samedi 15 mars 2025
Le vin au cinéma, prise 2!

Le vin au cinéma, prise 2!

En début de semaine, je vous ai parlé du vin comme star au cinéma d’Hollywood. Mauvais timing, j’en conviens, compte tenu de la situation ubuesque que nous vivons présentement avec nos voisins d’en bas. Mais vous aurez compris que mon sujet était le vin et non Hollywood. Par conséquent, aujourd’hui je vous propose le même exercice, cette fois avec le vin en vedette au cinéma français. 

Le vin et le cinéma entretiennent une relation riche et passionnée, offrant des œuvres sensibles qui explorent les liens entre les hommes, la terre et ce nectar emblématique. Voici un regard sur cinq films français récents où le vin obtient le premier rôle : Retour en Bourgogne, Premiers crus, Tu seras mon fils, La Dégustation et Saint-Amour.

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Retour en Bourgogne : Une ode à la fraternité et aux saisons

Réalisé par Cédric Klapisch en 2017 ce film plonge dans l’histoire de Jean, Juliette et Jérémie, une fratrie réunie par l’héritage d’un domaine viticole en Bourgogne après le décès de leur père. À travers les vendanges et les saisons, ils réapprennent à se connaître tout en s’épanouissant parallèlement au vin qu’ils produisent. Le réalisateur met en scène une comédie dramatique chaleureuse où le vignoble devient un personnage à part entière. L’amateur de vin est au comble de l’extase tant les paysages vallonnés de la Côte d’Or sont mis en valeur. Des plans très léchés se succèdent où l’on voit le vignoble se transformer au gré des quatre saisons. Par ailleurs, une scène cocasse et empreinte d’un réalisme entier se déroule quand les 3 acteurs, dans un souci total d’abnégation, se sont légèrement enivrés pour tourner la scène où on célèbre la fin des vendanges. C’est ce que l’on appelle incarner son personnage. Dans ce long métrage, les thématiques de transmission, d’identité et de résilience sont explorées avec sensibilité, rendant hommage à la richesse humaine et naturelle des viticulteurs bourguignons. Une place est aussi faite aux femmes avec la mise en lumière de la frangine œnologue. Il s’agit d’une comédie touchante avec un côté parfois corsé, souvent complexe, mais toujours passionnant…comme un bon vin quoi !

Note : en France, le film est sorti sous le titre Ce qui nous lie

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Premiers crus : Un duel générationnel

Dans un registre plus léger et empreint de clichés, ce film sorti en 2015 met en lumière les tensions entre tradition et modernité dans le monde viticole. Le père vigneron traditionnel à Meursault voit son fils critique œnologique légèrement snobinard installé à Paris, revenir pour sauver le domaine familial au bord de la faillite. Il souhaite surtout empêcher que les voisins mettent le grapin sur le domaine familial. Il y a même une pique envers les rivaux bordelais quand des représentants d’un riche groupe d’hommes d’affaires, propriétaires de vignobles dans le Médoc, se pointent chez les bourguignons pour faire une offre d’achats. Le cliché éculé des riches bordelais face aux paysans bourguignons touche la cible. Drôle…dépendamment de quel côté on se place !  À travers des images sublimes des vignobles bourguignons, Premiers crus explore les défis de la transmission intergénérationnelle et les évolutions des pratiques viticoles. En revanche, la froideur du comédien Gérard Lanvin fait que l’on accroche beaucoup moins au scénario. En fait, le film mêle pédagogie sur l’élaboration du vin et les discordes familiales, tout en voulant célébrer le patrimoine viticole…mais la sauce a du mal à prendre.

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Tu seras mon fils : une histoire bordelaise

Ici aussi il est question de transmission mais tout ne se passe pas bien. Dans cette saga portée à l’écran en 2011, le père viticulteur à St-Émilion (sublime Neil Arestrup) refuse complètement que son jeune fils, qui vit et travaille au quotidien avec lui, prenne son relais. Le film sombre alors dans la tragédie, quand le patriarche choisit de privilégier l'aristocratie du vin au détriment de la transmission familiale. Car il se fait une haute idée de son métier ce propriétaire de vignoble qui ne participe pas à l’élaboration de son vin. Ce rôle est attribué à un œnologue engagé à la propriété. En fait, le châtelain préfèrerait que son autre fils, qui cultive la vigne en Californie, rentre à la maison pour prendre les rênes du Domaine bordelais. Constamment rabaissé et humilié par ce père impitoyable, le jeune fils, pourtant motivé par la culture de la vigne et du vin, ne se voit confier que des tâches administratives. Dans ce film, au-delà des activités nobles de la culture viticoles, c’est d’une lutte de classe dont il est davantage question. Reste que les scènes consacrées à l’élaboration du vin et aux dégustations sont sublimes.

Note : Le film a été tourné dans les caves du Clos Fourtet à St-Émilion.

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Saint-Amour : Un road movie viticole

Avec un duo formé par Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde, ce film paru en 2016 opte pour un ton plus léger et quelque peu profond. On suit un père et son fils sur la route des vins française dans une tentative de renouer leurs liens familiaux. Or dans cette aventure, le fils agriculteur quitte son stand en plein Salon de l’Agriculture, un événement incontournable en France, pour faire la route des vins avec son père. Ici, on ne touche pas au travail de la vigne mais au plaisir du partage engendré autour d’un bon verre de vin. Surtout le vin de Beaujolais, propice à bien des inclinaisons et autres incantations. Entre humour décalé et moments d’émotion, Saint-Amour explore les thèmes du malaise rural, des relations père-fils et du plaisir simple du vin. Bien que cette aventure traverse plusieurs régions viticoles emblématiques de France, ce cadre magnifique ne suscite pas les émotions auxquelles on s’attendrait

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La Dégustation : quand le vin mène à l’amour !

Adapté d’une pièce de théâtre, cette tendre comédie romantique (2022) fait la part belle aux vertus et à la sensualité que l’on éprouve quand on est en amour ou quand l’on déguste un bon verre de vin. Porté par Isabelle Carré et Bernard Campan, très crédibles à la fois dans leur relation sentimentale naissante mais aussi dans leur rôle d’initié et de néophyte en matière de vin, le film pousse un caviste meurtri et renfermé à s’épanouir devant celle qui attend tout de la vie. Plein d’humanité, le vin joue ici le liant solennel entre deux êtres qui au départ sont différents en tous points. Comme souvent, la notion de partage devient le moteur d’une belle relation amicale, voire sentimentale.

Une dernière pour la route…avec une scène culte!

Pour finir avec un brin d’humour, je joins ici un lien vers une scène culte du cinéma franchouillard un peu plus ancien, gracieuseté de monsieur Louis de Funès.

Conclusion

Ces films montrent que le vin est bien plus qu’une boisson : il est un symbole de culture, de transmission et d’humanité. Qu’il s’agisse de drames familiaux ou de comédies légères, le cinéma trouve dans le vin une source inépuisable d’inspiration pour raconter des histoires universelles où se mêlent passion, héritage et quête d’identité. Le vin n’est pas juste une boisson, c’est un art de vivre, une philosophie et il fait même partie du patrimoine cinématographique français!

P.-S : Cette chronique est la dernière d’une série de trois, rédigée à l’aide de l’intelligence artificielle

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.