Au début des années 2000 à Québec, nous avons fondé avec quelques amis un club de dégustation afin de partager notre passion pour le vin tout en provoquant l’occasion de consommer nos bonnes fioles. Ici, pas de découvertes récemment arrivées sur le marché via les rayons de la SAQ mais des valeurs sûres, mûrement vieillies et bichonnées par nos soins dans nos caves ou celliers. Le nom de baptême du groupe reflète bien ces deux valeurs cardinales : Aux Grands crus.
Le problème, c’est qu’il n’y a pas que les vins qui vieillissent, hélas ! Certains membres du groupe nous ont quittés pendant que d’autres épuisaient leurs réserves. Un noyau dur persiste et les rencontres, jadis mensuelles, se sont désormais espacées… au rythme des saisons. Or, je profite de ma venue annuelle au Québec pour relancer mes vieux potes (dans tous les sens du terme et je m’inclue) afin de savoir s’il n’y a pas quelques flacons qui ont résisté à l’assaut du temps qui passe ?
Ainsi, ce 6 octobre dernier, six valeureux combattants ont rassemblé leurs forces, sorti leurs verres finement gravés au nom du groupe, déniché chacun un trésor bien gardé et se sont lancés dans la bataille. La règle habituelle consiste à déguster à l’aveugle avec une thématique régionale, horizontale, verticale ou une cousinade de cépages. Cette fois-ci, aucune règle ne fut fixée si ce n’est de se répartir les rôles entre vin blanc, rouges, mousseux et liquoreux. Pas de dégustation à l’aveugle non plus. Pour l’occasion, ce fut à visière levée. Nous connaissions ce que nous allions déguster mais sans savoir dans quel verre chaque vin allait se retrouver. Le rituel veut que nous dégustions une légère quantité de chaque vin d’abord en silence avant de partager nos impressions et ultimement, reconnaître lequel est lequel ? Puis enfin, terminer nos verres sur quelques plats qui sauront nous sustenter.
Mes amis connaissant ma préférence voire ma passion pour la Bourgogne, sans se concerter, ont tous opté pour un cru de la Côte-d’Or et pas les moindres, voyez plutôt…
Les bouteilles avec la légende suivante: « les grands crus servis lors du dernier chapitre du club de dégustations, Aux Grands Crus: Chambertin Clos de Bèze Rousseau 1995, Musigny Domaine Comte de Vogue 1995, Bonnes-Mares Domaine Comte de Vogüe 1999, Vosne-Romanée Clos des Réas Domaine Michel Gros 2005, Meursault-Perrières Michelot 2000
Chaque grand cru a été à la hauteur de sa réputation et comblé nos attentes. Du fruit encore subtilement présent, surprenant pour les 30 années de bouteille, des notes boisées, cendrées, une élégance et de l’amplitude en bouche pour clore sur jolie persistance douce/amère. Un régal ! Seul le Meursault-Perrières 2000 dénotait une pointe d’amendes et un soupçon de noix, signes d’une belle maturité. Un champagne avait ouvert les hostilités et un cru de Sauternes a rallié les valeureux survivants.
À André, Louis, Yvon ainsi qu’à Céline et Normand je dis, rendez-vous l’an prochain pour un nouveau chapitre d’Aux Grands Crus !