, Foie gras avec gelée de porto… et les prix incroyablement raisonnables !
À l’intérieur on peut aussi commander une cuisine plus consistante qui va du carré d'agneau du Québec, au tartare de bœuf et de bison, en passant par le filet de veau, le magret de canard, le médaillon de cerf, les pâtes fraîches et le poisson du jour très frais.
Pour finir les desserts sont incroyables, présentés dans des plats très longs, remplis de pâtisseries et de gâteries savoureuses et tellement belles que cela fait presque de la peine de les manger.
La carte des vins est très intéressante et si vous avez mangé au restaurant ou si vous achetez des mets à emporter, vous pouvez aussi acheter à la boutique du restaurant des vins d’importation privée très bien choisis, à des prix intéressants. J’ai pris pour moi un vin espagnol que j’adore, très difficile à trouver ici mais que je ne manque jamais de boire lorsque je suis en Espagne, le Federico Paternina Banda Azul.
J’ai vraiment aimé ce restaurant et je pense revenir bientôt avec des amis.
http://restaurantlescavistes.com
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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APOLLO
Le 4 mai le Chef Giovanni Apollo, célébrait le premier anniversaire du Bistro Apollo Concept, avec une réception dans un cadre décontracté et respectueux de l’environnement. Son local de la rue Saint-Laurent avait été aménagé pour la circonstance avec orchestre. Malgré que les Canadiens de Montréal jouaient un de leurs partis décisifs, il y avait beaucoup de monde du milieu gastronomique, des lettres et de la presse. On a assisté à une valse incessante de plateaux remplis de cuillères, de verrines et de canapés moléculaires, de légumes, de poissons et fruits de mer et de viandes dont Apollo a le secret, et où les Château Les Tours des Verdots Bergerac et le Champagne Le Prélude de Taittenger ont coulé a flots.
Je suis déjà venu souper au Bistro Apollo Concept où l’on mange d’ailleurs très bien. La cuisine moléculaire dont le chef Apollo est un des champions est pleine d’agréables surprises. Le Bistro Apollo Concept a un cellier où les clients peuvent choisir la bouteille qu’ils veulent boire à table. J’ai eu la chance de rencontrer Marielle Fortin, la sommelière qui l’a conçu et organisé et qui me l’a fait visiter en compagnie de mes amies France Lamonde et Diane Beaulieu. Les vins sont classés par pastilles de goût, comme à la SAQ. Les prix sont aussi ceux de la SAQ avec une majoration de dix dollars pour la plupart d’entre eux et de vingt pour certains vins très haut de gamme. Le choix des vins est très intéressant et suffisamment large pour satisfaire tous les palais.
Giovanni Apollo est venu saluer chacun de ses invités. Il m’a expliqué que c’était la première fois qu’il célébrait l’anniversaire d’une de ses entreprises, car il est toujours débordé. En effet en plus du Bistro il dirige personnellement le Restaurant Apollo, et le service de traiteur Apollo Globe-traiteur, comme quoi je l’ai retrouvé quelques jours plus tard en charge du banquet qui a précédé le Salon des vins de l’Afrique du Sud.
Giovanni Apollo est une force de la nature. Il a une belle tête qui ressemble à Napoléon. Il a été l’élève de Paul Bocuse et des frères Trois Gros, ensuite il est passé par le Japon pour apprendre un autre concept de cuisine. Il a joint plus tard l’Agence Interpro spécialisée en gestion hôtelière qui l’envoie en Afrique, au Brésil, aux États Unis et dans les îles, une «folle aventure» comme il dit où il a visité 22 pays. Il s’installe finalement au Québec où depuis quatorze ans il nous régale de sa cuisine créative. Le success story d’Apollo est dû à la somme des connaissances exceptionnelles du patron, à un travail acharné, et à une équipe hors pair, dont je tiens à saluer le Maître d’hôtel Christopher qui n’hésite pas à se retrousser les manches et à participer au service au besoin.
J’ai quitté la réception avec regret, tellement l’ambiance était joyeuse, en me promettant de revenir manger chez Apollo, avec des amis.
Roger Huet
Chroniqueur
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Fascinante Nouvelle Zélande des Pinots noirs et des Sauvignons.
Dr.Damien Martin
Directeur Général de Winegrowers of Ara
Le 3 mai dernier, Mme Catherine Simard de l’Agence Sélect Vins a réunit un groupe de journalistes de la presse gastronomique au restaurant La Coupole à Montréal. Le but de la rencontre était de nous présenter le Dr. Damien Martin, Directeur Général de Winegrowers of Ara, de la Nouvelle Zélande et nous faire goûter ses Sauvignons et ses Pinots noirs. Madame Monica Ralphs de WineSpeak.Ca accompagnait M. Martin en tant que relationniste de ses vins pour le Canada.
La Nouvelle-Zélande est formée de deux îles principales connues comme l’Ile du Nord, où se trouve la capitale Auckland et l’Ile du Sud. Les différences climatiques sont grandes. Le pays se divise en dix régions vinicoles qui bénéficient d'un climat maritime car elles ne sont jamais à plus de 100 km des côtes.
Les vignobles de Winegrowers of Ara se trouvent dans la région de Marlborough au Nord-est de l'Île du Sud. Marlborough est la région vinicole la plus importante, elle produit la moitié du vin Néo-zélandais. Son sol est fait d’alluvions fluviales et de sédiments rocheux qui permettent un écoulement rapide des eaux. C’est une des régions les plus ensoleillées et sèches du pays, connaissant des journées chaudes, des nuits froides, et un long automne. Ce climat permet au raisin de mûrir lentement. Les variations de température donnent à la peau du Pinot Noir une intensité qui produit un vin avec beaucoup de caractère. Les Sauvignons Blancs sont aussi excellents et offrent une explosion d’arômes de fruits tropicaux et un bel équilibre de fraîcheur et de robustesse.
Le vignoble d’Ara doit son existence a l’intuition de Damian Martin, un ancien joueur de Rugby qui par le fruit du hasard se retrouve à faire un stage sportif à Bordeaux. Il y découvre le vin et développe une telle passion pour la vigne qu’il lâche le Rugby pour travailler et étudier le vin. Il obtient un doctorat en viticulture de l’Université de Bordeaux en 1995 et retourne en Nouvelle Zélande avec plein de projets en tête. Pour avoir de l’expérience il travaille pour Corbans et Montana; ensuite, avec un groupe d’investisseurs il se lance dans l’aventure de la vigne. Il découvre à Ara une terrasse qui l’intéresse et qui sert à l’élevage du mouton. Il y fonde le Winegrowers of Ara Ltd en 2001 et plante les premières vignes. «Le terroir et le climat sont importants, mais ce sont les hommes qui sont derrière qui vont donner au vin sa véritable personnalité» dit-il. La région d’Ara est sèche, mais il prône l’arrosage par le goutte à goutte, avec les nutriments dont la plante a besoin. Pour obliger la vigne à pénétrer plus profondément et s’imbiber du terroir, il place les vignes très rapprochées. Pour combattre le gel, il établit un système d’arrosage au petit matin. Sur les 430 hectares plantés de vignes sur un sol de graves et d’argile il va faire pousser du Pinot Noir à 80%, et du Sauvignon blanc à 20%.
Nous avons été invités à déguster tout d’abord les trois vins blancs, 100% Sauvignon, en commençant par l’Ara Pathway Malborough Sauvignon blanc 2009. Ara veut dire chemin en langue Maori. Pathway, veut aussi dire chemin en anglais. C’est un vin produit avec des vignes jeunes, dont le raisin est totalement cueilli à la machine. Belle robe jaune paille. Arômes intenses d’agrumes et de fleurs, belle minéralité. C’est un vin intéressant qui a une production de 50 000 caisses!(Importation privée $ 19,95 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
Nous avons goûté ensuite l’Ara Composite Marlborough Sauvignon Blanc 2008. Ce vin provient de vignes plus âgées, qui ont entre 6 et 7 ans, le rendement est plus faible : 20 000 caisses. Vingt pour cent du raisin est cueilli à la main. Belle robe jaune paille cristalline. Il exprime beaucoup plus la minéralité du terroir. Beau bouquet d’agrumes, pamplemousse, et lime, une touche de chèvrefeuille, beaucoup d’élégance et de complexité et une belle longueur en bouche. (Importation privée $ 22,25 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
En troisième place nous avons bu l’Ara Resolute Marlborough Sauvignon Blanc 2007. Le raisin est entièrement cueilli à la main et fermenté en petites cuves inox pour être ensuite soumis au procédé du bâtonnage. Il exprime pleinement la minéralité du terroir, bouquet de fleurs et de fruits où ressortent la pomme verte, la lime, le pamplemousse, et la poire. En bouche, beaucoup de fraîcheur, très belle structure et de l’élégance. La production est limitée à 10 000 caisses. (Importation privée $ 31,25 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
Après une pause, nous avons commencé la dégustations des Pinot noirs. Une des caractéristiques de ce producteur est que les rouges comme les blancs portent les mêmes noms. Donc en premier nous avons goûté un Ara Pathway Marlborough Pinot Noir 2008. Vieilli six mois en fûts de chêne français. Belle robe rubis, limpide, un bouquet très joyeux de fleurs : rose, jasmin, violette. En bouche de l’acidité et de la minéralité, des tanins très présents mais qui vont s’arrondir. Il faudra carafer aujourd’hui mais sera excellent dans deux ans. ( Importation privée $ 21,95 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
On nous a proposé ensuite un Ara Composite Marlborough Pinot Noir 2007, cueilli entièrement à la main et vieilli dix mois en fûts de chêne français. Belle robe rubis, limpide. Arôme fleuri et fruité : prune, mûre, des notes légèrement épicées, un peu de cannelle, graines de coriandre et du cumin, mais aussi du pain grillé. Également des notes minérales. En bouche une belle complexité, avec une acidité qui se fond, des tanins souples et veloutés. (Importation privée $ 26,70 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
Le troisième vin dégusté était le Pinot Noir, Ara Resolute 2007. Vendangé à la main, dans une parcelle unique. Ce vin a vieilli douze mois en fûts de chêne français. Des arômes fleuris et fruités qui chatouillent agréablement le nez avec des notes de myrtille et de confiture d’abricots. En bouche une grande et belle complexité et beaucoup d’équilibre ; de l’acidité et des tanins ronds, des fruits rouges, de la vanille et une finale très, très longue et d’une rare élégance. (Importation privée $ 41,50 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
La dégustation finie, nous avons passé à table. J’ai choisi en entrée, tourte de fromage de chèvre, confiture de raisin, émulsion aux herbes, brioche maison que j’ai accompagné avec un verre de Ara Composite Marlborough Sauvignon Blanc 2008 et j’ai été très heureux de mon choix car ce vin avec du fromage de chèvre tiède est un pur régal. Comme plat principal j’ai choisi le jarret d’agneau braisé, légumes rôtis, pommes rattes frites, et roquette, salsa verde et citron confit. On nous a précisé que c’était de l’agneau de la Nouvelle Zélande. Nous avons demandé à M. Martin si c’était un des siens car il en élève encore sur sa terrasse d’Ara, à côté de ses vignobles. J’ai accompagné ce mets avec un verre de Pinot Noir, Ara Resolute 2007 qui se mariait parfaitement.
Le banquet qui suit une dégustation de vins est toujours sympathique. Les chroniqueurs nous rangeons nos crayons et profitons du moment présent. Mais cette fois-ci il s’est opéré une magie particulière. Nous avons fraternisé comme si nous nous connaissions tous depuis toujours. J’ai terminé mon souper avec une magnifique crème brûlée suivie d’un expresso bien tassé, car je dors toujours très bien. Mon voisin de table était Monsieur Alain Lebel des Fidèles de Bacchus, il a offert son Grand Guide des Vins à M. Martin, et a eu la gentillesse de m’en offrir aussi un exemplaire. Il y donne le ton des 100 meilleurs vins qu’il ne faut pas manquer en 2010. C’est un guide très bien fait, qu’on trouve en kiosque et que je recommande à tous ceux qui dans une succursale de la SAQ ne savent pas quoi acheter.
Mon opinion sur les vins de la maison Ara Winegrowers, en blanc comme en rouge ? C’est l’élégance qui les caractérise.
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Une dégustation de Chablis exceptionnels à Montréal
Une histoire mouvementée.
Chablis a une tradition vinicole marquée par l’histoire.
En 867, le monastère de Chablis est donné par le roi Charles le Chauve, aux chanoines de Tours qui fuient les invasions normandes. Les moines y trouvent des vignes et en plantent d’autres, donnant à la région sa vocation vinicole.
Quelques siècles plus tard, la région subit les contrecoups de la Guerre de Cent Ans, passant tour à tour du domaine religieux au domaine civil, de celui du duc de Bourgogne aux mains des Armagnacs, à l’emprise anglaise, et au domaine royal pour finalement retourner au domaine des moines. Mais les vins se vendent bien et sont exportés jusqu’en Angleterre.
Le Seizième siècle aurait dû être d’une grande prospérité pour Chablis, malheureusement les guerres de religion font rage. La haute ville subit le saccage. Les huguenots l’incendient et la rançonnent. L’insécurité est telle que le vignoble est délaissé pendant longtemps, puis il reprend, et les vins de Chablis réapparaissent à la table des princes. La Révolution française arrive, la majorité des Chablisiens se rangent du côté de la Révolution et après bien de soubresauts, les privilèges des nobles sont abolis, les biens des monastères confisqués et vendus aux enchères. Chablis s’en tire bien et prospère même, jusqu’au milieu du Dix-neuvième siècle où le phylloxéra ravage complètement le vignoble. Les Chablisiens rebâtissent patiemment leur vignoble en employant des porte-greffes. La Guerre de 1870 avec la Prusse leur donne des sueurs froides, mais, la vie reprend jusqu’à la Première Guerre Mondiale qui ravage encore la région. La guerre finie, et grâce au travail patient des Bourguignons la région redevient florissante. La Deuxième Guerre Mondiale éclate, le 15 juin 1940 Chablis est bombardé, le centre-ville complètement détruit. Cinq ans de mouvements de troupe affectent le vignoble. La paix revenue, les Chablisiens soignent leurs vignes, et les vins de Chablis qui sont si bons, reprennent le chemin des bonnes tables, en France et dans le monde entier. Le vignoble Long Depaquit est propriété de la maison Albert Bichot qui possède trois autres vignobles d’exception en Bourgogne. À la Révolution française, il était encore propriété des moines de l’Abbaye de Pontigny. La Révolution leur confisque leurs biens et les vend aux enchères. Jean et Simon Depaquit, abbé et procureur de l’abbaye se défroquent, achètent le vignoble et deviennent vignerons indépendants.
Le Chablisien regroupe douze communes : Aigremont, Beines, Chablis, Chemilly-sur-Serein, Chichée, Courgis, Fleys, Fontenay-près-Chablis, Lichères-près-Aigremont, Poilly-sur-Serein, Préhy et Saint-Cyr-les-Colons.
Le Chardonnay que les gens appellent ici Beaunois, en référence au vin de Beaune est le cépage exclusif pour faire le Chablis. Les vignes poussent bien sur le sol calcaire, riche en coquillages car autrefois la mer recouvrait Chablis.
Le 9 avril dernier M. François Le Brasseur de l’Agence Élixirs réunit un groupe de journalistes de la presse gastronomique au restaurant Europea à Montréal. Le but est de nous faire rencontrer M. Matthieu Mangenot, œnologue et régisseur du Domaine Long Depaquit et M. Jean-Christophe Rolland, directeur à l’exportation pour l’Amérique du Nord, et de nous présenter six Chablis d’exception.
Monsieur Mangenot est un ingénieur dans la trentaine, qui représente cette novelle vague d’œnologues français, conscients du passé des vignobles mais concernés par l’explosion de la production de vins du monde qui déferle sur les pays acheteurs. Pour concurrencer avec des vins de faible qualité, vendus à des prix dérisoires, le domaine Long Depaquit fait le pari de la qualité et du marché haut de gamme. Tout est repensé dans les moindres détails: le terroir et les méthodes d’entretien, la culture de la vigne avec une approche biologique, des vendanges manuelles pour les grands vins, le transfert immédiat du raisin après cueillette dans la cuverie pour éviter l’oxydation prématurée, le pressurage en douceur dans un pressoir pneumatique pour éviter l’oxydation des jus et les composés herbacés, la surveillance de la vinification pour qu’il ne se développe aucun élément qui puisse modifier le goût du raisin, et le débourbage sévère pendant une vingtaine d’heures pour soutirer un liquide sans éléments indésirables. La fermentation elle-même a été totalement revue laissant qu’elle se déclenche naturellement, sous température contrôlée pour préserver les arômes naturels du raisin. Le choix des cuves pour chaque vin est lui aussi étudié, dosé. Une grande partie de la fermentation se fait en cuves inox, une petite partie est séparée pour une vinification en fûts de chêne récents, mais pour obtenir plus de boisé, ils utilisent une proportion plus petite de fûts anciens.
Quand les vins sont à la fin de la fermentation alcoolique, ils sont bâtonnés jusqu’à la fermentation malolactique pour remettre en suspension les levures mortes qui, en se décomposant, vont donner du gras au vin. Après quelques mois, les vins des fûts et des cuves sont assemblés pour donner la cuvée finale, qu’on laisse fermenter en cuves inox pendant quelques mois supplémentaires jusqu’à sa mise en bouteille.
Après une explication si intéressante nous avions envie de découvrir les nouveaux produits :
En premier, on nous a servi le Chablis Domaine Long Depaquit 2008 qui est le générique, fermenté totalement en inox. Très jolie robe jaune vert qui tapisse le verre. Notes de citron vert et de pamplemousse, de la fraicheur mais une belle présence en bouche, gras sans lourdeur, une bonne minéralité. (Importation privée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
En deuxième place on nous a présenté deux millésimes du Chablis 1er les Lys Domaine Long Depaquit, le 2005 et le 2008. Ce sont des vins avec de notes acidulées et des arômes floraux dominants, les fruits nous interpellent mais avec beaucoup de fraicheur, du citron et de pamplemousse. En même temps on sent un virage, le 2005 est plus boisé, plus charpenté. Le 2008 est plus ciselé, plus sobre, avec encore plus d’élégance et de finesse. (SAQ code 10278920 $ 39,25)
En troisième lieu on nous a servi deux millésimes du Chablis 1er Cru Les Vaillons, Domaine Long Depaquit, 2006 et 2008. Deux vins très élégants avec un abord sans lourdeur, avec un côté croquant en bouche, les fruits très présents se combinent avec une belle minéralité. Le millésime 2008 se montre plus acidulé avec une vivacité qui nous porte loin mais tout en douceur; un vin caressant et complexe. (Importation privée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
En quatrième service nous avons dégusté encore deux millésimes : le Chablis 1er Cru les Vaucopins, Domaine Long Depaquit 2006 et 2008. Minéralité acidulée, avec des notes de fruits frais qui évoluent vers des arômes de coing, de mangue, et de pêche blanche. Encore une fois le 2006 montre un caractère plus boisé, tandis que le 2008 est un vin épuré, sans compromis, presque sévère, mais d’une grande élégance. Ample et long en bouche, il laisse s’exprimer pleinement le terroir. (SAQ code 10845111 $ 39,00)
En cinquième place nous avons dégusté les Chablis Grand Cru Blanchots, domaine Long Depaquit, millésimes 2005 et 2007. Dans les deux millésimes nous retrouvons les goûts du Chablis d’autrefois, plus boisés. Ce sont des vins fleuris et minéraux. Les fruits on va les retrouver au nez, mais un fruit frais. Ils n’ont pas de lourdeur mais un côté croquant en bouche qui vient équilibrer l’ensemble. Le terroir calcaire leur apporte une minéralité, une longueur; le 2005 est un peu plus charnu, le 2007 plus léger et laisse mieux s’épanouir les fruits et la fraicheur en bouche. De très beaux vins de gastronomie. (Importation privée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
En sixième et dernier service nous avons dégusté encore deux millésimes du Chablis Grand Cru La Moutonne, Domaine Long Depaquit, le millésime 2002 et le millésime 2004. Robe limpide de couleur or vert. Arômes de fruits : pamplemousse, lime, mangue et pêche blanche; beaucoup de fleurs : violettes, chèvrefeuille, jasmin, rose, minéralité très présente, mais aussi un boisé avec beaucoup d’élégance. Pour le domaine, Le Grand Cru La Moutonne est une des ses pépites d’or. Mes confrères journalistes n’ont pas apprécié particulièrement le millésime 2002, que j’ai adoré, car il m’a rappelé mon adolescence, lorsqu’il y a un demi-siècle, je voyageais jusqu’en Bourgogne avec mon cousin Paul Petit, qui achetait pour sa cave personnelle. Les Chablis d’alors avaient ce goût acidulé, minéral et boisé caractéristique. À chaque goutte j’ai vu défiler ce passé lointain et heureux. (Importation privée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Nous avons été priés de passer à table où nous attendait un superbe repas : Mise en bouche : Cappuccino de crème de homard, copeaux de truffes
Pétoncles Princesses de la côte Nord, crème de haricots Tarbais AOC, copeaux de chorizo, jus de piperade.
Filet de Bar et Shiitake, réduction d’un jus de carottes au château Chalon, Crosnes du Japon, blinis de légumes et blette à carde.
Le repas était accompagné des vins de Chablis Long Depaquit de notre choix.
Finalement des desserts préparés par les Chefs pâtissiers Rolland del Monte et Olivier Michallet étaient délicieux et pleins de couleurs : Macaron au café maison, financier pistache et framboise, marshmallow fruit de la passion, mini-madeleines au zeste de citron, sabayon mousse pralinée et entremets de chocolat au lait avec sorbet.
Je tiens à signaler l’excellent service du Sommelier Jean Michel Cartier, et de l’impeccable service à table de Fanny. Le directeur de la Restauration M. Ludovic Delonca était présent.
Mes remerciements à M. Le Brasseur pour cette rencontre très réussie.
Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Les vignes d'Henry Marionnet sont les plus vieilles de France.
Je suis fasciné par les vieilles vignes non greffées de France qui ont survécu au phylloxéra. Elles sont rares, précieuses et fragiles. Je pense à Bollinger qui possédait trois parcelles de vignoble classé Grand Cru, 100% Pinot noir en Champagne et dont aujourd’hui ils n’en reste plus qu’une. Ces vignes ont donné le Bollinger Vieilles Vignes Françaises dont le millésime 1998 n’a produit que 2 190 bouteilles numérotées.
En Champagne toujours, à Oeuilly, la famille Tarlant possède un terroir appelé "Les Sables" avec une vigne ancienne de 100% Chardonnay non greffée pré-phylloxera, avec laquelle elle produit La Vigne d'Antan.
Je pense aussi au domaine Gramenon en Côtes-du-Rhône, dont les ceps centenaires de Grenache noir produisent une des grandes cuvées de la vallée du Rhône : La Mémé, un vin élégant, tout en velours, sur de subtiles nuances de cerise et de réglisse et une bonne concentration d’épices. Ce vin sans soufre reste une des meilleures bouteilles du vignoble français.
Dans la Vallée du Rhône, à Châteauneuf du Pape, Le domaine Les Cailloux de Lucien et André Brunel a des vignes qui ont facilement 80 à 100 ans, à prédominance Grenache.
Dans le Midi-Pyrénées, à Marcillac il y a le domaine de la Mioula qui possède de vieilles vignes centenaires de Fer Servadou, cépage connu aussi comme Pur Mansois. On en tire un vin rouge appelé Terres d’Angles qui est hors du commun.
Dans le Bordelais il y a quelques vieilles vignes franches de pied. La famille Lucin-Douteau possède un minuscule domaine de 0.85 ha nommé Clos Louie en Côtes de Castillon, réputé le plus vieux de Bordeaux. Ce parchet de 125 ans est complanté, comme c’était la règle à l’époque, de Merlot, de Malbec, de Carménère, de Cabernet Franc et de Cabernet Sauvignon. Le vin est mis en bouteille sans filtration. Les Clos Louie sont des vins pleins d’élégance et de finesse.
A St Emilion, le Château de Trottevieille a une parcelle de vignes préphylloxériques de Cabernet franc qui produit un excellent vin hors commerce.
Dans le pays de Loire il y a le domaine de Claude Courtois au cœur de la Sologne à 35 km de Blois qui produit par la méthode ancestrale un vin issu de vieilles vignes de Sauvignon majoritairement franches de pied qu’il appelle Les cailloux du paradis – Quarts .
Il y aussi le domaine de Didier Dagueneau qui avait quelques vieilles vignes et en avait replanté 20 Ha sur pied de Sauvignon. Au moment de sa mort survenue en 1998, ce vigneron constatait que le phylloxera faisait déjà son apparition.
Le Domaine de Charles Joguet à Chinon, produit son Chinon Clos du Chêne Vert, élaboré à partir de vieilles vignes de Cabernet franc qu’on appelle ici Breton ou Berton. Il replante et remplace les ceps, uniquement en sélections massales, provenant de ses vieilles souches du Clos de la Dioterie et du Clos du Chêne Vert. La sélection massale est très ancienne et consiste à choisir les plantes qui semblent les plus intéressantes dans une population et à les utiliser comme semences pour la culture suivante. L'opération est répétée de génération en génération, ce qui permet d'améliorer progressivement les performances de la culture.
Henri Marionnet du Domaine de la Charmoise a acheté en 1998 un vignoble de 0.36 ha de Romorantin dans la Loire, dont les vignes ont 160 ans et sont certifiées les plus vieilles de France. Le Romorantin est issu d’un vieux croisement naturel entre le Pinot blanc et le Gouais blanc originaire de la Bourgogne et planté en Touraine sous François 1er. Les Marionnet sont persuadés que les vignes franches de pied restituent mieux le terroir dans le vin. Dans cette optique, ils ont planté 2 ha de Gamay non-greffé en 1992 et miraculeusement les vignes ont été épargnées par le phylloxera jusqu’à aujourd’hui.
Lorsque Marguerite Aghaby, de l’agence LBV International m’a invité à une dégustation de vins de la maison Henry Marionnet animée par Jean-Sébastien, le fils du propriétaire, je ne me suis pas fait prier. La dégustation avait lieu au restaurant La Colombe, à Montréal. Jean-Sébastien dans la trentaine, est une force de la nature. Il nous a expliqué que l’entreprise familiale s’appelle Maison Henry et Sean-Sébastien Marionnet, et qu’ils sont propriétaires du Vignoble de la Charmoise, de 60 hectares en Touraine. Ils y cultivent le Sauvignon blanc, le Romorentin, le Gamay, le Gamay de Bouze et le Gamay noir. Ils produisent 11 étiquettes de vins : cinq rouges, cinq blancs et un rosé et qu’il avait choisi de nous présenter sept vins. Il nous a parlé de la philosophie qu’il partage avec son père pour faire des vins de plaisir en recherchant la plus grande authenticité et la plus grande pureté possible. Tous les deux sont amoureux de leur terre, de leurs vignes, de leur région, et de leur métier. Tous les raisins qu’ils cultivent sont cueillis à la main, et particulièrement pour le vin rouge. Ils permettent au raisin de faire une fermentation intracellulaire à l’intérieur du grain car les baies de raisin sont gazeuses, il y a du jus et du sucre. Pour les blancs, les grappes sont égrainées à la main et mises en cuves pour une macération pelliculaire pendant 18 heures, ensuite les raisins sont pressés pour une fermentation naturelle dans ses cuves sans utilisation de levure. Les Marionnet prennent des risques pour aller chercher le goût du fruit et rien que cela. Ils laissent agir le raisin.
Une partie de la presse gastronomique était présente. Nous avons commencé par déguster le Provignage 2008, fait entièrement de Romorantin pré-phylloxérique, qui est un vin avec beaucoup d’arôme. Un vin de race où la minéralité ressent la pureté du terroir composé de silex et de graves. Beaucoup de fraicheur et d’élégance, ample en bouche où s’expriment les parfums de poire, de coing, de fleurs blanches, de miel et de noisettes.
Il faut le boire à une température de 8 à 10°. C’est un vin produit en petites quantités qui n’est pas disponible au Québec.
Nous avons dégusté en deuxième place le Vinifera Sauvignon blanc 2009, de vignes non greffées. Un vin tout en finesse, gras, savoureux. Arômes d’ananas, de citron, de pamplemousse, mais aussi des fleurs d’églantine et d’acacia. En bouche une belle fraicheur et à la fois beaucoup de maturité. (S.A.Q. $ 16,40).
En troisième place nous avons dégusté le Domaine de la Charmoise 2009 blanc, appellation Touraine contrôlée fait de Sauvignon à 100%. C’est un vin issu de vignes greffées, élevé en fermentation intracellulaire en milieu naturel, sans soufre. Belle couleur jaune. Au nez un éventail d’arômes de fleurs mais surtout de fruits tropicaux : mangue, goyave, agrumes aussi. Un vin très élégant, long en bouche. (Disponible en importation privée. $ 17, 95 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. )
Dans les rouges nous avons dégusté un Gamay, appelé Domaine de la Charmoise 2009 rouge, Belle robe rubis foncé. Très parfumé, fruits rouges, fraise, prune, un peu de tabac, assez minéral, beaucoup d’élégance, complexe, très rond. (SAQ $ 16,40).
Le deuxième rouge était un Vinifera Gamay, issu de vignes non greffées. Il n’existe aucun autre Gamay non greffé dans le monde.
Une explosion d’arômes de fruits : fraise, mûre, céréales. Un vin plein de légèreté, de complexité d’onctuosité et de rondeur. (Importation privée, $24,95 Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).
Le troisième rouge était un Première Vendange 2009, Gamay. Vigne classique, fermentation sans soufre. Vin qui livre des arômes complexes : cuir, fruits noirs : cerises noires, mûres, cassis. Une grande finesse en bouche et un bel équilibre. (Non disponible au Québec).
Pour finir nous avons dégusté Les Cépages oubliés 2008 fait de Gamay de Bouze, dont le cépage n’est plus autorisé en France. L’art des Marionnet a transformé ce cépage rustique, en un vin complexe, avec un bon nez de cerise, de groseille. Il est encore très tannique mais possède un certain équilibre et il est long en bouche. C’est en quelque sorte la mémoire du passé. (Non disponible au Québec).
Eugenia Plouffe nous a assuré un excellent service de mets. J’ai choisi en entrée un Saumon fumé, accompagné d’un Vinifera Sauvignon blanc 2009, dont le mariage m’a paru excellent. En deuxième plat j’ai choisi du cerf, servi avec riz noir, un soupçon de crème avec brunoise de betterave. Je me suis réservé le droit de déguster les quatre vins rouges pour un feu d’artifice de goûts.
Je dois conclure que les vins des Marionnet sont vraiment charmants, et en blanc comme en rouge ils se boivent aussi bien seuls que dans un bon repas.
Par Roger Huet
Chroniqueur, Président du Club des Joyeux.
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