vendredi 26 juillet 2024
Emmanuel de Vaucelles

Emmanuel de Vaucelles

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...

Depuis plusieurs mois le débat en Europe sur l’autorisation du glyphosate ou non fait rage et les Institutions Européennes ont tranché : l’autorisation est prorogée pour cinq ans, le Round-Up et ses concurrents ne seront donc  pas interdits au sein de l’Union européenne. Les agriculteurs crient au scandale, quant aux écologistes, ils ne sont pas satisfaits non plus puisqu’ils auraient voulu une décision encore plus radicale. La France sous la pression des lobbies verts a décidé d’interdire son utilisation dans les trois ans, ce qui ne devrait pas manquer d’avoir des conséquences lourdes sur l’économie hexagonale.  

Qu’est-ce que le glyphosate ?

Le glyphosate est un herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire un herbicide non sélectif absorbé par les feuilles et ayant une action généralisée, le produit étant assez peu mobile dans les sols, les industriels lui ajoutent des additifs pour améliorer sa performance. Son utilisation évite de retourner les terres. Son usage est très courant en agriculture traditionnelle mais aussi il est utilisé par presque l’ensemble des établissements publics gérant des espaces verts. Son interdiction en France va remettre en cause bien des modèles.

Autrefois produit sous brevet, exclusivement par Monsanto à partir de 1974 sous la marque Round-Up, le brevet passe dans le domaine public en 2000 et d'autres sociétés produisent désormais du glyphosate.

Le glyphosate est classé depuis le 20 mars 2015 comme « probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cette agence de l'OMS précise que ce classement est uniquement une estimation du danger, et que l'estimation du risque pour la population générale est du ressort des agences de sécurité sanitaire. Depuis lors, un panel d'experts de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et de l'Organisation mondiale de la santé estime en mai 2016 qu'il est improbable que le glyphosate soit cancérigène par voie alimentaire en cas de doses résiduelles. Des appréciations similaires ont été rendues par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) ainsi que par les différentes agences nationales ayant été chargées d'évaluer le risque sanitaire du glyphosate par voie alimentaire. Néanmoins, ses opposants lui prêtent des effets néfastes sur l'environnement et sur la santé des personnes exposées aux pulvérisations (agriculteurs et populations rurales entre autres).

La France se tire-t-elle une balle dans le pied avec cette interdiction ?

Emmanuel Macron soumis à la pression de son ministre de l’Écologie Nicolas Hulot et de divers lobbies environnementaux a décidé d’interdire le glyphosate non pas dans cinq ans mais dans trois ans sans se préoccuper de savoir ce que l’Union Européenne décidera en 2022. Nous pouvons nous interroger sur l’opportunité d’une telle décision. En effet, sous l’impulsion de l’OMC, les barrières douanières autour de l’Europe ont quasiment disparu et les échanges agricoles augmentent d’année en année sans que les compétiteurs internationaux se soumettent aux mêmes règles leur permettant d’avoir des coûts de revient plus faibles sans que le consommateur final soit mieux protégé. Qui sait d’où proviennent nos Corn Flakes ? Sont-ils produits selon nos normes ? Et si les producteurs français ont des normes plus contraignantes que leurs pairs européens pourront-ils résister financièrement encore longtemps ?

Cette distorsion de concurrence a déjà mis à mal l’agro-industrie française de la viande et du lait. Depuis plus de trente ans nos différents gouvernements de gauche et de droite s’acharnent à appliquer les directives européennes en les durcissant, ce que nos voisins se gardent bien de faire. Pour preuve, les dernières mesures sur la politique de l’eau dans notre territoire augmentant considérablement le coût liés à des mises aux normes que les éleveurs ne peuvent répercuter sur le prix puisque les importations intra UE sont libres et quasi libres avec les pays tiers qui eux ne sont soumis à peu voir aucune norme comme les éleveurs bovins d’Amériques latines, par exemple. 

Pour le secteur des vins et des eaux de vie le problème est quasi similaire : en 1991, la profession avait déjà dû subir la Loi Evin, loi interdisant la publicité et toute forme de promotion sur le sujet tant dans la presse écrite que dans l’audiovisuel et des campagnes violentes promouvant l’abstinence ont lavé le cerveau des Français pendant plus de quinze ans. Il faudra attendre l’arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012 pour que cette loi soit partiellement détricotée.

Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui poignarde dans le dos une partie de la profession par cette mesure alors que lui-même lors de la campagne présidentielle indiquait qu’au sein de l’Union, les règles devaient être les mêmes pour tous. Pour la FNSEA, premier syndicat agricole français, si cette décision de l’Europe est une preuve de pragmatisme des États membres, c’est l’attitude du président Macron, en précisant dans un tweet qu’il prendrait les dispositions nécessaires pour que « l’utilisation du glyphosate soit interdite dans notre pays au plus tard d’ici trois ans », qui agace. La FNSEA rappelle que le président de la république soulignait le 19 avril de cette année : « je me battrai pour la convergence fiscale, sociale et environnementale au sein de l’Union européenne, afin que chaque État joue avec les mêmes règles du jeu ». La FNSEA met donc l’accent sur les risques de distorsion de concurrence et dénonce l’acceptation de règles différentes pour ce que l’on produit et pour ce que l’on importe.

Du côté des vignerons, c’est globalement le même état d’esprit.  « Le glyphosate ? Ne m’en parlez pas, ça va faire mal. Très mal. Il n’y a pas de solution de remplacement en face ! », s’emporte un viticulteur du Minervois à l’ouverture du salon Sitevi  de Montpellier il y a trois semaines rapporte Alexandre Abellan dans un article paru sur le site internet Vitisphère. L’annonce de la reconduction européenne de la licence du glyphosate pour cinq ans et la promesse de sa suppression française dans trois ans n’a donc pas laissé indifférent dans les allées du salon. « Ces gens qui pensent qu’il faut supprimer le glyphosate, qu’ils viennent dans mes vignes pour un stage. On verra si après une journée à biner, ils sont encore contre les herbicides de Monsanto » grogne un vigneron gardois. Ajoutant que « c’est bien beau d’être écolo en ville, mais la réalité du terrain est bien différente… Il vaut mieux que je n’aie pas un de ces bobos en face ! » Certaines positions sont parfois plus modérées en particulier chez certains Bourguignons qui possèdent de petites exploitations mais là, le prix de revient de leurs productions est dix à quinze fois supérieurs à leur confrères languedocien à l’hectare, difficile donc de comparer et cela rend forcément plus serin.

Il serait bon que nos politiques et nos décideurs économiques relisent le remarquable essai publié en 2011 aux Éditions Galimard et appelé Inévitable Protectionnisme ou Adrien de Tricornot journaliste au Monde et ses deux confrères Franck Dedieu et Benjamin Masse-Tamberger nous amenaient à réfléchir sur notre modèle productif et social à l’orée d’une mondialisation débridée où tous les acteurs ne subissent pas les mêmes règles. Sans doute alors, des décisions brutales comme celle de la suppression du glyphosate n’auraient pas été prises par un simple tweet…  Première erreur politique d’un président d’habitude si pragmatique ?

Source: Info-Viti

jeudi, 14 décembre 2017 19:57

Transaction à Pessac, Magrez à l'offensive

L’été avait été mouvementé tant dans le terroir de Saint-Emilion que dans celui de Chateauneuf. L’hiver sera-t-il actif dans les graves? Figure des appellations bordelaises et de Pessac, en particulier avec le château Pape Clément, l’homme aux multiples propriétés tant en France qu’à l’étranger déclare « être sauté sur une affaire à ne pas manquer. » 

La nouvelle cible du « Pape » de Bordeaux pas toujours clément avec ses paires est une propriété de 33 hectares sur la commune de Léognan, le château Le Sartre. « Dans le monde entier, Pessac-Léognan est une appellation qui a de la résonance. Et il y a très peu de choses à vendre. Donc quand il y a quelque chose à acheter, il faut sauter dessus », explique Bernard Magrez à France 3, en marge du salon Bordeaux Tasting (de la revue Terre de Vins). En quête d’un quatrième cru classé, Bernard Magrez n'a donc pas hésité pour conforter son portefeuille en Pessac-Léognan, où il possède déjà le château Pape Clément (cru classé de Graves de 54 hectares). Cette acquisition lui apporte une production annuelle de 140 000 cols environ, dont les deux tiers en rouge, précise un communiqué de Bernard Magrez à Grands Vignobles. Il est aussi indiqué qu’une activité oenotouristique sera développée.

Outre le château Pape Clément (54 hectares à Pessac-Léognan), Bernard Magrez possède en cru classé La Tour Carnet (115  ha en Haut-Médoc), Fombrauge (58  ha à Saint-Émilion) et le Clos Haut-Peyraguey (17  ha à Sauternes).

Pour rappel, Pessac-Léognan, situé au Sud-ouest de Bordeaux, est une appellation reconnue depuis 1987 et représente plus de 1700 hectares de vignes, dont presque 80% sont dédiés au vin rouge. Elle est au cœur de l’appellation des Graves et rassemble l’ensemble des Grands Crus de cette aire.  

Selon le site Vitisphère qui a contacté la famille Perrin-Leriche, cette dernière précise que la transaction doit encore être finalisée et ne souhaite pas commenter ni motiver cette vente. Racheté au cours des années 80 par le défunt Antony Perrin (propriétaire de château Carbonnieux), le château de Sartre est géré depuis 2004 par sa sœur, Marie-José Perrin Leriche et son mari, René Leriche.

Selon un article du Figaros.fr, cette transaction se ferait au prix de 700 000 Euros l’hectare soit un peu plus de 23 millions.  Le marché du foncier à bordeaux reste actif et la concentration des châteaux entre quelques mains et de prix hors normes se confirme d’année en année.

Source: Info-Viti

À l’instar de Château Margaux, qui pour la première fois a créé une étiquette particulière pour son 2015 afin de rendre hommage à son directeur technique mort peu de temps après la vendange 2015 et pour fêter le nouveau chai, ainsi que les 200 ans du domaine (1815), Mouton Rothschild, fidèle à la tradition en vigueur depuis 1945, a dévoilé sa nouvelle étiquette ce lundi. Le premier Grand Cru Classé 1855 mais passé premier grand cru en 1973 seulement sur le plan légal (Pauillac) a fait appel à un artiste de renom pour illustrer l’étiquette du nouveau millésime mis en marché : c’est l’Allemand Gerhard Richter qui signe ce 2015.

En 1945, pour célébrer la paix reconquise, le baron Philippe de Rothschild décida de couronner l’étiquette du millésime par le « V » de la Victoire, dessiné par le jeune peintre Philippe Jullian. D’une circonstance exceptionnelle naquit une tradition, et à partir de 1946, tous les ans, un artiste différent fut invité à créer une œuvre originale pour l’étiquette. Au début, le Baron Philippe choisit les peintres parmi ses amis personnels : Jean Hugo, Léonor Fini, Jean Cocteau… En 1955, Georges Braque accepta d’illustrer le millésime. Il fut alors rejoint par les plus grands créateurs de notre époque : Dali, César, Miró, Chagall, Picasso, Warhol, Soulages, Bacon, Balthus, Tàpies, Jeff Koons…

Le peintre allemand Gerhard Richter, né en 1932, a illustré la nouvelle étiquette des bouteilles de vin du château Mouton Rothschild, millésime 2015, grâce à la photographie et à une technique de peinture sous verre propre à l’artiste, a annoncé mardi la famille Rothschild. “Son œuvre pour Mouton est le fruit d’un processus à la fois aléatoire et savamment élaboré qu’il appelle « Flux ». L’artiste fixe sur photo des couleurs en mouvement, saisies à l’instant idéal de leur composition.

emmanuel mouton rothschild etiquette

Comme ses paires, en échange de sa création, le peintre germanique bénéficiera de quelques caisses de ce fameux breuvage dont le millésime 2015 a été bien noté par les professionnels. Millésime bien supérieur à 2011, 2012, 2013 et même 2014, il parait néanmoins en léger recul par rapport à 2016. Mais il reste, comparé à 2005 et 2009, pas si mal.

Château Mouton Rothschild, propriété de la famille éponyme depuis 1853, s’étend sur 84 hectares de vignes à Pauillac et est premier cru classé avec Châteaux Margaux (Margaux), La tour (Pauillac, Laffite (Pauillac) et Haut-Brion (Pessac Léognan). Aujourd’hui, la propriété appartient aux trois enfants de la baronne Philippine de Rothschild, décédée en 2014.

Pour leur premier millésime, constitué à 82% de cabernet sauvignon ainsi que de merlot et une touche de cabernet franc, les enfants ont légèrement changé l’étiquette en y ajoutant “Mouton ne change”, la devise du château, ainsi qu’une nouvelle signature Philippe Sereys de Rothschild, au nom des trois propriétaires de la famille.

Du fait de la récurrence de l’évènement, cette sortie n’aura pas d’influence sur le prix du vin. Rappelons que selon quelques médias, l’étiquette « spécifique » du Château Margaux 2015 aurait entraîné une hausse des prix de 25% aux particulier, juste pour une image… Comme quoi, l’expression « sage comme une image » ne s’appliquerait pas pour les prix du monde du vin.

Source: Info-Viti

mardi, 21 novembre 2017 08:50

Hospice de Beaune : est-on devenu fou ?

Bacchus, au secours ! Ce dimanche a eu lieu la 157e vente des Vins des Hospices de Beaune. 787 pièces ont été mises en vente sous la présidence de Charles Aznavour, Agnès B., Julie Depardieu et Marc-Olivier Fogiel. Après la vente des deux pièces de charité pour 420 000 €, les enchères, après un démarrage timide, ont entamé une hausse qui a permis d'atteindre le record absolu pour les Hospices de Beaune, à 13 529 millions d’euros de chiffres.

Ludivine Griveau, régisseuse du domaine des Hospices, suite à sa conférence de presse sur cette Vente historique sur le coup de l’émotion et de la fatigue, a fondu en larmes. Sans doute pour elle une récompense pour cette année plutôt bonne en Bourgogne, où le ciel a été parfois menaçant mais s’est montré plutôt clément au final, à l’exception de certains secteurs comme le Chablis. Mais de tels prix sont-ils vraiment de bonnes nouvelles?

Lors de cette 157e vente des Vins des Hospices de Beaune, le domaine a proposé 630 pièces de vin rouge et 157 de vin blanc. Avec la pièce des Présidents et les alcools (15 pièces), l’ensemble de la vente totalise 13 529 301 euros ou, pour nos amis anglais, 12 041 078 de livres, et pour nos amis américains, 15 964 575 dollars, selon les cours de vendredi, soit le meilleur résultat jamais réalisé pour la vente du Domaine des Hospices de Beaune (dernier record: 11,3 millions d’euros en 2015). Un nouveau record mondial a été atteint pour le Bâtard-Montrachet Grand Cru de la Cuvée Dames de Flandres, avec un résultat de 138 650 euros. Seul bémol, l’an dernier les pièces de charité avaient atteint 480 000 euros.

Il n’en reste pas moins que depuis quelque temps, les prix, tant sur les bouteilles que sur le foncier dans des appellations prestigieuses, atteignent des prix totalement hors normes, qui ressemblent plus à une bulle financière qu’à de vrais investissements. Pour preuve, les cuvées villages des hospices se sont maintenues en termes de tarifs et ce sont les cuvées prestigieuses qui se sont envolées.

Si certains médias ne se sont contentés que de souligner la hausse, d’autres, comme ce matin Axel de Tarlé sur Europe 1, s’est fait l’écho d’une partie de la profession en Bourgogne, mais aussi dans d’autres régions, sur le risque de cette envolée des prix, en particulier sur la transmission d’entreprises en famille qui fait la richesse du terroir agricole français. Pas sûr non plus qu'au bout de la chaîne, l’État s’y retrouve sur un plan fiscal, vu la capacité des grandes entreprises à échapper à l’impôt... Quant aux consommateurs, dans 20 ans, au lieu d’aller visiter Vincent Perrin à Meursault, Etienne de Montlivault à Blagny, Philippe Huguenot à Marsannay ou Château Filhot à Sauternes, ils achèteront dans une boutique de « Luxe » du Vin Axa, Artémis ou Crédit Agricole. Le pied !

À méditer...

Source: Info-viti

Peut-être l’avez-vous lu dans vos quotidiens cette semaine ou en avez-vous entendu parlé par les médias audiovisuels, le Château Margaux, premier grand cru classé 1855, a lancé ce lundi une nouvelle bouteille pour son millésime 2015, une première dans l’’histoire de ce domaine du Haut-Médoc.

Cette création, réservée à cette unique année 2015 permet de célébrer trois évènements : commémorer les 200 ans du château, construit en 1815 (même si la propriété a plusieurs siècles d’histoire), de fêter le premier millésime issu du nouveau chais imaginé par le britanique Norman Foster, mais elle rend aussi hommage à l'ancien directeur général de la propriété Paul Pontallier, mort l'an dernier.

"On ne voulait pas faire une autre étiquette à proprement parler mais plutôt quelque chose directement sur la bouteille: c'est comme l'étiquette d'une bouteille normale mais en or, avec en arrière-plan et juste en sérigraphie, le chai qui entoure le château comme une sorte d'écrin", a décrit Alexandra Petit-Mentzelopoulos, fille de l’actuelle propriétaire, Corinne à l’AFP.

Sur ces 120.000 nouvelles bouteilles opaques est écrit "Hommage à Paul Pontallier". Arrivé en 1983 à château Margaux, il est décédé en mars 2016 à l'âge de 59 ans. 2015, était son dernier millésime mais aussi le premier dans ce chais qualifié d’ultra moderne. Un millésime considéré comme l’un des meilleurs sur ces dernières années selon l’ensemble des professionnels.

C’est maintenant Philippe Bascaules qui officie à Margaux Il n'a pas pu refuser à Corinne Mentzelopoulos le retour en médoc qu'elle lui proposait. Retour aux sources car c'est à Margaux qu'il a commencé sa carrière en 1990, avant de s'envoler vers la Californie pour intervenir sur le vignoble de Francis Ford Coppola. Les flacons du cinéaste américain ont tiré le plus grand parti de l'expertise du Français a en voir le succès commercial de ces bouteilles. « Avec lui, Margaux est assuré de rester Margaux et de garder la capacité d'évolution qui le caractérise » a indiqué la direction de la propriété.

La fiche technique dévoilée ce même jour nous annonce un vin composé  à 87% de cabernet sauvignon et d'un peu de merlot, cabernet franc et petit verdot. "C'est tout ce qu'il aimait, cette douceur, ce parfum. Cela aurait été un de ses préférés", a indiqué à l’AFP son fils Thibault Pontallier, ambassadeur du château à l'étranger.

Par contre, pas sûre que beaucoup d’entre nous puisse en goûter malgré un chiffre de 120 000  bouteilles commercialisées. Lors des primeurs le prix de vente annoncé par Corinne Mentzelopoulos pour le Château Margaux était de 450 euros la bouteille. Elle serait vendue pour 990 euros sur le site internet de l'enseigne de négoce Millesima, un des leaders de la vente en ligne aux particuliers. Plus de chance que vous l’ayez en photo que dans votre cave… 

Source : Info-Viti

L’actualité viticole a toujours été active  surtout ces derniers temps, pour preuve les guerres que se livrent les salons Internationaux, les baisses ou les hausses des barières douanières, le climat qui dérègle les volumes en 2017 mais aussi les transactions de propriétés. Pour ces dernières, le marché français reste actif et font la une des médias.

Aubert de Villaine, le copropriétaire de la fameuse Romanée comti s’inquiétait il y a quelques jours dans une entrevue qu’il a accordé au site internet Terre de Vins de la spéculation sur le foncier du vignoble Bourguignon.

Depuis, Artémis, la société d'investissement de la famille Pinault, qui détient entre autres le château Latour, 1er grand cru classé en Pauillac (Médoc), le domaine Eisele Vineyard situé dans la Napa Valley 
en Californie, le domaine d'Eugénie situé à Vosne-Romanée en Bourgogne, ou encore le château Grillet dans la vallée du Rhône 
nord,  a annoncé la signature fin octobre d'un protocole d'accord portant sur l'acquisition du domaine Le Clos-de-Tart, l'un des joyaux viticoles de la Bourgogne, plus de 7 hectares situés sur la commune de Morey Saint-Denis. Selon le journal le point, cette transaction pourrait dépasser les 200 millions d’Euros. L’acte de cession devrait être définitive début 2018.

Cet été, les vignobles de Saint Emilion et de Chateauneuf-du-Pape avaient été marqués par des transactions importantes en surface sans que les valeurs ne soient communiquer. Le mois de novembre connait lui aussi une nouvelle série de transactions soit à Saint Emilion soit en Bourgogne mais en Cote de beaune cette fois-ci.

Le Château Bellefont-Belcier, par exemple, superbe propriété de 13 hectares en Saint-Émilion Grand Cru Classé, sur la célèbre côte Pavie, vient de changer de mains. Auparavant détenu par un investisseur chinois qui ne donnait plus signe de vie puis repris par un investisseur quasi inconnu, il vient d’entrer dans le giron de l’homme d’affaires de Hong Kong Peter Kwok, via sa société Vignobles K, l’entité qui regroupe l’ensemble de ses domaines. Cette dernière vient de signer un compromis de vente qui ne sera effectif que le 15 décembre pour laisser libre cours à une possible préemption de la SAFER (le bras armé de l’état pour restructurer le foncier français). Cette acquisition permet de compléter le portefeuille de Monsieur Kwok qui est propriétaire de Château Tour Saint Christophe en Saint-Émilion Grand Cru, Château Haut-Brisson conduit en culture biologique lui aussi en Saint-Émilion Grand Cru, Château Le Rey en Castillon- Côtes de Bordeaux ainsi que Château La Patache, L’Enclos de Viaud et L’Enclos Tourmaline en Pomerol et Lalande-de-Pomerol.

Un peu plus haut sur le plateau de Saint-Émilion, cette fois-ci, c’est Château Troplong Mondot, Premier Grand Cru Classé de Saint-Émilion, récemment acheté par le groupe de réassurance SCOR, qui vient de s’offrir une belle propriété : Clos Labarde. Bénéficiant de l’appellation Saint-Émilion Grand Cru, la propriété est contiguë à Troplong Mondot et s’étend sur 4,58 ha. « Nous avons eu l’opportunité d’acheter un très beau terroir à côté de chez nous et nous le faisons dans une optique de développement à long terme », confirme Aymeric de Gironde, le nouveau directeur de Château Troplong Mondot rapporte le site Internet Terre de Vins.

En Côte d’or, cette semaine, le château du Clos de la Commaraine est l'un de ces nombreux petits bijoux de la côte de Beaune avec une histoire qui a traversé les siècles. Ce pommard 1er cru est un monopole d'un seul tenant de 3,75 hectares, entourant ce château du XIIe siècle qui appartient à la grande famille Jaboulet-Vercherre. Cette dernière restera d'ailleurs propriétaire du foncier, dans la mesure où le couple américain reprend juste l'exploitation. Ses raisins étaient vinifiés jusqu'ici par la maison Louis Jadot de Beaune. Ces nouveaux investisseurs sont Mark Nunnelly et son épouse Denise Dupre qui ont déjà acquis le domaine Belleville de 22 hectares à Rully, en mai. Dans un communiqué de presse daté de mercredi, il est rappelé que ce couple est loin d’être néophyte dans le secteur oenotouristique puisqu’il a déjà acquis la maison de champagne Leclerc-Biant à Epernay en 2012, puis l'hôtel Royal Champagne à Champillon en 2014 Au-delà de la vinification, les nouveaux exploitants souhaitent faire de ce château bâti en 1112 par le duc Eudes de Bourgogne, un site oenotouristique haut de gamme.

Il va s’en dire que pour ces trois dernières annonces, les comuniqués de presse ne font pas mentions ni des motifs des ventes, ni des montants. Mais les plus-values attendues devraient être sympathique…

Source: Info-Viti

lundi, 06 novembre 2017 07:17

Vinexpo va lancer un salon biennal à Paris

Vinexpo, l'un des plus grands salons internationaux de vins et spiritueux se tenant tous les deux ans, va lancer un salon à Paris, en alternance avec l'édition de Bordeaux, dans une stratégie de « reconquête » après une certaine « stagnation » observée du salon bordelais.

La Chambre de commerce et d'Industrie de Bordeaux, actionnaire majoritaire de Vinexpo, a annoncé mardi la tenue d'un Vinexpo Paris les années paires, le premier du 13 au 15 janvier 2020 à la Porte de Versailles. Le prochain Vinexpo Bordeaux, « qui reste le navire amiral », est prévu les années impaires, du 13 au 16 mai 2019.

Lancé en 1981 et devenu rapidement un rendez-vous d'affaires incontournable des vins et spiritueux, Vinexpo a accueilli en 2017 quelque 2.300 exposants, 40.000 visiteurs, un succès certain étant donné le contexte sécuritaire, mais une baisse de fréquentation d'environ 11 % par rapport à 2015. Et même s'il reste une « référence » et une entité en « pleine santé » (16 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année), Vinexpo n'est plus nécessairement le « passage obligé » qu'il pouvait être il y a quelques années, concurrencé entre autres par le ProWein de Düsseldorf (Allemagne), notamment auprès des visiteurs d'Europe du Nord, ont estimé le président de la CCI Patrick Séguin, et le directeur général de Vinexpo Guillaume Déglise.

Le lancement de Vinexpo Paris fait suite à un audit externe sur l'aura du salon et le ressenti des exposants, visiteurs, opérateurs du monde du vin et acteurs locaux. Vinexpo Paris permettra à la « marque Vinexpo d'être présente chaque année en France, en Europe », un besoin souligné par l'audit, et le positionnement en janvier en fera le premier grand rendez-vous commercial de l'année, a estimé Patrick Seguin. Les organisateurs espèrent en outre bénéficier auprès d'exposants potentiels d'un « effet neutralité » lié à Paris, par rapport à un salon parfois perçu comme estampillé Bordeaux, vignoble concurrent.

Source: Agrisalon.com du 31 octobre 2017

Le marché viticole est décidemment bien actif en ce moment, après les cinq propriétés vendus à Chateauneuf du Pape cet été et quelques transactions du coté de Saint-Emilion, la Bourgogne se met en évidence avec une des opérations des plus exceptionnelle de ces dernières années : l’achat du « Clos de Tart » par la société Artémis.

Le Clos de Tart, situé sur la commune de Morey Saint Denis s’étend sur 7.53 hectares. C’est un des cinq grand cru de ce beau village et comme il n’a jamais été morcelé, c’est le plus vaste monopole de Bourgogne. Il est composé exclusivement de Pinot Noir. La production est d’environ 30 000 bouteilles par an.

Comme pratiquement l’ensemble du vignoble de la Cote, ce sont les religieux qui ont créé ce clos. Plus précisément, il a été créé en 1141 par des religieuses cisterciennes, les Bernardines de Tart. Il est passé à la famille Marey-Monge en 1791 puis à la famille Mommessin en 1932.

Artémis, société d’investissement de la famille Pinault, a annoncé par voie de communiqué la signature le 27 octobre dernier d’un protocole d’accord portant sur l'acquisition du domaine Le Clos de Tart. La transaction sera effective début 2018. Avec cet achat, Artémis ajoute un cinquième joyau à sa couronne déjà sertie du Château Latour (1er grand cru classé Pauillac), du domaine Eisele Vineyard (Napa Valley), du domaine d’Eugénie (Bourgogne) et du Château Grillet (autre monopole dans la Vallée du Rhône Nord).

Il va s’en dire que le montant de la transaction n’a pas été communiqué. Selon l’hebdomadaire Le Point qui appartient aussi à Artémis, le rachat pourrait avoisiner les 200 millions d’Euros.

Source: Info-Viti

À Bordeaux, s’il existe un classement qui n’a quasiment jamais évolué, celui de 1855, créée grâce à Napoléon III pour l’exposition Universelle de Paris à cette époque, deux autres classements plus récents n’en finissent plus d’encombrer les tribunaux et de diviser la profession : celui de Saint Emilion et celui des Crus Bourgeois du Médoc. Mais pour ce dernier, une solution est peut-être en vue.

Ce 26 octobre 2017, après l’Assemblée Générale des Crus Bourgeois, Olivier Cuvelier ne cachait pas sa satisfaction : « Aujourd’hui, nous parlons d’une seule voix. La porte d’une nouvelle procédure de classement a été ouverte par les adhérents. » En effet, l’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc qu’il préside a voté  à 79 % des suffrages exprimés pour adopter le plan de contrôle d’un classement 2020 devenant quinquennal (pour les millésimes 2018 à 2022) et passant à trois niveaux (Cru Bourgeois, Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel). Mettant un terme à la reconnaissance annuelle qui existe depuis 2010 (pour le millésime 2008), ce vote permet à Olivier Cuvelier d’achever le chantier lancé en 2011 par son regretté prédécesseur, Frédéric de Luze. Ce classement ressemblerait à celui de 2003 mais il se veut plus simple car il concerne principalement la dégustation.

Olivier Cuvelier précise encore que le projet de classement quinquennal est désormais complété, et précisé, par un plan de contrôle (suivi par Qualibordeaux Certification).

Quelques précisions sur le  nouveau cahier des charges

Sur le site d’information Vitisphère un encadré résume les principales innovations du nouveau texte qui sera présenté au Ministre de l’agriculture afin qu’un décret puisse être publié au plus vite. Si les millésimes 2016 et 2017 seront encore soumis à la méthode de sélection annuelle (via une dégustation), les Crus Bourgeois passeront au classement quinquennal dès le millésime 2018 (à partir de dégustations sur cinq millésimes commercialisés). Dans la pratique, une mesure transitoire sera mise en place pour le premier classement de 2020 : les propriétés ayant obtenu la mention Cru Bourgeois sur un minimum de cinq millésimes durant les huit sélections précédentes pourront d’office revendiquer le niveau de base. Pour revendiquer les mentions supérieures (Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel), il sera cependant obligatoire de passer par une dégustation et de déposer un dossier, qui conduira à des visites contrôles précise Vitisphère. Contrairement au projet présenté il y a deux ans et refusé par l’assemblée Générale à l’époque, le système s’articule principalement sur la note donnée à cinq millésimes dégustés à l’aveugle. « La seule porte d’entrée, c’est la dégustation. C’est ce qui donne une idée de la qualité réelle d’une propriété » martèle Olivier Cuvelier, qui ajoute que « ce n’est pas important d’avoir tel pourcentage de barriques neuves ou tel accueil œnotouristique. Les dossiers seront étudiés par des experts dans la logique qualitative de production de chacun. » Enfin, deux contrôles inopinés seront réalisés pendant les cinq ans que dure le classement.

Pourquoi revenir à un classement avec trois catégories ?

Le message principal que veut faire passer l’Alliance des Crus bourgeois est le suivant : le nouveau classement quinquennal a l’ambition de faire gagner en lisibilité et attractivité la catégorie. « Le passage au rythme annuel et à une seule catégorie a conduit à un affaissement du prix moyen des crus bourgeois » souligne Olivier Cuvelier. « Il faut refonder une pyramide de crus bourgeois, avec des prix positionnés juste en dessous des grands crus classés en 1855 » annonce le négociant, qui ne cache pas son désir de voir revenir les prestigieuses propriétés médocaines ayant quitté l’Alliance après l’annulation du classement de 2003. « Nous sommes ouverts à tous. Si l’on pouvait revoir les crus bourgeois exceptionnels de l’époque, ce serait un plus pour tous » conclut-il.

Néanmoins, l’épisode judiciaire qu’avait entraîné le classement de 2003 en a sans doute refroidit plus d’un et nous pouvons nous interroger sur le véritable intérêt que pourrait avoir un Margaux, Saint-Julien ou Saint-Estephe à passer sous les fourches caudines de ce nouveau classement ? D’autant que ceux qui ne seront pas retenus auront toujours la possibilité d’attaquer la décision. Le suspens ne fait que commencer ! A suivre, donc…   

Source: Info-Viti

A l’instar de Guigal cet été qui avait racheté un domaine en Châteauneuf du Pape, les grandes maisons du nord des Côtes du Rhône continue leurs offensives sur celle du sud. Le négociant-propriétaire Michel Chapoutier vient d'acquérir un nouveau domaine viticole bio, en appellations Costières de Nîmes, Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône villages.

Fin août 2017, la Maison Chapoutier a racheté une nouvelle propriété viticole : le domaine Saint Etienne, situé à Montfrin, dans le Gard. Michel Collombs avait acheté ce domaine en 1988. Le communiquer de presse ne révèle ni le motif de la vente, ni le montant. Cette propriété de 25 ha de vignes conduites en viticultures biologique et biodynamique, produit essentiellement des vins rouges sur deux appellations : Costières de Nîmes, pour 9 ha, et en Côtes-du-Rhône villages et régionales.

Cette acquisition du négociant septentrionale dans le sud répond à la logique de « recherche continue pour mettre en avant l'expression des terroirs et des AOP de la vallée du Rhône ; » précise le communiqué de presse de Chapoutier. Le domaine continuera à produire sous son nom. Il devrait aussi poursuivre en partie la gamme existante, à savoir un Côtes-du-Rhône en rouge et en blanc, un Côtes-du-Rhône villages rouge et un Costières de Nîmes.

Les premières cuvées issues de ce rachat seront commercialisées dès le début 2018.

Compte tenu de la faiblesse des volumes dans les Côtes du Rhône méridionaux et des difficultés financières que cela va entraîner, il est à prévoir que d’autres domaines changent de mains dans les mois à venir. 

Source: Info-Viti