Pendant plusieurs années, sur les ondes de TV5, Jean-Luc Petitrenaud a fait mon régal à l’heure de l’apéro du dimanche soir. Ses émissions pleines de gourmandise et sa gouaille ont fait saliver plus d’un rabelaisien qui, juste avant de s’attabler pour faire ripailles, se délectaient de ses propos appétant livrés avec toute sa verve et son fort accent chantant.
Carte postale gourmande
Pendant un temps ce fut le titre de l’une de ses émissions et cela décrit parfaitement de quoi il s’agissait. Au volant de sa Deux-Chevaux, Petitrenaud parcourait la France allant à la rencontre des artisans du goût. La formule à peu près toujours la même consistait à visiter le tenancier d’un bistro ou le chef d’une table étoilée et de partir avec eux faire la tournée des artisans fournisseurs en quête des ingrédients qu’ils allaient ensuite sublimer en cuisine. Et que je t’emmène chez le boucher, le marchand de légumes, le poissonnier, le volailler et le pâtissier…de quoi nous en mettre plein la vue. De retour aux fourneaux, c’est la musique des couteaux qui taillent les carottes, des oignons qui rissolent ou du fouet que l’on touille pour faire monter la chantilly qui charment nos oreilles et nous mettent l’eau à la bouche. L’heure de passer à table venue, tout ce beau monde se retrouvait pour faire bombance dans la joie et la bonne humeur. Pousser la chansonnette faisait souvent partie de l’office dominical.
Par ailleurs, en d’autres occasions cela prenait une tournure carrément champêtre et festive alors que Jean-Luc s’arrêtait chez le fromager, le charcutier et le vigneron pour remplir son escarcelle avant d’étendre la nappe à carreaux pour de plantureux pique-nique tenus au sommet d’une colline ou dans le vignoble. Encore là, tous les producteurs entouraient l’hôte de l’émission pour allumer le feu de sarments de vignes afin que le grillardin requis pour l’occasion étale les larges saucisses sur les braises ardentes. Et que sautent les bouchons et danse le beaujolais dans nos verres… elle est pas belle la vie !
Un style inimitable et une passion du terroir
Au-delà de la bonne chère qu’il savait enjoliver, Petitrenaud se distinguait par son enthousiasme communicatif, son amour du terroir et sa capacité à mettre à l’aise aussi bien les grands chefs que les petits producteurs. Avec lui, chaque émission devenait une fête : il goûte, s’extasie, raconte et partage sa passion du "bien manger" avec simplicité et enthousiasme. Il avait un style singulier qui se traduisait dans sa manière unique de raconter la cuisine comme une histoire. Il fallait l’entendre décrire un cassoulet comme une symphonie de saveurs ou une tarte aux fraises comme un poème givré. Son style unique a fait de lui un chroniqueur gastronomique hors pair, capable de nous emmener dans un voyage culinaire tout en nous faisant sourire et parfois…s’émouvoir ! Jean-Luc Petitrenaud nous a quitté il y plus d’un an maintenant et je m’ennuie encore de ses émissions au bonheur communicatif dans lesquelles il nous présentait la France gourmande dans ce qu’elle a de plus beau, de plus riche et de plus authentique.