vendredi 3 mai 2024
Cong-Bon Huynh

Cong-Bon Huynh

Il a été chef exécutif, chef corporatif, et maintenant chef enseignant. Mais il préfère se présenter tout simplement comme un cuisinier. Car pour lui, c'est le vrai titre pour quelqu'un qui vit avec la passion de la cuisine, dans son sens le plus large qui allie l'action de se nourrir avec les dimensions culturelles et sociologiques. Maîtrisant la cuisine occidentale aussi bien que la cuisine orientale, il est depuis les 15 dernières années, enseignant dans différentes grandes écoles hôtelières à Montréal, s'occupant minutieusement de la relève pour la cuisine au Québec. Lire la suite...

lundi, 23 décembre 2019 08:00

Le Cherry Blossom

Jeune, j’avais peut-être 5 ou 6 ans, on économisait laborieusement les cennes pour enfin pouvoir se payer un beau Cherry Blossom. Tout content, après l’avoir payé au dépanneur du coin, on sortait sur le trottoir et on ouvrait le Cherry Blossom tant convoité. Première bouchée, on mordait doucement dans le chocolat, de peur de croquer dans la cerise et lui faire mal... On penchait la tête comme pour suivre le chemin du sirop qui dégoulinait sur nos doigts. Puis tout à coup, la cerise tombait sur le trottoir et roulait sur l'asphalte de la rue... Je crois bien que c'était l’une des plus grosses déceptions de la courte vie qu'on avait jusque là.

Bien des années plus tard, on payait au même monsieur du dépanneur notre caisse de 12 de Molson Dry après une dure journée de labeur. Et il faisait parfois tellement chaud, après plusieurs jours de canicule, qu’on avait hâte de revenir chez soi pour déboucher quelques bières rafraichissantes. Mais en sortant du dépanneur, tout à coup on met le pied sur quelque chose de glissant et on se retrouve les quatre fers en l'air. La caisse de 12 vole dans les airs et atterrit sur le ciment du trottoir et fait un gros « splouche-et-pow ». La broue jaillit de partout. On n'arrive pas à compter les éclats de verre tellement ils sont nombreux. De la caisse de 12, il ne reste que 2 bières d'intactes. Les 10 autres sont complètement cassées, laissant par le fait même une grande flaque sur le trottoir. Pour un amateur de bière, c'est LA déception des déceptions.

Un petit garçon qui se tenait juste à quelques pas de là pleurait de plus belle. Il sanglota: « Le monsieur là là, il a marché sur la cerise de mon Cherry Blossom que je viens d'échapper par terre... Ouinnnnn! » 

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Quand une belle femme se pointe...

L'intello, s'inspirant de Baudelaire, déclare qu'il va unir son cœur d'hiver à la blancheur des cygnes, et se demanda comment son amour incorruptible pourra s'exprimer, au fond de son éternité, grain de musc invisible, gisant dans le désir inaccessible.

Le scientifique, avec ses lunettes à monture noire, amoureux des mathématiques, contemple la femme comme une suite parfaite de nombres entiers à la Fibonacci, rectangle d'or parfait comme son corps dans son entier.

Le gars de taverne bredouille, manquant de s'étouffer dans sa grosse Molson tablette : « LoL !! Oh là à, quels lolos!! »

Et le cuisinier, avec les mots de son monde : « Wow, t'es sexy comme un Thermomix; même après avoir fait 2 litres de hollandaise, ton moteur ne chauffe même pas! »

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lundi, 09 décembre 2019 08:00

Le contenant d'huile ramassé par mégarde

Si on est dans le sport automobile F1, il ne suffit pas d'avoir un Michael Schumacher pour gagner le championnat. Il faut lui donner une bonne auto et c'est grâce à la combinaison des deux qu'on peut aspirer à une grande réussite.

Beaucoup de gens ont ce même réflexe en faisant affaire avec le service de chef à domicile. On fait venir un chef et on suppose que la réussite de la soirée est garantie. Sans se poser de question, à savoir si la cuisine de sa maison est équipée et dans la capacité de recevoir autant de personnes.

Il m'arrive de rencontrer ce genre de situation. Alors une fois, un client m'a confié organiser une réception pour une soirée ambitieuse de festin à multiples services pour une vingtaine de convives. Et sa cuisine est bien équipée. D'autant plus, étant assez prévoyant j'ai bien des « back-ups » dans mon auto concernant chaudrons, ustensiles ou autres scénarios.

Le hic, c'est que la cuisine n'est pas assez spacieuse pour des dressages à l'assiette pour tout le monde. Après plusieurs services à l'étroit sur le comptoir minimal, je me suis résolu à dire à mon assistant d'utiliser au besoin le comptoir de la salle de bain, qui se situe juste à côté de la cuisine. Ainsi, les contenants de chaque service aussitôt servis (sauce, déco, garniture, etc.), il les transporte sur le comptoir de la salle de bain pour gagner de l'espace dans la cuisine.

Grâce à cet espace supplémentaire de la salle de bain, j'arrive à m'en sortir pour la soirée, qui est quand même bien exigeante. Et lors du ramassage général à la fin de la soirée, mon assistant a tout mis nos équipements et contenants dans des bacs pour remettre la cuisine (et la salle de bain) toutes propres, comme lorsque nous sommes arrivés. Soulagés, mission accomplie, une autre de faite...

Le lendemain, à la maison, je commence à déballer mes équipements pour faire le ménage des bacs de transport et ses contenants. Je découvre alors que dans le rush, mon assistant a mis dans les bacs tous nos contenants alimentaires et en plus, par mégarde, il a pris aussi, dans la salle de bain du client, un contenant d'huile à massage de type érotique... J'ai alors mis le contenant d'huile à massage érotique à part, me disant que je le rapporterais au client.

Mais avec les horaires chargés, j'ai complètement oublié de reparler au client de cette huile à massage, et de son côté, le client n'a pas voulu, par discrétion, m'appeler pour savoir pourquoi son huile à massage érotique avait disparue.

Jusqu'au jour, deux ou trois semaines après, ma conjointe a découvert le contenant d'huile à massage érotique dans mes affaires... Je vous avoue que j'ai passé un mauvais quart d'heure à tenter de lui expliquer la vérité, la plus vraie-de-vraie vérité de ce qui s'était passé... sans garantie qu’elle a cru mes explications...

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lundi, 02 décembre 2019 08:00

Le côté «femme» d'un cuisinier

Elle a commencé à parler avec lui par courriel. Puis ça devient de plus en plus régulier. Et un jour, elle et lui décident de se voir en personne... Mais avant ce rendez-vous, elle lui demande quelle est sa couleur préférée. Il lui répond que c'est la couleur turquoise. Elle est donc allée chercher un beau chemisier turquoise pour le grand jour.

Le cuisinier, a aussi ce petit côté bien « femme ». Il sait que son plat est bien maîtrisé, car il l’a maintes fois exécuté. Mais pour son nouveau groupe de clients à domicile, il a demandé à l'hôtesse ce qui lui ferait plaisir. L'hôtesse lui a répondu qu'elle aimait bien le goût un peu piquant. Alors le cuisinier est allé magasiner pour trouver un fameux poivre pour ponctuer la touche finale de son plat lors du repas à servir.
Oui, les cuisiniers ont bien un petit peu le côté « femme » pour leurs rendez-vous culinaires.

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lundi, 25 novembre 2019 08:00

Aimer pour la vie

Aimer un ingrédient ou un plat, c’est souvent aimer pour une longue période, sinon toute sa vie. On a connu l’ingrédient ou le plat, la plupart du temps quand notre mère nous l’a fait goûter lors de notre tendre enfance, puis on continue de l’aimer à notre adolescence et notre vie adulte qui suit après. Et plus encore.

Il est rare qu’on aime puis qu’on le déteste après… Il arrive qu’on en a trop mangé et qu’on n’en a plus le goût un bon jour, mais après un certain temps, on s’ennuie et on retrouve l’ingrédient ou le plat comme on retrouve un bonheur longtemps absent.

Ce serait génial s’il était possible d’aimer toute une vie une personne comme on aime un plat.

Depuis notre secondaire, lors de notre premier baiser, avec le sentiment qu’on se demande c’est quoi cette sensation étrangement bonne et qui chatouille, et tout au long de notre vie on se nourrit de cette personne qui fait que notre existence a un sens ou non.

On est capable d'aimer toute notre vie ce plat que notre mère faisait  alors pourquoi ne pas essayer de faire de même avec la personne qui partage notre vie?

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lundi, 18 novembre 2019 08:00

La veste de chef

Il y a des aliments qui n’ont pas besoin d’avoir leur aspect d’origine pour qu’on les apprécie. Par exemple la vanille, on sent son parfum, mais tout le monde ne sais pas à qui ressemble la gousse de vanille et comment on la fend pour récupérer toutes les graines qui sont porteuses de son parfum.

La vanille est certainement l’illustration parfaite du dicton « L'habit ne fait pas le moine ». On distingue et on sait que c’est de la vanille, même si cette dernière prend l’habit d’une génoise ou d’une crème glacée.

Beaucoup de chefs ne sont malheureusement pas « vanille » pour plusieurs personnes. Ceux-là veulent absolument porter l’habit de chef de cuisine et sa toque et se faire appeler « chef » pour être « moine » en cuisine. On en voit plusieurs cas dans des émissions de télé ou des tournages de commerciaux dans des scènes en cuisine où certains personnages portant des habits de chef de cuisine sont trahis par leur façon de tenir maladroitement leur couteau ou simplement la manière de se tenir à leur poste de travail comme un novice, ou pire, sans conviction, ni feu sacré.

L’habit ne fait pas le moine, mais la veste de chef, paraît-il, donne l’aspect d’être plus catholique pour ceux qui aimeraient devenir des évangélistes culinaires.

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lundi, 11 novembre 2019 17:17

La promise

La promise voit pour la première fois l’homme avec lequel elle doit se marier. Elle doit passer sa vie avec cet homme qu’elle ne connaît pas. La probabilité qu’elle soit heureuse est aussi grande que celle où elle ne le sera pas. Ses parents ont convenu avec la famille de cet homme que c’était un bon parti, un bon accord.

Dans un registre quelque peu semblable, mais plus éloigné de ces tristes mariages forcés, il y a le mariage qu’on voit dans des menus de bien des restaurants, concernant l’accord entre certains mets et alcools. Certes, il y a des accords qui transpirent le bonheur des deux tourtereaux alimentaires, mais d’autres semblent être des mariages arrangés, car il y avait un peu trop de certaines bouteilles en inventaire, qu’il fallait écouler… alors on est allé chercher une promise pour faire l’affaire. Et quand on la met sur le menu, c’est comme lorsque les parents ont décidé que la fille doit aimer le parti choisi pour elle.

Et la plupart du public pense : « Ahhh… s’ils ont mis ces deux-là ensemble, alors ça doit être un match parfait! »

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dimanche, 03 novembre 2019 13:03

La fraise et la betterave

La fraise, avec sa couleur rouge écarlate, quand on la mange, quelquefois on l’écrase sans le faire exprès, mais sa couleur rouge ne tache pas nos doigts. Rincée à l’eau, elle, la couleur rouge part sans laisser de traces sans insistance. Il en est ainsi avec plusieurs autres fruits ou légumes, comme l’avocat avec sa belle couleur verte ou l’ananas avec sa couleur jaune espérance.

La betterave, quant à elle, insiste pour rester sur nos doigts ou notre peau quand on la travaille sans gants, mains nues. Ses traces de couleur mauve, pourpre ou violette semblent s’incruster sur nos mains et ne veulent absolument pas quitter… C’est selon elle, la betterave, sa destinée, sa volonté, son vouloir.

Les histoires de couple, qui se forment et qui se quittent : certains sortent de la vie de l’autre, comme une belle période déjà passée, de couleur fraise, avocat ou ananas et lâchent prise sans laisser de traces. D’autres, brutalement insistants, adoptent la fermeté de la betterave, amère et qui tache sans penser aux conséquences. Ils empirent la situation déjà malheureuse par des reproches appuyés, ou pire, des agissements sous l’émotion, pensant pouvoir retourner et refaire le passé par ces gestes peu réfléchis.

Ils ne savent possiblement pas qu’une simple et douce déclaration pourrait être aussi foudroyante et convaincante, comme : « Moi je suis resté le même. Celui qui croyait que tu l’aimais. C’était pas vrai. N’en parlons plus. Et la vie continue.»

C’est Joe Dassin qui a écrit ces paroles dans sa chanson : « Ça va pas changer le monde ». Lui, il a su que la fraise, à sa façon, peut tatouer autant que la betterave, en affichant qu’elle aime l’autre, même si elle est partie ailleurs et le fait qu’elle soit ailleurs, elle ne serait pas plus heureuse, car il n’y aurait personne pouvant l’aimer autant.

Et découvrir cela plus tard dans le temps est une vengeance bien plus puissante que toute violence émotive du moment.

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vendredi, 28 juin 2019 16:33

La génoise

Il est rare que les étudiants en cuisine que j'ai, année après année, aiment à la folie le module de pâtisserie. Il y en a quelques-uns par classe, mais la plupart se disent qu'ils sont des cuisiniers après tout, des « artistes du salé », tandis que le « sucré », c'est pour les vrais pâtissiers.

La raison qu'ils me donnent, c'est qu'avec un morceau de viande, quand ils le travaillent, ils le voient se transformer devant leurs yeux, comme en direct. Alors que dans la pâtisserie, ils disent qu'on travaille dans le noir, à l'aveuglette, sans savoir ce qui va se passer ensuite. Comme lorsqu'on fait une génoise; on fouette, on fouette, mais on ne sait jamais si le gâteau va lever ou non, et à quel niveau il va lever.

J'écoute ce raisonnement et je me dit : « C'est vrai ce que vous dites, les gars (et les filles)... Mais savez-vous que c'est exactement, la vie qu'on vit? »...

On vit en prévision, dans la supposition, un peu dans le noir, en espérant que ce sera ça, en prévoyant des choses...

C'est en prévoyant les coups qu'on réussit à éviter le pire.

C'est en prévoyant quand notre conjoint commence à nous distancer qu'on peut réparer et se rapprocher à nouveau.

C'est en prévoyant que le « mon amour » par lequel notre conjoint nous appelle au début d'une relation ne devienne pas qu'un simple prénom impersonnel comme un « pierre-jean-jacques » sans saveur, comme un verre de boisson gazeuse plein de glace qui se transforme en une boison gazeuse bien fade, plus eau queboisson gazeuse, une fois que tous les glaçons auront fondu...

C'est en prévoyant, comme lorsqu'on fait une génoise, qu'on fouette de toutes nos forces et sans arrêt, pour espérer qu'une belle relation monte et reste montée solide comme une belle génoise réussie.

Sans jamais retomber à cause du « prend-pour-acquis » ravageur et destructeur du temps.

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lundi, 03 juin 2019 07:15

La portière qui fait shlonkk

Les constructeurs d'autos de luxe comme BMW, Mercedes, Lexus et cie, à part leur technologie mécanique haut de gamme, investissent beaucoup dans la recherche pour le bruit... de leurs portières d'autos. C'est vrai que quand la portière d'une BMW ferme, ça sonne vraiment bien, très différent de la portière d'un KIA qui ferme... Parce que ça fait prestigieux de posséder une auto dont la portière fait un bruit qui sonne... auto dispendieuse en fermant.

Évidemment, je trouve aussi que le bruit d'une porte d'une BMW qui ferme sonne superbement avec un son sourd, lourd et prestigieux. Mais ce n'est pas ce que je préfère le plus, cependant. 

 Car pour moi, une porte qui ferme et qui émet un son jouissif, c'est celle d'une porte de frigo ou de congélo qui ferme et que ma mise en place est bien faite pour le lendemain. Ahhh que ça sonne orgasmique, ce bruit de porte de frigo qui ferme et que ça fait comme bruit de poignée de porte mal vissée, comme un «shlonkk!».

Alors vous avez deviné... un jour où, par des circonstances extraordinaires, je gagne à la loto, en plus que j'ai bossé toute ma vie et que mes économies d'une vie de cuisinier me le permettront, je vais me procurer une BMW. Mais je vais certainement demander au vendeur si je peux avoir une BMW dont les portières ferment en émettant le bruit d'un frigo ou de congélo qui ferme avec un beau shlonkk!

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