Jean Chouzenoux
Culture, agriculture et montagnes dans les Alpes-Maritimes
Sont souvent évoqués sous cette rubrique les vins de Provence, et plus précisément ceux issus des collines niçoises. Mais la région des Alpes-Maritimes ayant tant à offrir que certains écarts sont autorisés ici par l’éditeur, nous l’en remercions. Par conséquent, la vie culturelle ou d’autres sujets plus ludiques font parfois l’objet de l’attention du chroniqueur, nous l’espérons… pour votre plus grand plaisir. Or, cette fois, il sera quand même question d’agriculture pour la mise en bouche, avant d’aborder un élément touristique plutôt insolite. D’une pierre, deux coups !
Une sculpture d’agrumes au Carnaval de Menton
En effet, dans ce pays de cocagne tout pousse et chaque saison a de quoi garnir les étals des marchands. Au-delà de la vigne que l’on cultive sur les collines de Bellet, Bacchus a planté quelques ceps dans une petite bourgade du département, Villars sur Var. Les 20 000 bouteilles de Clos St- Joseph qu’on y produit annuellement sont issues des cépages grenache, mourvèdre et syrah pour le rouge et bien sûr le rolle officie en maître-roi pour le blanc. A chaque dégustation du Clos St-Joseph blanc, j’ai été agréablement surpris des qualités florales du bouquet et de la bouche ample, grasse et acidulée. Une pépite !
D’autres cutures maraîchères dans l’arrière-pays et sur les hauteurs alpines
Il y a plus de 1800 exploitations agricoles dans les Alpes-Maritimes allant des producteurs horticoles aux plantations d’oliviers et d’agrumes en passant par les éleveurs ovins pour la plupart. De la fleur on en trouve abondement, en toute saison. Dès janvier le mimosa se pointe, au printemps sur les hauteurs le célèbre muguet de Nice embaume l’air des riverains, la lavande colore le plateau de Valensole en juillet et d’innombrables variétés de roses s’épanouissent à Grasse pour satisfaire les besoins du monde de la parfumerie. Un climat tellement favorable à la culture florale qu’ici à Nice il y le marché aux fleurs 6 jours par semaine douze mois durant. Les terres fertiles de la région favorisent également la culture d’arbres fruitiers et à Menton le citron règne en majesté. On lui organise même son carnaval ! L’auguste agrume ne fait pas qu’acidifier les plats locaux ou aider à la digestion sous forme de Limoncello, il fait bomber le torse des mentonnais derniers citoyens français au sud-est de l’Hexagone, juste avant la frontière italienne. Et le légume porte-étendard de la cuisine nissarde est la courgette. Au printemps l’on farcie à la viande la fleur de la cucurbitacée ou on la panne légèrement avant de la frire pour servir les délicieux beignets de fleurs de courgettes…un régal ! Enfin, on ne peut passer sous silence les oléiculteurs de la région. Ici, on l’aime petite l’olive niçoise, noire ou verte l’iconique Caillette possède sa propre AOC.
Un département qui porte bien ses deux identités
Bienvenue dans les montagnes alpines des Alpes-Maritimes.
Tel qu’annoncé, faisons un pas de côté et allons explorer d’autres avenues du département des Alpes-Maritimes.
Sachez d’abord que chaque département français tient sa dénomination des éléments géographiques qui le définissent soient les montagnes, les fleuves ou les rivières. Pour l’exemple, citons la Gironde, le Var, le Rhône, les Vosges. Or, la topographie contrastée du département 06 des Alpes-Maritimes répond parfaitement à ce critère étant traversé par la chaîne des Alpes qui vient choir dans la mer Méditerranée. La région est mondialement reconnue surtout grâce à son littoral, la bien nommée Côte-d’Azur et le faste de sa Riviera qui s’étend de Menton à Cannes avec une halte à Monaco. On évoque également les 3 corniches posées tels des belvédères d’où l’on admire le panorama offert par les caps, les baies et les jolies criques en bord de mer. C’est aussi la partie la plus densément peuplée du département. Mais qu’en est-il des reliefs alpins…premier élément descriptif des Alpes-Maritimes ?
En fait, à peine faut-il rouler 30 minutes pour un changement radical de décor. Dès que l’on s’engouffre dans la plaine du Var la route rétrécie, les falaises façonnent désormais le paysage, la végétation se transforme et se raréfie au fil de l’ascension. Dans la Vallée des Merveilles au nord-est du département le Mont Gélas culmine à 3143 mètres. Ailleurs, la neige s’invite en hiver et les skieurs sont comblés à Isola, Valberg ou Auron.
Les couleurs du Québec au sommet du col de la Bonette
Enfin, le point d’orgue de toutes balades en pays montagneux demeure le franchissement du mythique Col de la Bonnette pour en bout de course atteindre le charmant village de Barcelonette. Un parcours sinueux de 50 kilomètres, bordé de paysages époustouflants à une altitude atteignant 2802 mètres, ce qui en fait la plus haute route d’Europe. Les sites bucoliques et verdoyants alternent avec des passages arides, parfois lunaires. L’asphalte s’y déroule et serpente à l’ombre des caps abrupts et gare à ne pas se laisser hypnotiser par le panorama, le moindre écart de route et le ravin est apte à vous engloutir. Il est donc préférable de s’arrêter fréquemment avant de sortir la caméra pour capter des images saisissantes. Le cadre enchanteur et majestueux est prétexte tantôt à l’émerveillement, tantôt au recueillement. Nul ne peut rester insensible devant ce paysage unique et mystérieux…l’émotion nous submerge inévitablement. Par ailleurs, les randonneurs sont nombreux à sillonner ces sommets afin de contempler les très verts pâturages ou prendre une pause au pied des bourdonnantes cascades. La faune recense loups, sangliers, marmottes et espèces rares de volatiles, alors que la flore compte plus de 2000 espèces de fleurs différentes. Bref, que du bonheur !
Incidemment, les amateurs de la petite reine (le vélo) qui ont suivi à la télé le Tour de France 2024, ont pu apercevoir les images des cyclistes enfilant les nombreux lacets et grimpant à la force du mollet les 2802 mètres du Col de la Bonnette avant de redescendre jusqu’à Barcelonette. C’était l’une des dernières étapes avant l’arrivée triomphale des coureurs, à Nice.
Les lacets du col de la Bonette
En terminant, il est évident qu’au haut de ces montagnes alpines, il n’y a point de cultures maraîchères ni d’élevages ovins ou autres. En revanche, à quelques centaines de mètres en contrebas on peut y croiser les agneaux de Sisteron paissant paisiblement.
Bonne route !
Couleurs des sommets alpins
Win Le Phan et son Karibu!
Il y a 2 ans, alors que je présidais une commission au concours Sélections Mondiales des Vins Canada, j’ai fait la rencontre de Win Le Phan, qui était jurée sur mon panel. Faisant un peu plus connaissance au fil de la compétition, j’ai découvert une jeune femme à l’esprit entrepreneurial hors du commun. Récemment arrivée dans l’univers vitivinicole, Win Le Phan est à la fois vigneronne, sommelière, animatrice, agricultrice et surtout restauratrice. Boulimique de travail, touche-à-tout, sprinteuse dans ses méthodes d’apprentissage (tout apprendre rapidement), cette maman de 3 garçons semble vivre plusieurs vies à la fois… pourtant je ne lui connais aucun don d’ubiquité! Fille d’immigrants vietnamiens héroïques, tragiquement connus à travers les « boat people », ses parents ont inculqué à Win et sa sœur le sens de la débrouille et la forte valeur du travail.
Votre chroniqueur et Win Le Phan,
jurés au concours Sélections Mondiales des Vins Canada
Un parcours éloquent
Comme beaucoup de nouveaux arrivants au Canada, c’est dans la restauration que se sont lancés les parents de Win, en débarquant au Québec. La jeune Win scolarisée de narrer : « J’apprenais mes leçons en faisant la plonge ou en épluchant les carottes pour les rouleaux impériaux ». Elle poursuivra ses études jusqu’à l’obtention de son BAC en finances. Désormais conseillère dans une institution financière, elle garde cependant intact son intérêt pour la gastronomie. La passion est si dévorante qu’elle ajoute : « En 2008, lors du 400e anniversaire de la ville de Québec, je lâche la banque et reprend le restaurant familial, alors que je suis enceinte de mon premier fils ». Un aller/retour qu’elle fera plus d’une fois entre ses deux passions, la finance et la restauration. Un exemple : en 2015, elle délaisse à nouveau le monde des banques pour ouvrir un deuxième restaurant et oui, encore enceinte. En 2018, nouveau virage, Win et son conjoint font l’acquisition d’une fermette en Beauce et la voilà maintenant agricultrice, avec son potager de légumes et quelques bêtes à nourrir. Pas nonchalante pour deux sous, elle se donne une mission à la clé : faire connaître le sirop d’érable, véritable fleuron beauceron, à ses compatriotes asiatiques. La voilà partie pour des séjours fréquents au Vietnam, à arpenter les foires alimentaires, ses pots de sirop d’érable en bandoulière! C’est lors de ces salons qu’elle visite les sections vins et alcools et se découvre une passion pour cet univers, où « Les experts ont une approche fascinante et un langage envoûtant pour décrire les vins et parler des accords vins et mets. J’étais subjuguée et j’ai décidé d’approfondir mes connaissances en la matière ».
Win plante son premier cep à son vignoble, en Beauce
Bienvenue, Win Le Phan, dans le microcosme viticole québécois
Sévèrement atteinte du syndrome « j’veux tout savoir », notre nouvelle recrue québécoise dans la filière vinicole québécoise s’inscrit en 2018 à la formation en ligne intitulée WSET (Wine & Spirit Education Trust). Il s’agit d’une série de 4 certifications que les étudiants doivent acquérir et qui couvrent tous les aspects de la dégustation et de la fabrication des vins et spiritueux. Ce concours est d’ailleurs le prérequis pour tout prétendant au célèbre Master of Wine. Win a déjà en poche ses 3 premiers diplômes et est en voie de réaliser son quatrième exploit. Sitôt investie, la candidate cherche à partager ses connaissances et à propager la bonne parole. Elle se découvre un créneau et son thème de prédilection devient la viticulture québécoise. Là encore, elle y va à fond. D’abord, un stage chez le pape québécois de la viticulture, Charles-Henri de Coussergues, au Vignoble de l’Orpailleur, où elle s’initie à la vinification. « Six mois chez Charles-Henri, c’est 3 ans d’université. »
Autodidacte accomplie et performer efficace, elle approfondit sa connaissance des cépages, des terroirs et des méthodes de production bien particulières au Québec. Alors que la pandémie nous frappe en 2020, Win Le Phan, qui fuit l’oisiveté, entreprend de faire une étude de sol sur sa petite ferme en Beauce. Conséquemment, avec son conjoint, ils déboisent une partie de leur terre, fertilisent les sols et… plantent 4656 ceps. Et une nouvelle corde s’ajoute à son arc, la voilà viticultrice. Dans 2 ans, elle devrait vinifier sa première vendange! Bien sûr, à travers cela, elle veille sur ses trois garçons, participe à quelques émissions de radio et de télé, anime des conférences ou des ateliers de dégustation pour des entreprises ou lors des différents salons des vins qui se tiennent un peu partout au Québec. Mais pas que… elle veut encore partager ce savoir avec les compatriotes de son continent d’origine. Là voilà repartie au Vietnam pendant deux longues périodes de six mois en 2022 et 2023, où ses connaissances fraichement acquises et sa capacité à communiquer en français, en anglais et en vietnamien sont des atouts indéniables pour former de futurs serveurs en restauration et en sommellerie dans un pays qui s’éveille aux arts de la gastronomie à la française.
Et voilà, le Karibu !
Le mardi 23 juillet, j’ai un rdv téléphonique pour réaliser une entrevue en vue de rédiger cette chronique. Elle prend 45 minutes de son temps, alors qu’elle est en pleine ouverture de son nouveau concept, Karibu, un économusée des vins et des alcools du Québec. Situé sur la rue St-Jean à Québec, artère touristique au cœur de la cité reconnue au patrimoine mondiale de l’UNESCO, notre Win Le Phan trouvait que l’on faisait trop peu de place aux vins du Québec auprès des touristes qui visitent la capitale nationale. « Quand je vais en Bourgogne ou dans la Loire, j’aime bien boire les vins locaux. Je pense que les gens qui visitent le Québec veulent faire la même chose, même si notre industrie est jeune. Moi je veux m’employer à cela, c’est ma mission dans ce nouveau projet. »
Sur les vieilles pierres de cet édifice, on retrouve des affiches murales qui présentent les cépages québécois et détaillent les étapes de la viticulture bien singulière au Québec. Des vidéos s’ajouteront pour démontrer les méthodes de vinification et de distillation. Des objets de viticulture commencent à orner les lieux et la panoplie prendra de l’ampleur au fur et à mesure. Elle a imaginé une salle polyvalente où des producteurs québécois viendront donner des conférences et animer des sessions de dégustation. Il y a un comptoir où le quidam peut s’attabler pour déguster des charcuteries et des fromages québécois, accompagnés d’un vin issu de nos terroirs. Une sélection d’une centaine de vins et d’alcools figure à la carte. Enfin, le chaland pourra repartir avec son plat à emporter et la bouteille de son choix. Pour les artisans, les viticulteurs, les distillateurs, et les sommeliers, comment ne pas être fiers d’une telle ambassadrice de notre patrimoine viticole québécois?! Amis de la profession, lors de votre prochain passage à Québec, un arrêt incontournable s’impose chez Karibu, 1124, rue St-Jean, Québec.
Ces stars françaises qui font du vin
Après ma chronique du mois dernier dans laquelle je vous parlais de ces stars hollywoodiennes qui se sont lancées dans une carrière de vigneron, je reprends le clavier pour vous parler cette fois de cinq étoiles françaises qui se sont aussi mises au service de la vigne. Actrice, acteur, producteur ou chanteur, voici un bref survol de leur implication viti-vinicole.
Pierre Richard en Corbières
Ce grand blond quelque peu distrait a fait l’acquisition du Domaine de l’Evêque, dans le sud de la France, en 1986. Il s’agit d’une propriété viticole d’une cinquantaine d’hectares dans un secteur peu favorable à la culture de la vigne, situé au cœur de l’appellation Corbières. Sur cette parcelle rebelle, l’acteur et comédien Pierre Richard en a tiré le meilleur pour produire dans la palette complète de couleurs… des blancs, des rosés et des rouges fort agréables. En effet, sur cette terre aride tapissée de garrigue et baignée d’embruns méditerranéens, il y cultive grenache, syrah, mourvèdre ou carignan, que des assemblages judicieux feront éclore harmonieusement. Tout comme pour le cinéma, l’acteur dit vouloir faire du vin pour créer des émotions! Incidemment, juste avant la pandémie, j’ai eu l’occasion de voir Pierre Richard sur les planches d’un théâtre, où seul sur scène pendant près de 2 heures, il nous a raconté des dizaines d’anecdotes avec force gestes sur ses tournages épiques… un régal et bien des émotions!
Carole Bouquet sur son île
Crédit photo : MAXPPP /MAXPPP Sandro Michahelles
La célèbre comédienne, connue pour ses rôles au théâtre et au cinéma, a voulu se mettre à l’abri des projecteurs en faisant l’acquisition d’une propriété sur l’intime île de Pantelleria, au large de la Sicile. En Méditerranée, près des côtes tunisiennes, sur cette île aux parfums enchanteurs, au fil de ses balades gourmandes, Carole Bouquet est tombée sous le charme des vins de Passito. Ce sont des vins passerillés, c’est-à-dire que l’on fait sécher les raisins au soleil afin de les déshydrater et de concentrer les sucres avant la fermentation. Poussée par cet élan, elle s’est portée acquéreuse d’un petit vignoble où elle produit depuis un vin grandiose, le Sangue d’Oro. Élaboré à base de muscat d’Alexandrie en très faible rendement, cet exquis vin de dessert dégage une puissance aromatique d’écorce d’orange et de mangue. Il se déploie ensuite en bouche avec onctuosité, des saveurs d’agrumes et de caramel, et on n’en finit plus de compter les caudalies.
Gérard Depardieu dans la Loire et ailleurs…
C’est au Château de Tigné, en Anjou, que l’acteur s’est fait vigneron, en 1989. Il avait découvert les vins gouleyants de Loire lors d’un tournage avec son ami Jean Carmet, passionné des Chinon et autres Bourgueil ou Sancerre. Gérard Depardieu, ce monstre sacré du cinéma devenu ce monstre qui fait sacrer, a acquis cette magnifique propriété érigée au XVe siècle. Sur une superficie de 110 ha sont complantés cabernet-franc et sauvignon, cépages souverains de la Loire. Dévoré par la passion du vin, Gégé est également propriétaire, en partenariat avec Bernard Magrez, de vignobles à Lussac St-Emilion, dans le Languedoc, et s’est aussi associé à des viticulteurs sur d’autres continents, soit en Algérie, au Maroc et en Argentine. Il y a quelques années, l’acteur avait fait part de son intention de vendre toutes ses parts dans ces propriétés… il semble que rien ne soit encore concrétisé.
Luc Besson sur les plateaux calcaires
Domaine Alquier
Le cinéaste qui a classé huit de ses films au top 100 du cinéma français à l’étranger, le réalisateur du Grand bleu, du 5e Élément, de Lucy, arpente désormais, au-delà des plateaux de cinéma, les plateaux calcaires et argileux du Languedoc. Dans cette immense région viticole, pays du carignan, du cinsault et du grenache, Luc Besson s’est établi au Domaine Alquier, à Faugères, et au Domaine de Senaux, dans l’Hérault. Avec ses collaborateurs, il élabore des vins blancs charnus et des rouges robustes qui se marieront à la cuisine locale, à la fois côté mer, grâce aux poissons de la Méditerranée et dans les terres avec le gibier, les légumes variés, les charcuteries et les fromages.
Francis Cabrel dans le Lot et Garonne
Crédit photo : DR
C’est au Domaine du Boiron que le célèbre chanteur a pris racine dans l’aventure viticole. Grand amateur de vin depuis sa jeunesse, Francis Cabrel et son frère Philippe ont acquis cette propriété située dans le Lot et Garonne, entre Bordeaux et Toulouse, en 1988. Originaires de la région, un palais de dégustateur formé à la rusticité du tannat, ils en ont planté sur la propriété de 10 hectares en l’associant au merlot pour la finesse et au cabernet-sauvignon pour les arômes. Leur vignoble, classé sous l’AOC Brulhois, est entièrement mené sous culture biologique et toutes les opérations menées à la vigne se font manuellement. La vinification des blancs et des rouges s’effectue en cuve béton, avant un passage en barrique pour les rouges pouvant aller de 10 à 12 mois.
Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea – Prix Goncourt 2023
Voyager sans contraintes…
Voyager peut prendre plusieurs formes. La dégustation d’un grand vin est une odyssée au pays des sens et nous ramène à son terroir d’origine. Cependant, l’expression de voyage la plus intériorisée, dont les contours et les paysages demeurent flous, dont nous imaginons et créons les visages, celle qui nous guide et nous transporte sans nous déplacer est la lecture. Surfer de pages en chapitres, s’envoler vers des destinations fictives, déambuler en des lieux imaginaires, être émerveillé par une histoire ou ébloui par un style d’écriture, voilà la gamme de sensations que peut procurer une traversée littéraire.
Une histoire envoûtante et une écriture romanesque
Dès les premières lignes de Veiller sur elle, j’ai été happé par le style emporté et romanesque de l’auteur, Jean-Baptiste Andrea. Son histoire débute par la fin, avant de faire un bond arrière de quelques décennies, à la genèse de cette épopée. Mimo et Viola sont les principaux protagonistes du roman dont l’aventure s’étend sur les 80 premières années du XXie siècle.
Mimo, de son vrai nom Michelangelo Vitiliani, est sculpteur de son état, un clin d’œil à peine voilé à un autre AngeMichel, bien réel celui-là. Cette fresque transplante sa galerie de personnages du sud de la France aux terres du Piémont et de la Toscane, jusqu’aux gisements de marbre de la montagne de Carrare. Le lien empreint de mysticisme qui unit Mimo à Viola est jalonné de longues périodes de silences et parsemé de grands moments de désespoir, comme dans les opéras tragiques. Leur liaison, proche et distante à la fois, s’étendra sur toute une vie et restera gravée dans la pierre pour l’éternité.
Le sculpteur précoce qui attaque ses premiers blocs de marbre dès l’âge de 6 ans a été touché par la grâce artistique qui transcende son handicap. En effet, on l’appelle aussi Gulliver, évoquant le célèbre voyageur de conte féérique en sa période où il fut petit, tout petit. Orphelin de père et abandonné par sa mère, l’artiste s’échine dans l’atelier de son oncle, qui le tyrannise et l’exploite. Mais le talent l’habite et devant un bloc de marbre de Carrare, là où l’oncle voit une masse en pierre qu’il aura à sculpter selon la commande des clients, Mimo le jeune apprenti songe à l’ourse qui s’y cache ou à la vierge qu’il fera émerger à coups de burin et de ciseau avant de polir la pierre inerte pour enfin lui donner vie.
Par ailleurs, l’écrivain semble également touché par la grâce, pour le plus grand bonheur du lecteur. Son style est romanesque, sa plume est gracieuse, fine, élégante et émouvante. Au cours de ce voyage littéraire, le passager est bercé par une pléthore de métaphores, de poésies ou d’allégories… lisez plutôt :
« Une lumière venant d’on ne sait où, sauvait son visage de la voracité de l’ombre. »
« Nous avons beaucoup pleuré en glissant vers l’aube, car nos nuits étaient en pente. »
« La ville de Florence est si belle que quitter chaque rue est un renoncement. »
« Ses yeux étaient un portail ouvert sur un autre monde. »
Un mot sur Jean-Baptiste Andrea
Incidemment, l’auteur français de 53 ans réside à Cannes.
En plus du Goncourt pour Veiller sur elle, il a reçu le Prix Femina pour son premier roman, La Reine, paru en 2017.
Il est également réalisateur et scénariste… bref, il possède quelques échappatoires pour son imagination débordante!
Des stars d’Hollywood en quête de palmes viticoles
En cette période du Festival de Cannes qui bat son plein, j’ai pensé vous pondre une petite chronique sur ces stars d’Hollywood qui se sont mutées en vignerons.
Des marches du Palais des festivals à Cannes aux restanques des côteaux varois il n’y a qu’un pas, que l’on peut franchir en un long plan séquence. Tous, moult fois auréolés de la divine palme de laurier qu’ils arborent sur les affiches de leurs blockbusters, ont déserté momentanément les plateaux de tournage pour des plateaux en extérieurs, non pas éclairés par des projecteurs, mais tout naturellement par l’astre solaire. Alors, qui sont ces trois mousquetaires? Brad Pitt, Georges Clooney, Georges Lucas et Ridley Scott. Tiens donc, ils sont quatre… tout comme la bande originale. En effet, ces dernières années, nos quatre stars hollywoodiennes sont devenues de réels gentlemen farmers; le vignoble varois situé au sud de la France est devenu leur nouveau décor.
Brad Pitt et Angelina Joli au Château de Miraval
En 2011, après une énième apparition sur le tapis rouge du Festival de Cannes, les deux tourtereaux de jadis ont survolé en hélicoptère la plaine du Var à la recherche de la Bastide provençale de leurs rêves. Apercevant un vaste domaine se détachant à l’horizon, ils ont demandé au pilote de voler en rase-motte pour y voir de plus près. Y voyant de plus près, ils lui ont carrément ordonné de se poser… bienvenue au paradis! Un domaine de 500 hectares, complantés d’oliviers, d’orangers, de citronniers et 50 ha de vignes en prime. La maison du XVIIe siècle trônant au cœur de l’immense propriété n'était pas en reste, abritant même un studio d’enregistrement. Brad et Angelina ont tellement aimé le Mas de Miraval qu’ils l’ont acquis, ont restauré la demeure, construit une chapelle au cœur des dépendances et s’y sont mariés. Le coup de foudre était total! Par la suite, deux enfants naîtront au début de cette union et ils verront le jour ici, à Nice. Je potine… après tout, on parle de stars!
Novice en la chose viti-vinicole, le couple s’est associé à la Famille Perrin, du Château Beaucastel, en Châteauneuf-du-Pape, pour gérer entièrement le vignoble. Sur ces terres rôties par un soleil ardent, c’est toujours Marc Perrin qui veille au bon développement des cépages grenache, cinsault ou rolle… pour lui, c’est le « rolle » de sa vie, s’cusez-là! Cent cinquante mille bouteilles sortent annuellement des chais sous l’appellation contrôlée Côte de Provence ou Côteaux varois en Provence. Conséquemment, les vins du Château de Miraval se sont vite imposés, surtout le rosé, qui s’affiche sur toutes les bonnes tables de la Riviera méditerranéenne.
>Georges Clooney propriétaire de vignes dans le Var
C’est en 2022 que l’acteur et son épouse Amal ont acquis une vaste propriété à Cotignac, dans le Var. Le Domaine de Canadel s’étend sur près de 800 hectares, où s’épanouissent de multiples essences végétales et d’innombrables arbres fruitiers, dont quelques hectares de bons ceps de rolle et de grenache blanc. Toute l’opération viticole est gérée en fermage (i.e. le propriétaire loue l’exploitation de ses vignes) par l’œnologue Laurence Berlemont, qui officie sur d’autres propriétés de la région. Les vins sont vendus sous le nom de Ferme St-Georges, AC Côteaux du Varois, et on y produit majoritairement du blanc et du rosé… What else!
L’immense bastide de 800 M2 où résident le Amal et Georges Clooney lors de leurs séjours en France, comporte une bonne dizaine de pièces, est entourée d’une piscine, d’un terrain de pétanque et de fontaines sculptées dans la pierre. Lors des fortes chaleurs estivales, l’après-midi il est agréable s’assoupir dans le somptueux jardin à l’ombre des oliviers et bercé par le chant des cigales.
Georges Lucas n’est plus en guerre contre les étoiles
Au contraire, car loin de l’agitation de la ville, bien en retrait dans l’arrière-pays provençal, le soir venu on peut admirer une myriade de constellations d’étoiles au firmament et la paix y règne sereinement. En 2017, Georges Lucas, l’immense réalisateur de la saga de La guerre des étoiles, s’est aussi octroyé sa vie de gentleman farmer. C’est à Châteauvert qu’il a déposé ses pénates, au Château Margüi, où la culture de la vigne remonte à 600 ans avant J.-C. La culture des abricots, des amandes et des melons a ensuite été privilégiée avant que l’on replante de la vigne au début des années 2000. Bien irrigués par les nombreuses sources qui dévalent des collines environnantes, les plants de grenache, de cinsault et de rolle ont de quoi s’épanouir malgré les chaleurs suffocantes. Les vins sont vendus sous l’appellation de Château Margüi ou de Cuvée de la Bastide et chaque automne, c’est toute une armée de Jedi qui s’active au moment des vendanges.
La fastueuse demeure, incluant ses dépendances, occupe une superficie de 3600 M2. Entièrement rénovée au moment de l’acquisition, le monstre sacré du cinéma semble n’y séjourner qu’assez rarement car, pour qui en a les moyens, la bastide est surtout offerte à la location. À bon entendeur, salut!
Ridley Scott dans le Luberon
En fait, c’est lui le pionnier, car le réalisateur du Gladiateur et du récent Napoléon s’est fait vigneron dès 1992, en faisant l’acquisition d’une propriété à Oppède, dans le Luberon. Et Ridley Scott fait cela sérieusement, au point où on peut lui attribuer le titre de vigneron sans froisser les professionnels de la filière viticole. Car, soigneusement, il a appris les rudiments de la viticulture avant de maîtriser les techniques de vinification, au point de réaliser lui-même son premier millésime en 2020.
Il pousse la maîtrise de tous les éléments de la production d’un bon vin, allant jusqu’à dessiner lui-même ses propres étiquettes et les vins signés le Mas des Infermières se déclinent en blanc, rosé et rouge. Par ailleurs, jouxtant la Vallée du Rhône, ici ce sont les cépages rhodaniens qui ont préséance. Adossés au pied du massif du Luberon qui fait écran (s’cusez encore) au mistral dominant, les ceps portants syrah, roussanne ou grenache produisent à foison. Enfin, comme ses collègues du 7e Art, il a totalement rénové le domaine situé au cœur d’un immense parc naturel. La demeure, le chai, la cuverie, tout y est passé. De surcroit, il imaginé et conçu le tout lui-même… comme quoi son imagination et son instinct créatif ne se limitent pas qu’au seul monde du cinéma.
En terminant, notons que d’autres vedettes du cinéma français se sont installées au creux de vignobles du Sud de la France. Citons Pierre Richard et Luc Besson ; à suivre…
Clap de fin, envoyez le générique!
Michel Côté, muséologue québécois de réputation internationale
De plus en plus de compatriotes troquent la blancheur hivernale du Québec pour les teintes bleutées et verdoyantes de la Côte-d’Azur. Le bouche-à-oreille agissant comme une caisse de résonnance, ce sont souvent les amis des amis que se pointent année après année sur la célèbre Promenade des Anglais. J’en ai déjà fait écho ici, l’occasion m’est offerte d’en fréquenter plusieurs et parfois de vous les présenter comme c’est le cas aujourd’hui avec Michel Côté, ancien directeur du Musée de la civilisation de Québec. Ce dernier revient régulièrement en France, oui à Nice mais aussi à Paris et surtout à Lyon… voyons voir !
L’aventure française
Originaire de Victoriaville, Michel Côté fait carrière dans le monde de la muséologie et devient directeur des expositions au Musée de la civilisation de Québec dans les années 1990. À la fin du millénaire, les administrateurs du Musée d’histoire naturelle de Lyon sont à la recherche d’un nouveau directeur qui pourra à la fois coordonner les opérations muséales en apportant de nouvelles collections mais surtout développer l’intérêt de la population et accroître sensiblement la fréquentation au musée de Lyon. C’est au québécois Michel Côté qu’est confié la mission et le voilà qu’il débarque avec épouse, armes et bagages au bord du Rhône, en 1999. Alors qu’en ce pays aux 1200 musées, au patrimoine historique riche et diversifié, aux multiples centres d’interprétations civilisationnels, sociaux ou culturels, en cette France qui regorgent d’historiens, de muséologues, de conservateurs ou régisseurs de patrimoine, pourquoi solliciter les lumières et l’expertise d’un muséologue québécois?
Monsieur Côté, de me répondre : « En France, l’expertise muséologique est surtout axée sur les collections alors qu’au Québec nous avons une forte préoccupation à faire vivre une expérience culturelle maximale aux visiteurs de nos musées. Nous voulons que nos différents publics se sentent accueillis et passent de spectateurs à acteurs, qu’ils vivent une expérience totale et que tous les sens soient interpellés ». En fait, cela confirme un trait reconnu de plus en plus à travers le monde : le sens de l’hospitalité, est un gène québécois ! « Ma volonté de vouloir un musée plus accessible à un plus grand nombre de gens, cette forme de démocratisation de la culture, bref cette ouverture et cette expertise bien québécoise sont les éléments qui ont plu au comité de sélection », d’ajouter Michel Côté.
Le Musée des Confluences de Lyon
Bien en selle à la direction de son musée le dirigeant québécois et les élus lyonnais rêvent cependant de plus grand et d’ajouter un élément majeur à l’offre muséale de la ville car après tout, Lyon n’est pas qu’une capitale gastronomique où seul Paul Bocuse a droit de cité. C’est ainsi que débute la fabuleuse aventure de la conception d’un musée de Sciences et Sociétés qui deviendra au bout de d’une décennie de labeur, le Musée des Confluences de Lyon. Incontournable et véritable signature architecturale à l’entrée de la ville, ce spectaculaire édifice tire son nom de son point d’ancrage au confluent des deux cours d’eau qui se croisent à Lyon, le fleuve Rhône et la rivière Saône. Voilà comment on le décrit sur le site officiel du musée : en plus du Socle, sur lequel il repose comme un pont sur ses piles, deux éléments distincts le composent. Baigné de lumière, le Cristal, son hall monumental, s’ouvre vers la cité en invitant à venir le visiter. Le Nuage abrite le parcours permanent et les expositions temporaires.
« J’ai toujours prétendu que pour expliquer la complexité du monde, on avait besoin de plusieurs disciplines. On avait besoin de la science, on avait besoin de l’histoire, de l’archéologie, de la philosophie, des beaux-arts. On ne peut pas se contenter d’une seule discipline. » Pour Michel Côté, un musée doit conjuguer trois éléments : le plaisir, la connaissance et la réflexion.
Retour au Québec
La vie nous réserve parfois de curieuses surprises. Lors d’une visite officielle à Lyon de Jean-Paul l’Allier, alors maire de Québec, ce dernier croise Michel Côté lors d’un événement et lui susurre à l’oreille qu’on aurait bien besoin de lui au Musée de la civilisation de Québec, mais cette fois comme directeur général. Cela sonne comme un rappel des troupes auquel toute la famille Côté consent et ce beau monde rentre au bercail en 2010. Monsieur Côté supervisera le fabuleux musée de la capitale pendant cinq ans avant de tirer sa révérence. Non sans gloire car il se voit décerner le prix ICOM du rayonnement international pour sa carrière et son implication qui démontrent une excellence de calibre supérieur en matière de muséologie canadienne Rassurez-vous Michel Côté demeure actif et partage son expertise à l’écrit en signant différents articles dans des revues sociétales et scientifiques.
Cher Michel, au plaisir de vous revoir à Nice prochainement !
Louise Chalifour, fille de Québec, consule honoraire du Canada pour la Région Sud (Provence–Alpes–Côte d’Azur), France
J’ai rencontré Louise Chalifour l’an dernier, à Nice. Une autre québécoise que sa route a mené jusqu’au bord de la Méditerranée. C’est que j’en découvre de plus en plus de ces québécois égarés au sein du vieux continent. Son parcours professionnel fut sa boussole et celle-ci souffrant d’un problème d’orientation lui indiquât plutôt le Sud ! Grand bien nous fasse, car chaque rencontre avec ma nouvelle amie compatriote, fort sympathique au demeurant, donne lieu à de belles plongées dans des souvenirs communs de notre Québec et à des rires contagieux. Et quand d’autres camarades québécois séjournant à Nice s’ajoutent à nos festives tablées, résonne alors une joyeuse cacophonie… quand cela ne devient carrément hilarant !
Louise Chalifour et Jean Chouzenoux, deux compatriotes québécois sur la célèbre Place Masséna à Nice
Originaire de Neufchâtel puis… un saut dans la Ville Lumières
Jadis, nous étions presque voisins. Louise a fait ses études secondaires à la Polyvalente de Neufchâtel pendant que je m’escrimais à celle de l’Ancienne-Lorette, deux banlieues voisines au nord de Québec. Diplômée de l’Université Laval, elle est propulsée au poste d’agent du Protocole au deuxième Sommet de la Francophonie, tenu à Québec en 1987 sous la présidence d’honneur du premier ministre du Canada, Brian Mulroney. Elle y tisse sa toile et Jean Pelletier, alors maire de Québec, la recommande au poste de chargée de projets à l’Association internationale des maires des capitales et des métropoles francophones (AIMF), dont les bureaux sont situés à Paris. En effet, le Canada francophone est toujours représenté à l’AIMF et le poste est généralement dévolu à un officier du Québec. C’est alors le début de l’aventure française de Louise Chalifour et outre les grandes villes de France où elle porte la parole franco-canadienne, ses responsabilités la dirige vers plusieurs capitales du continent africain notamment au Gabon, au Niger, au Togo ou au Maroc.
Le parcours de Louise Chalifour en France
Cette aventure française ne semble pas vouloir prendre fin et pour cause. Après son mandat à l’AIMF en 1994, Louise Chalifour est recrutée à l’Ambassade du Canada à Paris d’abord comme attachée de relations publiques avant d’y jouer un rôle de gestionnaire et de superviseur jusqu’en 2018. Un sacré cheminement pour la jeune femme partie de Québec en 1987 et qui pendant 30 ans a représenté la Canada dans la plus flamboyante capitale du monde. Devenue citoyenne française et ayant un conjoint français, le retour au Québec ne figure pas au programme pas plus que la retraite oisive. C’est alors qu’une nouvelle opportunité se dessine… sur recommandation de l’Ambassade du Canada à Paris, Louise est nommée par la gouverneure générale du Canada, consule honoraire du Canada pour la région Sud (Provence, Alpes, Côte-d’Azur) basée à Nice. En 2022, elle est élue vice-doyenne du Corps consulaire des Alpes-Maritimes. Cela ne pouvait pas rater… les routes parallèles que nous avions chacun empruntées du Québec au Sud de la France se sont enfin croisées à Nice où nous avons planté notre tente, peut-être pour de bon?! J’y reviendrai. Le temps de vous dire qu’à titre de consule honoraire basée à Nice, toujours dans un souci de servir, Louise s’engage à veiller avec diligence aux intérêts et aux besoins d’assistance des Canadiennes et Canadiens en déplacement dans la région en plus d’assurer un rôle de représentation auprès des diverses institutions publiques françaises. Par ailleurs, son conjoint Pierre Chaplain français du cru, gravitant autour de cette sphère a lancé récemment l’association les Amis du Canada-Nice et Côte d’Azur et compte bien développer quelques partenariats entre nos deux contrées.
Louise Chalifour avec le maire de Cannes, à l’occasion de l’anniversaire de la Ville de Cannes
À Nice, quand nous repensons à notre ville de Québec…
Comme je le disais plus haut, notre rencontre récente à Nice a rapidement donné le ton à des échanges amicaux et à une plongée dans nos souvenirs. Pierre et Louise étant de commerce fort agréable, conscients tout comme mon épouse et moi du privilège que nous avons d’écouler d’heureux jours sous le ciel azuréen, nous avons sentis le besoin de fraterniser et de ressasser le passé autour d’un bon verre de Rosé de Provence. Louise et moi étant de Québec et ayant tous deux évolués dans la sphère publique, nous allions forcément nous retrouver en des lieux communs voire dénicher quelques accointances. Cela n’a pas raté, nous avons réalisé qu’avant qu’elle quitte le Québec, nous avions fréquenté les mêmes cercles professionnels ou sociaux, connu tous deux les mêmes personnalités de la Capitale, eu à différentes époques des amis communs et que jadis, Louise avait même connu ma mère. Bref sans nommer toutes les connaissances croisées, nous avons réalisé comme on le dit souvent, que la communauté québécoise est tissée serrée !
Florence Lemieux vient présenter les vins de Parés Baltà, à Monaco
Qu’on en commun pour un amateur de vin le Québec, le Penedès et la Principauté de Monaco ? Cette semaine le lien c’était un salon des vins où la dynamique québécoise Florence Lemieux, qui travaille au Domaine Parés Baltà dans le Penedès en Espagne, présentait les vins de la propriété aux sommeliers et acheteurs des palaces monégasques et des restaurateurs de la Côte-d’Azur. Avec mon bon ami Don-Jean Léandri, nous avons donc renoué avec le plaisir d’arpenter un salon qui heureusement n’était pas trop grand et où nous n’avions pas à jouer du coude pour déambuler entre les tables des différents producteurs.
Florence Lemieux du Domaine Parés Baltà et Laurent Courbard, responsable commercial de l’agence Prestige de France lors du Salon des professionnels de Monaco
Florence Lemieux originaire de Montréal s’est installée dans la région de Barcelone il y a 5 ans après avoir travaillé dans un domaine viticole dans la Vallée du Niagara. Maîtrisant désormais 3 langues, elle est un atout majeur pour la famille espagnole quand vient le temps de promouvoir leurs vins sur les marchés internationaux.
Par conséquent, nous avons eu le plaisir de découvrir la palette de vins de Parés Baltà mais surtout le bonheur de placoter de qui nous rapprochait de notre Québec, les amis, les collègues, les événements vinicoles, les bons restaurants, etc.
Me revient alors toujours à l’esprit que le monde du vin est bien petit et que les rencontres qu’on n’y fait, souvent fort agréables. Pour l’anecdote Florence Lemieux est la fille de Julie Déziel que nombre d’amateurs de vins de tout le Québec connaissent, car elle fut longtemps responsable des activités du Courrier Vinicole, à la SAQ.
Thierry Cornuet, alias Big T…
Joueur de rugby, restaurateur, Pitmaster, roi du BBQ, formateur, animateur, franco-canadien et quoi encore?!
J’ai rencontré le sympathique et charismatique Thierry Cornuet il y a 3 ans à son restaurant en extérieur d’un quartier industriel de Nice. De prime abord, le secteur ne payait pas de mine mais l’étonnement était ailleurs. En effet, la surprise le chaland la découvrait une fois le seuil franchi devant les immenses BBQ et humant les effluves de pièces de viandes se faisant grillées. Des Tomahawks de bœuf épais comme çà, des rôts de volailles ou des travers de porc, de quoi sustenter les plus voraces carnivores! La réputation du Bootgrill s’est alors répandue comme une traînée de poudre d’autant qu’encensé par le prestigieux guide gastronomique Gault & Millau. C’est donc des collines niçoises et de tous les environs, de Cannes à Monaco, que venaient s’attabler les riverains ou les touristes pour faire bombance et s’adonner à de festives libations.
Ici, lors de ma première visite au Bootgrill. Je porte mon chandail des Nordiques pour contrer son panneau des Canadiens. À droite, Daniel Blais un autre Québécois exilé à Nice complète le joyeux trio!
De la France au Québec, puis du Québec à la Côte-d’Azur
Le parcours de notre chef globe-trotter débute à Dijon où il officie comme joueur de rugby affilié au club local (j’avoue qu’il en a encore la carrure). La retraite sonnant tôt dans ce genre de discipline, le sportif troque les semelles et s’expatrie au Québec pour assouvir d’autres passions. Nous sommes au début des années 2000 et l’aventure durera plus de quinze ans. Son premier Job, il est gestionnaire pour la prestigieuse marque Red Bull et fait partie de l’équipe qui a organisé le spectaculaire Red Bull Crashed Ice de Québec. Il occupe par la suite différentes fonctions dans le monde de l’alimentation et développe entre autres des liens étroits avec les producteurs du Cidre de Glace Neige afin de favoriser l’exportation de ce produit distinctif vers le marché français. Succès immédiat à en voir les étalages dans les aéroports et aux Galeries Lafayette. Et croyez-le on non, lors de notre première rencontre au Bootgrill en 2021, il nous est revenu en mémoire à tous les deux une réunion que nous avions eu à l’époque à mon bureau de la SAQ, à Montréal, justement à propos de la visibilité des vins et spiritueux québécois en sol européen. Mais ses premiers frissons québécois lui proviennent lors de la découverte d’une des activités favorites des québécois en période estivale, l’art du BBQ. Gourmet et gourmand lui-même, un brin festif, au-delà des plaisirs de la chair que procurent ce mode de cuisson, il apprécie la convivialité qui y est associée. Il s’y lance à fond, multiplie les expériences, invente des recettes et utilise à satiété les produits québécois. Et un bon jour, il se dit « faut que j’exporte cela en France ».
Un homme qui innove, un esprit en constante ébullition
Le voilà qui débarque dans le sud de sa terre natale en 2018 et qu’il se lance. D’abord avec un gros Weber et trois tables en plastic sous une tente…ce qui deviendra ensuite le Bootgrill. Aujourd’hui…je dois dire arrêtez-le quelqu’un !! c’est qu’il s’emballe notre ami, une idée n’attend pas l’autre. Les multiples projets qu’il conçoit doivent être source d’insomnies ou sont-ils son carburant ? Certains prennent forme rapidement, d’autres sont en gestation, certains sont éphémères, d’autres permanents. Voyez plutôt, d’abord un nouveau concept ouvert depuis peu sur les hauteurs de l’arrière-pays niçois. Baptisé Shack & Co c’est un véritable sanctuaire pour les amateurs de BBQ où se grefferont bientôt, une rhumerie, une cave à vin, une coutellerie, une épicerie fine, une boucherie, un barber shop puis un espace dédié à l’univers du BBQ et des Smoker-Grill (bien oui on est en France !). Ici, même Epicure serait comblé.
À quelques kilomètres, il implante le P’tit Karibou dans un lieu champêtre, bucolique à souhait, perché face à la mer, dans un écrin d’oliviers, place que l’on peut réserver pour des réceptions familiales ou sociales, toujours sur le thème du BBQ. Souvent les produits québécois sont à l’honneur, le sirop d’érable, la poutine ou la bière. L’ambiance chaleureuse est l’ingrédient principal de ce succès, Big T comme il aime bien se faire appeler veillant, au four comme sur le terrain ou sous le chapiteau, au plaisir de chacun et à la bonne humeur contagieuse. Par conséquent, il serait possible que le groupe de québécois qui s’est formé au fil des ans dans la région niçoise se retrouvent au P’tit Karibou pour la célébration de la Fête Nationale du Québec, le 24 juin prochain. Enfin, pas étonnant que Thierry Cornuet un brin nostalgique m’ait récemment confié : « le Québec m’a mis au monde professionnellement, c’est là-bas qu’est née ma passion du BBQ ».
Parmi les autres aventures de Big T notons qu’il a eu son camion de cuisine de rue (un food-truck comme on dit en France) avec lequel il a sillonné la France et présenté ses recettes dans plusieurs salons gastronomiques. Il donne des classes de formation sur la cuisine au BBQ auréolé de son titre de Pitmaster et de membre du jury du championnat de BBQ de France. Il vient de lancer son livre de recettes intitulé l’Art du Barbecue, chez Marabout. Enfin, comme nous sommes au bord de la Méditerranée, son arsenal serait incomplet sans un restaurant de plage qui sera inauguré au début de la prochaine saison estivale et dont la carte sera composée bien évidemment autour du thème que vous aurez deviné !
Un retour au Québec !?
Thierry Cornuet, alias Big T, propose une cuisine riche et variée. Les recettes de viandes vieillies, volailles, poissons ou crustacés sont articulées autour de recettes originales, généreuses et savoureuses. Les somptueux paysages provençaux qu’il a choisis pour planter son décor sont à couper le souffle. La bonhommie et la chaleur de l’homme complètent à merveille l’expérience que vivent les clients locaux ou les visiteurs étrangers. Notre ami reçoit également la jet set à sa table et récemment il a eu le privilège de servir le Prince Albert de Monaco, lors d’un événement gastronomique tenu dans la Principauté. Mais Thierry Cornuet et ses acolytes rêvent d’exporter leur concept de Shack & Co jusqu’au Québec. Il m’avoue que « ce retour où ma passion pour la gastronomie et la cuisine a commencé serait un grand élément de fierté. Me reste à trouver des associés pour lancer le projet à Montréal ». Alors c’est pour quand ? Y’a-t-il un preneur derrière cet écran ?
La Coupe des Nations à Québec en 2024
Concours annuel des meilleurs vins, cidres et alcools québécois
Initié en l’an 2000, le concours de la Coupe de Nations, qui met à l’honneur les producteurs artisans de vins, cidres et alcools québécois, ne cesse de prendre de l’ampleur et gagner en notoriété. Depuis 2022, la nouvelle présidente, madame Lyne Pelletier, laboure le terrain afin d’inciter les producteurs à profiter de ce tremplin pour faire connaître et promouvoir la qualité du fruit de leur travail auprès des consommateurs québécois avides de découvertes. Madame Pelletier succède à feus Denys Paul-Hus et Ghislain K. Laflamme qui pendant des années n’ont eu cesse de glorifier les artisans du milieu de la restauration et de l’agriculture.
Ce qu’est la Coupe des Nations
Comme les différents concours de dégustations qui se déroulent dans les grands pays producteurs de vins, la Coupe de Nations fonctionne de façon tout aussi rigoureuse s’appuyant sur des normes professionnelles reconnues en la matière notamment par l’Office international de la vigne et du vin (OIV). Par conséquent, un jury d’experts déguste à l’aveugle les produits concourant et les notes sur des fiches de dégustations sensorielles en passant en revue les caractères visuels, olfactifs et gustatifs. Celles-ci sont adaptées aux caractéristiques de la catégorie de produits. Ainsi lors de la prochaine dégustation, les lauréats qui obtiendront une note entre 86 et 88/100 reçoivent la médailles d’Argent ; entre 89 et 92, une médaille d’Or ; 93 et +, une Grande médaille d’Or. Nous sommes ici, à titre d’exemple, sur l’échelle de cotation similaire à celle des Sélections Mondiales des Vins. Les catégories à l’honneur distinguent, les vins de raisins, blancs, rouges, mousseux ou de glace, les spiritueux, prêts à boire, les alcools et vins de petits fruits, les cidres, les hydromels ainsi que les alcools d’érable. Le jury est composé d’une quarantaine de dégustateurs expérimentés, notamment œnologues, sommeliers, producteurs, membres de confréries bachiques ou de personnel de la restauration. Ceux-ci sont regroupés par commission de 5 juges identifiée pour évaluer une catégorie de produits ou des catégories similaires.
L’édition de 2024 se tiendra le 6 mai à l’École hôtelière de la Capitale, à Québec, avec la participation au service des élèves en sommellerie de l’établissement. Enfin, le dévoilement des produits médaillés aura lieu publiquement le samedi 18 mai au Grand Marché de Québec en présence des vignerons, des producteurs artisans, de partenaires de la Coupe des Nations et représentants des milieux politiques. Lors de cet évènement grand-public on procèdera également à la remise d’un Prix Reconnaissance et de Prix Distinction. On voit ici toute la synergie instaurée par la présidente Lyne Pelletier. D’ailleurs à ce chapitre, les collaborations ou partenariats se multiplient notamment avec l’Association canadienne des sommeliers professionnels, la Société des alcools du Québec, le Conseil des Vins du Québec, l’Association des producteurs d’hydromels et alcools du Québec, l’École Hôtelière de la Capitale, l’Association canadienne des œnologues, le Grand Marché de Québec, Vinum et plusieurs autres.
Remise du Prix Reconnaissance 2023 au Conseil des Vins du Québec (CVQ). Sur la photo, de gauche à droite: Lyne Pelletier, présidente Coupe des Nations, Mélanie Gore, directrice générale CVQ, Ian Purtell, vice-président Association Canadienne des Sommeliers Professionnels-Québec, Joëlle Boutin, députée de Jean-Talon et adjointe parlementaire de M. Pierre Fitzgibbon, Frédéric Sanchez, consul général de France à Québec
Reconnaître la qualité des produits et le travail rigoureux des producteurs artisans vins et alcools de tout le Québec !
De l’Outaouais, en passant par les Cantons-de-l’Est, le Centre-du-Québec, l’Île d’Orléans, Québec, le Saguenay, Charlevoix, l’Abitibi, la Côte-Nord, le Bas-St-Laurent jusqu’aux Îles de la Madeleine, les producteurs du Québec sont fiers de soumettre le fruit de leur labeur aux palais des différents juges. C’est une « brassée » de plusieurs centaines de produits, vins, cidres, hydromels, ou autres alcools qui sont dans l’antichambre d’une place sur le podium. Les motivations qui incitent les producteurs à présenter leurs produits sont variées : acquérir de la notoriété sur le marché québécois, obtenir une bonne dose de reconnaissance, recevoir l’avis éclairé de dégustateurs professionnels, se comparer avec les confrères de la profession ou documenter le développement de nouveaux marchés locaux et internationaux. L’an dernier, la croissance des inscriptions étaient notables et près de 70% des producteurs inscrits comptaient au moins un produit en vente à la SAQ.
La vision de Lyne Pelletier
La nouvelle présidente a d’abord tablé sur l’expertise en place depuis plusieurs années pour maintenir le succès du concours. Madame Francine Dion biochimiste et membre de l’Association Canadienne des Oenologues, supervise l’aspect contrôle de la qualité des produits, élément essentiel à ce type de compétition. Quant à monsieur Sébastien Villeneuve, directeur de succursale à la SAQ, il supervise les aspects techniques alors que M. Kler-Yann Bouteiller, membre de l ‘Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et enseignant en sommellerie à l’École Hôtelière de la Capitale encadre notamment le service de la dégustation des produits. En ce moment, l’édition du 6 mai 2024 est en préparation soutenue et prévoit des belles nouveautés.
Depuis qu’elle a pris les commandes Lyne Pelletier, souhaite « mettre l’emphase sur deux choses : premièrement, la valeur et la fierté que représentent, pour les producteurs artisans, une médaille ou un Prix de la Coupe des Nations et deuxièmement faire de la Coupe des Nations un indicateur de la qualité des produits pour guider les consommateurs et restaurateurs. C’est ainsi qu’à mon arrivée, j’ai voulu asseoir la crédibilité du concours, la rigueur du processus d’évaluation et de dégustation surtout auprès des producteurs artisans du Québec et des partenaires tout en oeuvrant au rayonnement public au niveau national et international ».
Madame Pelletier bénéficie d’une longue expérience en attestation, certification de la qualité notamment des soins et des services de santé, donc les processus d’évaluation de la qualité…elle connaît ! De plus, depuis une trentaine d’années elle gravite dans la sphère vinicole principalement par son rôle actif à titre de juge dans des concours vins et alcools, au sein de nombreuses confréries bachiques et par la visite sur le terrain, voire dans la plupart des régions viticoles de France. En ce moment, ce sont les routes du Québec qu’elle sillonne avec son bâton de pèlerin. Elle se rend chez les producteurs pour leur parler du concours, les inviter à participer à la prochaine édition de la Coupe des Nations parce qu’elle représente une démonstration éloquente de la qualité de leurs produits auprès des consommateurs et des gens de la restauration. Souhaitons-lui de faire le plein pour que règnent fièrement et toujours plus haut la qualité et le savoir-faire des artisans producteurs du Québec.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site de la Coupe des Nations.