samedi 18 mai 2024
Roger Huet

Roger Huet

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...

dimanche, 30 octobre 2016 16:39

Pfaff passionnément Alsace

J’ai rencontré Frédéric Raynaud, Directeur Général de La Cave des Vignerons de Pfaffenheim, qui m’a accordé cette entrevue.

RH – Frédéric Raynaud, présentez-nous l’Alsace et son étonnante diversité de sols et de climats.

roger fredericraynaud
FRÉDÉRIC RAYNAUD – La plaine d’Alsace est une région de 190 kilomètres de long sur 50 kilomètres de large bordée à l’ouest par le massif montagneux des Vosges et à l’est par le Rhin. Cette zone de fracture du fossé rhénan est en fait une véritable mosaïque de terroirs: calcaire, granite, schiste, gneiss, grès, marne, ardoise, lœss... Le vignoble est protégé des pluies et des vents de l’ouest par les Vosges, la quantité moyenne des précipitations est ainsi la plus faible des vignobles de France. C’est une zone très adaptée à la culture de la vigne.

RH – La culture de la vigne et la production de vin ne datent pas d’hier.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – On estime que la culture de la vigne date de l’arrivée des Romains dans ce qui s’appelait à l’époque la Germanie Supérieure. Le stationnement des militaires romains qui consommaient des vins acheminés depuis l’Hispanie (l’Espagne) a stimulé les débuts de la viticulture, d’abord en Moselle, puis en Alsace. Mais la période de fort développement de la viticulture alsacienne date principalement du Moyen-Âge sous l’impulsion des ordres monastiques. Dès le 10e siècle, les vins « d’Aussey » comme ils étaient dénommés, étaient déjà exportés vers les pays nordiques. Cette période faste de la viticulture alsacienne a duré jusqu’au 16e siècle. À cette époque, le vignoble alsacien était deux fois plus grand qu’il ne l’est aujourd’hui. Avec la Guerre de Trente Ans (guerre de religions entre Monarchies Catholiques et Protestantes 1618-1648), le vignoble est pratiquement intégralement détruit. Il sera reconstruit à la fin du 18e siècle. L’Alsace va être annexée par l’Empire Allemand en 1871. Elle retourne au territoire français en 1918, mais sera à nouveau annexée par l’Allemagne Nazie en 1940, pour finalement redevenir française en 1945. Le vignoble va connaître des politiques de gestion différentes, des destructions également lors des périodes de guerre.

RH – L’Alsace se différencie des autres régions vinicoles françaises par ses cépages. Quels sont-ils?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Il est vrai que les cépages cultivés en Alsace ne se retrouvent dans aucun vignoble historique français, même si depuis quelques années les régions du Sud de la France s’essaient à la culture de certains de ces cépages avec plus ou moins de succès. On parle généralement des 7 cépages alsaciens qui sont: le Sylvaner, le Pinot Blanc, le Riesling, le Muscat, le Pinot Gris (anciennement Tokay ou Tokay pinot Gris), le Gewurztraminer et le Pinot Noir, mais il en existe d’autres qui sont couramment cultivés tels que le Chardonnay (interdit pour les vins tranquilles mais autorisé pour les Crémants d’Alsace), le Chasselas, l’Auxerrois (cépage très proche du Pinot Blanc) ou les variétés de Muscat (Muscat Ottonel, Muscat d’Alexandrie, encore appelé Muscat à petits Grains). Il y a donc en Alsace une grande diversité de cépages et de profils gustatifs.

RH – La diversité de ses terroirs et de ses cépages s’exprime à travers ses Appellations et ses Mentions.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Il y a tout d’abord l’appellation AOC Alsace, reconnue officiellement en 1962, celle que l’on trouve le plus fréquemment. Il y a ensuite l’appellation AOC Alsace Grand Cru qui se compose de 51 terroirs d’exception définis entre 1975 et 2011. En 2011, chaque terroir a obtenu l’AOC, il y a donc aujourd’hui 51 appellations AOC Grand Cru intégrant le nom du terroir. Pour les vins effervescents, l’appellation AOC Crémant d’Alsace a été définie en 1976.

À cela, se rajoute parfois des mentions telles que Vendanges Tardives ou Sélection de Grains Nobles qui bénéficie également de cahier de charges spécifiques.

En tenant compte des cépages, des appellations, des terroirs, des lieux-dits, des mentions, et des couleurs, ce sont près de 640 vins différents qui peuvent être produits en Alsace.

RH – Que sont les Lieux-dits?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – L’AOC Alsace peut être complétée par deux dénominations: « communales » ou « lieux-dits ». Il y a 14 noms de communes autorisés (exemple: Rouge d’Ottrott ou Côtes de Rouffach) et un grand nombre de noms de lieu-dit qui correspondent à des zones parcellaires au terroir homogène mais n’ayant pas tous les atouts d’un Grand Cru.

RH – De quel ordre est la production des vins d’Alsace et quelle est sa place dans la production française?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le vignoble alsacien s’étend sur 15 500 hectares. La récolte moyenne en Alsace est d’environ 1 100 000 hectolitres soit 110 millions de litres. C’est un des plus petits vignobles de France en termes de production devant les vignobles du Jura, de la Savoie et de la Corse. Le vignoble alsacien est très morcelé, la taille moyenne des exploitations est inférieure à 2 hectares. Cette situation est la conséquence de la Révolution Française de 1789 qui a morcelé les grands domaines de l’époque pour les revendre. Depuis cette époque, les familles propriétaires ont toujours mis un point d’honneur à conserver ce patrimoine viticole, et de ne pas le vendre lors des successions. Il y a donc très peu de possibilité d’agrandir les vignobles familiaux existants.

roger Vignes 05
RH – Comment est née la Cave coopérative des vignerons de Pfaffenheim et comment elle a évolué jusqu’à aujourd’hui?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – La Cave des vignerons de Pfaffenheim est née en 1956 de la volonté d’un petit groupe de viticulteurs de mettre en commun un outil de vinification et de conditionnement permettant de valoriser leurs récoltes. En 1968, la cave fusionne avec celle de Gueberschwihr, le village voisin. Ce sont alors une centaine de vignerons qui apportent leurs vendanges. Après des années 80 très difficiles pour la viticulture alsacienne, la Cave décide d’orienter sa stratégie sur la qualité de ses vins. À partir du milieu des années 90, la Cave des Vignerons de Pfaffenheim est considérée comme l’un des meilleurs producteurs de vins d’Alsace, ce qui lui permet de se développer sur des marchés à l’export, comme le Canada et notamment le Québec. D’ailleurs, Pfaff sera élu Meilleur Producteur 2014 par le Concours Sélections Mondiales des Vins du Canada, et Meilleur Producteur Français 2015 à la fois par l’International Wine & Spirit Competition de Londres et l’Austria Wine Challenge de Vienne.

En 1997, la Cave reprend la Maison Dopff & Irion avec les vins du Château de Riquewihr et du Clos Château d’Isenbourg. En 2003, un vendangeoir ultramoderne d’un montant de trois millions d’euros est mis en place afin de gagner encore en qualité. En 2017, plus de deux millions d’euros vont être investis dans une nouvelle ligne d’embouteillage sous gaz neutre qui va permettre d’accroître encore le potentiel qualitatif et aromatique des vins.

En 2013, la marque Pfaffenheim est devenue Pfaff. La règlementation européenne a en effet interdit l’utilisation des noms de village pour les vins, ceci pouvant induire en erreur les consommateurs qui pourraient penser qu’il s’agit d’une appellation d’origine. Nous avons donc dû changer notre marque ce qui n’est pas aisé quand vous avez communiqué et investi pendant près de cinquante ans sur une marque comme Pfaffenheim. Nous avons finalement opté pour Pfaff, qui reste proche de Pfaffenheim, et c’est plus facile à prononcer.

RH – Il y a une philosophie vinicole de La Cave des Vignerons de Pfaffenheim qui a donné des résultats probants.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Tout est basé sur le respect du produit et l’implication des vignerons; nous n’avons pas de technicien viticole, c’est une commission de vignerons qui décide des axes et contrôle la bonne application des cahiers des charges viticoles. La quasi-totalité des raisins sont vendangés manuellement, et les vignerons doivent faire en sorte d’apporter des raisins parfaitement sains avec le niveau de maturité attendu par le Maître de chai. La vendange manuelle permet justement de faire ce tri directement dans la vigne. En fait, la Cave fonctionne comme une grande famille.

RH – Quels sont les cépages que cultivent vos membres?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Tous les cépages autorisés en Alsace sont représentés chez nos adhérents. Les cépages principaux sont le Riesling, le Gewurztraminer, le Pinot Blanc et le Pinot Gris qui représentent à eux quatre plus de 75% de la production. Ils sont complétés par du Sylvaner, du Muscat, du Pinot Noir, du Chardonnay et un peu de Chasselas.

RH – Quel est le type d’agriculture recommandé par la Coopérative?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Nous demandons à nos vignerons de respecter le produit et la nature. Nous les poussons ainsi à utiliser le moins possible des produits phytosanitaires, et uniquement quand cela est vraiment nécessaire. Nous sommes actuellement dans une réflexion sur les moyens de mettre en place une véritable agriculture raisonnée et durable sur l’ensemble du vignoble.

RH – Comment sont organisées les vendanges.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Tout d’abord, un planning de récolte en fonction de la maturité de chaque cépage et du type de produit ciblé est mis en place avec au maximum 2 cépages différents autorisés sur une même journée. Cela permet d’affecter 5 pressoirs pneumatiques par cépage. Chaque apport est contrôlé et un code qualitatif A, B ou C lui est affecté. Les raisins sont alors regroupés par qualité dans un pressoir correspondant. Le planning est modifiable en fonction de l’avancée du mûrissement des raisins et des aléas de la météo.

Les équipes en charge de la vinification, renforcées par une trentaine de travailleurs saisonniers, travaillent en équipe par rotation, la cave fonctionnant ainsi 24 heures sur 24 pendant 4 à 5 semaines.

Les vendangeurs sont gérés directement par les vignerons qui se chargent également du transport des raisins à la cave.

Tout cela se complique quand il y a un risque d’altération de la vendange sur les vignes, ou quand il y a beaucoup de pluie, auquel cas il faut rentrer la vendange le plus rapidement possible, ce qui n’est pas toujours aisé.

RH – Dans la complexité et la variété des vins que vous produisez, la vinification doit-être un véritable casse-tête.

roger Cuves inox Pfaffenheim 01
FRÉDÉRIC RAYNAUD – Jean-François Kueny, notre Maître de chai, essaie de vinifier le maximum de petits lots en s’appuyant sur des sélections parcellaires. Cela lui permet ensuite soit d’isoler ces lots pour des cuvées spécifiques, soit de faire des assemblages à partir de plusieurs lots, en fonction des qualités de chaque lot de départ. En fait, plus vous avez de diversité dans les lots vinifiés, plus le potentiel d’assemblage qualitatif est important.

Cela nécessite un grand nombre de cuves de différentes tailles, et effectivement un peu plus de travail. Mais c’est à ce prix que l’on peut créer des vins de haute qualité.

RH – La Cave coopérative des vignerons de Pfaffenheim est particulièrement fière de ses Grands Crus.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Il est vrai que nous avons la chance d’avoir quatre grands crus d’exception: Steinert, Goldert, Hatschbourg et Zinnkoepflé, pratiquement tous avec les trois cépages Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer. Chacun a sa personnalité et ses atouts, ce qui permet de proposer des profils organoleptiques très différents. Ce sont des vins qui sont régulièrement récompensés dans les grands concours internationaux.

RH – Vous avez de très belles gammes de vins, voulez-vous nous les présenter?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Nous avons, en effet, plusieurs gammes de vins.

La gamme Tradition (étiquette rouge) est une gamme qui exprime les caractéristiques aromatiques de chacun des sept cépages.

La gamme Cuvée est une sélection de parcelles et de cuvée. Elle propose une version plus « gastronomique » des sept cépages alsaciens, avec une plus grande complexité aromatique.

Nous avons également créé une gamme de vins issus de l’assemblage de différents grands crus sous le nom de Steingold. L’objectif est d’apporter pour un cépage donné une complexité par la combinaison de différents terroirs. Il existe 4 vins dans cette gamme: Riesling, Pinot Gris, Muscat et Gewurztraminer. L’assemblage de ces cépages au sein d’un même Grand Cru nous fait perdre l’appellation Grand Cru, mais les conditions de production sont bien celles d’un Grand Cru.

Nous avons ensuite une gamme des Grands Crus sur 4 terroirs différents (Steinert, Goldert, Zinnkoepflé et Hatschbourg) avec les trois cépages Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer.

Nous avons également créé une gamme de vins que nous appelons « spécialités » dans laquelle on retrouve le fameux Black Tie, mais également d’autres vins très concentrés et travaillés tels que le Pinot Noir La Griffe du Diable qui est élaboré à partir de faible rendement et bénéficie d’un élevage en fût de chêne, ou le Gewurztraminer Ancestrum qui est obtenu à partir de raisins récoltés trois semaines après les autres Gewurztraminers.

Enfin, nous avons une gamme de cinq Crémants d’Alsace dont un rosé.

Nous travaillons en permanence sur la recherche de nouveaux produits, en particulier sur le segment premium.

RH – De quel ordre de grandeur est votre production et quelle est la place du Canada et du Québec dans votre marché d’exportation?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Nous produisons au total l’équivalent de 250 000 caisses par an (3 000 000 de bouteilles). Nous exportons chaque année au Canada, et principalement au Québec, environ 50 000 caisses, soit 20% de notre production.

RH – Vous avez apporté 5 produits pour déguster. Ils représentent la typicité de votre gamme. Dans quel ordre voulez-vous procéder?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – En dégustation, il est toujours préférable d’aller des vins les plus secs aux vins les plus sucrés. Je vous propose de suivre cet ordre pour notre dégustation.

RH – Nous débouchons le Pinot Blanc Tradition Pfaff 2015, 12,5o d’alcool.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Pinot Blanc est un vin sec, mais avec une certaine rondeur en fin de bouche qui est amenée par les 6 grammes de sucres résiduels qui viennent équilibrer l’acidité naturelle. C’est le premier cépage qui est récolté chaque année. Une importante partie des Pinot Blanc est d’ailleurs utilisée pour l’élaboration des Crémants d’Alsace.

roger Pinot Blanc Tradition CAV ss mill

RH – Robe jaune pâle, avec de légers reflets verts, limpide et brillante. Bouquet délicat et tout en nuances, de pêche, de pomme, d’abricot, de miel et de fleur d’oranger.

L’attaque en bouche est franche, mais possède un fondu agréable avec des arômes de pêche jaune et de mirabelle. Harmonieux et à la fois croquant, frais, et tendre, avec de subtiles notes grillées. Une longue fin de bouche charmeuse et rafraîchissante, avec une touche gourmande de noisette, de réglisse et de fumé.

Quels mariages nous proposez-vous pour ce vin et à quelle température doit-on le servir au repas?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Pinot Blanc est un cépage intéressant car il donne des vins qui se marient avec énormément de plats. Il est très souvent utilisé pour les buffets ou les brunchs, ce qui ne l’empêche pas d’être très agréable sans accompagnement. Vous pouvez le boire avec des poissons, avec une assiette de charcuterie, avec des pâtes, des quiches ou des tourtes à la viande. Il est également parfait en accompagnement des asperges. C’est un vin qui doit être servi à une température entre 10 et 12°C.

RH – Combien de temps est-ce qu’il peut se conserver en cave?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Pinot Blanc n’est pas un vin de garde, même si j’ai déjà été surpris par la tenue de quelques vieilles bouteilles qui avaient plus de trente ans. C’est un vin à boire dans le deux ou trois ans si l’on veut toujours bénéficier de sa fraîcheur.

Le Pinot Blanc Tradition Pfaff (millésime 2014), est vendu à la Société des alcools du Québec, code 11459677. Prix 15,95$.

RH – Nous débouchons maintenant le Riesling Cuvée Jupiter Pfaff 2015, 12,5o d’alcool.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Riesling est le cépage emblématique de l’Alsace. C’est un vin sec, très aromatique qui présente toujours une grande élégance. Ce n’est pas un cépage facile à cultiver. Il craint les fortes chaleurs qui peuvent bloquer son mûrissement mais il lui faut cependant un bon ensoleillement. Le Riesling Cuvée Jupiter est issu de sélections de parcelles et cuvées par nos œnologues, pour obtenir des vins avec une certaine complexité aromatique. Du fait du potentiel acidique du cépage, nous laissons toujours un peu de sucre résiduel dans les Rieslings, de l’ordre de 5 à 6 grammes, ce qui permet d’arrondir la fin de bouche, et de ne pas avoir de notes acides. Mais, on ne ressent absolument pas le goût sucré, contrairement par exemple aux Rieslings américains.

roger jupiter
RH – Robe jaune pâle, brillante, avec des reflets verts. Riche bouquet de fleurs de tilleul et de chèvrefeuille, un peu de citronnelle, et de l’or des bois. Viennent ensuite des notes de citron, de pamplemousse rose, ainsi que de poire compotée; un soupçon de cumin, de réglisse et de cannelle, et de la minéralité.

En bouche l’attaque est vive, racée, élégante, beaucoup d’ampleur en milieu de bouche, avec un large éventail d’arômes de fleurs blanches ; une minéralité très présente. Une longue finale fraîche, très plaisir.

Quels mariages nous proposez-vous pour ce vin et à quelle température doit-on le servir pendant un repas?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Riesling est un vin qui s’associe parfaitement avec les poissons et les fruits de mer, mais également avec des viandes blanches ou des volailles. J’ai dernièrement mangé dans une winstub alsacienne, un délicieux coq aux riesling et morilles cuit en croûte, accompagné du Riesling Cuvée Jupiter!

C’est également un vin qui accompagne parfaitement les sushis, sashimis, ainsi que les poissons fumés.

RH – Combien de temps peut-il se conserver en cave?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Un Riesling peut se conserver de nombreuses années à condition que sa structure acide soit suffisamment solide. Nous avons dégusté récemment des Rieslings des années cinquante qui présentaient toujours une belle fraîcheur et une puissance aromatique étonnante. En vieillissant, les Rieslings présentent de très fortes notes minérales avec des arômes de cire, de pierre à fusil, voire de pétrole. Leur robe devient alors d’un jaune or foncé.

Le Riesling Cuvée Jupiter Pfaff (millésime 2014), est vendu à la Société des alcools du Québec, code 00914424. Prix 18,95$.

RH – Nous débouchons maintenant le Riesling/Pinot Gris Black Tie 2015, 12,5o d’alcool.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – La cave des Vignerons de Pfaffenheim a toujours cherché à conjuguer tradition et innovation. Ainsi au début des années deux mille, nous avons créé un assemblage de deux cépages, le Riesling et le Pinot Gris. Autant vous dire que cela n’a pas été bien perçu dans le vignoble, beaucoup considérant que le vin d’Alsace est par essence mono-cépage. Pourtant avant les années quarante, la plupart des vins étaient issus d’un assemblage de nombreux cépages, les vignobles étant eux-mêmes, pour la plupart, plantés avec différents cépages sur une même parcelle.

La proportion des deux cépages du Black Tie varie d’une année sur l’autre entre 45 et 55%, en fonction de la maturité de chaque cépage de façon à reproduire sur chaque millésime le même style de produit.

Pour la petite histoire, Black Tie a été servi au dîner de gala de la remise du prix Nobel de la Paix 2006 à Oslo en présence de Sharon Stone.

roger Black Tie by Pfaff

RH – Robe or pâle, brillante, avec des reflets verts. Bouquet charmeur avec des notes de miel, d’abricot, d’agrumes frais, de citron confit, d’écorces d’orange, de kiwi, d’ananas et d’épices douces où se dégagent la cannelle, le cumin et la cardamone.

Attaque ample avec beaucoup de fraîcheur; beaucoup d’élégance et de finesse, une belle matière aromatique sur les agrumes et l’ananas, une belle fraicheur également. Un vin harmonieux, à la fois charnu, et avec une petite pointe de minéralité. Une longue finale, fruitée et gourmande.

Quels mariages nous proposez-vous pour ce vin et à quelle température doit-on le servir pendant un repas?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Comme la plupart des vins d’Alsace, Black Tie doit être servi à une température comprise entre 10 et 12°C. C’est un vin qui s’associe très bien avec des fruits de mer en tartare ou en carpaccio, avec des cuisines de type «Asian Fusion» ou des cuisines modernes et inventives. Il se marie notamment à la perfection avec les sushis et sashimis.

RH – Combien de temps peut-on le garder en cave?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Black Tie est un vin qui se comporte assez bien lors du vieillissement grâce à la vivacité du Riesling. Je préconise cependant de ne pas dépasser les cinq ans de vieillissement. C’est un vin qui est élaboré dans une optique de consommation sur sa fraîcheur, et non pour être conservé en cave de longues années.

Le Riesling/Pinot Gris Black Tie est vendu à la Société des alcools du Québec, code 11469621. Prix 19,95$ au rayon Spécialités.

RH – Nous débouchons maintenant le Gewurztraminer Cuvée Bacchus Pfaff 2014.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Gewurztraminer est un cépage dit aromatique qui se caractérise notamment par des parfums de rose et de litchi. Son nom vient du village de Traminer dans le Haut-Adige d’où il est originaire. Il a été implanté en Alsace où les terroirs ont exacerbé son côté épicé. Son nom est alors devenu Gewurztraminer, ce qui veut dire en dialecte alsacien « Traminer épicé ». Aujourd’hui, on trouve du Gewurztraminer dans le monde entier mais c’est sur le terroir alsacien qu’il s’exprime avec autant de complexité et d’élégance.

roger gewer
RH – Robe jaune aux reflets dorés, brillante et limpide. Bouquet intense et complexe d’épices d’abord, où prédominent le poivre blanc et la noix de muscade; vient ensuite un feu d’artifice de fruits exotiques: litchis, fruits de la passion, ananas, mangues, un peu d’agrumes et un délicieux parfum de rose.

Puissant en bouche, exubérant même, et plein de fraîcheur. Une matière dense, fruitée et épicée, intense mais en même temps harmonieuse. Une longue finale avec une grande persistance aromatique.

Avec quels mets pourrions-nous le déguster et à quelle température il faut le servir?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Historiquement, il était habituel de conseiller le Gewurztraminer sur du foie gras ou sur certains desserts, ce qui réduit tout de même les opportunités de consommation. Fort heureusement, la mondialisation, qui a parfois aussi du bon, a permis la diffusion de cuisine asiatique, indienne, sud-américaine. Hors, le Gewurztraminer est un des rares vins à pouvoir soutenir les cuisines épicées et les cuisines sucrées-salées. C’est également un vin qui sublime certains fromages forts comme les bleus, ou un vieux Cheddar ou encore un Munster, le célèbre fromage alsacien.

Pour ouvrir de nouveaux moments de consommation et surfer sur la vague des cocktails, nous venons de créer également, avec la participation de Fanny Gauthier d’Ateliers et Saveurs, deux cocktails à base de Gewurztraminer Pfaff Tonic et Pfaff me Up qui ont été présentés en avant-première lors de l’édition 2016 du Festival Mode et Design.

Pour la température de service, nous conseillons aux alentours de 10°C.

RH – Quel est son temps de garde en cave?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Gewurztraminer est un cépage qui supporte très bien le vieillissement. La Cuvée Bacchus Pfaff pourra se garder sans problème une dizaine d’années. Il faut savoir qu’avec le vieillissement, le côté sucré du vin disparaît peu à peu. Un vieux Gewurztraminer sera donc plutôt sec.

Le Gewurztraminer Cuvée Bacchus Pfaff (millésime 2013), est vendu à la Société des alcools du Québec, code 00197228. Prix 19,95$.

RH – Nous débouchons pour terminer le Pinot Gris Grand Cru Steinert Pfaff 2011, 13,5o d’alcool.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Le Grand Cru Steinert est situé sur la colline surplombant le village de Pfaffenheim. C’est un terroir principalement calcaire au sol très sec et filtrant, exposé plein Est. La superficie totale de ce Grand cru est de 38,90 hectares. La Cave des Vignerons de Pfaffenheim contrôle plus de 10 hectares de ce Grand Cru dont presque 5 hectares plantés en Pinot Gris.

On y trouve des parcelles de Gewurztraminer, de Pinot Gris et de Riesling.

2011 a été un millésime très précoce avec des vendanges qui ont démarré pour les Grands Crus, début septembre. L’état sanitaire des raisins était exceptionnel, et l’on a pu organiser les vendanges sans se soucier des risques de pourriture ou de la pluie. Les potentiels aromatiques et les concentrations en sucre étaient très importants, ce qui a donné un millésime assez difficile à vinifier, pour obtenir un bon équilibre acidité-sucre-alcool.

roger Pinot Gris Steinhert
RH – Robe jaune or intense, d’une belle brillance. Bouquet tout en nuances et d’une grande complexité. On perçoit tout d’abord des fleurs des champs, du musc, de l’abricot; un peu de miel et de la cire d’abeille, du pain d’épices, des fruits secs, avec des notes fumées.

Ample en bouche, d’une grande finesse, mais avec beaucoup de puissance ; charnu et gras avec une légère pointe d’acidité. Une finale longue et bien équilibrée ou la fraîcheur vient tempérer sa rondeur.

Avec quels mets pourrions-nous le déguster et à quelle température faut-il le servir?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – C’est un vin qui peut remplacer un vin rouge. Il s’associe parfaitement avec des plats en sauce tels que les viandes blanches et les volailles, les gibiers, ainsi que des poissons. Il est également parfait avec des champignons. C’est un vin gastronomique, il lui faut donc des plats assez relevés en goût.

RH – Quel est son temps de garde en cave?

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Sur ce millésime, s’il est bien conservé, c’est un vin qui peut vieillir sans problème 15 à 20 ans.

Le Pinot Gris Grand Cru Steinert est vendu à la Société des alcools du Québec, code 00729616. Prix 28$, au rayon Spécialités.

RH – Merci de m’avoir accordé cette entrevue Frédéric Raynaud.

FRÉDÉRIC RAYNAUD – Cher Roger, c’est moi qui vous remercie et j’espère avoir répondu aux nombreuses questions que vos lecteurs peuvent se poser à propos des vins d’Alsace et notamment des vins Pfaff de la Cave des Vignerons de Pfaffenheim.

Liens:

Cave des Vignerons Pfaffenheim

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Directeur Général

Représentés au Québec par Vins Philippe Dandurand

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Coordonatrice marketing
Tél.: 514 932-2626, poste 296

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Chef de marques
Tél.: 514 932-2626, poste 316

Roger Huet
Chroniqueur vins et spiritueux
Président du Club des Joyeux
SamyRabbat.com 
LaMetropole.com

 

jeudi, 03 novembre 2016 06:14

Errazuriz, la belle qualité artisanale

Errazuriz est une des plus prestigieuses maisons productrices de vin du Chili. Elle est a été fondée en 1870 par Maximiano Errazuriz. Elle est dirigée par Edwardo Chadwick, qui a implanté l’agriculture durable dans tous ses vignobles, et a atteint la qualité internationale pour tous ses vins.

La Maison est située dans la vallée de l’Aconcagua, au nord de Santiago, où sont cultivés 80% de leurs raisins. On y produit 8 millions de bouteilles sur quelque 25 types de vins. La production est essentiellement artisanale et se trouve dans une assiette qui va de 50 000 à 600 000 bouteilles par étiquette.

J’ai dégusté le Max Reserva Chardonnay 2015, 100% Chardonnay, 13,5o d’alcool. Le nom de Max lui a été donné en l’honneur du fondateur.

Le raisin est cultivé tout au long de la Vallée, en climat frais et sur des sols schisteux. Vendanges manuelles, décantation du moût en acier inoxydable, fermentation en barriques de chêne français. Fermentation malolactique de 70% du vin. Élevage en barrique avec les lies pendant 10 mois.

roger Max Reserva Chardonnay 2015
Robe or pâle, avec des reflets verts. Arômes de fleurs d’acacia et de tilleul, et une explosion d’agrumes: mandarine, pamplemousse rose, un peu d’ananas et de papaye.

En bouche c’est un vin frais, fruité, avec des notes d’amande grillée. Une bonne persistance et une finale longue et soyeuse.

Ce vin est idéal avec les huitres à cause de sa fraîcheur. Délicieux également avec les fruits de mer, et avec les poissons en sauce, très bon avec les fromages de chèvre. On doit le servir à 9 oC.

Max Reserva Chardonnay est disponible à la SAQ, code 902916. Prix 16,95$.

J’ai ensuite dégusté l’Aconcagua Costa Pinot Noir 2015, 100% Pinot Noir, 13,5o d’alcool.

Le raisin est cultivé dans le vignoble de Manzanar à Aconcagua Costa, qui est à 12 km du bord de mer. C’est un vignoble de climat froid, recouvert de brouillard le matin et ensoleillé le reste de la journée.

Le raisin a été vendangé à la main. Macération à froid, fermentation en cuves inox ouvertes, élevage de 11 mois en fûts de chêne français.

roger Aconcagua Costa Pinot Noir 2015
Robe couleur cerise. Bouquet de violette et de rose rouge, de fruits rouges également à prédominance cerise. On perçoit des notes de garrigue et un mélange de champignons et de terre mouillée, avec un peu de fumée et de minéralité.

En bouche c’est un vin généreux, complexe, avec une bonne acidité, des tanins ronds, une belle matière fruitée, beaucoup d’élégance et d’harmonie. Une finale gourmande et pleine de fraicheur.

Ce Pinot Noir se prend en apéritif avec les plateaux de viandes froides et des fromages. Il se marie à la perfection avec le bœuf rôti, mais aussi avec la volaille et le porc, très bon avec les pâtes. On doit le servir à 16 oC.

Errazuriz Aconcagua Costa Pinot Noir 2015 est disponible à la SAQ, code 12611036. Prix 24,95$.

Liens :

Errazuriz

Marta Bonomo, ambassadrice de marques
chadwickwines.cl
Tél.: 514 560-4014

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Roger Huet
Chroniqueur vins et spiritueux
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lundi, 07 novembre 2016 07:04

La Festa del Vino Italiano

Le 2 novembre, la Dégustation du vin italien au Marché Bonsecours a été mémorable! Quatre-vingt-dix-neuf producteurs venus exprès d’Italie, nous apportaient 500 vins à déguster de 14 régions différentes.

Le Chianti était à l’honneur, mais le Piémont, la Vénétie, les Abruzzes, les Marches, la Sicile, la Sardaigne, nous apportaient également ce qu’ils avaient de meilleur: blancs, rouges, rosés, pétillants de toutes sortes, grappa. Aucun vin médiocre, tout était bon!

L’Italie sait recevoir, le buffet italien préparé par Jérôme Ferrer était à la hauteur de nos envies, les plateaux circulaient inlassablement.

La fête du vin la plus charmante de l’année? Oui! Et toujours des découvertes extraordinaires.

Merci amis vignerons italiens! On vous attend l’année prochaine! Nous allons boire à votre santé toute l’année!

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Liens : 

Délégation Commerciale d’Italie - Bureau de Montréal 

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Roger Huet
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Lire la suite...Add CE Form ID de l'article: 6541 Etat Publié Clics 362 Réinitialiser Révisé 4 fois Créé Lundi, 07 Novembre 2016 07:04 Dernière modification Lundi, 07 Novembre 2016 07:15 Paramètres - Article Auteur Pseudo de l'auteur Roger Huet Niveau d'accès Date de création 2016-11-07 07:04:30 calendar Début de publication 2016-11-07 07:04:30 calendar Fin de publication Jamais calendar Paramètres - Avancés Informations des méta-données AccèsWeb repose sur le logiciel libreJoomla!.

mercredi, 09 novembre 2016 07:29

Vinha Grande fait danser les papilles

Casa Ferreirinha est une des plus célèbres maisons vinicoles du Douro (Portugal). Elle a été fondée au XVIIIe siècle par Bernardo Ferreira et a été largement influencée par sa petite fille Dona Antónia Adelaide Ferreira, qu’on appelait familièrement la "Ferreirinha", la petite Ferreira.

Donna Antonia a été deux fois veuve, mais elle avait suffisamment de caractère et de sens des affaires pour faire prospérer son domaine. Elle a ouvert des marchés et mené sa marque à un niveau de qualité admirable, grâce à l’introduction d’équipement très moderne pour l’époque.

Casa Ferreirinha a su maintenir cet esprit familial et qualitatif jusqu’au début du XXIe siècle. Elle est passée aux mains du groupe Sogrape en 2001, qui lui a apporté la force de ses capitaux, ses techniques ultramodernes de vinification et lui a ouvert les marchés internationaux.

J’ai dégusté le Casa Ferreirinha Vinha Grande DOC Douro 2013, un assemblage très portugais de Touriga Nacional 35%, Touriga Franca 30%, Tinta Roriz 20% et Tinta Barroca 15%, 13,5 degrés d’alcool.

Le vin a vieilli en fûts de chêne pendant un an, sous la surveillance de l’œnologue Luis Sottomayor.

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Robe rouge prune, intense. Bouquet de violette, de fraise et de framboise; des notes épicées de poivre, de cardamone, de cannelle, de graines de coriandre, un peu de vanille et un boisé discret.

Ample en bouche, avec une excellente masse fruitée, beaucoup d’harmonie entre l’acidité, les tanins qui sont ronds et l’alcool. Une minéralité discrète mais qui apporte beaucoup d’élégance. Une longue finale avec un petit goût épicé très gourmand.

Ce vin est idéal pour les viandes, autant rouges que blanches, excellent avec les champignons, avec les pâtes, et avec les fromages. On doit le servir à 17 oC.

Casa Ferreirinha Vinha Grande 2013 est disponible à la SAQ code 00865329. Prix 19,30$.

Liens :

Casa Ferreirinha Sogrape Vinhos

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vendredi, 11 novembre 2016 07:44

Le superbe Masi Brolo Campofiorin Oro

L’histoire de Masi Agricola est celle de la famille Boscaini, de la Vénétie. Elle commence dans la petite vallée de Masi, près de Valpolicella, vers la fin du 18e siècle.

Avec beaucoup de patience, les Boscaini ont réussi à acquérir des terroirs de premier ordre dans toute la Vénétie. Dans les années soixante-dix, ils ont collaboré avec le domaine des Comtes Serego Alighieri, descendants du poète Dante, et avec le Comte Bossi Fedrigotti, qui a largement contribué au succès de la viticulture traditionnelle de la Vénétie. Aujourd’hui, ils ont aussi de grands vignobles en Argentine.

Les Boscaini sont profondément ancrés dans les traditions familiales. Le président, Sandro Boscaini, est la 7e génération. Il est secondé par sa fille Alessandra en charge des ventes et de la gestion; son fils Raphaël est le directeur commercial et coordinateur technique, et son frère Bruno occupe le poste de directeur de la production.

Ils défendent le patrimoine historique de la Vénétie basé sur la terre, les raisins indigènes et les techniques traditionnelles de vinification. Ils ont une expertise dans l’Appassimento ou passerillage, qui permet de concentrer les arômes et les saveurs. Masi produit la gamme la plus large d’Amarone et se trouve en position de leader sur le marché international. Leurs vins sont majestueux.

J’ai dégusté le Masi Brolo Campofiorin Oro 2012 IGT Rosso Verona, 80% Corvina et 20% Rondinella, 14% d’alcool.

Depuis 1964, le Masi Brolo Campofiorin Oro est reconnu comme un Super-vénitien Masi original. Les vignobles se trouvent sur un terroir vallonné alluvial et calcaire entouré de murs, parce que brolo est l’équivalent du clos bourguignon. La sélection particulière du Campofiorin résume la personnalité indigène du vin de la région de Vérone. À la base, il y a le cépage Corvina et les techniques de Massi de séchage et de double fermentation. Le vin est élevé dans de petits fûts de chêne.

roger Masi Brolo Campofiorin

Robe rubis intense. Bouquet de cerise rouge, de prune, de cèdre, de tabac, d’épices et de vanille. Ample en bouche, généreusement fruité, boisé, sec, riche en fruits compotés, velouté, complexe, des tanins virils et à la fois élégants et charnus. Une finale soutenue et intense.

C’est un vin de gastronomie, idéal pour accompagner les viandes rouges, et tout particulièrement le gibier, mais aussi la volaille, le canard de Pékin, la poularde et les cailles. Il est aussi délicieux avec les pâtes à l’italienne, avec le risotto et avec les fromages à pâte ferme. Il faut le servir à 18 °C et il est meilleur lorsqu’on le laisse reposer en carafe 30 minutes avant le service.

Il a une espérance de garde en cave jusqu’en 2023.

Le Masi Brolo Campofiorin Oro est disponible à la SAQ, code 11836364. Prix 26,95$.

Liens :

Masi Agricola

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lundi, 14 novembre 2016 07:44

Le vin sublime du Château de Ricaud

Le Château de Ricaud se trouve au sud de Bordeaux, près de Cadillac. Le vieux château du quinzième siècle a été détruit par les ducs d’Épernon en 1650, pendant La Fronde.

Il a été reconstruit par François de Fleurier dès 1674, et remanié par l’architecte Alphonse Blaquière dans un style néo-gothique en 1865. Après le phylloxéra, le vignoble a été rebâti en 1882 par William Wells et son fils Maurice. Ils ont produit des vins de Loupiac remarquables.

Le Château de Ricaud a un terroir exceptionnel d’un seul tenant, au cœur d’un cirque naturel. Il se déploie sur des magnifiques coteaux qui bénéficient d’un drainage naturel et d’une exposition idéale.

Maurice Wells décède en 1954 et la propriété rentre dans une période de dormance pendant 30 ans. Un jour, Alain Thienot, le puissant producteur champenois, tombe sous le charme d’un vin de Loupiac 1929 dégusté dans un grand restaurant parisien. Séduit par le potentiel qualitatif et par la beauté architecturale du Château, il en fait l’acquisition en 1980. Il le confiera à la maison de négoce et de production Dourthe, qu’il acquiert en 2007. «Un plan de restructuration est mis en place avec l’ambition de faire du domaine la référence en Loupiac et de créer un Côtes de Bordeaux digne des plus grands », explique son actuel président, Patrick Jestin.

Une cartographie très détaillée des sols et des sous-sols leur a permis d’étudier avec précision la diversité de terroirs dans l’appellation Cadillac, avec une cinquantaine de profils bien distincts. Le vignoble a été totalement repensé: 45 hectares ont été arrachés, et 31 hectares replantés avec une parfaite adaptation des cépages et des porte-greffes.

Le vignoble est géré depuis 1995 selon les principes de la production intégrée, dans le respect de l’équilibre entre le vignoble et son environnement. Les travaux viticoles sont adaptés à chaque parcelle.

Des investissements importants ont été apportés au chai. Les cuves inox sont maintenant thermorégulées et suffisamment nombreuses pour permettre des vinifications en lots séparés qui respectent la typicité de chaque parcelle. Pour une meilleure extraction des vins, le choix s’est porté sur des cuves de 175 hl, plus larges que hautes.

Un élevage de 12 mois en barriques vient apporter plus de structure tannique et de nouveaux arômes de vanille et de fumé.

J’ai dégusté le Château de Ricaud Cadillac Côtes de Bordeaux 2012, 87% Merlot, 9% Cabernet Sauvignon, 2% Cabernet Franc, 2% Petit Verdot, 13,5 degrés d’alcool. Il est unanimement célébré comme un Grand Vin.

roger grand vin chateau ricaud cadillac cotes bordeaux 2012

Robe rouge foncé avec des reflets violets. Nez structuré et complexe. Des parfums de cassis, de mûre, de cerise, de prune et des notes de sous-bois: champignons, romarin, thym, des épices aussi, et un boisé discret. Une bouche harmonieuse, charnue, où l’on retrouve les fruits perçus au nez, une onctuosité charnue, des tanins très bien fondus, une finale suave et d’une longueur remarquable. Un vin d’une très grande élégance, qui sera de longue garde.

Ce vin gourmand est le parfait compagnon des viandes au four et à la braise: bœuf, agneau, cerf, bison, sanglier. Excellent également avec un plateau de fromages.

Le Château de Ricaud Cadillac Côtes de Bordeaux 2012 est disponible à la SAQ. Code 1155690. Prix 20,95$

Liens :

Château de Ricaud 

Dourthe 

Bertrand Lathiere, directeur Export Canada – États-Unis
Thiénot Bordeaux - Champagnes
Cell.: 438 404-1183

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Roger Huet
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mercredi, 16 novembre 2016 09:10

Les vins de KWV d’Afrique du Sud

La KWV est une ancienne coopérative de viticulteurs née au début du vingtième siècle en Afrique du Sud. Elle a exercé un quasi-monopole sur l’industrie de la vigne et du vin dans ce pays jusqu’à la fin de l’apartheid.

Elle s’est convertie en entreprise privée et a aujourd’hui encore un poids considérable. Son siège social se trouve dans la ville de Paarl, centre d’une grande région vinicole. La KWV a comme slogan «Proud pioneers».

J’ai dégusté le KWV Cathedral Cellar Cabernet Sauvignon 2014, Appellation Western Cape, Afrique du Sud, 14 degrés d’alcool.

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Robe rouge foncé intense. Bouquet de cerise noire, d’épices de cèdre, de moka, de vanille, de réglisse. Un peu de cassis et de chocolat.

En bouche c’est un vin puissant, concentré, généreux, avec une structure tannique virile mais avec de la finesse et de l’élégance. Un vin où les tanins, l’alcool et l’acidité sont harmonieux. Ses arômes son très gourmands. Il se termine dans une longue finale charmeuse.

Ce Cabernet Sauvignon est un excellent compagnon avec les mets mijotés, les fricassées, les ragoûts, surtout s’ils sont accompagnés de champignons. Magnifique avec des fromages à pâte molle. On doit le servir à 17 oC. On peut le conserver en cellier jusqu’en 2019.

Le KWV Cathedral Cellar Cabernet Sauvignon est disponible à la SAQ, code 00328567. Prix 18,95$.

J’ai ensuite dégusté le KWV Cathedral Cellar Shiraz 2014, Appellation Western Cape, Afrique du Sud, 13,94 degrés d’alcool.

Ce vin a séjourné entre 14 et 16 mois en fûts. 40% de l’assemblage a vieilli en fûts neufs, et le reste en fûts de second et troisième usage. Le bois utilisé est à 95% français et 5% américain.

roger Cathedral Cellar Shiraz

Robe rouge sombre à reflets bleutés. Bouquet complexe de mûre, de cassis, de myrtille et de violette. Un peu d’épices douces: poivre blanc, cannelle, clou de girofle et graine de coriandre.

En bouche c’est un vin ample, avec des tanins très fins, l’alcool et l’acidité bien fondus, avec une grande complexité aromatique. Une finale longue, fruitée et épicée.

Un vin parfait pour accompagner les viandes et surtout le bœuf, le gros gibier et l’agneau. Il est bon également avec les pâtes et avec les fromages. On doit le servir à 16 oC. On peut le conserver en cellier jusqu’en 2020.

Le KWV Cathedral Cellar Shiraz est disponible à la SAQ, code 00902429. Prix 18,95$.

Liens :

KWV Holdings Ltd  

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Roger Huet
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lundi, 11 juillet 2011 20:29

La Bourgogne des topazes et des rubis

jean franois curie

J’ai rencontré Jean-François Curie, directeur commercial de la célèbre Maison Joseph Drouhin de la Bourgogne.

R.H. – La maison Joseph Drouhin vieille de 130 ans est une des plus grosses de la Bourgogne avec 73 hectares qui sont réparties sur l’ensemble de la région.
J.F.C. – On essaye dans la maison de couvrir toutes les appellations de la Bourgogne, au nord à Chablis avec 38 hectares en passant par la Côte de Nuits et la Côte de Beaune où nous avons 37 hectares également, et enfin un tout petit domaine à Rully en Côte Chalonnaise de 3 hectares et l’ensemble représente, 90 pour cent de Premiers Crus et Grands Crus.

bourgogne carte

R.H. – Votre maison travaille sur une énorme quantité d’appellations.
J.F.C. – Une des spécificités de la Bourgogne et de la Maison Drouhin également c’est que c’est toute une mosaïque d’appellations. Nous produisons 90 vins différents donc de 90 parcelles différentes ; parfois de petites quantités, un, deux ou trois fûts dans certains cas, en particulier les grands crus, mais c’est pour proposer à nos amateurs et à nos consommateurs, une découverte du terroir bourguignon dans toutes les nuances de l’authenticité bourguignonne.

R.H. – Malgré la grande quantité d’appellations et de terroirs, vous ne cultivez, je crois, que les deux cépages principaux de la Bourgogne, le Chardonnay pour les blancs et le Pinot Noir pour les rouges et vous pratiquez la culture biologique.
J.F.C. – En ce qui concerne les cépages c’est bien sûr Chardonnay Pinot Noir puisque ce sont les cépages natifs de la Bourgogne. Nous avons également une toute petite production de Bourgogne Aligoté qui est aussi un cépage typiquement bourguignon, dans une production assez faible, mais également qualitative.

En ce qui concerne la culture biologique nous avons démarré cette pratique dans les années quatre-vingt-dix avec quelques parcelles à Chablis et nous l’avons étendue maintenant à l’ensemble du domaine en pratique culturale biodynamique et biologique

R.H. – Comment faites-vous la vinification?
J.F.C. – La vinification est traditionnelle, nous avons une philosophie qui est le minimum d'intervention lorsque c’est possible, en fonction du millésime et du terroir. Nous essayons de respecter le fruit au maximum puisque nous nous donnons beaucoup de mal dans la vigne où se fait le gros du travail. Il s’agit de préserver ensuite l’intégrité du raisin qui rentre en cuverie. L’idée c’est de faire un éraflage partiel dans certains cas puisqu’il nous arrive dans des millésimes comme 2009 et 2010, de conserver 30, 40, 50% des rafles entières. Nous avons remplacé tous nos pressoirs pneumatiques horizontaux par des pressoirs verticaux hydrauliques, qui reprennent la technique ancienne qui respecte beaucoup plus le fruit puisque le jus coule à travers les baies et se filtre naturellement. Notre cuverie est toute en gravité. Nous essayons de pomper et d’oxyder le moins possible le raisin et le vin ensuite, et nous employons des levures indigènes.

R.H. – Et l’élevage?
J.F.C. – L’élevage classique en Bourgogne est en fût de chêne, à l’exception des vins de Chablis. La plupart de nos vins de la région de Chablis sont élevés en cuves inox, en contenants neutres pour préserver l’intégrité de la fraîcheur et du fruit. Pour les vins de Côte d’Or l’élevage se fait obligatoirement en fût de chêne. À la maison Joseph Drouhin, nous essayons de limiter le pourcentage de fût neuf. Lorsque nous utilisons des fûts neufs, nous utilisons nos propres bois, puisque nous achetons de chênes sur pied dans la forêt de Bertranges, dans le centre de la France. Nous faisons débiter ces chênes en merrains, des planches en bois qui passent de trois à quatre ans à l’extérieur de nos cuveries sous les intempéries, la pluie, la neige, pour que les tanins verts du bois soient lavés, et ensuite seulement nous faisons faire nos fûts. C’est une technique qui nous permet d’avoir des vins très peu marqués par le bois, puisque l’élevage en fût traditionnel, contrairement à ce que l’on croit bien souvent, c’est plus pour favoriser la micro-oxydation, donc l’échange d’air avec l’extérieur et le vin que d’amener un goût de bois ou un goût vanillé.

R.H. – Parce que vous ciselez vos vins, mais la plupart des autres producteurs ne prennent pas ce soin.
J.F.C. – Certains producteurs de Bourgogne ont la même philosophie que nous, mais effectivement ce n’est pas la majorité.

R.H. – Les vins de la maison Joseph Drouhin se caractérisent par un style.
J.F.C. – Nous avons eu la chance depuis plusieurs générations d’avoir des femmes œnologues et des vinificatrices. Pendant une quarantaine d’années c’était Florence Jobbard et depuis 2005 les vins sont vinifiés par un tandem composé de Jérôme Faure-Brac, l’œnologue en chef et de Véronique Drouhin qui est la fille de Robert Drouhin, également œnologue. Ce tandem, nous a permis de créer des vins élégants qui recherchent l’harmonie et la finesse plus que la concentration et l’extraction. Nos vins sont souvent caractérisés, les blancs comme les rouges, par une notion de fruit et d’élégance plus que par la puissance. Je crois que le fait que ce soit des femmes qui ont vinifié nos vins depuis maintenant une cinquantaine d’années y contribue pour beaucoup.

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Jean-François Curie nous avait apporté plusieurs bonnes bouteilles à déguster.

J.F.C. – Effectivement lorsqu’on est reçu comme aujourd’hui on aime bien arriver les mains pleines. Le premier vin est un vin de la région de Chablis. C’est un Chablis Drouhin-Vaudon, millésime 2009

R.H. – Une magnifique robe dorée, claire.
J.F.C. – Les arômes de Chablis sont typiquement de fleurs blanches, ils sont assez minéraux. On trouve un peu de silex, de pierre à fusil pour donner des thèmes aromatiques. Ce sont des vins qui sont caractérisés par la fraîcheur, la tension, c'est-à-dire que ce sont des vins très droits, très purs. Celui-ci c’est un vin très agréable pour un début de repas.

R.H. – En bouche il a beaucoup de fraîcheur, en effet, et beaucoup d’élégance.
J.F.C. – À Chablis comme dans tous nos vins nous recherchons la pureté des fruits plus que la puissance, parce qu’on veut que ces vins soient d’agréables accompagnateurs d’un repas. Il faut que le vin mette en valeur le repas plutôt que l’inverse.

Le deuxième vin était un Chorey-les-Beaune 2007

J.F.C. – C’est un vin rouge, un Pinot Noir de la Côte de Beaune qui provient d’un petit village qui s’appelle Chorey-les-Beaune. Les vins qu’on y produit sont très fruités, très friands, très gourmands. Des vins qui s’apprécient dans leur jeunesse.

R.H. – La robe est d’un magnifique rouge rubis.
J.F.C. – Les arômes sont caractérisés par les petits fruits rouges. Chorey est un village qui est sur les bas de coteau, exposé sud – sud-est. C’est un terroir où l’on trouve des marnes calcaires. Ce sont des terrains relativement profonds, relativement lourds, qui donnent toujours des vins fruités, gourmands, ce sont des vins «de régalade» comme on dit en Bourgogne, des vins de soif, à boire à tout moment entre amis. Ce sont vraiment des vins de plaisir.

R.H. – En bouche… c’est un vin joyeux, très joyeux.
J.F.C. – Je sais que lorsque vous parlez de joyeux vous savez de quoi vous parlez, puisque vous êtes le Président du Club des Joyeux.

R.H. – Vous m’avez apporté une troisième bouteille que vous ne voulez pas l’ouvrir, vous voulez me l’offrir. Pouvez-vous la décrire.
J.F.C. – Je pense que c’est une bouteille qu’il faut la boire avec vos amis autour d’un bon repas. C’est le vin probablement le plus emblématique de la Maison Joseph Drouhin, c’est le Clos des Mouches qui est bien connu au Québec depuis de nombreuses années et c’est notre vin fétiche pour plusieurs raisons : Il s’agit d’un vin de l’Appellation Beaune, donc Premier Crû au Sud de Beaune, en direction de Pommard ; c’est un domaine qui a été constitué par Maurice Drouhin qui était le fils de Joseph Drouhin et qui souhaitait faire l’acquisition d’un grand vignoble aux portes de Beaune, dans les Années Vingt.

À l’époque il n’avait pas des moyens importants de transport et sa cuverie se trouvait dans la ville de Beaune. Il a constitué ce domaine de quinze hectares, avec 45 parcelles différentes, dont il a fait l’acquisition auprès des vignerons. La parcelle du Clos des Mouches est une parcelle qui a une exposition Sud-Sud-est typique de la Bourgogne. C’est un endroit très chaud où il y avait beaucoup de ruches, on y faisait du miel. Le nom de Clos de Mouches lui vient de là puisqu’on appelait autrefois les abeilles des mouches à miel. Le nom lui est resté et cela donne des indications sur la chaleur des lieux.

Je vous ai apporté la version rouge en Pinot Noir, mais nous avons également la moitié de l’appellation de 15 hectares, plantée en raisins blancs, en Chardonnay et qui est souvent même plus connue qu’en version rouge, et c’est un accident de l’histoire. Dans les années 1920, Maurice Drouhin avait, comme beaucoup d’autres vignerons, planté quelques pieds de Chardonnay au sein de cette vigne pour arrondir les cuvées, comme on disait et également pour que les vendangeurs ne soient pas ennuyés à manger toujours du raisin rouge, qu’ils aient aussi un petit peu de raisin blanc lorsqu’ils coupent le raisin.

Une année, en 1928, l’assemblage n’a pas été possible, et il a fait une cuvée de quelques fûts de vin blanc qu’il a gardée pour sa consommation personnelle. Un jour il a reçu un de ses amis, Monsieur Cornuchet qui était propriétaire du Maxim’s à Paris, le restaurant à la mode à l’époque des Années folles. Ce monsieur Cornuchet est tombé en amour, comme on dit chez-vous, du blanc de Clos des Mouches et a voulu le vendre en exclusivité dans son restaurant. Comme c’était un restaurant «prescripteur» comme on dit aujourd’hui, tout le monde s’est entiché du Clos des Mouches blanc et petit à petit la famille a remplacé du Pinot Noir pour du Chardonnay et aujourd’hui c’est moitié-moitié, donc on a le Clos des Mouches blanc et le Clos des Mouches rouge, à parité.

Le vin que je vous ai apporté aujourd’hui c’est un 2008, qui sort de nos caves. Il est caractérisé toujours par l’élégance, mais quand même c’est un vin qui a une certaine fermeté, c’est un vin puissant avec des arômes fumés. C’est un vin qui aurait intérêt à vieillir quatre à cinq ans avant d’être consommé et qu’il ne faut pas hésiter à carafer. Pas du tout pour décanter le dépôt mais pour l’aérer. N’hésitez donc pas à l’ouvrir une heure ou deux et à le mettre en carafe avant de le déguster.

R.H. – Certains de vos vins sont de longue garde.
J.F.C. – La maison est caractérisée par cette ambivalence. Nous avons des vins qui sont très fruités, très charmants lorsqu’ils sont jeunes, mais qui ont un potentiel de vieillissement très intéressant. Nous avons dans nos caves des bouteilles de Clos des Mouches, en particulier, des Années Vingt et Trente, qui se dégustent encore très bien.

Voilà pourquoi les vins de la Maison Joseph Drouhin sont servis sur les meilleures tables et nous font connaître le meilleur de la Bourgogne jusqu’au Canada !

Jean-François Curie
Vice-président et directeur à l’exportation
Maison Joseph Drouhin en Bourgogne
7 rue d'Enfer
21200 Beaune
France
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Représentés au Québec par:
Laure Garnier
Vins Philippe Dandurand
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T:514.932.2626 x250 / C: 514.409.6483

Roger Huet
Chroniqueur et animateur de radio
Président du Club des Joyeux

 

vendredi, 18 novembre 2016 07:33

Domaine Chatelain chantre de la Loire

Le domaine Chatelain existe depuis 1630 sur les coteaux de Pouilly sur Loire. Aujourd’hui, Jean-Claude Chatelain, la 12e génération, dirige ce très joli domaine de 30 hectares de vignes répartis sur 6 communes de l’AOC Pouilly Fumé: Tracy-sur-Loire, Pouilly-sur-Loire, Mesves-sur-Loire, Saint-Andelain, Saint-Laurent l'Abbaye et Saint-Martin-sur-Nohain.

Les sols sont secs et pauvres, formés de dépôts sédimentaires calcaires avec une grande quantité de cailloux blancs (caillottes) dans un sol contenant de l’argile blanc. Ils sont drainants et de réchauffement rapide, et permettent une maturité précoce des raisins.

Ce vignoble donne des vins structurés, fermes, fruités, avec un goût minéral de pierre à fusil très développé.

Grâce à sa grande liberté de création et à des choix d'assemblages méticuleux, le domaine, propose des vins travaillés, équilibrés et très typés.

J’ai dégusté le Domaine Chatelain, Pouilly-Fumé 2015 Les Chailloux Silex, Vallée de Loire, 100% Sauvignon Blanc, 13 degrés d’alcool.

Vinification en cuve inox à température contrôlée.

roger chatelain
Robe couleur paille, brillante, avec des reflets dorés. Nez vif de fleur de genêt, de narcisse et de jasmin; un peu d’agrumes: citron, pomelo. On perçoit également un parfum délicat de pain d’épices, d’effluves mentholés et une grande minéralité de pierre à fusil, ainsi qu’une note de fumé.

En bouche c’est un vin sec, très élégant, équilibré et typé. Il a une belle puissance aromatique épicée qui a beaucoup de finesse, et des notes mentholées et de pierre à fusil qu’on avait perçues au nez. Une longue fin de bouche digne d’un grand vin.

Idéal avec les poissons et le homard grillé. Bon aussi avec les viandes blanches: veau, volaille, et avec les fromages de chèvre. Je suggère de le servir à 12 oC. Il peut se conserver 7 ans en cave.

Le Domaine Chatelain, Pouilly-Fumé Les Chailloux 2015 blanc est disponible à la SAQ, code 10689753. Prix 26,10$.

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Domaine Chatelain 

Représenté au Québec par Authentic Vins et Spiritueux

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Roger Huet
Chroniqueur vins et spiritueux
Président du Club des Joyeux
SamyRabbat.com 
LaMetropole.com

jeudi, 09 juin 2011 21:28

Des trésors vinicoles du Jura

Je me suis entretenu avec Fabrice Dodane, qui m’a fait goûter à quelques vins qu’il produit au Domaine de Saint-Pierre dans le Jura où il est Régisseur et Maître de Chai.

fabrice

RH – Parlez-nous de vous, du lieu où vous êtes né, de votre rapport avec la terre et de votre rapport avec le Domaine de Saint-Pierre.
FD – Je suis né dans la jolie petite ville d’Arbois, qui est une appellation à part entière et qui représente la moitié du vignoble du Jura. Fils et petit fils d’agriculteur, malheureusement pas de viticulteur. J’ai commencé par travailler dans une coopérative et un jour j’ai rencontré Philippe Moine qui avait planté des vignes une dizaine d’années auparavant, et qui m’a proposé de faire un bout de chemin avec lui. À mon arrivée au domaine, il y a une dizaine d’années, il y avait trois hectares de vignes, et le travail était de type conventionnel. Aujourd’hui il y a six hectares de vignes et nous pratiquons l’agriculture biologique et la biodynamie parce que la terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants. Mon objectif est de la leur redonner la plus propre possible, et de cette façon nous produisons aussi des vins plus sains.

carte du jura copie

RH – On dit que le vignoble du Jura est d’origine ancienne
FD – Je ne saurais vous dire quand a démarré le vignoble dans le Jura, on y a toujours cultivé la vigne et jusqu’au début du Vingtième siècle notre vignoble qui avait vingt mille hectares, était même plus important que le bourguignon. Malheureusement à cause du phylloxéra et des guerres successives, on a délaissé la viticulture pour le développement de l’agriculture laitière. La surface viticole aujourd’hui est rendue à deux-mille hectares.

RH – Sur combien d’appellations s’étend le Domaine de Saint-Pierre.
FD – Le Domaine de Saint-Pierre cultive deux appellations mais 95% est sur l’appellation Arbois et une toute petite partie sur l’appellation Côtes du Jura.

RH – Comment sont les terroirs ?
FD – Sur Saint-Pierre nous avons un sol très calcaire avec énormément de cailloux, ce qui donne des vins avec un côté très aérien et très minéral. Sur la colline de Pupillon nous sommes sur des marnes plus argileux qui donnent des vins beaucoup plus lourds.

RH – Combien de vins vinifiez-vous ?
FD – Nous avons une dizaine de cuvées, toutes ne sont pas élaborées chaque année, c’est plutôt le profil du millésime, la matière première qui nous guide dans notre façon de vinifier et d’élever les vins.

RH – En nombre de bouteilles, quelle est votre production ?
FD – Sur nos six hectares nous produisons aujourd’hui vingt-mille bouteilles, notre objectif est d’en faire vingt-cinq mille. Ce qui a été assez difficile d’atteindre cette année, car les récoltes étaient faibles. Nous avons un domaine à taille humaine.

RH – Vous vendez vos vins principalement à la propriété, n’est-ce pas ?
FD – Oui, et l’objet de notre visite c’est de vendre aussi nos vins au Québec, puisque nous avons découvert énormément de gens passionnés et très cultivés dans le monde du vin.

domainestpierre

RH – Nous sommes très curieux pour les vins du Jura, qui ne sont pas encore très connus mais que nous découvrons et apprécions par leur complexité et leur caractère unique.
FD – Les Québécois sont très curieux du vin en général, des amateurs éclairés, beaucoup plus que les Français, ce qui nous fait un plaisir immense. C’est vrai que cette typicité, ces vins si particuliers que nous avons, c’est quelque chose qui est intéressant à découvrir, et que les gens aiment ici.

Fabrice Dodane m’avait apporté trois vins qu’il produit au Domaine de Saint-Pierre. Il a d’abord ouvert un Château Renard 2007 qui est un assemblage de Chardonnay Savanien, peu répandu au Jura,, dont la robe est claire, dorée, transparente, vraiment très belle.

FD – Nous avons voulu que ce vin soit un vin d’apéritif, avec des notes d’agrumes. Le sol très caillouteux transmet à ce vin un côté très minéral. On va avoir une bouche un peu tendue, c’est le profil de 2007. C’est un vin qui convient parfaitement avec le crabe des neiges, et tous les fruits de mer. Sa texture, sa droiture permet de bien relever ces plats.

RH – En bouche la trame vive de ce vin apporte beaucoup de fraîcheur ; c’est excellent pour accompagner tous les fruits des mers. Un vin de début de repas

Fabrice Dodane a ensuite ouvert un vin rouge Domaine Saint-Pierre, assemblage de Pinot noir et de Poulsar.

FD – C’est une parcelle co-plantée avec ces deux cépages. Nous respectons cette parcelle et nous vinifions ces cépages ensemble.

RH – La robe est d’un rubis soutenu avec des notes violettes, une très jolie robe qui annonce un vin d’une belle maturité.
FD – Comme la vue nous le laissait supposer, il a des arômes de fruits rouges et de fruits noirs, beaucoup de matière. Un petit côté épicé qui est apporté par le Ploussard qui laisse augurer d’une bouche riche et plaisante.

RH – C’est un vin facile à boire, un vin agréable, d’une belle approche.
FD – Voulu ainsi par moi. Nous sommes sur une vinification relativement douce, nous n’avons pas cherché les tanins, nous voulions avoir surtout les fruits, la finesse. Nous avons une bouche bien présente, mais les fruits dominent. C’est un vin que je mettrais sur un magret de canard ou du thon, tout simplement.

Fabrice Dodane avait apporté une troisième vin. Le Domaine de Saint-Pierre, cépage Savagnin, cuvée du Lion, appellation Arbois, 2003.

FD – Je ne pouvais pas amener des vins du Jura au Québec sans parler du cépage Savagnin qui est typiquement jurassien ; c’est le cépage exclusif pour l’élaboration du vin jaune. Ici nous allons goûter à un vin de Savagnin qui n’est pas du vin jaune, mais qui a 48 mois d’élevage sous voile. Nous changeons complètement de registre, les notes sont déjà plus jaunes, c’est un vin qui a évolué,

RH – On sent des arômes de noix verte, de champignons, de graphite
FD – Qui sont des arômes caractéristiques de l’élevage du Savagnin sous voile, un élevage unique au monde que seuls les Jurassiens maitrisent.

RH – Il y a beaucoup de puissance dans ce vin, énormément de profondeur.
FD – La bouche vient confirmer la puissance. Une attaque pleine, intégrale, un milieu de bouche très présent, et une finale qui n’en finit jamais, toujours sur des arômes de bois, de graphite, de champignons de sous-bois, de fruits secs. Ce vin va et vient dans votre bouche et le goût peut rester jusqu’à une heure. C’est un vin très puissant.

RH – C’est un régal, et j’ai l’impression que c’est aussi un vin qui peut se garder très longtemps.
FD – Plus longtemps que nous, la seule condition étant de ne pas ouvrir la bouteille. Une petite idée, si vous passez dans le Jura, la poularde au vin jaune et aux morilles, un des accords les plus traditionnels, certes. On peut mettre un petit risotto au comté par-dessus et là c’est un moment magique.

RH – C’est magique et cela nous donne envie d’aller passer des vacances dans le Jura.

Voici les coordonnées de Fabrice Dodane, ne manquez pas de lui rendre visite au Domaine de Saint-Pierre lorsque vous allez dans le Jura :
6 rue du Moulin 39600 Mathenay
Téléphone : 03 84 73 97 23
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www.saint-pierre-jura.com

Représenté au Québec par
Vincent Lafortune
LLP Experts en vin

Roger Huet
Chroniqueur de vins et animateur de l’émission
Littérature et gourmandise
Président du Club des Joyeux