dimanche 28 avril 2024
Emmanuel de Vaucelles

Emmanuel de Vaucelles

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...

Selon un article de la RVF, le milliardaire américain Stanley Kroenke, propriétaire du club de football d'Arsenal, aurait dépensé une fortune pour s'offrir les 11 hectares de grands crus du domaine Bonneau du Martray.

La transaction pourrait dépasser les 10 millions d’Euros par hectare… 

En cette période de primaire socialiste ou chaque candidat rivalise sur la création d’impôt nouveau, il ne faudrait pas pour les vignerons Bourguignons que l’outil de travail soit comptabilisé dans l’assiette de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune) sous peine de payer plus de taxes qu’ils n’auraient de revenu !  grands crus.

Le montant exact de la transaction du domaine Bonneau du Martray, dont les vignes s'étendent sur la fameuse colline de Corton près de Beaune, reste un secret bien gardé.

Selon un porte-parole de la famille Le Bault de la Morinière, propriétaire du domaine depuis près de deux siècles, il est "très, très élevé". Le chiffre de 100 millions d'euros circule chez les vignerons locaux. "Vous êtes loin de la réalité", a répondu laconiquement le porte-parole des vendeurs, interrogé sur cette somme considérable pour 11 hectares, même d'un seul tenant - une rareté il est vrai dans le vignoble bourguignon où les parcelles sont très éclatées.

LE DOMAINE BONNEAU DU MARTRAY PRODUIT DEUX GRANDS CRUS TRÈS RÉPUTÉS

Basé à Pernand-Vergelesses (Côte-d'Or), le domaine Bonneau du Martray produit exclusivement deux grands crus très réputés : Corton Charlemagne (blanc) et Corton (rouge), essentiellement vendus à l'étranger. Mais avec quatre frères propriétaires, sexagénaires et sans enfant tenté par une reprise, la vente s'est avérée inéluctable."Quand la famille Le Bault de la Morinière a décidé de mettre en vente, son conseil est entré en contact, à l'échelle mondiale, avec les dix personnes susceptibles d'acquérir le domaine", explique le porte-parole de la famille.

A l'issue de ce tour de table planétaire, a été retenue la meilleure offre : celle de l'homme d'affaires américain Stanley Kroenke, 69 ans, également propriétaire de plusieurs clubs sportifs aux États-Unis, ainsi que de domaines viticoles en Californie, dont le réputé Screaming Eagle dans la Napa Valley. Sa fortune est évaluée à 7,7 milliards de dollars au dernier classement Forbes.

"PREMIÈRE TRANSACTION DE CETTE AMPLEUR EN BOURGOGNE"

La société de M. Kroenke détiendra 80% du capital et la famille Le Bault de la Morinière 20%. Considérée comme "la première transaction de cette ampleur" en Bourgogne, la nouvelle a créé "un événement sur la Côte" - celle de Beaune - et a "surpris" le secteur, confie le président du Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), Louis-Fabrice Latour. "Il y a un intérêt des investisseurs car le cours du vignoble n'a jamais été aussi haut et les taux d'intérêt bas favorisent cet intérêt grandissant", estime-t-il, tout en relativisant cet engouement pour la Bourgogne car il ne se réalise "pas tant de transactions que ça".

"Hors famille, environ 1,5% du domaine viticole change de main chaque année", précise-t-il.

Après la vente du château de Gevrey-Chambertin à un investisseur chinois en 2012, pour huit millions d'euros, deux autres ventes avaient déjà marqué: en 2014, le château de Pommard (20 hectares) a été racheté par un patron de la Silicon Valley, Michael Baum, tandis que le groupe LVMH acquérait le Clos des Lambrays.

Dès 1985, la Maison Louis Jadot avait été rachetée par son importateur américain, la famille Kopf.

UN PROFIL D'ACHETEUR "RASSURANT"

M. Latour s'est dit "rassuré" par le profil de "professionnel du vin" de M. Kroenke, dont les domaines californiens figurent parmi les plus chers du monde. "Il va respecter la tradition bourguignonne", juge-t-il.

Le futur gérant de Bonneau du Martray, Armand de Maigret, l'assure : "nous sommes des viticulteurs et pas une machine marketing". "C'est une propriété qui partage la même philosophie que la nôtre en Californie, basée sur la qualité des terres et des vins".

"Notre travail va consister à maintenir le domaine en ajoutant de petites astuces californiennes et en transférant quelques astuces bourguignonnes en Californie".

Source: La Revue du vin de France

Le Crédit municipal de Paris, communément dénommé « ma tante », organise le 27 janvier prochain une vente aux enchères exceptionnelle de vins rares. Un incontournable pour tous les amateurs de grands vins.

L’activité de prêt sur gages du Crédit municipal de Paris n’aura jamais été autant d’actualité. Avec les temps économiques difficiles qui semblent s’être installés sur la France depuis quelques années, nombre de particuliers voient dans cette institution pluri-séculaire (sa création date de 1637) un moyen simple et rapide d’apporter un peu d’air dans des finances parfois bien à la peine.

Bijoux, tableaux et bouteilles de vins précieux sont autant de biens que les particuliers apportent en garantie de prêts d’au moins un an. Bien évidemment, comme pour tout produit « pointu », des experts indépendants sont systématiquement appelés pour s’assurer de l’authenticité et du bon état de conservation des nectars déposés.

Alors que près de 90% des clients s’avèrent être de bons payeurs à qui l’on restitue les objets gagés, certains ne parviennent pas (ou ne souhaitent pas) rembourser leur prêt. L’issue est alors toujours la même : la vente aux enchères. C’est dans ce cadre que se tiendra une vente de vins dans les locaux du crédit municipal de Paris dans le Marais. Une vente exceptionnelle à plus d’un titre. La dernière grande vente de ce type a eu lieu il y a plus de 2 ans. Quant aux bouteilles présentées dans les 185 lots, elles ont de quoi faire tourner toutes les têtes.

De belles surprises

À l’image des bouteilles apportées toutes les semaines aux guichets de l’établissement, la sélection proposée lors de cette vente fait la part belle aux grands Bordeaux. Les quelques champagnes et autres bourgognes qui figurent sur le catalogue semblent s’être égarés dans un océan de merlot, de cabernet-sauvignon et de cabernet-franc.

Jugez plutôt : Lafite-Rothschild 1990 (estimé 270/300€), magnum de château Latour 1986 (est. 450/500€), château l’Evangile 1998 (est. 90/100€). Et pour les amateurs de vin italien, un magnum de Sassicaia Bolgheri 2009 (est. 80/100€). L’éventail des estimations est large, allant de 20€ (Gruaud-Larose 1975) à 1000€ (Petrus 2008). Avec le risque, jusqu’à deux jours avant la vente, qu’un propriétaire décide finalement de rembourser ses impayés pour récupérer sa dive bouteille. Mais cela est rare.

Ce qui est sûr en revanche, c’est le montant des taxes dont chaque acheteur devra s’acquitter en plus du prix d’achat consenti : 14,4% à comparer aux 25% voire 30% habituellement pratiqués dans les salles des ventes traditionnelles. Une aubaine pour pouvoir dénicher des pépites et s’offrir quelques coups de cœur. Celui de M. Maratier, expert associé à la vente, est le lot de 6 demi-bouteilles de château d’Yquem 1999 estimé entre 120€ et 150€. M. Maratier sera présent de 9h à 12h le vendredi 27 janvier pour conseiller le public sur les différents lots lors de leur exposition publique avant la vente prévue le jour même à 14h.

Français et étrangers joueront des coudes dans la salle qui attend beaucoup de monde car les enchères ne sont pas encore possibles sur internet. Il sera toutefois possible de déposer des ordres écrits d’achat jusqu’à une semaine avant la vente contre chèque de caution et présentation de 2 pièces d’identité.

Au final, le crédit municipal ne gagnera pas d’argent sur la vente, restant fidèle à sa vocation sociale. Une fois le capital des prêts et les frais de vente touchés, le reste des sommes perçues seront reversées aux propriétaires qui pourront donc, eux aussi, avoir de bonnes surprises.

Source: Terre de Vins

Le tribunal administratif d'Amiens a rejeté vendredi 20 janvier un recours déposé par le comité interprofessionnel des vins de Champagne contre l'autorisation pour une commune nouvelle de l'Aisne de prendre le nom de "Vallées-en-Champagne".

Le maire de la commune de Vallées-en-Champagne s'est dit "satisfait et heureux" de la décision du tribunal administratif.   

Le tribunal administratif d'Amiens a rejeté vendredi un recours déposé par le comité interprofessionnel des vins de Champagne contre l'autorisation pour une commune nouvelle de l'Aisne de prendre le nom de "Vallées-en-Champagne".

Baulne-en-Brie, la Chapelle Monthodon et Saint-Agnan, près de Château-Thierry (Aisne), se sont regroupées dans la commune nouvelle "Vallées-en-Champagne" (574 habitants). Le préfet a, par arrêté du 23 novembre 2015, validé le nom. 

PROTÉGER LA DÉNOMINATION COMMERCIALE "CHAMPAGNE"

Mais le comité interprofessionnel des vins de Champagne a saisi le tribunal administratif pour faire annuler l'arrêté préfectoral, invoquant la nécessité de protéger la dénomination commerciale "Champagne". 

À l'audience, les services de la mairie et de la préfecture se sont défendus avec un argument historique : les trois communes s'étalent sur la province "Champagne" telle qu'elle existait sous l'Ancien régime, avant l'appellation "Champagne" d'aujourd'hui. 

D'autre part, du vin de champagne est produit sur le territoire de la commune, qui compte 150 hectares de vignes. Le vin produit est protégé par une appellation d'origine contrôlée. Le maire de la commune de Vallées-en-Champagne s'est dit "satisfait et heureux" de la décision du tribunal administratif.

Source: La Revue du vin de France

Côtoyant les sommets de la Bourgogne viticole, Aubert de Villaine ne prend toujours pas la position du vieux sage. Si son sang est bleu, il reste ancré dans son approche de gentleman farmer, au plus près de la terre et de sa vérité.

Ne soyez pas importun, n’allez pas dire à Aubert de Villaine qu’il est un érudit de la vigne. Le cogérant du prestigieux domaine de la Romanée-Conti en serait bien embarrassé et serait contraint de se qualifier de simple vigneron. Et d’ajouter qu’il est probablement le plus vieux de toute l’assemblée. Ce qui était pour le coup proche de la réalité, ce 24 janvier à la Cité du Vin, le vigneron se trouvant face à un auditorium comble, majoritairement composé d’étudiants bordelais (de l’Université d’Œnologue à l’INSEEC). Ces derniers n’ont pas été déçus d’être venus se nourrir des expériences de cette figure du vignoble bourguignon, à défaut de ses vins, il faut le dire bien inaccessibles pour le commun*.

S’étant converti avec Lalou Bize-Leroy à la viticulture biologique en 1985, et s’essayant à la biodynamie depuis 1996, Aubert de Villaine résume sans ambages son parcours vers la viticulture alternative : « ce qui est le plus important, c’est le passage en bio. La biodynamie apporte beaucoup, mais de manière plus ténue. Supprimer les produits de synthèse permet au sol de revivre. Avec la biodynamie, on arrive à une plus grande finesse de maturité. Ce que l’on attend d’un grand vin, c’est d’être concentré (avec une expression forte) et transparent (que le cru soit facilement identifiable). »

"Ça n’enlève pas de poésie dans le vin"

Partageant une expérience, qu’il précise être purement personnelle et sans universalité, Aubert de Villaine ajoute, qu’au domaine de la Romanée-Conti, « notre biodynamie n’est pas philosophique, elle est concrète. Pragmatique ». Reconnaissant travailler avec ses préparats à la liaison « des énergies telluriques et cosmiques au développement des forces de la vie », il soutient pratiquer une biodynamie « concrète. Ça n’enlève pas de poésie dans le vin. » Il revendique ainsi une approche scientifique du travail du sol, s’inspirant des préceptes de Claude Bourguignon (dont les pratiques sont pourtant loin de faire consensus auprès de ses anciens collègues chercheurs).

Sarments de La Tâche

« L’élément capital, c’est le matériel végétal » conclut Aubert de Villaine, qui donne l’impression de dévoiler le secret de la finesse de ses crus de pinot noir. D’ailleurs, « beaucoup d’Américains sont venus voler nos sarments pour les greffer chez eux [dans les vignobles d’Oregon, etc.]. Mais ce n’est pas parce que vous avez un sarment de la Tâche que vous allez faire ce vin chez vous » plaisante-t-il.

* : Face aux records égrenés par les ventes-aux-enchères successives du monopole de la Romanée-Conti, Aubert de Villaine avoue son incompréhension. Même s’il essaie d’en contrôler la distribution, le mythe autour de ses vins « entraîne des problèmes entre les fausses bouteilles, les marchés parallèles et les prix extravagants » reconnaît-il. « Ça nous fait beaucoup souffrir, ça enlève une partie du charme du métier » soupire-t-il.

Les Cités du Vin de Bourgogne

N’étant plus président de l’association des Climats de Bourgogne, Aubert de Villaine avoue « ne pas être au coeur du réacteur » des projets de Cité du Vin à Beaune (déclinée à Chablis et Mâcon). « Cela va se faire. Pas dans la facilité, mais dans une certaine douleur. La viticulture n’est pas trop chaude pour la financer » glisse-t-il.

Source: Vitisphère

Vendredi 27 janvier, le Conseil d’État a donné gain de cause aux producteurs détenteur de vignes en appellation Pomerol et possédant des chais hors appellation.

Ils peuvent désormais vinifier leurs vins à l’extérieur de cette aire géographique.

Voilà plusieurs années que le syndicat viticole de Pomerol (33) et les producteurs vinifiant dans des régions périphériques (Saint-EmilionLalande-de-PomerolMontagne-Saint-Emilion, …) s’affrontaient. En 2014, un décret, pris par le Premier Ministre, homologue un changement du cahier des charges de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) "Pomerol". La modification complète seulement la liste des acteurs autorisés à vinifier leurs raisins et à élever leurs vins en dehors de l’aire géographique où se trouvent les vignes.

En fournissant une liste de cas particuliers, la modification passe outre le principe de "zone de proximité immédiate", qui permet aux espaces voisins de vinifier et d’élever leurs produits hors de la zone d’appellation. Le décret impose aux exploitants de vignes en Pomerol - héritiers d’une production parfois vieille d’une centaine d’année - la construction de chais dans l’AOC Pomerol sous peine de se voir priver de la précieuse dénomination.

Le syndicat viticole de Pomerol avait souhaité en finir avec les propriétés bénéficiant de l’appellation prestigieuse et dont les chais se situaient à l’extérieur de l’aire géographique. Pour Paul Goldschmidt, propriétaire du Château Siaurac en Lalande-de-Pomerol (et plaignant devant le Conseil d’Etat), un tel affrontement est superflu : "Notre propriété est à 2km de Pomerol, il n’y a aucun impact qualitatif lié à la localisation du chai. De plus, construire une installation nous ferait recourir inutilement à des subventions européennes". Il regrette qu’un tel sujet prenne le pas sur des thèmes comme la viticulture biologique au sein de l’appellation.

La volonté déployée par le syndicat viticole local pour protéger l’authenticité de l’AOC est louable, mais c’était sans tenir compte des liens étroits tissés au cours des siècles entre les vignes de Pomerol et les chais implantés en périphérie.

Un processus en débat

Le Conseil d’Etat a relevé que "le cahier des charges de l’AOC "Pomerol" ne mentionne, dans ses développements consacrés au "lien à l’origine", que les facteurs naturels et techniques de conduite de la vigne". La cour a requis un dédommagement symbolique de 3.000€ à partager entre les sept plaignants. Le jugement donne ainsi une bouffé d’oxygène aux vinificateurs extérieurs et décrédibilise l’installation de chais, obligatoire, au cœur de l’AOC Pomerol avant 2021.

Les producteurs de Pomerol situés hors de l’aire géographique stricte sont soulagés par le verdict mais le cœur du problème reste entier. Le syndicat local tient à conserver la particularité de ses vins et doit faire un pas vers l’INAO pour soumettre de nouvelles propositions. De plus, des exploitants ont d’ores et déjà investi dans de nouveaux chais au sein de l’appellation Pomerol pour se mettre aux normes, sans attendre la date butoir de 2021. Le jugement du 27 janvier remet en cause la légitimité de tels investissements et envoie un message positif aux retardataires qui laisse espérer une possible conservation de leurs installations en l'état.

Les propositions du syndicat devront, après concertation avec l’INAO, être validées par le Ministre de l’Agriculture et par l’Union Européenne. Le combat pour l’unicité des vins de Pomerol est donc loin d’être terminé.

Source: Le Figaro

mardi, 07 février 2017 19:45

AFP - Faux Romanée-Comti, la réquisition

Selon une dépêche AFP, la procureure de la République a requis jusqu'à trois ans de prison contre l'un des prévenus soupçonné d'avoir vendu de fausses bouteilles du prestigieux domaine Romanée-Conti.

Le jugement sera connu en avril.

Des peines de trois ans de prison dont deux ferme contre un Russe et un an avec sursis contre deux Italiens, poursuivis pour des ventes de fausses bouteilles de la prestigieuse Romanée-Conti, ont été requises vendredi à Dijon. 

Ces pratiques constituent "une atteinte considérable (...) à l'image de qualité de ce vin, met en cause la réputation d'une maison, la société civile Romanée-Conti, et de toute une région", a estimé dans son réquisitoire la procureure de la République Marie-Christine Tarrare devant le tribunal correctionnel, qui juge cette affaire depuis mercredi.

Le parquet retient notamment l'escroquerie en bande organisée et l'utilisation frauduleuse d'appellation d'origine et a requis, en outre, 100 000 euros d'amende à l'encontre du prévenu russe Aleksandr Iugov et 50 000 euros chacun contre Enzio et Nicola Lucca, père et fils, restés en Italie et jugés en leur absence.

Le domaine de la Romanée-Conti avait pour sa part réclamé, jeudi, 500 000 euros de dommages et intérêts. Le jugement sera rendu le 10 avril.

Au cœur de l'affaire, la vente entre 2012 et 2014 de quelque 400 bouteilles portant frauduleusement l'étiquette Romanée-Conti mais aussi, dans une moindre quantité, de crus Musigny du domaine Leroy. "Les faussaires ont été trop gourmands (...), des Romanée-Conti, il en pleuvait", résume Mme Tarrare.

Sur une parcelle de moins de deux hectares, le domaine de la Romanée-Conti produit chaque année entre 5 000 et 6 000 bouteilles, vendues via un réseau de distributeurs exclusifs à des prix pouvant atteindre 9 000 euros la bouteille.

Les avocats se démènent pour dédouaner leurs clients

A l'adresse de M. Iugov, la procureure interroge : "comment nous faire croire qu'il n'ait été qu'un simple exécutant ?", rappelant les différentes identités sous lesquelles il commercialisait du vin et son absence de réaction quand de premières demandes de remboursement lui sont parvenues.

"Ce dossier est branlant, il est bancal, puisqu'il s'appuie sur des suppositions", a contre-attaqué l'avocat du prévenu russe, Me Julien Dami Le Coz, dans une charge virulente contre l'instruction, avant de demander "la relaxe pleine et entière" de son client.

"Il n'y a pas la preuve que M. Iugov avait connaissance du caractère contrefaisant de ces bouteilles", a poursuivi l'avocat, ajoutant que son client agissait pour le compte d'un autre homme, un Allemand qui a mis fin à ses jours en juillet 2014 dans son pays.

"Si l'on reste précis, il ne reste plus rien" dans ce dossier, a asséné Me Dami Le Coz, qui conteste également le moindre lien de son client avec les prévenus italiens.

Les avocats d'Enzio et Nicola Lucca estiment quant à eux qu'il est impossible de les juger une seconde fois pour les mêmes faits, après une condamnation en Suisse, en mars 2015, à 24 mois de prison avec sursis et 5 000 francs suisse d'amende chacun (environ 4 700 euros). Avec 400 000 euros de dommages et intérêts pour le domaine de la Romanée-Conti.

Source: AFP

vendredi, 10 février 2017 14:15

Chili: une vendange au goût de feu de bois...

D’après les dernières estimations, une centaine de vignerons ont vu leurs parcelles desséchées après les incendies qui ont ravagé le pays en janvier.

Tenant une réunion de crise, le consortium Vinos de Chile recense 109 hectares de vignes dévastées par les incendies de forêt de ce début d’année. Lors d’une table ronde entre les vignobles concernés, il est apparu que la région la plus touchée est celle du Maule, avec 90 hectares comptabilisés actuellement. Les incendies ont également ravagé les provinces de Maipo (10 ha) et de Colchagua (7 ha). 

Alors que l’état d’urgence national vient d’être levé, le vignoble reste dans l’expectative face à l’impact de ces incendies. Sur le terrain, les parcelles qui n’ont été que partiellement touchées n’ont pas perdu toute leur récolte. Mais les effets de ces fortes chaleurs sur les raisins épargnés demeurent inconnus, l’ampleur du phénomène étant inédit. « En retirant les cendres, les viticulteurs commencent à constater que la récolte va être réduite de 30 à 40 %. Voire plus. La vendange à venir sera totalement atypique. Il faudra voir à la récolte quelle est l’influence des fortes chaleurs et des fumées sur la qualité des raisins » rapporte ainsi le site Todos Vinos.

Perte patrimoniale

Au-delà de la perte de récolte, particulièrement rageante à la veille des vendanges, ces incendies tiennent de la catastrophe nationale dans le vignoble, avec des pertes de parcelles centenaires des cépages país et carignan. « C’est dur de croire que des vignes que vous avez tant aimées soient perdues, avec un morceau du patrimoine viticole chilien, à cause de l’inattention d’hommes » témoigne Sergio Amigo Quevedo, le vinificateur de Cancha Alegre qui vient de perdre 6 ha de vignes centenaires, au site Decanter.

Source: Vitisphère

La Cuvée 2011 du domaine Bonneau, Nady Foucault, artisan avec son frère Charly, aujourd'hui disparu, du succès du Clos Rougeard.

L’annonce simultanée de la vente du domaine Bonneau du Martray, perle de la montagne de Corton et la cession probable du Clos Rougeard, emblème de Saumur-Champigny et de la Loirevigneronne, a ébahi la communauté des amateurs. 

Voici deux très anciennes propriétés familiales dans les rets de grandes fortunes, un magnat de l’immobilier américain déjà propriétaire du club de foot d’Arsenal d’un côté, un ponte du CAC 40 de l’autre.

Le rachat du Clos Rougeard par Martin Bouygues a beau ne pas être confirmé les révélations de La RVF sont venues perturber des discussions très avancées, l’épisode est riche d’enseignements. De plus en plus de propriétés familiales réputées ont des problèmes de succession. La flambée du prix des grands vins et donc de la valeur des vignes dans les appellations majeures, l’ISF pour les actionnaires minoritaires et l’explosion des droits de succession sont passés par là.

FLAMBÉE DES GRANDS CRUS

Aujourd’hui, les grands crus de Bourgogne valent entre 10 et 20 millions d’euros l’hectare et jusqu’à deux millions d’euros l’ouvrée (1/24e d’hectare) dans le Montrachet ou le Chambertin. Transmettre à ses enfants, à ses neveux et nièces ou à un étranger coûte respectivement 20 %, 55 % et jusqu’à 60 % du montant de la propriété. Comment un vigneron qui a reçu voici trente ans dix hectares de son père peut-il acquitter de tels droits ? 

La propriétaire de deux domaines en Provence me confiait l’autre jour sa colère et son dépit. L’un de ses deux domaines, une propriété de 12 hectares de vignes acquise en 1977 pour le prix d’une maison à Marseille, est aujourd’hui estimé à plus de 15 millions d’euros par l’administration car situé à proximité de Saint-Tropez. Sans enfant, elle devra donc payer 55 % de droits pour transmettre à ses six neveux et nièces. 

Mais elle doit déjà, avant de commencer, acquitter 500 000 euros supplémentaires au nom de l’impôt sur les plus-values professionnelles, c’est-à-dire sur son propre travail, simplement parce que la loi l’oblige à transformer le statut unipersonnel de sa société avant de transmettre.

LES VIGNERONS EN DANGER 

Bien sûr, il serait idiot de considérer qu’une famille propriétaire doit le rester ad vitam aeternam. D’autant que certaines ventes sont aussi le résultat d’un bilan. Le domaine Bonneau du Martray par exemple, au firmament de la Bourgogne à l’orée des années 2000, a mal négocié certains virages. Son propriétaire est resté arcbouté sur ses grands crus sans investir dans des appellations plus accessibles, ce qui a conduit ses clients français à décrocher faute de pouvoir suivre la hausse du prix des vins.

Sa conversion en biodynamie a affecté ses volumes, effet aggravé par une succession de millésimes compliqués. Touché par l’oxydation des vins blancs (comme d’autres Bourguignons), Bonneau du Martray a perdu du terrain face à de jeunes vignerons plus offensifs, finissant par perdre sa troisième étoile dans notre Guide vert en 2013 (édition 2014).

Il reste qu’une dimension très particulière du vignoble français, héritage de la Révolution, est aujourd’hui menacée. En France, les vignerons paysans sont devenus propriétaires de leurs terres. Or, la pression de la mondialisation fait basculer cet équilibre. Olivier Poels illustre le problème avec une analogie de gastronome : "Il y a trente ans, chaque village avait son boucher, artisan propriétaire de son magasin. Aujourd’hui, les boucheries ont fermé et les bouchers sont les employés d’Auchan, Carrefour ou E.Leclerc". Les vignerons de grandes appellations sont-ils condamnés à devenir les employés de puissants investisseurs ? Si tel était le cas, le vignoble français perdrait une part de son âme.

Source: La RVF