jeudi 18 avril 2024

Rencontre et dégustation avec Francisco Baettig, vinificateur pour Errazuriz

!Les vins Philippe Dandurand inc. nous ont invités à rencontrer M. Francisco Baettig d'Errazuriz, lors de
dégustations privées afin de mieux connaître la gamme de produits de cette fameuse société chilienne. On peut voir d’emblée la passion de cette dernière et son dynamisme, juste dans la quantité de vins élaborés, et ce à plusieurs niveaux qualitatifs. De même, on peut constater facilement leur vocation d’ambassadeurs du vin chilien, puisqu’ils nous offrent la possibilité de goûter aux produits issus des différents cépages cultivés par la maison, à partir de prix très alléchants. Leur rapport qualité/prix n’est plus un secret pour personne au Québec. J’ai eu l’occasion de découvrir leurs vins haut de gamme,dont la qualité fut reconnue internationalement lors du Jugement de Berlin de 2004,alors qu’ils compétitionnaient contre des maisons de prestige de France (les châteaux Margaux,Lafite,Latour) et d’Italie (Sassicaia,Guado al Tasso,Tignanello,Solaia). Les deux premières places revinrent aux vins chiliens! 
 
Je ne pus m’empêcher de demander à M.Baettig la raison de ce désir de reconnaissance vis-à-vis de l’Europe en particulier...Il m’affirma que c’était une démarche tout à fait naturelle du fait que le Chili avait une relativement longue histoire de partenariat avec la France et l’Espagne entre autre, au niveau vinicole. Je me demandais quand même s’il n’était pas tout aussi logique,de par leur situation géographique,de se développer en collaboration avec la Californie,ou l’Australie,qui briguaient elles aussi, les honneurs et la reconnaissance internationale. Tout comme celle du Chili, leur ère moderne vinicole avait commencé plutôt récemment. Il faut aussi relever que l’un des vins primés étaient une collaboration avec Robert Mondavi.Mais d’après ce que je pus comprendre, même si M, Baettig et M.Eduardo Chadwick (le patron d’Errazuriz) se rendirent à plusieurs reprises dans ces puissances du Nouveau Monde afin d’en étudier le modèle,le choix du marché européen s’imposa rapidement,que ce soit au niveau commercial (la Grande-Bretagne étant leur plus gros marché) ou viticole,avec la culture très majoritaire des cépages français.

Un fait très intéressant m’a été raconté par mon hôte: Si la viticulture existe depuis le 16e siècle,il faut attendre le 19e siècle avant qu’un effort qualitatif soit entrepris. On est alors allé chercher des plants et de l’expertise en France, surtout à Bordeaux. Force est d’admettre toutefois que les vins produits alors étaient plus destinés à une élite. Le peuple malgré une forte consommation per capita,buvaient plutôt des vins issus surtout de pays Évidemment,la période sombre au 20e siècle entraîna une importante chute de la consommation.Encore aujourd’hui,le Chilien ne boit que peu de vin,on parle d’une moyenne annuelle de 17 litres par habitant,et il s’agit surtout de vins disons d’entrée de gamme.La quasi-totalité de la production de qualité est exportée.La consommation de Champagne y est presque nulle : c’est un luxe pratiquement inaccessible à la majorité des Chiliens.

Il s’avère aussi que le niveau de vie plutôt bas tend à favoriser l’industrie vinicole lui donnant accès à une main d’oeuvre bon marché qui,avouons-le lui permet d’être ainsi très compétitive au niveau international.Évidemment,cet atout serait sans conséquence si le Chili ne bénéficiait pas aussi d’un climat et de terres particulièrement propices à la viticulture.

Il y règne présentement une effervescence tangible, selon M. Baettig . Il y aurait une sérieuse collaboration entre les acteurs du monde du vin afin de trouver et définir les meilleurs emplacements pour chaque cépage, et des essais de culture des cépages à la mode,tel ceux de la vallée du Rhône et le pinot noir.,sans oublier la mise en valeur du carmenère dans des vins de qualité, en mono-cépage. Il remarque que les maisons et les producteurs collaborent étroitement ensemble plutôt que chacun de son côté et c’est ce qui permet ce grand dynamisme dans l’industrie. Il nous promet donc encore bien des années de découvertes et de plaisir grâce aux vins chiliens et en particulier ceux de la maison Errazuriz.

En entrée de gamme,on retrouve la série Estate,qui permet de boire en jeunesse des vins qui mettent en valeur les caractéristiques d’un cépage en particulier. En blanc, M.Baettig choisit le Fumé blanc,pour ses notes minérales qui nous rappellent le style des sauvignons blancs de la Loire. En rouge,il me proposa le Carmenere Estate pour ses arômes de fruits noirs et d’épices de même que sa rondeur en bouche.

Ensuite nous avons goûtés à la gamme Max Reserva, dont le Canada est un des principaux marchés. Les rouges se veulent l’expression de ce que la vallée de l’Aconcagua peut faire de mieux. Ils vieillissent tous en fûts de chêne, dans une proportion de fûts neufs allant de 30 à 50%., en moyenne pendant un an.

Finalement nous avons dégustés la série Icon, qui est le fleuron de la maison. On y retrouve la Shiraz, La Cumbre, qui a la particularité d’avoir une partie de ses moûts fermentés naturellement à partir de levures indigènes (en anglais : wild ferment), et de se voir ajouter 3% de petit verdot à l’assemblage pour en augmenter la complexité. Il en résulte un vin très aromatique et expressif.

Ensuite,il y a le Don Maximiliano Founder’s Reserve,un vin à majorité de cabernet sauvignon,additionné d’un peu de cabernet franc,de syrah et de petit verdot,qui passe 18 mois en fûts de chêne francais,neufs à 94%. Vous ne serez sûrement pas surpris si je vous dis que ça donne un vin boisé aux tannins bien fermes, aux arômes de cassis, d’épices et de chocolat. Le carafer lui permet de s’ouvrir davantage et le met en valeur dans son jeune âge

Finalement, j’ai pu découvrir le Vinedo Chadwick, dont le millésime 2000 avait remporté la 1ere place lors du Jugement de Berlin. Fait à 100% de cabernet sauvignon de la sous -région de Alto Maipo, considérée comme le meilleur terroir pour les rouges de style bordelais.Chaque parcelle du vignoble est vendangée séparément selon son degré précis de maturité, établi selon une technique particulière au domaine, impliquant des photos aériennes. Chaque lot est vinifié dans des barriques de chêne françaises neuves pendant 18 mois et ne sera assemblé qu’à l’embouteillage.Ca donne un vin complexe et fin à la fois, qui demande à être oublié en cave quelques années afin de révéler pleinement toute sa richesse.Robert Parker suggère de l’attendre jusqu’en 2020 au moins, voire 2040, mais M. Baettig nous assure, en souriant lorsque je le lui raconte, qu’il sera sûrement à son apogée d’ici 6 à 8 ans. Pendant ce temps, souvenez-vous:l’attente fait durer le plaisir!

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Sommelier-conseil
VINS CONSEIL
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À propos de l' auteur

Diplômé sommelier-conseil de l’Université du vin de Suze-La Rousse, en France, j’ai commencé mon apprentissage du monde vinicole en suivant les cours Les Connaisseurs de la SAQ. Aujourd’hui, j’en suis devenu un animateur! Chroniqueur vins et alcools dans diverses publications, dont le magazine Fugues, je parcoure la planète pour mettre images et visages sur ces produits qui me font vivre tant d’émotions.