vendredi 29 mars 2024

J’ai dîné avec des joyeux «blancs» d’Afrique du Sud!

Madame Claudette Dumas-Bergen m’avait fait parvenir une invitation à une dégustation de vins blancs remarquables d’Afrique du Sud. Le maître de chais JC Bekker de la célèbre maison DCB allait faire la présentation et animer le séminaire. M. Bekker est un des œnologues les mieux côtés d’Afrique du Sud. Je me suis rendu au Mount Stephen Club de la rue Drummond, où entre autres personnes j’ai rencontré le chroniqueur de vins Malcolm Anderson, Louise & John Lovette, Debra Solomon de Toronto, qui représente DGBAlexandra Boake et Danielle Vaillant de LCC vins et spiritueux/ Clos des Vignes, Loic Monti de Valmonti, Martin Garneau de l’incroyable Luxor, le plus grand restaurant de Victoriaville, il y avait aussi un personnage coloré et fort sympathique qui cherchait des fautes d’orthographe au fond de son verre, il n’a jamais voulu me dire son nom. Un peu plus tard nous ont rejoint Sue Birch, la grande patronne de l’office des Vins d’Afrique du Sud, et Matome Mbatha son directeur de marketing, tous deux venus expressément de Stellenbosch. Ils étaient accompagnés de la représentante de l’office pour le Canada, Laurel Keenan.

J.C. Bekker nous a raconté le passé glorieux des vignobles d’Afrique du Sud, dont les premiers cépages sont arrivés en 1659. Vingt ans plus tard le gouverneur Simon Van Der Steel créa le domaine de Constantia aux environs du Cap, et aida les fermiers qui s’installaient dans la région de Stellenbosch, à faire de la viticulture. Entre 1688 et 1690, deux cents huguenots français fuyant les persécutions sont arrivés en Afrique du Sud et se sont installés à Franschhoek près de Stellenbosch. Certains connaissaient la vigne et la vinification et ont fait faire un bond à la production du vin local. Aujourd’hui encore, dans le Franschhoek, beaucoup de villes, et des rues portent des noms français; de nombreuses de familles portent également des noms français même si elles ont oublié la langue depuis longtemps. Comme «beau sang ne saurait mentir» c’est la région de la bonne cuisine et du bonheur de vivre, par excellence!

Des sols appropriés, un climat favorable et l’influence de la mer, ont permis un développement exponentiel de la vigne qui embauche 300.000 personnes. L’Afrique du Sud est le 9ème producteur mondial. Entre 1994 et aujourd’hui, les exportations sont passées de 50 millions à 270 millions de litres de vin par an, en dépit de la saturation mondiale.

Sous la houlette de M. Bekker, nous avons dégusté 10 blancs, en commençant par le Springfield Life 2008, Sauvignon Blanc 2008. (SAQ $ 24.40). «Robe tirant à vert, avec des parfums de poivrons verts et de fruits de la passion, assez minéral» Personnellement j’ai aimé son goût sec et fruité. Il a 12,8% d’alcool, c’est un vin qu’on peut boire en apéritif, dans un 5 à 7 d’entreprise ou dans un vernissage. C’est aussi un vin pour meubler une soirée. Il irait très bien avec des huitres.

Ensuite nous avons goûté le Mulderbosch Sauvignon Blanc 2008. (SAQ $ 19,60). Robe vert-clair. Arômes tropicaux : goyave, figue verte, grenadille et une pointe florale. Certains lui trouvent un caractère complexe à saveur d'ortie et d'herbe fraîchement coupée. J’avoue que je me tiens loin des orties après en avoir frôlé une qui m’a donné de l’urticaire, et que l’herbe fraichement coupée n’est pas ma tasse de thé. Pour ma part, j’ai trouvé le Mulderbosch Sauvignon Blanc 2008 assez sec, fruité et bien structuré. Je le servirais certainement frais, autour de 13°C avec des mets grillés : artichauts, homard, saumon, et pourquoi pas avec un bon fromage de chèvre chaud!

Nous avons essayé ensuite le Boekenhoutskloof Semillon 2005. (SAQ 29,25) Un joli vin, assez rond en bouche, moins acide que les Sauvignons, un bel accent d’agrumes tirant vers la tangerine et la clémentine, quelques notes minérales. 13,06% d’alcool. Servi avec des fruits de mer, un délice!

En quatrième lieu nous avons goûté le Ken Forrester Chenin Blanc 2008 (SAQ $ 18,70). Un vin corsé mais arrondi avec une structure complexe de pomme, cannelle, et coing. Bon équilibre entre les fruits et le boisé qui lui imprime un goût de vanille et de miel. Il a 13.5% d’alcool. Très bon accompagnement avec des mets épicés. Ce vin a gagné plusieurs médailles.

On nous a proposé ensuite le Bellingham Bernard Series Chenin Blanc Vieilles Vignes 2008 (SAQ 22,50). Robe dorée pale avec des arômes de fruits tropicaux et de melon qui vous caressent doucement le nez. En même temps on y découvre une douceur de miel qui se combine bien à son boisé vanillé et épicé. C’est un vin complexe et agréable, probablement mon préféré.

Les cépages qui produisent ce vin, ont en moyenne 40 ans d’âge. On le recommande pour accompagner le saumon, le poulet grillé et la venaison, mais la vérité c’est qu’un vin pareil est bon avec tout ce que vous voudrez!

Ensuite nous avons goûté le Fairview Viognier 2007 (SAQ $ 22,05) qui lui aussi a gagné plusieurs médailles. Sa robe est or pale, et il a des arômes de fleurs blanches et des touches de lanvande, avec un goût légèrement épicé qui rappelle les abricots secs et le zest de citron. Il a reposé sur lie, qu’on a remué à chaque semaine, pendant 4 mois. L’acide du début se tempère et devient long en bouche. Il a 14% d’alcool. Excellent!

En septième place nous avons goûté le Bellingham The Bernard Viognier 2008, vendangé manuellement. (SAQ $ 21). Belle couleur paille tirant vers le vert. Vin complexe aux arômes de pêche et de litchis, avec des épices; il est assez minéral. Texture grasse et bien équilibrée. Une certaine douceur qui atténue son acidité. Un vin à recommander avec la cuisine orientale et les desserts à la crème.

Le vin suivant a un nom qui fait rêver : Le Bonheur Chardonnay 2009 (SAQ $ 15,95). Robe or, bouquet aux notes épicées-boisées typiques de Chardonnay. Arômes discrets de fruits exotiques. Caractère charnu et toutefois équilibré. Un vin à essayer absolument!

On nous le recommande de le déguster avec des fruits de mer ou des viandes blanches en sauce crémeuse ou à l’estragon.Nous avons dégusté le Boschendal 1685, Chardonnay 2008 qui est un vin produit par notre conférencier J.C. Bekker. (SAQ 15,90). Vin épanoui, à la robe jaune paille assez intense, arômes et saveurs de citron, de cannelle et de muscade, avec des notes minérales; une acidité maquée et à la fois une texture assez grasse et de belle profondeur. 14% d’alcool.

Seul vin d’Afrique du Sud à avoir obtenu la Médaille d’Or à la compétition Sélection du Monde, en Belgique. Laissons M. Bekker nous expliquer comment il fait sa vinification :

«Les vendanges s’effectuent manuellement et la teneur en sucre est de 24,5 dégrées Bailing. Après le pressage, le jus est stabilisé à 10°C pendant deux jours. 50% du jus est inoculé de levure cultivée et 50% fermente naturellement. La fermentation s’effectue pendant 5 mois à 20°C et 50% du vin subit une fermentation malolactique. Le vin vieillit pendant 9 mois sur lie, dans des futs de chêne français, dont 30% sont nouveaux. L’assemblage final s’effectue après qu’on a laissé fermenter 70% en barils de chêne et 30% en inox. »

Ce vin accompagne très bien les fruits de mer, la volaille et les fromages doux.

On nous avait réservé pour la fin le Vergelegen Chardonnay Réserve 2007 (SAQ 26.40). Médaille de bronze 2009 au Decander Word Wine Awards. C’est un vin qui a 14.2% d’alcool et qui a été pressé sans contact avec la peau du raisin. Semi-sec à prédominance minérale sur fond d’agrumes et de caramel. Rond en bouche, long, complexe et d’une belle élégance.

Pendant le repas qui a suivi le séminaire j’ai eu un réel plaisir à découvrir les Sud-Africains d’aujourd’hui. J’étais assis entre une dame blanche et un jeune exécutif noir. Tous les participants partageaient un idéal, et avaient ce que nous avons probablement perdu en Amérique du Nord, la foi dans l’avenir. Ils ont plus que jamais l’ambition de bâtir, et ils savent où ils s’en vont.

Les vins qu’ils nous ont fait découvrir aujourd’hui sont tous excellents. Madame Dumas-Bergen ne nous a pas menti! Merci.

Roger Huet
Président du Club des Joyeux
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À propos de l' auteur

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...