samedi 4 mai 2024

L’Estrémadure méconnue et fascinante.

Version 1.5.26Samy Rabbat No Translation Prévisualiser01Déconnexion Site Menus Contenu Composants Extensions Outils Aide Prévisualiser Sauver Appliquer Annuler Aide Article: [ Éditer ] Titre L’Estrémadure méconnue et fascinante. Publié Non Oui Alias 2015-07-14-13-15-58 Page d'accueil Non Oui Section Catégorie [Toggle Editor]

C’était le 16 juin, nous étions trois journalistes attablés autour de Benoît Lecavalier au Vino Volo de l’aéroport Trudeau. Notre avion avait un peu de retard. Lison, la sommelière nous a apporté du vin espagnol et quelques tapas. C’est là qu’a commencé notre voyage de découverte de l’Estrémadure.

 L’Estrémadure est la région la plus méconnue d’Espagne. Elle est collée à la province d’Alentejo au Portugal. Ses villes Caceres, Badajoz, Plasencia, Mérida,  sont chargées d’histoire et leur richesse architecturale demeure intacte. Mérida a été fondée en 25 av JC par Octave Auguste,  Badajoz a été fondée par les arabes, Caceres a eu une vie intense durant tout le Moyen-âge jusqu’aux temps troubles de la Guerre Civile qui se termine en 1939. La longue frontière de l’Estrémadure avec le Portugal a été l’enjeu des tensions entre l’Angleterre et la France pendant des siècles. L’Estrémadure a été assignée à une vocation agricole, par la volonté de la dictature franquiste, tandis que les grandes villes du nord et de l’Est connaissaient un développement industriel. Loin des courants commerciaux et touristiques, cette magnifique région est en quelque sorte une terre vierge. Elle produit des vins délicieux, des produits maraîchers incomparables, des olives, du liège, et des porcs dont on fait des jambons de première qualité. Les prix sont outrageusement bas.

Dernier appel pour Lisbonne, nous pressons le pas. C’est en effet bien plus simple d’arriver en Estrémadure par Lisbonne que par Madrid. Nous sommes bientôt confortablement installés dans nos sièges de classe affaires où le voyage nous paraîtra plutôt court.

Nous sommes arrivés  à Lisbonne le 17 où nous avons été accueillis par Javier Diaz et Emilio Cartolano, le directeur commercial et le directeur export de Bodega San Marcos, qui produit les vins de Campobarro. Ils ont des liens d’affaires au Québec avec Benedictus.

Notre première visite était pour Amorim, la plus grande entreprise de liège du monde. Grâce au cellulaire et au GPS, nous rencontrons sur la route le Directeur commercial d’Amorim, Jose Manuel Amorim et Miguel Almeida, du service commercial, qui vont nous guider par des routes de montagne jusqu’à Santa Maria de Lamas pour voir les bois de chêne-liège du Portugal. Nous y avons rencontré le propriétaire, Don Antonio Amorim, un  gaillard de 84 ans, en pleine forme, qui dirige personnellement les équipes de coupe de son domaine de 20 000 hectares.

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Don Antonio et son équipe technique

Le Portugal produit plus de 50% du liège employé dans le monde. Le chêne-liège dont le nom scientifique est Quercus Suber L est un arbre dont la culture et la coupe sont réglementés depuis le Treizième siècle. En 2011 il a été désigné symbole végétal du Portugal. Le chêne-liège a une capacité d’absorption 5 fois supérieure en CO2 à n’importe quel autre arbre. On calcule que le bois dans lequel nous nous trouvions retient chaque année 14 millions de tonnes de dioxyde de carbone.

La première coupe d’écorce se fait lorsque l’arbre atteint 25 ans, et les suivantes à chaque 9 ans. Le travail de coupe demande une grande dextérité de la part des bucherons pour ne pas endommager le tronc de l’arbre. Ils ont des hachettes avec lesquelles qui font des coupes nettes, toujours le long du tronc jusqu’au pied, mais jamais dans les branches, car il faut que l’écorce cueillie ait une épaisseur entre 3 et 7 centimètres.

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 L’écorce est détachée en tirant par petits coups saccadés. L’arbre dénudé est marqué en peinture blanche du dernier chiffre de l’année, donc 5 pour 2015. Il indique qu’on devra repasser pour une autre coupe en 2024. Pendant ce temps l’écorce aura eu le temps de se reconstituer. Les bois sont exploités selon les principes de l’agriculture durable, sans utilisation de produits chimiques même contre les insectes qui peuvent s’attaquer au bois, et qui sont heureusement peu nombreux dans la région. Les morceaux d’écorce sont placés en tas, dans des zones de séchage, avant d’être acheminés à l’usine. Il semble que le métier de coupeur de liège soit très bien payé, mais ne dure que trois mois par année. J’avais remarqué des rizières qui alternaient avec les bois de chêne-liège, don Antonio m’a expliqué que le travail du liège demande un si long temps d’arrêt que sans les rizières il ne serait pas rentable. On trouve aussi des bois de pins dont ils exploitent les pignons destinés à la pâtisserie. Après avoir fait nos adieux à Don Antonio, on nous invités à visiter la fabrique d’Amorim dans la localité de Coruche.

Amorim c’est une vaste usine ultra-moderne, qui travaille également selon les principes du développement durable. On y   recycle les eaux usées, et on alimente les turbines avec de déchets de liège, ce qui les rend autosuffisants en énergie pour plus de 50% de leurs besoins.

Le liège est un tissu végétal extrêmement léger, élastique et compressible. C’est le seul solide qui lorsqu’on le compresse d’un côté ne se gonfle pas sur l’autre face. Il a une faible conduction de la chaleur, du bruit et de la vibration. Il est imperméable aux liquides et au gaz. Il a la capacité de retarder le feu, et lorsqu’il brûle, sa flamme n’émet pas de gaz toxique.

L’usine de Coruche en est une de nettoyage et de première transformation. Amorim a une autre usine près de Porto où l’on fabrique des bouchons et des plaques pour différents usages. www.amorim.com

Après la visite, nos amis d’Amorim nous ont invités à déjeuner au restaurant Sabores de Coruche, et nous ont régalés de délicieux mets portugais à base de produits de la mer, avec des vins blancs portugais qui se mariaient très bien.

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Sabores de Coruche

Nous avons repris notre route vers Mérida où nous devions loger et nous nous sommes arrêtés à la ville fortifiée d’Elvas, à seulement 12 kilomètres de la frontière avec l’Espagne. Notre ami Emilio qui connaît bien la région nous a conduits jusqu’à une colline intra murs d’où nous avons admiré un immense aqueduc de plus de 10 kilomètres de long qui n’a pas moins de 843 arcs et qui a été commandé par le Roi João III en 1537 et achevé  en 1622.

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Nous avons pu contempler aussi le château médiéval.  La petite ville d’Élvas est intéressante. Elle aurait été habitée par les Celtes, mais ce sont les Romains qui y ont construit un château au Deuxième siècle av. JC; les Wisigoths les ont remplacés et ont laissé d’intéressants vestiges. Les Arabes l’ont dominée pendant des siècles et lorsque  les Portugais en ont pris le contrôle, ils en ont fait un fort d’avant-garde face à l’Espagne. La ville est charmante, toute blanche et jaune. La Plaça de la Republica est un bijou. Il y a beaucoup d’églises et des couvents magnifiques. Les rues sont étroites et en forte pente.

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Plaça de la Republica

Nous avons traversé la frontière peu après. Ce qui est un grand mot aujourd’hui, car avec l’Union Européenne il n’y a plus de frontière ni même de panneau indicateur vous donnant la bienvenue dans le pays. On s’aperçoit qu’on est en Espagne lorsqu’on commence à lire des panneaux en espagnol. Les routes sont belles, on y circule à 120 km/h.

Nous sommes arrivés á Badajoz par la Porte de la Palma qui est aussi l’emblème de la ville.  Badajoz a été fondée en 875 par le renégat chrétien espagnol Abd al-Rahman Ibn Muhammad Ibn Marwan qui en fait sa capitale. Pendant quatre siècles elle sera musulmane, jusqu’à sa conquête par  Alfonso IX roi de León, en 1230.  À partir de cette date, Badajoz vivra au rythme des conflits avec le Portugal et pendant tout le Dix-neuvième siècle subira les effets des relations tendues entre la France et l’Angleterre. C’est une ville fortifiée, avec son Alcazaba qui a de nombreuses tours dont la célèbre Torre espantaperros.

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Torres espantaperros

C’est aussi une cité pittoresque extra-muros, elle a une très jolie Plaza Alta qui fut autrefois un marché.

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Plaza Alata de Badajoz

Nous sommes arrivés finalement à Mérida où nous avions des réservations à l’Hôtel Parador de Mérida, un ancien couvent de religieuses transformé en hôtel de luxe. Les paradores ont été créés au début du XXe siècle, jusqu’aux années 70, pour accueillir les hauts fonctionnaires de l’état; les chambres inoccupées sont louées aux particuliers. Nous nous sommes dépêchés à déposer nos bagages et à rejoindre Emilio et Javier pour nous lancer à la découverte de Merida, l’ancienne Emerita Augusta fondée par Octave Auguste en 25 avant notre ère. Elle était destinée à accueillir les vétérans de la Ve légion Alaudae et la Xe Gemina qui s’étaient distingués dans les guerres cantabres. Jusqu’à la chute de l’Empire romain d’Occident, Emerita était la capitale de la province romaine de Lusitanie et un centre juridique, économique et militaire de premier ordre. Les rues sont  pittoresques et lumineuses. Elles suivent les caprices de la géographie. Nous nous sommes retrouvés devant un temple romain qu’on appelle aujourd’hui le temple de Diane mais qui du temps des romains était voué au culte des empereurs.

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Temple de Diane

C’est un bel édifice, qui date du Premier siècle de notre ère. Son plan rectangulaire est entouré de colonnes. Sa façade composée de six colonnes corinthiennes est surmontée d’un fronton. Intégré à la rue, ce temple est bien vivant et participe à la vie du quartier.  Nous avons accéléré le pas pour arriver au Forum où se trouvent  le Théâtre romain l’Amphithéâtre et le Cirque qui forment le plus important site archéologique romain de la Péninsule ibérique.

Le théâtre a été inauguré en 15 avant J.C. Il a une capacité pour 6000 spectateurs. Son acoustique est remarquable à cause qu’il est adossé à la colline San Alban. Le plan est simple et classique : la scène qui comprend un mur de scène et un hémicycle de gradins en pierre. Il y a un espace entre les gradins et la scène où autrefois il y avait trois bancs, qui étaient destinés aux magistrats. Les gradins sont eux-mêmes divisés en sections: basse, moyenne et haute. Ce théâtre accueille, chaque été, des troupes qui jouent des pièces d’inspiration antique et des festivals de musique.

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Théatre de Mérida

L’amphithéâtre, attenant le théâtre, date de l’an 8 avant notre ère. Il est assez semblable mais en plus grand, puisqu’il peut accueillir jusqu’à 15000 personnes.

Un peu plus loin se trouve le Cirque romain construit à l’extérieur de l’enceinte fortifiée, il date du Premier siècle.  C’est le plus vaste des trois édifices avec 420 mètres sur la longueur et 98 sur la largeur. Il pouvait accueillir 33 000 personnes. C’est là où se déroulaient les courses de chars, les combats des gladiateurs, et les combats de fauves, quelquefois avec des hommes. Pour les combats navals il existait  un dispositif qui permettait de remplir la piste d’eau. J’ai parcouru avec une certaine émotion, les couloirs que devaient parcourir les lions pour se rendre à l’arène. Le cirque de Mérida est le mieux conservé du monde romain. L’Unesco a déclaré la ville de Mérida  Trésor et Patrimoine de l’Humanité en 1993.

Nous avons quitté le site avec regret. Mais lorsque nous sommes passés devant un magasin d’ultramarinos, les visiteurs nous avons perdu la tête devant tant de délices : des vins, des jambons, des olives, des boites et des boites de poivrons et de piments en poudre,  des chocolats. Ce n’est pas pour rien que Mérida a 2060 ans d’histoire et de gourmandise.

Nos amis nous ont amenés dîner dans un endroit connu comme le  13 Uvas qui se trouve à côté du temple de Diane, où nous nous sommes régalés avec des tapas et de jambon serrano, et de bon vin de la région. Après presque 20 heures d’une vie intense, j’ai regagné mon lit avec plaisir.

Le 18 juin, nous nous sommes retrouvés à la salle à manger pour un déjeuner copieux, avec tout un choix de viandes froides et de viennoiseries, mais ce qui m’a ravi le plus c’est la tortilla de patata, cette omelette espagnole faite à la perfection. Nos fidèles amis Emilio et Javier nous attendaient à la réception pour nous amener visiter Campobarro et la Bodega San Marcos.
Avant de sortir de la ville ils nous ont fait faire un détour pour nous montrer l’Arc de Trajan. Bien que Trajan ait été un empereur d’origine ibérique, il n’est pas certain que cet arc ait été construit sous son gouvernement. Il servait de porte dans une voie principale, et était recouvert d’un revêtement de marbre, aujourd’hui disparu. Il demeure néanmoins majestueux avec ses 14 mètres de haut par 9 de largeur.

La campagne d’Estrémadure est pittoresque, car elle est souvent découpée de collines et de tertres. Il n’est pas rare de voir un château-fort  au sommet. Certains sont majestueux. On voit des cigognes partout, et leurs nids sont presque sur toutes les tours. Des vignobles à perte de vue nous annonçaient qu’on approchait de San Marcos. Les premiers panneaux étaient là. À la différence de celui de Venise, le San Marcos ailé de Campobarro porte sa puissante queue pointée vers le haut. Nous nous arrêtâmes devant une belle bâtisse moderne où nous fûmes accueillis par le Président Emilio González Maqueda, qui nous invita à visiter sa bodega et à découvrir tous ses vins.

Nous avons rencontré l’équipe : Wernik Van Haselen pour le Commerce et la logistique internationale,  Antonio Garcia l’œnologue, Javier Gonzalez, chef de production, Máximo Altamirano chef administratif et Guillermo Burgos Directeur Commercial Marketing.

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Antonio Garcia nous a guidés à travers son ultra-moderne cuverie inox et ses chais remplis de futs. Nous avons visité aussi l’usine d’embouteillage, d’étiquetage et d’emballage, et la boutique.

San Marcos est une coopérative de 200 producteurs de raisin et d’olives de Tierra de Barros qui a été fondée en 1980. Ils représentent 2000 hectares de vignobles et 1800 hectares d’oliviers. Son équipe de techniciens et d’œnologues suit et supporte les producteurs dans tout le processus de culture jusqu’à la récolte, autant pour le raisin que pour l’olive.

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La coopérative produit environ 2,5 millions de bouteilles de vin par année.  Elle vinifie en rouge le Tempranillo qui est largement majoritaire, mais aussi le Merlot, le Cabernet Sauvignon, la Syrah et le Carignan. En blanc, elle vinifie deux variétés locales, la  Pardina, et la Cayetana, et le Macabeu. Ils font des vins mousseux, des rouges, des rosés et des blancs. À la fin de la visite nous avons été invités à parcourir les vignes en cabriolet. Les vignes étaient en admirable bonne santé. Le millésime 2015 s’annonce bien. http://bodegasanmarcos.com

Nous avions rendez-vous avec la préhistoire à Huerta Montero où nous devions visiter un monument funéraire du chalcolithique qui est l’âge de cuivre. Il se situe entre le néolithique et l’âge de bronze.

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Les rites funéraires de cette époque se caractérisent par les enterrements collectifs et la sépulture est dolménique. Celle de Huerta Montero date du Troisième millénaire avant notre ère. Nous avons été accueillis et guidés par Paco Blasco, l’archéologue qui a découvert le tombeau et qui dirige les fouilles. La tombe était orientée de façon à ce que le soleil pénètre dans la chambre funéraire le jour du solstice d’été.  Jusqu’à maintenant on a découvert 115 corps avec tout leur attirail funéraire, qui nous livrent des indications précieuses sur le mode de vie de ces lointains ancêtres.

On nous a conduits plus tard à Almendralejo où nous avons visité le Musée des sciences du vin. Il est logé dans l’ancienne Alcoholera Extremeña, une plus importantes distilleries du milieu du Vingtième Siècle. Ce musée est intéressant car il exhibe des pièces régionales pour la fabrication et la conservation du vin depuis l’antiquité jusqu’à l’industrialisation. La région de Campobarro est celle qui a la plus faible pluviométrie d’Espagne.

La Plaza de Toros se trouve en face du Musée. Sous les gradins et totalement isolée, il y a une importante Bodega avec des cuves  en ciment et en céramique qui ont servi pendant longtemps à faire du vin. Nos amis de San Marcos, y avaient organisé la dégustation de leurs vins avec mariage de délicieuses tapas préparées pour nous.

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La Plaza de Toros

 Nous avons particulièrement apprécié ceux qui sont disponibles au Québec, à savoir trois qui sont en importation privée : Le Campobarro Selección, le Campobarro Rosé et le Campobarro Pardina Crianza, et un qui est disponible dans les succursales de la SAQ,  le Campobarro Tempranillo crianza. Tous les vins de Bodegas San Marcos, sont de Dénomination de Origen Ribera del Guadiana.

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L'équipe de San Marcos

 Voici mes impressions :


Le Campobarro Selección Roble est un assemblage de Tempranillo et de Mazuelo, 14º d’alcool. Élevage en barrique française et américaine pendant 4 mois. Robe rouge intense, avec des tons violets. Bouquet de framboise, et de cerise, avec une touche de café de chocolat et des notes toastées. Une grande amplitude en bouche, une matière riche, fruitée et intense, des tanins veloutés, et une finale longue et gourmande. Un vin convivial et charmeur qui accompagnera agréablement les viandes rouges et blanches. Il est particulièrement bon avec un plateau de fromages et avec un plateau de jambon ibérique de bellota. Le servir autour de 17º C. En importation privée le prix est de 19,95 $.

Le Campobarro Rosé Joven (D.O.), Tempranillo 100%, 13º d’alcool. Vinification et élevage en cuve inox. Robe rose groseille, brillante. Parfum de framboise et de fruits sauvages, avec un soupçon de zeste de citron et de mandarine. Léger, fluide et frais en bouche, avec des notes fruitées de framboise et de fraise. Agréable en apéritif, il est aussi délicieux avec des mets froids et avec les mets épicés des cuisines exotiques comme celles du Pérou et du Mexique. Le servir frais à  7º C. En importation privée le prix est de 14,95 $.

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Le Campobarro Pardina, Crianza. Pardina 100%, 12,5º d’alcool. Vinification et élevage en cuve inox. Robe couleur paille, brillante avec des reflets verts.  Parfum de fruits exotiques: mangue, litchi, un peu de pamplemousse blanc, un soupçon de bergamote et de chèvrefeuille. Rond en bouche, léger, caressant, sensuel, avec une acidité parfaitement dosée qui s’accorde à merveille avec l’alcool. Magnifique avec les fruits de mer et les huitres. Parfait avec les poissons en sauce, au four ou à la poêle, Il fait merveille avec les pétoncles caramélisés; délicieux également avec les fromages de chèvre. Le servir frais à  7º C. En importation privée le prix est de 14,95 $.

Le Campobarro Tempranillo 2013. Cépage Tempranillo 100 %, 14 º d’alcool.  Les raisins de Tempranillo de Campobarro sont petits mais savoureux. Le millésime 2013 a été spectaculaire, d’un rouge violacé bien soutenu. Vinifié en inox à température contrôlée et vieilli en barrique française, son bouquet est généreux en fruits rouges : cassis, prunes. Un deuxième nez nous apporte une touche de chocolat et de tabac. En bouche les tanins sont bien fondus avec l’acidité et l’alcool. La matière est fruitée et agréable. En fin de bouche, il est délicieusement épicé et  chocolaté.

Le Campobarro Tempranillo 2013 est disponible à la SAQ, code 10357994. Prix 10,65$  Ce vin présente assurément le meilleur rapport qualité-prix de tous les vins de la Société des Alcools du Québec.

La petite fête gastronomique s’est terminée dans un très bon restaurant où nous avons pu apprécier les spécialités locales que nous avons marié avec les Vins de Campobarro.

Dans l’après-midi nous sommes repartis sur les routes à la découverte de Caceres. Nous nous sommes arrêtés au vignoble de Javier Diaz qui est aussi membre de la coopérative. Ses vignes sont magnifiques.

Nous sommes arrivés à Caceres par le quartier moderne qui se trouve perché sur une colline. À Caceres, comme partout,  il y a des problèmes de stationnement.

Caceres est la ville la plus peuplée d’Estrémadure avec presque 100 000 habitants. La présence humaine date de la préhistoire et les grottes de Maltravieso et de Conejar montrent des vestiges picturaux de mains humaines, dont l’auriculaire est amputé. Les Romains l’ont colonisée au Premier siècle avant J.C. et ont tracé une importante voie de communication vers le nord qu’on a appelée plus tard la Ruta de la plata, ou Route de l’argent. Au Cinquième siècle les Wisigoths ont rasé la ville. Il faudra attendre 1127 lorsque le Sultan almohade Abd-Almomin décide de la rebâtir pour en faire un puissant centre militaire face aux royaumes chrétiens de Léon et de Castille. La ville a été prise par Alphonse IX de Léon, le 23 avril 1229, après plusieurs années de siège.

Caceres et l’Estrémadure en général ont donné de nombreux conquistadors qui ont découvert et colonisé  l’Amérique espagnole au Seizième siècle. Lorsqu’ils s’enrichissaient, ils envoyaient une partie de leur fortune vers leur terre natale. Caceres a donc vu des églises pousser dans les anciennes mosquées et des palais chrétiens se bâtir sur les palais musulmans. L’architecture du temps de la monarchie des Habsbourg qui dominait l’Espagne, était sobre au point d’être sévère. Les palais et les maisons nobles de Caceres de cette époque sont lisses et en pierre ocre. La plupart du temps leur unique décoration est leur Blason, parfois une corniche sculptée, ou un cadre de pierre entourant une fenêtre, par contre à l’intérieur ils sont luxueux. Le vieux Caceres est demeuré pratiquement inchangé. Il a été déclaré Troisième Ensemble Monumental d’Europe en 1968 et Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1986.

Nous sommes descendus vers la Plaza Mayor par des rues en pente raide. Elle est intéressante cette Plaza Mayor, elle n’est pas carrée, mais rectangulaire. Du côté nord et ouest il y a des galeries, avec des colonnades qui datent du Seizième siècle, au-dessus se trouvent des habitations qui sont pour la plupart du Dix-neuvième et du Vingtième siècle. Au rez-de-chaussée c’est l’effervescence des bars, des restaurants et des boutiques. Au sud il y a l’Hôtel de Ville et un petit vestige de l’époque romaine appelé Forum des Balbos, À l’est c’est le début de la ville fortifiée, avec la Tour de Bujaco, l’ermitage de La Paz et le grand escalier qui mène à l’Arc de l’Étoile qui donne accès à l’enceinte dont les murailles ont été construites par les Almohades au Douzième siècle.

En traversant l’enceinte on change de siècle, on change aussi de rythme. Les rues en escalier sont très en pente et ne permettent ni la circulation automobile ni les déplacements rapides. Nous avons monté lentement jusqu’au parvis de l’Église de Santa Maria qui est de toute beauté. Elle est entourée de plusieurs palais renaissance comme celui d’Hernando Ovando, le Palais Épiscopal et le palais de Mayoralgo. En longeant l’église par la droite nous sommes arrivés à la Plaza de los Golfines, où se trouve le Palais de la Députation provinciale, et le Palais des Golfines.

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Le Palais des Golfines

Nous nous sommes dirigés ensuite vers la Plaza de San Jorge où un groupe de jeunes filles pratiquait pour une représentation devant l’ancienne église et le collège des Jésuites, qui sont aujourd’hui un centre d’interprétation. Nous avons pris la rue de la Compagnie, qui suit la côte de la montagne où nous avions l’impression d’escalader plutôt que de marcher.  Nous sommes arrivés à la Plaza de San Mateo où se trouvent l’église du même nom et le Palais aux Cigognes. Les places publiques sont très nombreuses dans la vieille ville. Elles sont en quelque sorte des reposoirs pour permettre au promeneur de reprendre son souffle. Nous avons donc continué jusqu’à la Plaza de San Pablo, et un peu plus loin à la Plaza de Perreros ou se trouve le Palais du Comendador de Alcuestar qui est devenu un Hôtel Parador. Nous avons été heureux de trouver un bureau de tourisme car nous cherchions les Siete jardines qui est une galerie d’art doublée d’une terrasse café, perchée sur les murailles de la ville avec vue imprenable sur la campagne. Pour y arriver nous avons dû traverser le quartier de San Antonio, connu aussi comme la juderia, l’ancien quartier juif, avec de nombreux vestiges religieux et des riches maisons des commerçants. Après un long arrêt aux Siete jardines, où nous nous sommes reposés et restaurés dans un environnement idyllique, nous avons repris notre marche vers la Plaza Mayor, par des rues étroites où le temps s’était arrêté. Nous ne trouvions qu’un mot pour décrire notre fascination: Incroyable!

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La rue voûtée de Santa Ana

Nous sommes arrivés à la Plaza Mayor vers 20heures. Certains de nos journalistes en ont profité pour faire  un saut dans les magasins tandis que Benoît et moi avec nos amis Emilio, Javier et Wernik nous nous attablions à la terrasse d’un café. Emilio avait appelé sa fiancée Teresa qui habite Caceres où elle est enseignante. Emilio a beaucoup de goût. Teresa est non seulement belle mais infiniment charmante. Elle a une maison de campagne où elle se réfugie les jours d’été lorsque la température peut dépasser les 40 Celsius à Caceres. L’horloge de la Mairie sonna 22h. Puisque les visiteurs nous n’avions pas faim et que c’est l’heure du souper en Espagne, je demandai à nos amis Javier et Wernik de nous ramener à Merida pour laisser les tourtereaux en tête à tête.

Ma connaissance de l’espagnol m’a permis de mieux  comprendre l’Espagne profonde et la vie de province. Certes, ici on est plongés dans l’histoire et dans le passé, mais les entreprises sont dotées d’équipement moderne. Les gens vivent rivés à leurs cellulaires et à leurs ordinateurs comme au Canada. À Caceres tradition et modernité sont partout. La tradition c’est un art de vivre, et la modernité l’art de prospérer.

Les Émeritiens qui sont les habitants de Mérida,  sont fiers de leurs ponts. Le matin, pour quitter la ville, nous avions emprunté un pont ultramoderne qui ressemble au Golden Gate. Le soir nous rentrions par un pont plus ancien, d’où nous pouvions admirer le pont romain illuminé. Il est vieux de deux mille ans et il est magnifique.

Une fois rendus à notre hôtel, nos amis espagnols nous firent leurs adieux. Ils avaient une longue route pour se rendre à leurs demeures respectives.

Tandis que je m’en allais prendre le frais dans un des patios de l’hôtel, les membres les plus jeunes de notre groupe repartaient en ville pour profiter des charmes de la nuit espagnole.

Le 19 juin, Emilio et Wernik nous attendaient à 8 :30 au lobby de l’hôtel. Nous avons repris la route de Lisbonne en faisant  un détour près de Badajoz pour visiter Monteporrino, une entreprise centenaire d’élevage de porcs ibériques en liberté et de transformation, de salaison et de fabrication de jambons. Nous avons été accueillis par le vétérinaire Ricardo Marco García, qui est le chef de la production et de la qualité, avec qui nous nous sommes déplacés jusqu’à la ferme de Matacebada où nous avons pu admirer les porcs ibériques qui sont les meilleurs d’Espagne pour le jambon sec; ils ont des pattes fines et les sabots noirs. Les truies sont inséminées artificiellement pour avoir des porcelets à date fixe. Tous les porcs sont élevés dans des déhesas, qui sont des champs clos où ils peuvent gambader en toute liberté.  Les porcs destinés à la fabrication de jambons de qualité régulière reçoivent une alimentation équilibrée et grossissent rapidement. Par contre les porcs destinés à faire du jambon de bellota sont soumis à une diète maigre, en attendant que les chênes produisent des glands, les fameuses bellotas. Lorsque les chênes livrent leurs glands qui tapissent le sol, les porcs sont transférés dans ces champs où la nourriture dont ils raffolent est abondante. En quelques mois ils retrouvent leur poids normal et deviennent des animaux puissants et assez agressifs. Les clôtures doivent avoir un minimum de 1,70 m pour qu’ils ne sautent pas la barrière. Lorsque les porcs ont atteint leur poids optimal ils sont menés à l’abattoir où commence le processus de sélection des pièces et de salaison. La nourriture avec des glands donne aux viandes un goût de noisette incomparable. Nous sommes revenus à l’usine de transformation qui est très moderne, mais où le travail demeure quand-même artisanal.

En plus des palettes et des jambons le porc donne des saucissons de toutes sortes, des boudins, et des produits de viandes nobles comme le filet, le contrefilet et la bavette qui sont salés et séchés avec des techniques spécifiques. Il y a des salles pour le vieillissement où les jambons passent 36 mois et les palettes 24.

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Ricardo Marco, un jambon et une palette à la main

Emilio avait arrangé avec Ricardo Marco pour que nous ayons une dégustation de jambon et autres salaisons de Monteporrino, mariés avec des bonnes bouteilles de Campobarro Tempranillo. Ce fut un régal.

http://www.monteporrino.es  

Nous avons finalement repris la route de Lisbonne et fait un petit arrêt à Badajoz pour acheter quelques souvenirs.
Lisbonne était souriante en cette fin de matinée. Nous sommes descendus au Turim Hispania Hôtel où nous avons fait nos adieux à nos amis Emilio et Wernik.

Je rends hommage à Emilio Cartolano, pour son extraordinaire sens de l’organisation. Il nous a concocté un voyage intense et à tous points de vue parfait. Nos amis de Bodega San Marcos ont tous été extraordinairement gentils et ont contribué à faire de notre visite en Estrémadure un succès.

Lorsque nous nous sommes retrouvés seuls, nous avons déposé nos bagages dans nos chambres et nous nous sommes retrouvés dans le lobby pour la visite de Lisbonne. Pour la première fois nous nous sentions comme des écoliers en vacances.

L’Avenida da Libertade est grandiose, elle débouche sur Praça Dom Pedro IV; nous avons pris la Via Augusta qui mène à la Place du Commerce. Il n’y a pas d’avenue plus animée et plus joyeuse.  Les couleurs jaune et blanc des édifices la rendent lumineuse. En route un de nos amis journalistes qui connaît Lisbonne comme sa poche,  nous a fait goûter des croquettes de morue chaudes qui sont une pure merveille. Les pâtisseries se succèdent aux bars, les bars aux boutiques de bonbons. Comment peut-on être raisonnable dans une ville aussi gourmande? Au bout de la Via Augusta il y a un arc magnifique, sous lequel la fille de notre camarade a fait ses premiers pas il y a quelques années. Il était ému, et nous aussi.

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Nous nous sommes finalement retrouvés sur la Place du Commerce, une des plus belles places portuaires du monde. Elle nous rappelle que le Portugal a été un pays de navigateurs qui ont sillonné les mers, et qu’il y a cinq siècles ils ont bâti un des plus grands empires.

Nous avons trouvé un Tuk tuk qui est une sorte de mini taxi pour nous rendre au Bairro Alto, un des quartiers populaires de Lisbonne. Les rues sont en pente raide et on se demandait si le petit moteur du Tuk tuk pouvait monter la côte. Le jour, des centaines de restaurants abordables offrent aux touristes et aux Lisboètes une cuisine typique et de la bière, des vins, et de la sangria à gogo. Lorsque la nuit tombe, le Bairro Alto s’encanaille, et ses rues tortueuses se remplissent d’étudiants, de gays, de prostituées et de dealers en tout genre qui plongent le quartier dans une fête infernale. En attendant, nous avons très bien soupé dans un petit resto, serrés comme des sardines. Ensuite j’ai retrouvé mon lit avec bonheur tandis que les jeunes sont repartis prendre le pouls de la nuit de Lisbonne.

Le lendemain notre limousine nous attendait à 8h30 pour nous amener à l’aéroport. Quelques heures plus tard nous arrivions à Pierre Elliott Trudeau. Notre voyage était fini. Il est inoubliable!

Liens:
Bodega San Marcos
Carretera. Aceuchal S/N
www.bodegasanmarcos.com
Emilio Cartolano Export Manager
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Javier Diaz, jefe del mercado nacional.
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Représentés au Québec par :
Agence BENEDICTUS inc.
www.benedictus.ca
Benoît Lecavalier
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Tél :  (450) 671-5572

Roger Huet
Chroniqueur vins et gourmandise
Président du Club des Joyeux

 

À propos de l' auteur

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...