jeudi 28 mars 2024
Roger Huet

Roger Huet

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...

Madame Claudette Dumas-Bergen m’avait fait parvenir une invitation à une dégustation de vins blancs remarquables d’Afrique du Sud. Le maître de chais JC Bekker de la célèbre maison DCB allait faire la présentation et animer le séminaire. M. Bekker est un des œnologues les mieux côtés d’Afrique du Sud. Je me suis rendu au Mount Stephen Club de la rue Drummond, où entre autres personnes j’ai rencontré le chroniqueur de vins Malcolm Anderson, Louise & John Lovette, Debra Solomon de Toronto, qui représente DGBAlexandra Boake et Danielle Vaillant de LCC vins et spiritueux/ Clos des Vignes, Loic Monti de Valmonti, Martin Garneau de l’incroyable Luxor, le plus grand restaurant de Victoriaville, il y avait aussi un personnage coloré et fort sympathique qui cherchait des fautes d’orthographe au fond de son verre, il n’a jamais voulu me dire son nom. Un peu plus tard nous ont rejoint Sue Birch, la grande patronne de l’office des Vins d’Afrique du Sud, et Matome Mbatha son directeur de marketing, tous deux venus expressément de Stellenbosch. Ils étaient accompagnés de la représentante de l’office pour le Canada, Laurel Keenan.

J.C. Bekker nous a raconté le passé glorieux des vignobles d’Afrique du Sud, dont les premiers cépages sont arrivés en 1659. Vingt ans plus tard le gouverneur Simon Van Der Steel créa le domaine de Constantia aux environs du Cap, et aida les fermiers qui s’installaient dans la région de Stellenbosch, à faire de la viticulture. Entre 1688 et 1690, deux cents huguenots français fuyant les persécutions sont arrivés en Afrique du Sud et se sont installés à Franschhoek près de Stellenbosch. Certains connaissaient la vigne et la vinification et ont fait faire un bond à la production du vin local. Aujourd’hui encore, dans le Franschhoek, beaucoup de villes, et des rues portent des noms français; de nombreuses de familles portent également des noms français même si elles ont oublié la langue depuis longtemps. Comme «beau sang ne saurait mentir» c’est la région de la bonne cuisine et du bonheur de vivre, par excellence!

Des sols appropriés, un climat favorable et l’influence de la mer, ont permis un développement exponentiel de la vigne qui embauche 300.000 personnes. L’Afrique du Sud est le 9ème producteur mondial. Entre 1994 et aujourd’hui, les exportations sont passées de 50 millions à 270 millions de litres de vin par an, en dépit de la saturation mondiale.

Sous la houlette de M. Bekker, nous avons dégusté 10 blancs, en commençant par le Springfield Life 2008, Sauvignon Blanc 2008. (SAQ $ 24.40). «Robe tirant à vert, avec des parfums de poivrons verts et de fruits de la passion, assez minéral» Personnellement j’ai aimé son goût sec et fruité. Il a 12,8% d’alcool, c’est un vin qu’on peut boire en apéritif, dans un 5 à 7 d’entreprise ou dans un vernissage. C’est aussi un vin pour meubler une soirée. Il irait très bien avec des huitres.

Ensuite nous avons goûté le Mulderbosch Sauvignon Blanc 2008. (SAQ $ 19,60). Robe vert-clair. Arômes tropicaux : goyave, figue verte, grenadille et une pointe florale. Certains lui trouvent un caractère complexe à saveur d'ortie et d'herbe fraîchement coupée. J’avoue que je me tiens loin des orties après en avoir frôlé une qui m’a donné de l’urticaire, et que l’herbe fraichement coupée n’est pas ma tasse de thé. Pour ma part, j’ai trouvé le Mulderbosch Sauvignon Blanc 2008 assez sec, fruité et bien structuré. Je le servirais certainement frais, autour de 13°C avec des mets grillés : artichauts, homard, saumon, et pourquoi pas avec un bon fromage de chèvre chaud!

Nous avons essayé ensuite le Boekenhoutskloof Semillon 2005. (SAQ 29,25) Un joli vin, assez rond en bouche, moins acide que les Sauvignons, un bel accent d’agrumes tirant vers la tangerine et la clémentine, quelques notes minérales. 13,06% d’alcool. Servi avec des fruits de mer, un délice!

En quatrième lieu nous avons goûté le Ken Forrester Chenin Blanc 2008 (SAQ $ 18,70). Un vin corsé mais arrondi avec une structure complexe de pomme, cannelle, et coing. Bon équilibre entre les fruits et le boisé qui lui imprime un goût de vanille et de miel. Il a 13.5% d’alcool. Très bon accompagnement avec des mets épicés. Ce vin a gagné plusieurs médailles.

On nous a proposé ensuite le Bellingham Bernard Series Chenin Blanc Vieilles Vignes 2008 (SAQ 22,50). Robe dorée pale avec des arômes de fruits tropicaux et de melon qui vous caressent doucement le nez. En même temps on y découvre une douceur de miel qui se combine bien à son boisé vanillé et épicé. C’est un vin complexe et agréable, probablement mon préféré.

Les cépages qui produisent ce vin, ont en moyenne 40 ans d’âge. On le recommande pour accompagner le saumon, le poulet grillé et la venaison, mais la vérité c’est qu’un vin pareil est bon avec tout ce que vous voudrez!

Ensuite nous avons goûté le Fairview Viognier 2007 (SAQ $ 22,05) qui lui aussi a gagné plusieurs médailles. Sa robe est or pale, et il a des arômes de fleurs blanches et des touches de lanvande, avec un goût légèrement épicé qui rappelle les abricots secs et le zest de citron. Il a reposé sur lie, qu’on a remué à chaque semaine, pendant 4 mois. L’acide du début se tempère et devient long en bouche. Il a 14% d’alcool. Excellent!

En septième place nous avons goûté le Bellingham The Bernard Viognier 2008, vendangé manuellement. (SAQ $ 21). Belle couleur paille tirant vers le vert. Vin complexe aux arômes de pêche et de litchis, avec des épices; il est assez minéral. Texture grasse et bien équilibrée. Une certaine douceur qui atténue son acidité. Un vin à recommander avec la cuisine orientale et les desserts à la crème.

Le vin suivant a un nom qui fait rêver : Le Bonheur Chardonnay 2009 (SAQ $ 15,95). Robe or, bouquet aux notes épicées-boisées typiques de Chardonnay. Arômes discrets de fruits exotiques. Caractère charnu et toutefois équilibré. Un vin à essayer absolument!

On nous le recommande de le déguster avec des fruits de mer ou des viandes blanches en sauce crémeuse ou à l’estragon.Nous avons dégusté le Boschendal 1685, Chardonnay 2008 qui est un vin produit par notre conférencier J.C. Bekker. (SAQ 15,90). Vin épanoui, à la robe jaune paille assez intense, arômes et saveurs de citron, de cannelle et de muscade, avec des notes minérales; une acidité maquée et à la fois une texture assez grasse et de belle profondeur. 14% d’alcool.

Seul vin d’Afrique du Sud à avoir obtenu la Médaille d’Or à la compétition Sélection du Monde, en Belgique. Laissons M. Bekker nous expliquer comment il fait sa vinification :

«Les vendanges s’effectuent manuellement et la teneur en sucre est de 24,5 dégrées Bailing. Après le pressage, le jus est stabilisé à 10°C pendant deux jours. 50% du jus est inoculé de levure cultivée et 50% fermente naturellement. La fermentation s’effectue pendant 5 mois à 20°C et 50% du vin subit une fermentation malolactique. Le vin vieillit pendant 9 mois sur lie, dans des futs de chêne français, dont 30% sont nouveaux. L’assemblage final s’effectue après qu’on a laissé fermenter 70% en barils de chêne et 30% en inox. »

Ce vin accompagne très bien les fruits de mer, la volaille et les fromages doux.

On nous avait réservé pour la fin le Vergelegen Chardonnay Réserve 2007 (SAQ 26.40). Médaille de bronze 2009 au Decander Word Wine Awards. C’est un vin qui a 14.2% d’alcool et qui a été pressé sans contact avec la peau du raisin. Semi-sec à prédominance minérale sur fond d’agrumes et de caramel. Rond en bouche, long, complexe et d’une belle élégance.

Pendant le repas qui a suivi le séminaire j’ai eu un réel plaisir à découvrir les Sud-Africains d’aujourd’hui. J’étais assis entre une dame blanche et un jeune exécutif noir. Tous les participants partageaient un idéal, et avaient ce que nous avons probablement perdu en Amérique du Nord, la foi dans l’avenir. Ils ont plus que jamais l’ambition de bâtir, et ils savent où ils s’en vont.

Les vins qu’ils nous ont fait découvrir aujourd’hui sont tous excellents. Madame Dumas-Bergen ne nous a pas menti! Merci.

Roger Huet
Président du Club des Joyeux
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Le 5 novembre 2008 avait lieu une dégustation de vins italiens au Marché Bonsecours organisée par la Délégation commerciale d’Italie. Dans trois salles resplendissantes, 110 producteurs étaient venus tout exprès pour faire découvrir aux Montréalais leurs vins en provenance de 18 régions de la péninsule.

Ce 4 à 7 de dégustation a été une fête pour les papilles et pour le cœur, et une magnifique leçon pratique! Plus de 500 sortes de vins de qualité étaient offerts aux amateurs curieux qui avaient eu le bonheur d’obtenir une invitation. Des produits incroyables comme des grands barolos, les rois des vins, des barbarescos dont les bouteilles peuvent dépasser les cinq cent dollars, des chiantis, coulaient à flots. J’y ai gouté les vins capiteux de la Sicile, de la Casa Vinicola Calatrasi, de Firiato et de Fondo Antico, qui sont de pures merveilles.

Si vous pensez que les Italiens ne produisaient comme mousseux que l’Asti, qui très doux, c’est plutôt un vin pour dames, j’y ai découvert avec ébahissement des dizaines de mousseux, dorés et dans tous les tons de rose, qui allaient de l’authentique brut jusqu’au plus tendre des doux. À bien des égards les mousseux italiens surpassent les espagnols. J’ai particulièrement apprécié ceux d’Eugenio Collavini, de la Cantina Colli del Soligo, de Bellusi Spumanti, Spama Cadellosio, Terre Cortesi, Vando Spumanti, qui avaient souvent plusieurs variétés chacun et je ne veux pas oublier Genagricola avec son excellent spumante Borgo Magredo.

Dans l’ancienne Rome, parait-il qu’on ne prenait pas le vin de la façon qu’on le boit aujourd’hui, on y ajoutait des épices. L’idée qui m’avait fait faire la grimace ! Je me trouvais devant la table de Spama Ca’dell’ozio où je dégustais leurs barolos et leur barbaresco, lorsqu’on me versa un Barolo Chinato qui est fait de barolo, et d’une décoction d’herbes et de racines, où on décèle l’amer de l’écorce de quinquina et la rhubarbe, pour le reste, la formule est secrète. Le plaisir de toutes mes papilles fut instantané, à tel point que ce fut la seule fois que je demandai à goûter une seconde fois. On m’a dit que c’est le seul vin italien qui se marie bien avec le chocolat. Les anciens Romains ne connaissaient pas le quinquina qui vient d’Amérique, mais je suis maintenant certain qu’ils réussissaient parfaitement leurs vins aux aromates.

Évidemment en seulement trois heures nous n’avons pas pu goûter à tous les vins. Nous avons fait ce qui était possible en faisant confiance à notre instinct. Une dégustation aussi variée était possible parce que les vins se combinaient avec un excellent buffet de la maison Cornelier qui nous a permis de ne pas boire avec l’estomac vide. On y trouvait des bruschetta chauds, du foie gras excellent, des tapenades, des bouchées avec infiniment de choses, un porcelet trônait près d’un saumon à l’abricotine, et pour finir une meule de parmesan, des olives un peu partout, et des raisins. Les Italiens font bien les choses ! Honnis soient les salons de dégustation où l’on vous sert des tristes verrines et des petites bouchées fades ! Dans une fête du vin il faut un grand buffet !

Pour couper les effets de l’alcool, de l’eau minérale San Pellegrino et Aqua Panna étaient aussi à la disposition des visiteurs.
C’est dommage que la plupart de ces vins extraordinaires ne soient pas disponibles à la SAQ ou que certaines ne le soient que dans les succursales Sélection. Car le bon vin italien est bon pour tous. Pour un gourmet, le rêve serait que la Société des Alcools du Québec déclare 2010 l’année du vin italien, et lève certains obstacles pour que des maisons peu ou pas représentées puissent aussi être présentes, pour le plus grand bonheur des amateurs québécois.

Roger Huet
Président du Club des Joyeux
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lundi, 24 août 2009 04:20

La table de Sindbad!

Lorsque j'étais jeune homme, je me régalais de la lecture de Mille nuits et une nuit. La compilation la plus fascinante en français est celle du Dr. Mardrus, un capitaine de bateau d'origine libanaise qui parcourait la Méditerranée et qui racontait en version adulte les histoires recueillies par Antoire Galland au dix-huitième siècle. Mais la traduction espagnole faite par Blasco Ibañez est encore supérieure, car l'Espagnol était un véritable écrivain. Parmi les personnages les plus sympathiques il y a Sindbad le marin. Un aventurier qui revenait de ses voyages chargé d'or et qui ouvrait sa maison à tout passant. Sa table était toujours bien servie. Sindbad racontait ses aventures, et chacun des convives racontait la sienne.

Ton site web c'est comme la table de Sindbad. On y trouve plein de bonnes choses. On y lit les histoires des autres et on apporte les siennes. C'est fascinant! Et de plus, on y est vraiment lu. Après ma chronique sur les vins Grecs, ma chronique sur les vins de la Nouvelle Zélande a dépassé les mille lecteurs!

Merci!

Roger Huet

mercredi, 11 novembre 2009 06:57

Les vins du Chili, quelle réussite!

photo11Une étrange géographie!
Le Chili est le pays le plus long d’Amérique du Sud avec 4 300 kilomètres du Nord au Sud, c’est aussi le pays le plus étroit du continent avec entre 90 et 400 kilomètres de largeur. D'un côté, il est bordé par l’océan Pacifique de l’autre par la Cordillère des Andes perdue dans les nuages. Au nord il y a le désert d’Atacama qui couvre un quart du pays, au sud les terres froides de l’Antarctique chilien qui se terminent à la Patagonie laquelle regarde le pôle. Coincé entre ces quatre destins se trouve le Valle Central, au climat méditerranéen qui a des jours ensoleillés et des nuits froides. Le terrain parfois pauvre est idéal pour la vigne, car 117000 hectares de vignobles de grande qualité s’y épanouissent. Le succès du vin chilien est tel, qu’on gruge maintenant des terres improbables pour planter plus de vignes, pour produire des vins différents, et c’est ainsi qu’on monte sur la Cordillère des Andes, on avance sur le désert d’Atacama on descend dans les froides terres du Sud et par miracle on réussit encore à y faire du bon vin.

Le vignoble chilien est cultivé dans des vallées qui ont des noms très jolis, tout au nord il y a Elqui, Limari, Choapa, au centre Aconcaggua, Maipo, Casablanca San Antonio, Cachapoal, Colchagua, Currico, Maule, plus au sud Itata, Bio Bio, Malleco. 

L’aventure du vin a commencé au Chili il y a quatre siècles, lorsque les conquistadors espagnols ne sachant que faire de ces terres assez pauvres où il n’y avait ni or ni argent, se mettent à planter la vigne.  Quelle formidable intuition !

Le vignoble moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui commence néanmoins au Dix-neuvième siècle. Le Chili comme tous les autres pays sud-américains proclame son indépendance de l’Espagne en 1810. La bourgeoisie chilienne est très francophile. Les familles aisées envoient leurs fils étudier à Paris, elles adoptent les modes françaises, et boivent du Bordeaux. Les vins sont chers, le transport long et incertain. Vers le milieu du Dix-neuvième Silvestre Ochagavia,  Luis Cousiño  et quelques autres aristocrates chiliens décident de mettre en valeur leurs grandes propriétés, importent des cépages bordelais de Cabernet Sauvignon, de Sémillon et de Merlot et font venir des experts français pour faire du vin.  La vigne prospère, les vins sont bons.

Quelques années plus tard le vignoble mondial est dévasté par le phylloxera, mais le Chili est le seul pays à être épargné. On pense à son isolement géographique, au système d’irrigation intensive, à la présence de cuivre dans les rivières chiliennes, à cause des mines.  Partout les producteurs sont obligés de cultiver en greffant sur pieds. Seul au Chili les vignes sont cultivées sans greffe et le pays devient le conservatoire des plants d’origine.  En Europe, les plants greffés ont une espérance de vie de 20 ans, parfois de quarante. Au Chili il y a des pieds qui ont 150 ans et qui donnent des vins complexes et uniques.  Certains cépages comme le Carmenère, qui étaient disparus du vignoble bordelais, se sont perpétués au Chili. Les Vignobles de Saint-Emilion essaient de le réintroduire avec le problème que ce cépage une fois greffé n’est pas très productif, tandis qu’au Chili cultivé sur pieds-de-vigne il l’est.  Aujourd’hui les principales variétés cultivées au Chili pour les vins blancs sont le Chardonnay, le Sauvignon blanc, le Riesling, le Gewürztraminer, le Viognier et le Sémillon. Pour les rouges le Cabernet Sauvignon, le Carmenère, le Merlot, le Malbec, le Pinot noir et le Syrah.
Avec 6 millions d’hectolitres, le Chili est le dixième pays producteur mondial et le cinquième pays exportateur de vin au monde.

Le 30 septembre se tenait à Montréal un Salon des vins du Chili,  avec la participation de  vingt-sept producteurs qui allaient nous proposer plus de 190 vins. L’événement était organisé par Marie-Josée Allaire et Benoit Allaire
(Exacto Communications) dans la toute nouvelle salle de réception Les Entrepôts Dominion, sur la rue St-Ambroise, non loin du Marché Atwater.

degustation

De gauche à droite:
- Benoit Allaire, Président de Exacto Communications
- Vivian Alaluf Bacal, Responsable, Amérique du Nord et Amérique Latine pour Wines of Chile
- Juan Somavia, Directeur Général de Wines of Chile
- Marie-Josée Allaire, Vice-Présidente, Exacto Communications

Pour avoir visité le Chili, à plusieurs reprises, j’étais intéressé de rencontrer quelques producteurs bien connus et aussi à découvrir d’autres joueurs. Comme il est impossible de tester 190 produits, je me suis concentré sur les deux meilleurs vins de chaque producteur ou presque.

En premier lieu, j’ai rencontré M. Andrés Tauber directeur export des vins d’Anakena qui m’a proposé un Ona blanc 2008 fait de Riesling, Viognier et Chardonnay, partiellement fermenté en futs de chêne.  Arôme équilibré, fleuri, fruité, minéral ;  frais, élégant, bonne finale ($ 20,90 importation privée parCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

J’ai aussi goûté le Ona rouge 2007, 100% Syrah. Vin puissant, robe rouge foncée, arômes de fruits rouges, avec des touches de chocolat, d’épices et de tabac. Acidité bien contrôlée, tanins ronds. Un très bon vin. ($ 20,90 import privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

Je suis passé à la table de Concha y Toro, où j’ai bavardé avec M. Gonzalo Escudero l’export manager. Je lui ai raconté que je suis allé chasser à la Cordillère des Andes, il y a bien des années. Les journées étaient belles et ensoleillées, mais les nuits étaient froides, nous nous trouvions à 4300 mètres d’altitude. Le soir autour du feu nous buvions du Concha y Toro, dans des chopes en métal que nous approchions du feu pour faire chambrer. M. Escudero m’a proposé un Marqués de Casa Concha Blanc 2008, fait de Chardonnay. Robe dorée, brillante, bouquet assez intense de mangue, de pêches et de papaye, notes de vanille et de noisette grillée. Un très bon vin. ($ 19,95 import privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

Il m’a servi ensuite un Marqués Casa Concha Syrah 2007. Robe foncée, nez puissant, bonne structure, un vin qui tapisse vos papilles, agréablement fruité, des tanins fins. ($ 19,95 import privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).

À la table de Cono Sur, M. José Luis Lavin,  m’a fait goûter leur CS Reserva Pinot Noir 2008 vieilli en barriques pendant 4 mois et  affiné pendant un autre mois en cuves inox. Robe très foncée, arômes de fruits rouges où ressort la prune, en même temps des touches de chocolat et de café. En bouche bonne acidité, des tanins bien présents avec des notes qui rappellent les petits fruits noirs, les roses rouges, et le champignon blanc.   (SAQ 16,50).

J’ai aussi goûté le CS Reserva Merlot 2007, fait d’un assemblage de 85% Merlot, 9% Cabernet Sauvignon, 4% de Syrah et 1% d’Alicante-bouchet, Robe rubis , arômes de fruits rouges, des touches de réglisse. Bonne bouche, tanins élégants. (SAQ 16,50)

À la table d’Errazuriz, j’ai été accueilli par M. Michel Mercier (Vins Philippe Dandurand). J’y ai goûté le Chardonnay Wild Ferment 2008, vin doré, arômes de noix, de fruits tropicaux, de pain grillé. Plutôt corsé, mais onctueux. (SAQ 19,95). On m’a servi ensuite le Cabernet Sauvignon, Max Reserva 2007. Vin très goûteux, avec des arômes de café de caramel, de chocolat, une bonne finale en bouche, avec beaucoup de fraîcheur.  (SAQ $ 18,45).

J’étais content de visiter la table de Santa Rita, c’est une des plus anciennes et respectées maisons du Chili. M. Felipe Smith m’a expliqué que l’œnologue chez eux c’est une dame : Cecilia Torres. Ils font la cueillette en avril et font deux sélections, vérifiant les grappes une à une.
Leur Cabernet Sauvignon 2005 est très intéressant. Un vin intense en couleur en corps, avec un bon bouquet, fruits rouges, épices, goyave, mandarine. Il se prolonge en bouche de façon élégante. ($ 35. Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

J’ai été encore plus ravi par leur Cabernet Sauvignon Casa Real 2007. Un vin complexe, très équilibré avec une robe rouge sang. Fruité, généreux en tanins et en parfums. Long en bouche, à la fois frais et tellement élégant ! ($ 49,75. Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).

Valdivieso est une autre grande et vénérable maison au Chili. Elle a été fondée en 1879 par Alberto Valdivieso, et pendant un siècle et demi c’était la seule maison qui produisait un mousseux respectable au Chili. Ils produisent aussi de très bons vins tranquilles, mais j’ai voulu me concentrer seulement sur leur Nature Sparkling Wine qui est un vin très pâle, avec de petites bulles joyeuses des arômes de pommes et de pain grillé mais un goût de lime confite. ($ 17,15 Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Monsieur Marcello Gutierrez s’amusait de me voir si joyeux en évoquant mes anciens voyages dans les terres du Chili, où entre amis et mort de rire, car les Chiliens sont un peuple très amusant, qui racontent des blagues incroyables, nous consommions le Valdivieso. C’était le bon vieux temps, comme disent les anciens ! Je n’ai donc pas voulu quitter sans goûter au Valdivieso Sparkling Blanc des Blancs. Robe Jaune pâle. Arômes de fruits mûrs et de pain grillé. Un agréable vin de fête ! ($ 17,15 Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

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Je me suis arrêté à la table de Viña Caliterra et j’ai bavardé avec Marguerite Aghaby de LBV International qui m’a proposé le Caliterra Reserva Sauvignon Blanc 2009, un vin sympathique, aux arômes d’agrumes et de papaye et goyave, une acidité marquée mais agréable. ($ 11,95 SAQ).
Pour les rouges elle m’a donné à goûter le Caliterra Cenit 2006, un vin d’assemblage, 53% Cabernet Sauvignon, 27% Malbec et 20% Petit Verdot, ce cépage qui complète si bien les vins. Il est élevé 18 mois en barriques neuves : française et américaine. Belle couleur rouge. Notes de cerises et de chocolat, légèrement minéral, belle intensité, acidité bien balancée, très long en bouche.  ( $ 72. importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).

Je me suis dit qu’une pause serait bienvenue à la table des bouchées, pour reposer mes papilles. C’est le moment de bavarder avec des amis. Christian Charest était là, et m’a filé des tuyaux sur des vins à déguster, j’ai aussi rencontré mon ami Claude Simoneau toujours si élégant et aimable. Il m’a aussi refilé des tuyaux sur des vins à ne pas manquer. Samy Rabbat, se promenait également, toujours aussi blagueur. J’ai bavardé avec Marie-Josée Allaire, qui est franchement fascinante, en même temps si efficace, veillant à chaque détail. Le Salon était plein de monde. Tous les professionnels, tous les médias, étaient là, et le soir, les amateurs, les gourmets sont venus en masse ! Il faut dire que Marie-Josée et son frère Benoit sont secondés par une équipe formidable.

J’ai repris ma dégustation et je me suis arrêté à la table de Viña Carmen où j’ai rencontré un œnologue chilien qui avait un nom à consonance québécoise, M. Sebastian Labbé qui m’a proposé un Winemaker’s Réserve Rouge 2005, vin d’assemblage 54% Cabernet Sauvignon, 21% Carménère, 7% Syrah, 11% Merlot et 7% Petite Sirah, un vin produit aux pieds des Andes, où chaque cépage est fermenté séparément. Un vin grenat intense, très structuré, beaucoup de corps, fruits rouges, cholocat, épices, une bonne finale ($ 45. Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
J’ai ensuite goûté à leur Syrah Winemaker’s Reserve 2005 qui est aussi un assemblage avec 87% de Syrah et 13% de Cabernet Sauvignon. Ils font d’abord une macération à froid pendant 12 jours, puis une deuxième macération avec les peaux pendant 21 jours. Le vin vieillit en futs de chêne français neufs, il est alors embouteillé et on le laisse encore vieillir pendant douze mois avant de le mettre sur le marché. Robe grenat intense, vin assez minéral avec des notes de tabac et d’épices. Rond en bouche, tanins persistants. (SAQ. $36)

J’avais de la curiosité pour les vins de Viña Casa Tamaya, dont les vignobles sont dans le Nord du Chili, à la frontière avec le désert d’Atacama, dans la vallée de Limari.  C’est une vallée fertile, car le sol est labouré avec passion pour ne pas le céder à l’emprise du désert. La vallée se trouve tout près de l’Océan Pacifique. Comme il n’y pleut pas beaucoup, et que la vigne n’y connaît pas le problème du gel en hiver comme dans d’autres régions chiliennes, on laisse le raisin mûrir lentement.
J’ai parlé avec M. Claudio Soporta, leur directeur export chilien qui m’a fait goûter tout d’abord leur Viognier-Chardonnay Reserva 2008 qui est un vin étonnant, il n’est pas très fleuri, mais a  une acidité très bien contrôlée, il est assez minéral mais il est doux en bouche, avec une finale longue et élégante. ($ 17,25 importation privée parCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

J’ai ensuite dégusté le Carmenère Reserva 2008, un vin tout en équilibre : thym, coriandre, fruits mûrs, tanins très persistants, mais à la fois onctueux. ($17,25 importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.).

Je suis passé à la table de Viña Chocalan où j’ai bavardé avec Monsieur Javier Cortés, leur Directeur de ventes. Ils ont un excellent Grand Reserva Blend 2006 rouge: 31% Cabernet  Sauvignon,   27% Carmenère, 18% Syrah, 12% Malbec, 9% Cabernet Franc y 3%  Petit Vedot.  Vin intense et complexe, mais belle harmonie entre les cépages. Nez de fruits rouges, touches de chocolat, de tabac et de cuir, boisé, puissant, assez forte acidité et concentration de tanins, mais à la fois élégant et avec une belle longueur. ($27,75 SAQ)

Sur ma route vers la table de Viña La Rosa, j’ai croisé M. Michel Morin qui est le créateur de bien de gadgets pour le vin. Il m’a montré ses sacs de jute pour le vin qui sont très charmants, et m’en a même offert un. Il paraît qu’ils sont déjà disponibles dans les succursales de la SAQ. À y penser lorsqu’on offre une bonne bouteille.

À la table de de Viña La Rosa j’ai été reçu par M. Ricardo Ullrich, directeur commercial pour l’Amérique du Nord qui m’a fait goûter le Don Reca cuvée 2007, un vin d’assemblage Merlot, Carbernet Sauvignon, Syrah et Carmenère. Belle couleur rouge, arômes de menthe et de fruits rouges. Saveurs de prune, de chocolat, de menthe, de cassis. ($ 20,50 Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Il m’a servi ensuite un Ossa Sixth Genereation 2004. La Grande Cuvée de la maison et aussi un très bon vin, 30% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot, 20% Cabernet Franc, 15% Syrah et 5% Carmenère. Arômes intenses de menthe, d’épices, de réglisse, de petits fruits rouges, de tabac, de chocolat, du cuir, et de cassis mûr. Riche et moelleux en bouche, élégant avec des tanins fins. ($ 95. Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).

Je me suis arrêté avec beaucoup d’intérêt à la table de Viña Luis Felipe Edwards où j’ai bavardé avec Ignacio Edwards, le directeur de ventes.  En Général les directeurs à l’exportation de ces vignobles chiliens sont des hommes très jeunes, parfois à peine vingt-cinq ans, mais tellement efficaces. C’était le cas de M. Edwards. J’en déduis que l’éducation au Chili est encore sous la férule d’une grande discipline,  marquée par des valeurs aujourd’hui perdues dans les pays du Nord : le respect, l’honneur du travail bien fait, la vertu. Je lui ai demandé combien de bouteilles ils produisaient par an et il m’a répondu que douze millions. C’est superbe pour une jeune entreprise qui a été fondée en 1976.

Que me proposez-vous lui ai-je dit : D’abord notre Sauvignon Blanc Gran Reserva 2009, 100% Sauvignon blanc.  Je l’ai dégusté, c’est un vin frais, aux arômes d’agrumes, un vin bien structuré. Une bonne acidité, beaucoup de fraicheur. ($ 16,95 Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ) Ensuite j’ai goûté au Malbec Gran Reserva 2007. 100% Malbec. Robe rouge violet, des arômes intenses de violette et de framboise, un goût de vanille et de chocolat, des tanins doux, rond en bouche. ($ 16,95 Importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ). Lorsque je m’apprêtais à quitter, M. Edwards, m’a dit, ne partez pas sans avoir goûté à notre Doña Bernarda !  Un vin d’assemblage 50% Cabernet Sauvignon, 25% Syrah, 10% Carmenère et 15% Petit Verdot.  Robe rouge foncé, arômes de prunes sèches, de mûres et de violettes, boisé, puissant et à la fois long en bouche. Un vrai bon vin. ($ 33,75 SAQ).

À la table de Viña Santa Alicia, j’ai parlé avec Madame Tamara Vásquez, encore une belle et jeune personne qui assume des responsabilités dans l’exportation.  Elle a bien voulu me faire goûter le Gran Reserva de los Andes Carménère.  Belle robe cerise, arômes de fruits rouges et de coing, belle structure, des tanins fermes au palais, intense, bonne finale. ($ 21,54  importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ). J’ai goûté aussi au Millantu Premium Blend, fait de Cabernet Sauvignon, Cabernet franc et Carmenère. Belle robe rouge foncée, arômes puissants, bonne acidité, mais à la fois riche, crémeux, très profond. ($ 29,83 importation privée par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ).

Ma dernière visite je l’ai réservée à Viña Ventisquero appartenant au géant de l’alimentation chilien Agrosuper, qui a créé ce vignoble en 1999. En dix ans, Viña Ventisquero est devenue une des dix meilleures entreprises dans le domaine des Vins au Chili. Elle réunit une équipe de professionnels du tonnerre, achète des vignobles dans toutes les régions mais investit aussi dans des terres, qui n’ont jamais connu la vigne auparavant.  Le secret de son succès est dû à une équipe hors pair, dirigée par un œnologue de grande classe : Felipe Tosso qui travaille dans le respect de la nature, avec la meilleure technologie. Ils ont également une équipe de marketing de grande qualité.

Ventisquero est la preuve qu’il y a encore des possibilités d’affaires extraordinaires au Chili.  Pour la fête du vin chilien, ils ont délégué à Montréal leur directeur commercial pour l’Amérique du Nord et du Sud, M. Juan Ignacio Zuñiga et leur  directeur des ventes pour l’Amérique du Nord M. Jaime Merino, afin de bien montrer l’intérêt qu’ils portent au marché québécois. Ils m’ont invité à goûter le Ventisquero Grey Syrah 2007, robe rouge foncé, arômes complexes d’épices, de poivron rouge, de cannelle, d’anisette, baies rouges et pain grillé. En bouche une gamme riche de tanins ronds, presque chocolatés, et une finale longue et veloutée. ($ 30. importation privée parCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. )

Ensuite ils m’ont proposé le Ventisquero Vertice 2006  qui est le résultat d’une création conjointe de l’œnologue chilien Felipe Tosso, et son confrère australien John Duval. Il est fait à 51% de Carmenère et à 49% de Syrah. Robe très rouge, avec des reflets violets ; arômes de fruits rouges et bleus, poivre rouge, très boisé ; en bouche belle structure, avec des tanins soyeux et ronds, épices et baies noires, bonne acidité balancée, une longue finale. ($45. importation privée mais à la SAQ dès mars 2010).

Il y a une longue tradition dans la fabrication des vins au Chili et cela se remarque. Les vins que j’ai dégustés étaient toujours bien structurés, puissants, ronds en bouche et élégants, et leurs prix tellement intéressants !

Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux
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Le 8 juin dernier Montréal était invité à un événement gastronomique des plus intéressants: ‘Le vin de Madère, cinq siècles d’histoire’. Je me suis rendu à l’Hôtel Nelligan rue St-Paul, où avait lieu la rencontre, en compagnie de mes joyeux amis Brian Powell, Sherry Rudder, et Mark Godfrey. La dégustation était dans la grande salle du sous-sol, dont les vieux murs de pierre formaient un cadre imprenable pour des vins de si longue tradition.

Nous avons été reçus par la belle et efficace Mila Aguiar, qui organisait l’événement. Il n’y avait que quatre maisons présentes, mais quelles maisons ! La Madeira Wine Co, Henriques & Henriques, Pereira d’Oliveira et Vinhos Justino Henriques, Filhos que tout le monde appelle Justino’s. Nous avons commencé par la table de Madeira Wine Co où nous avons été reçus par le sympathique Pierre Dumas, qui est le représentant-importateur pour le Canada. Il nous a expliqué qu’à l’origine la Madeira Wine Company était une association de vingt-sept producteurs locaux. Aujourd’hui la famille Symington possède 55% des parts et la famille Blandy’s 45%. Ils commercialisent principalement les marques Blandy's, Cossart Gordon, Leacock's et Miles.

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Légende de cette photo:
Le fameux Roger Huet du Club des Joyeux, Mlle Mila Aguiar et Brian Powell.

Il nous a servi un Leacok’s 5 Y.O.Sercial. Un vin jeune a la robe claire, agréable en bouche. Il fut suivi d’un Blandys 10 ans, Verdelho, demi-sec, avec des notes de tabac.

Dans une dégustation il faut prendre tout son temps. Nous sommes partis nous rincer nos bouches et reposer nos papilles. Brian me demanda si je connaissais Madère.

– Pas autant que toi répondis-je, quoique j’espère que ce sera une de mes prochaines destinations. Pour le moment je sais que c’est un archipel Portugais, composé de l'île de Madeira qui a 797 km², de l'île de Porto Santo qui mesure 43 km² ainsi que deux groupes d'ilots inhabités les « Desertas ». Funchal, est la capitale et qu’elle se trouve à 660 km de la côte africaine, et à 980 km au Sud-Ouest de Lisbonne.

Carte de Madeira

Nous sommes retournés auprès de monsieur Dumas qui nous a servi un Blandys Terrantez 1976, vintage, non disponible à la SAQ. «Le Terrantez qui produit ce vin mi-sec-mi-doux, est un des vignobles les plus rares et peut-être les plus précieux de l’île», a commenté Brian. «Ce vin a 33 ans d’âge !» Notre gourmandise a pris le dessus, après l’avoir savouré longuement nous l’avons avalé ! Ce qui est un pêché dans une dégustation.

- Raconte-nous Brian, la découverte de Madeira, demandais-je.
Brian a demandé à goûter le Cossart Gordon Colheita Bual 1997, et après l’avoir longuement apprécié, et exprimé toute sa satisfaction, en clignant des yeux et en faisant claquer sa langue, il l’a avalé comme pour s’éclaircir la gorge, et nous a raconté avec cette verbe qui le rend si sympathique, que : «Les navigateurs João Gonçalves Zarco et Tristão Vaz Teixeira encouragés par le gouverneur de l’Algarve, l’Infant Henri le Navigateur, s’étaient lancés dans l’exploration maritime en 1419. Après une terrible Tempête, ils avaient abordé une île inconnue, qu’ils ont baptisée Porto Santo. L’année suivante ils organisaient une nouvelle expédition avec un noble italien Bartolomeu Perestrelo, très influent à la cour du Portugal et qui apportait des capitaux, débarquant cette fois-ci dans l’île de Madère aperçue l’année précédente. Ces découvertes ont marqué le début du grand empire colonial portugais. Madère a été divisée en trois districts: Gonçalves Zarco étant nommé capitaine-gouverneur de Funchal, Tristão Vaz Teixeira devenant gouverneur de Machico tandis que Perestrelo obtenant le gouvernement de Porto-Santo. Ils ont démarré immédiatement la colonisation et la mise en valeur de l’archipel par la culture du blé, de la cane à sucre et de la vigne. La fertilité du sol est telle à Madère, ajouta Brian, qu’encore aujourd’hui elle permet plusieurs récoltes annuelles. La géographie par contre est si accidentée que pour pouvoir travailler la terre les colons ont été forcés de construire des murets de pierre basaltique et de les remplir de terre, à bras d’homme, pour en faire des milliers de terrasses, les poios, parfois très petites. Pour pouvoir les arroser ils ont creusé des canalisations à même la roche, les levadas qui sillonnent les deux îles. Sous les recommandations du Prince Henri le Navigateur le choix de vigne porta sur la Malvoisia Candida en provenance de Candia, la capitale de la Crète, et qui s’est adaptée très bien à Madère».

- Est-il vrai que Christophe Colomb a habité le Portugal pendant quelque temps ? a demandé Sherry Rudder.

- La légende veut qu’il ait séjourné à Madère et que son épouse, la Portugaise Felipa Moniz ait été la fille du gouverneur Perestrelo. Colomb a proposé au monarque portugais d’explorer une nouvelle voie maritime vers les Indes par l’occident. Ayant essuyé un refus, il s’en est allé offrir ses services à sa rivale, la reine de Castille Isabelle la Catholique qui a accepté, ce qui a ouvert la voie à la découverte de l’Amérique.

Vingt-cinq ans après sa découverte, Madère exportait déjà des vins de qualité. Le vin était indispensable pour le transport maritime de longue distance. L’eau ne pouvant se conserver longtemps, les équipages étaient forcés de se désaltérer avec du vin après quelques semaines en mer.

- D’où la réputation des marins, commenta Mark Godfrey en trempant ses lèvres dans son verre de Cossart Gordon Colheita Bual 1977 qu’il s’était réservé et ajoutant : «les chanceux !»

- Continue Brian, invitais-je, tu es une encyclopédie vivante!

- C’est surtout à partir du dix-septième siècle que se sont développés des marchés importants pour les vins de Madère : Le Brésil, l’Amérique du Nord, grâce aux relations commerciales privilégiées entre le Portugal et l’Angleterre, et l’Inde et la Chine.

Dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord, le vin de Madère est devenu le favori des classes aisées. Lorsque le 4 juillet 1776 les États-Unis célèbrent leur jour d’Indépendance, George Washington fait un toast avec un calice rempli de vin de madère. Les « loyalistes » anglais qui rentraient en Angleterre ont apporté le goût du madère et lui ont ouvert les grands marchés anglais.

- Mais le 'Vinho da Roda’ dans tout ça, c’était quoi ? a demandé Sherry Rudder.

- À partir du dix-huitième siècle, les Britanniques qui partaient vers l’Inde et la Chine en empruntant la route du Cap de Bonne Espérance, avaient pris l’habitude de fortifier le vin en lui ajoutant un peu d’eau de vie. On remarqua très vite que ces vins soumis au tangage des bateaux pendant des mois, et soumis dans les cales à de températures extrêmes, se bonifiaient au point d’acquérir des qualités gustatives remarquables. Les marchands ont pris alors l’habitude d’embarquer à Madère, un certain nombre de barriques de vin et de les envoyer jusqu’au Cap de Bonne Espérance dans le but exclusif de les bonifier et de les vendre ensuite en Angleterre et en Amérique à des prix exorbitants sous des appellations de 'Vinho da Roda’, ‘Round Trip Wine’, ‘Returned Wine’ et ‘India Circuit Wine’.

Le succès de ces vins a été tel que les producteurs se sont demandés s’il ne serait pas possible d’obtenir la mutation par des moyens mécaniques. Plusieurs essais de réchauffement ont été tentés jusqu’en 1794, où un marchand du nom de Pantaleão Fernandes connaissant le système de chauffage des bains romains s’est décidé à l’appliquer aux vins. Il a eu l’idée de stocker les fûts dans des pièces équipées de tuyaux, amenant de l’air chaud. Le climat subtropical de l’île de Madère assurant une humidité suffisante. C’est ainsi qu’est né le procédé de l’estufa.

Nous avons remercié M. Dumas pour les délices et Brian nous a entrainés vers la table d’Henriques & Henriques. Il n’y avait personne à ce moment-là, seulement des bonnes bouteilles et des verres. Nous avons essayé le Boal 10 ans, très bon, avec un bon équilibre d’acidité et de sucre; ensuite le Medium Rich Single Harvest, récolte 1998, dont nos yeux et nos lèvres en disaient long de satisfaction!

- Je suis fasciné, nous a dit Mark Godfrey, par l’histoire de ces clubs Américains du dix-neuvième siècle où les membres se réunissaient autour d’une table en nombre de huit. On faisait circuler des carafes contenant différents types de Madères que l’on dégustait dans le sens des aiguilles d’une montre, accompagnés de fruits secs, de biscuits et de bons cigares. Ces clubs étaient tellement exclusifs qu’ils sont devenus secrets pendant les années de la Prohibition. On dit qu’il en existerait toujours aujourd’hui!

- Le Vin de Madère a connu bien des soubresauts, a repris Brian. Vers le milieu du dix-neuvième siècle, l’oïdium et le phylloxéra ont attaqué le vignoble madérien jusqu’à le menacer de disparition, l’ouverture du Canal de Suez a détourné de la route de Madère, les bateaux en partance pour l’Asie, les deux guerres mondiales ont fait craindre le pire, l’entrée du Portugal dans la Communauté Européenne, et la mondialisation ont encore annoncé la catastrophe, mais se sont finalement avérés très bénéfiques pour l’archipel. Il faut dire que les Madériens sont venus à bout de tous les obstacles en répondant par une constante amélioration de la qualité et des techniques de production.

En terminant, Brian m’a tendu le crachoir en disant : j’ai assez parlé, maintenant c’est à ton tour. Je me suis empressé de replacer le crachoir sur la table et pour ne pas passer pour un ignorant je leur ai parlé des sols et du climat :

- Madère possède un sol basaltique d’origine volcanique, riche en fer, en magnésium, et en matières organiques. Il est pauvre en potassium mais contient suffisamment de phosphore. Il se caractérise par un relief très montagneux fait de pentes souvent abruptes où l’agriculture se fait traditionnellement en terrasse.

Les zones urbaines et périurbaines de Funchal se trouvent dans des régions plates, là où le climat et l'altitude ne permettant pas l’agriculture.

Le climat de Madère est océanique; des étés chauds et humides et des hivers doux. Par régions, le nord est plutôt humide et le sud plutôt sec avec des élévations de moins de 150 mètres d’altitude.

Il tombe en moyenne 3000 mm, de pluie en altitude, et 500 mm, le long de la côte. Les trois quarts des précipitations ont lieu à l’automne et en hiver. L’île dispose de 2150 kilomètres de canaux qui vont collecter l’eau en altitude et la distribuent dans les plantations.

Je cherchais déjà le crachoir pour le passer à quelqu’un d’autre lorsque sous les protestations générales j’ai été obligé de parler des vignes.

- Les vignes à Madère sont cultivées par des petits exploitants privés qui se transmettent leurs terres de père en fils, dis-je, la complexité géographique ne permet pas l’utilisation de machinerie, tout le travail se fait à la main, assurant une culture plus saine et plus naturelle.

J’entendis un hourrah derrière mon oreille. Nous sommes pour l’écologie à Montréal !
Je continuai : Le système le plus pratiqué pour les vignes est celui du treillis sur des piquets en bois de deux mètres dit de «latada» ou «pergola» où la vigne est cultivée horizontalement. Elle permet d’avoir environ 3500 plants de vigne par hectare. Depuis une cinquantaine d’années une autre méthode a été introduite dans l’île, c’est la méthode de l’«espaldeira» ou en espalier : les vignes sont cultivées à la verticale ce qui permet une densité de 4500 plants à l’hectare.

Six variétés constituent l'épine dorsale des vins de Madère. Cinq sont dites nobles et sont toutes des raisins blancs, ce sont le Sercial, qui se cultive sur les terrasses les plus hautes et les plus fraîches de l’île, et qui produit des vins très secs, le Bual que les Portugais prononcent Boal et qui produit des vins riches qui offrent acidité et douceur à la fois, la Malvoisie ou Malmsey ou Malvasia, cultivé dans les zones les plus chaudes, donne les vins les plus sucrés, cépage qui a une longévité exceptionnelle pouvant dépasser un siècle, le Verdelho blanc, qui donne des vins demi-secs avec des notes de fumé, et le Terrantez presqu’inexistant aujourd’hui qui donne des vins demi-secs et demi-doux.

Le Tinta Negra Mole, dit Tinta est un cépage rouge considéré inférieur aux autres. Il est issu du croisement du "Pinot noir et du Grenache". Il produit des vins secs, demi-secs, demi-doux ou doux et représente 80% de la production totale à Madère.
Mon regard s’est porté vers le crachoir, que mes amis se sont empressés d’éloigner de moi. Alors suppliant je leur ai demandé une autre goutte de Medium Rich Single Harvest 98 en leur jurant que je leur parlerai de vinification. Une fois ma gorge divinement humectée je leur ai dit:

- Il y a encore vingt-cinq ans, on élaborait le vin à la vigne. Le vigneron vinifiait lui-même avant de porter son produit au négociant à Funchal. Actuellement le négociant achète directement le raisin, le moût ou le vin nécessaire à l’élaboration de son madère.

Les vendanges débutent à Madère relativement tôt, en général durant la deuxième quinzaine d’août pour certaines variétés comme le Tinta Negra Mole, Malmsey et Bual. Les raisins provenant des vignobles autorisés par l'IVBAM, après contrôle, arrivent au pressoir en excellent état.

Pour des raisons de goût, les raisins sont égrainés, avant d’être écrasés.
À l'époque, les grappes de raisin étaient foulées aux pieds, avant d'être pressées par un mécanisme en bois appelé «Lagar».
Les raisins destinés à fabriquer des vins doux comme le Bual et le Malvoisie fermentent avec leurs peaux pour capter plus de phénols. Pour les vins les plus secs comme le Sercial, le Verdelho ou le Tinta, les peaux sont séparées avant fermentation.
Le Madère est un vin muté et depuis son adhésion à la Communauté Européenne, Madère doit muter ses vins en cours de fermentation. La fermentation peut se faire dans des cuves en bois, en béton ou en inox. La température de fermentation est à surveiller, l’idéal étant qu’elle reste entre 25 et 30 degrés selon le produit voulu et selon le cépage.

La fermentation consiste à transformer, sous l’action des levures, les 200 gr de sucre par litre de jus de raisin, en alcool. Plus le vin que l’on veut obtenir est sec, plus longue sera sa durée de fermentation, plus son degré alcoolique sera élevé et moins il restera de sucre résiduel et inversement. C’est pour cette raison que l’on ajoute moins d’alcool dans un Sercial lors du mutage que dans un Boal, plus doux. L’ajout soudain d’une forte dose d’alcool, le mutage, arrête la fermentation. C’est ce qui va déterminer la catégorie de vin: sec, demi sec….

L’alcool servant à fortifier le vin doit obligatoirement provenir du raisin et titrer à 96 %. Le vin fortifié, appelé ‘vinho claro’, contient 17 % d’alcool. Pour parvenir à un volume d’alcool de 17 %, on ajoute 21% d’alcool pour le vin doux, 13,16% pour le semi-doux, 11, 23% pour les mi-secs et 9% pour les secs. On laisse reposer pendant l’hiver pour qu’il se stabilise.

Mes amis m’ont entrainé vers la table où trônait un charmant buffet. J’ai demandé aussi un peu d’eau pour reposer mes papilles et pouvoir déguster après d’autres vins dans des conditions optimales. Nous y avons trouvé le charmant journaliste œnologue Claude Simoneau qui nous a dit : «Les grands esprits se rencontrent !» et je lui ai répondu «Aux bons endroits

Mark Godfrey a accepté de nous raconter comment se fait la transformation du «vinho claro» en Madeira.

- Il y a trois méthodes: par "Estufagem”, par "Canteiro" et par "vieillissement lent"
L’estufagem est réalisé dans des grandes cuves de ciment émaillé chauffées à la vapeur.
Le ‘vinho claro’ séjourne dans une grande cuve remplie à 95% de sa capacité pour permettre la dilatation du liquide et une première oxydation. Dans la cuve il y a un système de conduits d’eau qui permet d’amener de l’eau chaude et de réchauffer lentement le vin jusqu’à ce qu’il atteigne 50°C. Cette température est maintenue pendant trois mois. Pendant le séjour en estufa, on observe une diminution de volume de 10 % et une perte d’alcool de 2 %. Ensuite, le vin est refroidi lentement durant trois mois. Après refroidissement, le volume d’alcool est à nouveau contrôlé et lorsque nécessaire, on lui en ajoute pour qu’il atteigne 17 %.

Un séjour de 3 mois en estufa correspond à 5 ans de maturation dans les «canteiro». La méthode de l’estufa est réservée aux vins commercialisés comme vins jeunes.

On distingue quatre variétés de vinho ‘estufado’: le Malvasia (doux), le Bual (mi-doux), le Verdelho (mi-sec) et le Sercial (sec).

Ces vins ne sont jamais mis en bouteilles avant le 31 octobre de la deuxième année qui suit la récolte.

La méthode du «canteiro» est une méthode de chauffage tempéré. Certains producteurs placent les barriques aux étages supérieurs des caves à vin, où la température est plus élevée, c’est ce qu’on appelle le système du «canteiro», du nom des poutres sur lesquelles reposent les fûts. Quels que soient les contenants et l’environnement, ils seront tous scellés par l’Instituto do Vinho da Madeira dès le début du processus. Les vins sélectionnés pour vieillir dans le canteiro développent des arômes plus intenses.

Les meilleurs madères, les fameux Frasqueira’s ou vintage sont produits sans chauffage artificiel, on les soumet à un processus de vieillissement lent de vingt ans et plus dans des barriques, les ‘pipas’, d’une capacité de 418 à 600 litres, placées sous les avant-toits des chais, ne bénéficiant que des rayons du soleil. Les vins traversent les saisons, réchauffés en été et refroidis en hiver. L’emplacement idéal se trouve à proximité de la mer, de manière à capter l’humidité saline. Cette méthode donne des vins d’une étonnante longévité, pouvant dépasser un siècle et même deux, pour les meilleurs crus.

- Quelle est la production de Madère ? demandais-je.

- L'île produit et exporte environ 3.800.000 de litres de vin de Madère de qualité par an, a dit Brian, et il a ajouté que les grands madères portent le nom des cépages nobles. La législation européenne exige qu’un vin de cépage contienne au moins 85% de ce cépage. Les autres madères à base de Tinta ou obtenus par assemblage portent les mentions : Dry, Medium Dry, Medium Sweet, et Sweet.

Environ 400 acres de vignobles sont consacrés à la production du vin sous la dénomination d’origine Madeira Wine et "Madeirense" (VRPRD) ou la mention géographique régionale : "Terras Madeirenses".

Pour avoir le droit à une indication d’âge, un vin de Madère doit être évalué par un panel de dégustation de l’Institut du vin de la broderie et de l'artisanat de Madère, (IVBAM) qui doit confirmer qu’il a les caractéristiques des normes de qualité de l'année en question.

L’assembleur de la maison de négoce réalise l’assemblage final en tenant compte de la destination du vin et de l’équilibre entre l’acidité et le sucre. Dans certains cas il est autorisé à ajouter du caramel pour colorer et sucrer le vin, ce que les grandes maisons refusent actuellement de faire.

On rencontre les indications suivantes :

Finest ou Seleccionado : 3 ans d’âge, issu d’assemblage de différents cépages et élevé en cuve.

Reserve ou Rainwater: 5 ans d’âge, à partir d’un assemblage de vins dont une partie a vieilli en cuve. Lorsque le vin est fait à 85% d’un cépage noble il prend le nom de Colheita. Par contre le Colheita – Sercial demande un minimum de 7 ans de maturation.

Special Reserve, Reserva Especial ou Reserva Velha : issu de cépages nobles, est assemblé avec des vins ayant au moins dix ans d’âge et vieillis en fût.

Reserva extra avec quinze ans d’âge. À partir de quinze ans d’âge, les vins doivent être inscrits dans un registre spécial.

Il y a aussi le Solera : assemblage de vins de différents millésimes, qui n’est plus pratiqué aujourd’hui à Madère, mais dont on conserve certaines bouteilles.

Vintage (millésime) appelé Frasqueira: désigne un vin d’une seule récolte qui a passé au moins 20 ans en fûts, puis deux ans en bouteilles mais qui a vieilli souvent beaucoup plus longtemps. Ces vins très résistants à l’oxydation, peuvent se garder pendant des siècles.

30 ans d’âge est la référence réservée au vin obtenu à partir d'un mélange de différents vins de différents âges, dont les caractéristiques organoleptiques sont en conformité avec les normes de qualité typique des Vins de Madère de 30 ans ou plus mais inférieurs à 40. Le nom et le vignoble ont été enregistrés dans un livre spécial.

Plus de 40 ans d'âge est une référence réservée au vin obtenu à partir d'un mélange de vins de différents âges, dont les caractéristiques organoleptiques sont en conformité avec les normes de qualité typique d'un vin de Madère de plus de quarante ans. La mention du vignoble doit être également inscrite dans un registre spécial.

- Mais la maturation en fût de longue durée, doit s’accompagner d’une certaine évaporation du vin à travers la paroi de la barrique, dis-je.

- Bien entendu, m’a répondu Brian, l’évaporation moyenne est d’environ 2% par an. Un Vintage perd dans sa période de maturation de 20 ans, environ 40% de son volume! Pour minimiser les pertes on cherche un équilibre entre l’emplacement, l’humidité et la température. Le taux d’alcool peut être corrigé jusqu’à 2 ans avant la mise en bouteille. Juste avant la mise en bouteille, le vin est soumis à une période de stabilisation par refroidissement à -9° C pour éliminer les cristaux de tartre. Ce processus occasionne une perte supplémentaire de 6 % du volume.

Mon ami Samy Rabbat passait par là et s’est arrêté un moment pour bavarder avec nous. Il aime blaguer sur mon enthousiasme impénitent pour les vins. Il nous a présenté le sommelier Eric Duchesne à qui je me suis plaint qu’on se perdait parfois dans le charabia des sommeliers, quand ils décrivent le vin de Madère.

Monsieur Duchesne m’a gentiment répondu qu’en raison de leur degré de sucre, on désigne souvent les Madères comme : Extra Seco (extra dry), Seco (dry), Meio Seco (medium dry), Meio Doce (medium rich) et Doce (rich). Que fonction de leur couleur on les classe: Muito Palido (very pale), Palido (pale), Dourado (golden), Meio escuro (medium dark) et Escuro (dark), et que du point de vue de leur rondeur on les appelle: Leve (light), Encorpado (full-bodied), Fino (fine), Macio (soft), Aveludado (velvety) et Amadurecido (mellow). Nous le remerciâmes vivement pour ces éclaircissements.

Nous sommes allés nous placer autour de la table de Pereira d’Oliveira – Vinhos, dont on dit que dans ses caves on trouve des bouteilles qui datent de 1820.
Nous sommes arrivés avec les papilles reposées et dans les meilleures conditions pour apprécier les vins qu’on allait goûter. On nous a servi un Old wine 1995 Medium Dry, très bon. Vous rendez-vous compte, fis-je observer, que les membres de la même famille dirigent toujours la compagnie depuis 1850 ?

- À leur santé ! dirent mes joyeux amis en chœur, en levant leurs verres.

Alors, on nous a fait goûter un Harvest Boal 1980.
- Vingt-neuf ans, observa Bryan, riche, bien équilibré, tellement agréable!
Nous avons terminé avec un Harvest Malvazia 1990. Doux, liquoreux, parfait !

Je demandai si on pouvait conserver facilement une bouteille de Madère.

- Le madère, se conserve facilement m’a répondu Mark Godfrey, mais les vins jeunes qui ont de trois à cinq ans ne sont pas faits pour laisser vieillir. On doit les consommer jeunes.

- Par contre les vins de 10 et 15 ans d’âge se conservent bien, est intervenue Sherry Rudder et les Frasqueira’s qu’on a fait mûrir 20 ans en barrique et 2 en bouteille, se conservent indéfiniment. Des vins de plus de 100, 150 ou même 200 ans sont exceptionnels mais non introuvables. La SAQ a une bouteille à vendre dans une succursale de Québec qui est un Verdelho demi-sec Pereira d'Oliveira qui date de 1850, qu’elle vend 1180 dollars. Elle a aussi trois bouteilles de Malvazia Pereira d'Oliveira de 1895 à 885 dollars chacune, et cinq bouteilles du Verdelho demi-sec Pereira d'Oliveira qui datent de 1900 dont le prix n’est que 640 dollars la bouteille.

Brian nous a expliqué que les bouteilles de Madère se conservent debout, et de préférence dans une cave ou dans une chambre fraîche où il va évoluer lentement, quoique la chaleur et l’oxydation ne soient pas vraiment un risque pour le vin muté.

- Mais si vous laissez les bouteilles debout, dis-je, le bouchon doit se dessécher? Si les bouteilles restent des dizaines d’années en cave, le niveau du vin dans le goulot de la bouteille va descendre lentement, car le vin s’évapore par le bouchon.

- Tout à fait répondit Sherry Rudder et alors c’est le devoir du mari de procéder au remplissage et au rebouchage, et je dirai même plus, en passant au goûtage et au re-goûtage de la merveille, auquel, en tout cas, chez-nous j’y participe. Savez-vous j’ai laissé une bouteille entamée pendant près d’un an et je dirai même que le vin s’était bonifié?

wine4 aLégende de cette photo:
M. Julio Fernandes, le directeur commercial et Rooooger Huet!

Notre joyeux groupe s’était dirigé vers la table de Vinhos Justino Henriques, Filhos, que les connaisseurs appellent simplement Justino’s. Nous y avons rencontré Monsieur Julio Fernandes, le directeur commercial. Un homme sympathique et jovial, qui était venu exprès de Madère pour nous présenter quelques uns de ses vins et qui pour notre bonheur parlait un français impeccable.

Il nous a parlé de sa maison dont la fondation date de 1870, réorganisée en 1957 et regroupant une série d’autres maisons de vins à Madère. Sigfredo Costa Campos l’achète en 1981, l'entreprise s’internationalise, et s’associe à un groupe français de distribution ce qui lui permet de se doter de la technologie la plus moderne. Ils se spécialisent dans le Madère à prépondérance de Tinta Negra vieilli en fût de chêne.

Il nous a fait d’abord goûter ses Madères 3 ans, produits d’assemblages divers. Ils sont commercialisés sans indication d’âge et identifiés uniquement par leur degré de douceur : Fine Dry, Fine Rich.

Il nous a fait goûter ensuite au Old Reserve Fine Dry, 10 ans d’âge, que nous avons trouvé intéressant. Puis un Sercial 10 ans que nous avons adoré, un Boal 10 ans qui nous a paru merveilleux et un Malvasia 10 ans que nous avons reconnu pour être un délice! Nous nous sommes aventurés à demander le Colheita 1996, dont il n’en restait plus une goûte, et leur mythique Justino's Madeira Boal 1934? Monsieur Fernandez a promis de nous en apporter lors de sa prochaine visite.

Mark Godfrey lui a demandé quelle était, d’après lui, la bonne température pour déguster le Madère. Monsieur Fernandez nous dit que le Madère avait horreur de la température ambiante; que pour apprécier les arômes de façon optimale, les Madères jeunes ne devaient pas être bus à plus de 13° C.

- Et les vieux? Demandai-je avec intérêt.
- Les vieux sont à leur meilleur entre 15 et 16°C. Il vaut mieux que le Madère soit servi plutôt plus froid que plus chaud, car dans la coupe sa température monte rapidement.

Nous dégustions notre dernière coupe, je demandai à Sherry Rudder ce qu’elle pensait, en tant que sommelière américaine, du verre dans lequel nous buvions le madère.

- Les coupes à vin sont correctes. Moi, ce sont les coupes larges à Martini que je préfère au-dessus de tout. Lorsque tu plonges tes lèvres dans la coupe, les arômes du Madère se dégagent tout entiers et tu peux les aspirer lentement par tes narines et par ta bouche, tandis que tes lèvres dégustent sensuellement le liquide. Cette coupe est extraordinaire!

Monsieur Fernandes la regardait amusé mais au fond se demandait s’il n’allait pas essayer le truc de notre amie Sherry à la première occasion qui se présenterait à lui.

La conclusion est que la cuisine pour fabriquer un bon Madère peut être extrêmement variée, extrêmement complexe, mais ce qui compte est que le produit final, qui arrive dans la coupe du gourmet, soit agréable, rond en bouche et profond et que le buveur retrouve toujours le même goût, la même substance pour chaque type de Madère.

S’il y a un grand art, dans la fabrication du vin, c’est l’art du Madère!

Merci à ces producteurs de nous avoir permis de pénétrer, pendant quelques heures, dans un monde si intéressant.

Roger Huet
Président du Club des Joyeux
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vendredi, 03 février 2017 07:47

Château Roland La Garde

Sur la rive droite de la Gironde, à Blaye et à Saint Seurin de Cursac, se trouvent le Château Roland La Garde et Le Château Sainte-Luce Bellevue. Ils appartiennent à la famille Martin, dans l’Appellation Blaye Côtes de Bordeaux.

Le Château Roland La Garde est un magnifique domaine de 29 hectares converti à la vigne au milieu du siècle dernier par Olivier Martin. Il a été mis en valeur par son fils Bruno, qui le dirige depuis 1990, avec la collaboration de son épouse Pauline et de leur fils Guillaume.

Guillaume et Pauline Martin

Ils produisent du Merlot, du Cabernet Sauvignon et du Malbec sur des terrains argilo-calcaires. En conversion en biodynamie depuis 2008, ils ont obtenu les certifications pour l’agriculture biologique en 2012 et pour la biodynamie en 2014, avec le label Demeter pour l’ensemble de leurs vins. Le travail en biodynamie est mené aussi bien au chai que dans la vigne.

Pour les Martin, La biodynamie c’est tout d'abord une prise de conscience des interactions existantes à tous les niveaux. Une vigne se définit par la plante, son sol, son espace, son environnement, sa relation avec la faune et la flore et le vigneron.

Le Château Roland La Garde produit trois cuvées en rouge: Tradition, Prestige et Grand Vin. Une des belles réussites de Bruno Martin est d’ailleurs la création de son Grand Vin, qui s’inscrit dans la lignée des Grands Vins de Bordeaux.

J’ai assisté à une dégustation verticale de Château Roland La Garde Grand Vin organisée par l’Agence Divin Paradis, en présence de Pauline Martin et animée par Guillaume.

Château Roland La Garde
Les cuvées de Grand vin représentent la plus belle expression du terroir. Elles sont le fruit d’un travail de sélection parcellaire où chaque cépage donne le meilleur de son potentiel pour en faire un très beau vin avec une espérance de garde de plus de 20 ans.

La vinification commence par une macération préfermentaire à froid avec remontage quotidien. Fermentation naturelle thermo-régulée avec levures indigènes. Élevage de 18 mois en barriques, dont 30% neuves.

Les Grands Vins ne sont produits que dans les belles années. Nous avons dégusté les cuvées 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2005, 2009,2012 et 2014.

Jusqu’en 2000, les Grands vins ne comportaient dans leur assemblage que du Merlot à environ 80% et du Malbec.

À partir de la cuvée 2001, le Cabernet Sauvignon a fait son entrée dans des proportions variables qui peuvent aller de 10 à 36%.

Les plus anciennes cuvées montrent encore une grande énergie, une belle richesse aromatique, beaucoup de finesse, et seulement une légère teinte tuilée. Alors que les cuvées les plus récentes sont majestueuses.

Le Château Roland La Garde Grand Vin 2009, qui est actuellement disponible au Québec, est un assemblage 72% Merlot, 20% Cabernet Sauvignon et 8% Malbec. L’âge moyen des vignes est de 35 ans. Il titre 14,4 degrés d’alcool.

Ch Roland La Garde Grand vin
Robe violacée intense avec des reflets noirs. Riche bouquet de cerise rouge, de truffe, avec un peu de violette, de cassis, de framboise, de groseille; des notes de prune, de tabac, de réglisse d’épices douces, de vanille et de moka.

En bouche, quoique l’attaque soit suave, on découvre assez rapidement un vin puissant, fruité, avec du tempérament, avec une structure tannique intéressante. Il y a une belle harmonie entre l’acidité et l’alcool et une longue finale gourmande.

C’est un vin excellent avec des grillades, et délicieux avec l’agneau, avec la volaille noble: faisan, pintade, caille. Très bon également avec un plateau de fromages. Je suggère de le laisser reposer en carafe pendant 75 minutes et le servir à 17 degrés Celsius. Il peut se conserver en cave jusqu’en 2032.

Le Château Roland La Garde Grand Vin 2009 est disponible à la SAQ, code 00912907. Prix 38$.

Après la gamme Château Roland La Garde Grand vin, j’ai dégusté le Château Roland La Garde Prestige 2012, qui est le second vin du domaine: 75% Merlot, 20% Cabernet Sauvignon et 5% Malbec. L’âge moyen des vignes est de 35 ans. Il titre 14 degrés d’alcool.

Roland La Garde Prestige 2012
Belle robe rouge soutenu. Bouquet fruité de fraise, de framboise, de cassis, de mûre. Ample en bouche, charnu, avec une belle masse fruitée, une jolie fraicheur, des tanins virils mais à la fois soyeux. Une finale fruitée et épicée très agréable.

C’est un vin très convivial qui se marie autant avec les viandes rouges qu’avec la volaille et les pâtes. Il gagne à être mis en carafe pendant une heure et on doit le servir à 17 degrés Celsius. Il peut se conserver en cave une bonne quinzaine d’années après le millésime.

Le Château Roland La Garde Prestige 2012 est disponible à la SAQ, code 10388336. Prix 24,10$.

La dégustation s’est terminée avec le Château Roland La Garde, Tradition 2012, qui est un vin typique des terroirs des Côtes de Blaye. 80% Merlot, 20% Cabernet Sauvignon, 14 degrés d’alcool. L’âge moyen des vignes est de 20 ans.

Le vin est élevé pendant 12 mois à raison de 2/3 en barrique et 1/3 en cuve inox.

CHÂTEAU Roland Lagarde.Tradition 2012
Robe rubis profond. Bouquet agréable de fruits noirs très mûrs, avec des notes épicées, de chocolat noir et de moka.

En bouche c’est un vin ample, frais, avec des tanins d’une grande finesse et un bel équilibre.

Il sera un excellent compagnon pour un civet de lièvre ou d’un bon cassoulet, mais il est aussi délicieux avec des grillades, et parfait avec un plateau de fromages. Il gagne à reposer quelques minutes en carafe. Je conseille de le servir à 16 degrés Celsius. Il a un potentiel de garde de 7 ans à partir du millésime.

Le Château Roland La Garde, Tradition 2012, est disponible à la SAQ, code 10388344. Prix 19,40$.

LIENS :

Château Roland la Garde 

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Représentés au Québec par Groupe Divin Paradis

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., VP Marketing
Tél.: 450 463-1020. poste 203 

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Directeur de Produits
Tél.: 450 463-1020, poste 202 

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Directeur des ventes 

Roger Huet
Chroniqueur vins
Président du Club des Joyeux
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Touristica.ca

lundi, 06 février 2017 07:11

Le Wilder, temple de la danse moderne

Au cœur du Quartier des spectacles, l’édifice du Wilder, bâti en 1918, a été totalement repensé pour accueillir les quatre organismes phares de la danse à Montréal dans une superficie de 235 000 pi2 sur une hauteur de 10 étages.

La conception et la transformation ont été confiées au Consortium Lapointe Magne + AEdifica.

Le Wilder devient ainsi la résidence de l’Agora de la danse, de Tangente, de l’École de la danse contemporaine de Montréal et des Grands Ballets Canadiens. Les architectes ont dû composer avec la personnalité propre de chacun de ses organismes tout en remettant la valeur patrimoniale de l’édifice.

Le Wilder offre cinq espaces polyvalents partagés entre l’Agora de la danse et Tangente pour des spectacles et des résidences des artistes. Parmi ces espaces 4 salles qui portent les noms des grandes personnalités.

La Grande salle
L’Espace Françoise Sullivan qui est la salle de spectacle principale au premier étage, où se dérouleront la plupart des spectacles de l’Agora et de Tangente. Il a une superficie de 273 m2, peut contenir jusqu’à 242 spectateurs assis ou 400 debout. Une salle multifonctionnelle avec des gradins rétractables et qui offre de nombreuses configurations possibles.

Au sous-sol : l’Espace Florence Junca-Adenot est une seconde salle de spectacle de 199 m2 pour l’Agora de la Danse. C’est une boîte noire avec un caractère plus intimiste et des possibilités de configurations variées. Il peut accueillir jusqu’à 250 spectateurs debout.

Chorégraphes et danseurs des 2 troupes
L’Espace Dena Davida, pour les spectacles de Tangente, peut être transformé en boîte blanche ou noire, sur 170 m2. Deux rangées de fenêtres vont lui fournir une lumière naturelle. Tangente chérit les spectacles intenses pour public restreint. La salle est conçue pour accueillir entre 60 et 200 spectateurs debout.

Chorégraphes et danseurs a
L’Espace Paul-André Fortier est une salle vitrée sur deux côtés, équipée d’un mur miroir qui sera utilisée pour les répétitions et les résidences.

Le cinquième espace contient une billetterie accessible par la rue Bleury, un espace vie pour les artistes comprenant une grande loge, une cuisine, une salle de soins, et à l’autre extrémité un café bar qui se prolonge dans une coursive entièrement vitrée où les spectateurs pourront passer un moment agréable en attendant le spectacle ou pendant l’entracte.

La joyeuse troupe a
Au-dessus, et dans un environnement autonome, se trouvent les espaces des Grands Ballets Canadiens et de l’École de la danse contemporaine de Montréal qui ne sont pas encore accessibles.

Lesprit de la danse c
Ce travail colossal va placer Montréal parmi les places les plus notées pour la danse sur le continent américain. Les programmations sont époustouflantes pour toute l’année 2017!

Ici commence une nouvelle ère pour la chorégraphie et le ballet à Montréal. Il était temps qu’on les dote d’installations de qualité!

LIENS :

AGORA DE LA DANSE + TANGENTE

ÉDIFICE WILDER
1435, rue De Bleury
Montréal (Québec) H3A 2H7
Métro Place-des-Arts

Roger Huet
Chroniqueur vins
Président du Club des Joyeux
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La différence entre la dégustation de vins italiens au Marché Bonsecours du 5 novembre dernier et celle du 27 février était d’abord dans l’ambiance, au Marché Bonsecours il y avait 110 producteurs qui venaient nous faire goûter leurs produits, dans trois salles resplendissantes, remplies de gourmets et de curieux heureux qui exprimaient leur joie parfois bruyante et qui s’arrêtaient au buffet gastronomique italien avec un bon verre à la main. 


Le 27 février il n’y avait que 17 producteurs. Des grands noms de vins italiens, qui offraient à un groupe de visiteurs triés sur le volet, la possibilité de goûter et d’évaluer des vins de qualité, presque tous disponibles à la S.A.Q. L’ambiance était celle d’une chapelle. Les vins y étaient dégustés avec minutie et l’art du vin considéré par les heureux invités avec un immense respect. Des files de coupes à chaque table permettaient de goûter sans mélanger les saveurs.

Le buffet servi, était sobre, fait exclusivement de bouchées, pratiques lorsqu’on ne dispose que de petites tables rondes ou que l’on mange sur le pouce. Chose curieuse, les visiteurs mangeaient sans boire, voulant reposer leurs papilles pour continuer la dégustation dans les meilleures conditions possibles. Je dois avouer que j’ai péché, en m’accompagnant d’un verre de Franciacorta brut, cuvée Prestige 2008 Doc de Ca’del Bosco, pétillant en petites bulles et d’un extraordinaire jaune paille, un poème. Disponible (SAQ $ 37). Pour ma part j’adore aussi leur Anna Maria Clementi 1999, qui n’y était pas, mais qui est disponible à la SAQ $ 104,80.

Les vins présentés à la dégustation à l’Instituto del vino italiano di qualità Grandi Marchi pourraient être classés en deux catégories : élégants et poétiques, parfois les deux. Je me suis limité à gouter un seul vin par exposant, afin de garder la tête froide et les papilles aiguisées, jusqu’à la dernière goute. J’avais soigneusement noté les noms de certains vins mythiques que je ne voulais pas manquer, mais dans d’autres cas, je me limitais à demander, le vin qu’ils avaient choisi de servir au souper d’apparat, le soir même – un par producteur – en me disant qu’il serait parmi leurs meilleurs produits.

Ma première expérience a été le Gewurztraminer 2006, Doc Sud Tirol de la maison Alois Lageder, reconnu pour être un vin exceptionnellement sec pour ce cépage. Délicieux. (2006 non disponible à la SAQ mais le 2007 $ 25,85)

Toujours dans les blancs l’Anthìlia de la maison Donna Fugata, de Sicile, m’a semblé très agréable, élégant et chatoyant. Les étiquettes de tous les vins blancs de cette maison sont poétiques et puisent dans la légende. Disponible (2007 SAQ $ 15,95)

Une maison étonnante est Jermann, dont les blancs, portent tous des noms anglais. Le Were Dreams 2006 m’a bien plu. (SAQ $ 26,65)

À partir de là j’ai décidé de me limiter aux vins rouges.
Deux heureuses découvertes de la maison Mastroberardino, le Villa dei Misteri 2004 Pompeiano IGT qui est le fruit de recherches pour faire revivre le vin qu’on produisait à Pompéi, jusqu’en 79 avant l’ère chrétienne. Le résultat est un vin poétique, avec une personnalité qui lui est propre et qu’on ne peut pas comparer. Serais-ce vrai que les anciens Romains mélangeaient leurs vins avec des épices? Dommage, car celui-ci est très bon tel qu’il est. J’ai ensuite goûté au Historia Naturalis 2003, un Taurasi DOCG, vin noble et élégant en bouche. Aucun des deux présentement disponible à la SAQ, par contre au souper du soir, devait être servi le Radici Taurasi Riserva 1999 dont la cuvée 2004 est disponible (SAQ $42).

De la maison Umani Ronchi, j’ai goûté leur Pelagio 2005, Marches IGT , vin qui, dit-on, n’est produit que dans les années exceptionnelles, c’est un vin raffiné, fruité sur fond minéral. La couleur de sa robe est parait-il exceptionnelle. Le croirez-vous ou non, il n’y avait dans la salle aucune lumière, à part les néons du plafond, pour observer les robes des vins. Il est disponible à la S.A.Q. $ 44.25.

Je salue le Carmenero 2001 de Ca’del Bosco. L’étiquette représente un loup déguisé en mouton blanc. C’est un vin puissant, assis, sec, aux tanins équilibrés et dont la robe est rouge rubis avec des reflets pourpres, qu’on devinait mal devant les néons du plafond. Disponible (SAQ $ 44,25).

Le Fojaneghe produit dans les terres des comtes Bossi Fedrigotti est le prototype d’assemblage bordelais en Italie. La millésime 2005 a bénéficié d’un climat plus chaud que l’habituel, et s’est bonifié. C’est un vin plein de charme, qui est maintenant dans la mouvance de la Maison Masi Agricola. Disponible (S.A.Q. $ 29,90).

J’ai aussi goûté au Masi Costasera Amarone della Valpolicella 2005. Il mérite qu’on s’y arrête car il est exceptionnel. On a raison de dire que c’est un vin moderne au cœur ancien. Noble, parfumé, équilibré. C’est le fruit du mariage parfait d’un connaisseur tel que Masi et les terres de l’Amarone. Disponible 1 seule bouteille, 9L dans une succursale de Québec (SAQ $ 748,75).

De la maison Bolgheri, le Guado al Tasso Antinori Bolgheri 2005 m’a tout de suite charmé. Un très bon équilibre de parfums, acidité contrôlée, des tanins puissants. Six siècles de tradition florentine, montrent combien l’art de ce vin est raffiné. Disponible (SAQ $ 82,25).

En nous approchant de la table de la maison Pio Cesare, nous savons que le plaisir est assuré. Nous pénétrons dans le monde délicieux des Barolos. Le Barolo Ornato est né d’un heureux mariage de la tradition et de la technique. Il apparaît pour la première fois en 1985 et n’est produit que dans les années de grands millésimes. Le Barolo Ornato 2004 DOCG Pio Cesare a été décrit comme un vin au bouquet gracieux et d’une épaisseur émouvante, c’est en effet ce que j’y ai trouvé. J’ai aimé son bouquet, ses tanins, son opulence, et sa caresse. Bien sûr je me suis efforcé d’admirer sa robe rouge rubis profond, à la lumière du plafond. Disponible (SAQ 94,75)

Une autre excellente maison pour le Barolo est certainement Michele Chiarlo qui en cinquante ans de travail sérieux, d’intelligence et de passion, a réussi à bâtir une des plus prestigieuses maisons italiennes.
J’ai goûté au Barolo Cerequio 2004 DOCG, 100% nebiolo, et je l’ai trouvé superbe. Un bouquet extraordinaire, des tanins fins, et une délicatesse qui vous mène au bord du péché. Disponible (SAQ 74,50).

Un des vins les plus adorables à mon goût est le Brunello di Montalcino DOCG 2001, de la maison Biondi Santi, que l’on peut le laisser vieillir dit-on de 20 à 40 ans. Disponible (SAQ 166,25).

De la région de la Ombrie nous vient le Rubesco Vigna Monticchio Riserva, de la maison Lungarotti. Belle robe, plaisantes arômes, tanins sobres, mais un goût qui se prolonge agréablement en bouche. (La SAQ a le Torgiano 1977 à $ 299,50 et le Torgiano de 1997 a $ 40,50). Lungarotti c’est aussi un complexe hôtelier à Torgiano, voué à la dégustation de ses vins et à la gastronomie régionale. Ils ont un Musée du vin et un Musée de l’huile d’olive.

L’Azienda Rivera produit à Montepulciano di Puglia, des vins agréables, avec des corps et légers, fruités et épicés, à la fois. J’ai goûté à « Il Falcone ». Disponible à la S.A.Q. $ 23,30, très bon rapport qualité-prix.

La maison d’Ambrogio e Giovanni Folonari nous a apporté de vins charmants, qui viennent de la région de Chianti où se trouvent leurs domaines Cabreo, qui produisent La Pietra blanc et le Cabreo Il Borgo rouge. J’ai goûté le deuxième : très agréable en bouche, une belle robe, des tanins bien équilibrés, des saveurs arrondies. Disponible à la SAQ $ 55,25.

La famille Carpene œuvre dans les vins depuis le dix-neuvième siècle. Ils ont laissé leur marque dans les pétillants, et furent les premiers à implanter une école d’œnologie en Italie. Le Carpene-Malvolti Cuvée Brut Prosecco di Conegliano est aujourd’hui connu à travers le monde, agréable au goût et très abordable. Disponible à la SAQ $ 16,75.

La maison Tenuta San Guido se spécialise dans la production d’un vin de type Graves (Bordelais), car le climat sur la côte Tyrrhénienne de la Toscane ressemble étrangement, de l’avis de son propriétaire, au climat de la région de Graves. Pour réussir le tour de force de parvenir à la qualité des premiers crus bordelais, on laisse vieillir les vins un peu plus longtemps en Toscane. Le Sassicaia Bolgheri 2005 qui est produit dans cet esprit est un vin excellent, disponible à la SAQ à $ 169.

Ma dernière visite à été à la table de la maison Tasca d’Almerita. J’aime les vins de la Sicile, et en particulier ceux de Tasca d’Almerita, qui sont le fruit de la passion, de la tradition et d’une technique superbe. Ce sont des vins de soleil. Le Nero d’Avola, Regaleali 2006 a une jolie couleur rubis sombre, un bouquet puissant, des tanins assez subtiles, mais une texture ample et agréable. Disponible à la SAQ $ 17,95.

Merci à tous ces grands viticulteurs qui viennent de si loin pour nous faire déguster leurs créations, si pleines de surprises, de subtilité, et de délicieuses saveurs. Je recommande à mes amis de les essayer sans réticence et je sais qu’ils en seront comblés.

Roger Huet, amateur.
Club des Joyeux Retraités.