mardi 17 juin 2025
Martin Gosselin, un ambassadeur du vin nous a quittés

Martin Gosselin, un ambassadeur du vin nous a quittés

Comme plusieurs, je suis sous le choc et attristé du décès de Martin Gosselin, restaurateur connu et apprécié au-delà des limites de la capitale nationale. J’ai connu Martin dans les années 1980, alors que nous étions tous deux membres du bureau de direction de l’Amicale des Sommeliers du Québec. Jovial, blagueur, truculent, verbomoteur, disons un homme avec qui j’ai rapidement sympathisé. Sans doute aussi des qualités qui lui ont permis de réussir à un plus d’un titre.

Martin Gosselin, homme aux multiples facettes 

Martin a fait valoir ses qualités dans différentes sphères d’activités, toutes reliées au monde de la restauration et des communications. Diplômé de l’ITHQ, il a également obtenu un certificat en pédagogie professionnelle et a pu former toute une génération de nouveaux restaurateurs, sommeliers ou serveurs.

Martin Gosselin, professeur 

D’abord au collège professionnel Wilbrod-Berher pour des formations en restauration et sommellerie. Nous nous y sommes d’ailleurs côtoyés, alors que j’offrais une formation sur les vins aux épiciers. Il a ensuite enseigné de longues années au Collège Mérici en gestion d’établissements de restauration. Une longue carrière d’enseignant menée en parallèle avec la gestion de son restaurant. Professeur de jour et restaurateur de soir et fin de semaine. Un homme de vocation!

Martin et son associé de toujours Yvon GodboutMartin et son associé de toujours, Yvon Godbout

Martin Gosselin, restaurateur 

Avec son associé Yvon Godbout, ils ont ouvert et tenu pendant trois décennies le restaurant La Fenouillière, maintes fois récompensé pour la qualité de sa table ainsi que par le Wine Spectator pour la diversité de sa carte des vins. Situé à l’entrée de la ville de Québec, où son épouse Andrée Hamel assurait l’accueil avec chaleur et bienveillance, cette adresse réputée a longtemps fait l’honneur de la région. Pas étonnant de voir le duo d’associés recevoir, année après année, la distinction de meilleur restaurant de l’est du Québec.

Martin Gosselin, chroniqueur 

Pendant quelques années Martin a fait le régal des amateurs de gastronomie et de vins en signant la chronique viti-vinicole dans le cahier La Bonne Chère du samedi, au quotidien Le Soleil. Ses textes mettaient en valeur les produits locaux et les artisans de la profession. Cette fonction l’a mené à rencontrer bon nombre de viticulteurs étrangers de passage au Québec. Excellent communicateur, on l’a aussi entendu régulièrement sur les ondes de stations de radio de la capitale pour commenter la chose culinaire et vinicole.

Martin Gosselin, auteur 

Revenant d’un fructueux voyage en Europe où il a visité de nombreuses caves et distilleries, Martin a développé un réel intérêt pour le monde des boissons alcooliques. L’élaboration des produits, certes, mais aussi leur juste usage. En a résulté un ouvrage où il a colligé ses récents acquis: Le guide des alcools, que bien des mixologues ont consulté.

Martin Gosselin, ambassadeur du vin au Québec 

En 1993, la SAQ a souhaité rendre hommage aux bâtisseurs de la filière du bien boire et du bien manger au Québec, en créant le titre d’ambassadeur du vin au Québec. Vint ensuite le Collège des Ambassadeurs qui, au-delà de la reconnaissance, a mandaté les titulaires à poursuivre leur vocation promotionnelle sous diverses formes. Par ses nombreuses implications à véhiculer la connaissance des vins auprès de diverses clientèles, Martin Gosselin a amplement mérité l’honneur de rejoindre ce cercle restreint et prestigieux des ambassadeurs du vin. Un autre honneur à saveur internationale, cette fois, lui a été rendu lorsque les représentants de la République française lui ont décerné la Médaille du Mérite agricole, reconnaissance ultime et hautement symbolique.

Martin Gosselin, fin dégustateur 

Membre de nombreuses confréries bachiques où incidemment nous nous rencontrions souvent, Martin a développé son palais et ses connaissances en matière de dégustation. Par conséquent, ses habilités ont été requises comme juré international lors de diverses compétitions où les vins méritants se voient attribuer les fameuses médailles Or ou Argent qu’ils arborent fièrement sur leurs bouteilles.

Martin Gosselin, l’ami 

Je l’ai déjà mentionné ici, le monde de la filière vin au Québec est un petit monde où les protagonistes ont souvent l’occasion de se croiser, de collaborer et parfois, selon affinités, des amitiés se nouent. Mon épouse et moi avons l’honneur de développer cette relation avec Martin et Andrée. D’abord à l’Amicale des sommeliers, puis à la Maison des vins de Québec, que j’avais le plaisir de diriger alors qu’il fréquentait le lieu chaque semaine. Mais surtout, nous nous sommes rapprochés par l’entremise d’un autre ami que nous avions en commun, le sympathique Luc Provencher, avantageusement connu et fortement apprécié au Québec. Dès lors, nous avons partagé de chaleureux repas et de mémorables dégustations, souvent bercés par la musique des crooners que Luc affectionne ou des chanteurs français qui me font vibrer. Hélas! l’éloignement outre Atlantique fait en sorte que ces occasions ont cessé. Seuls les échanges froids et occasionnels de nos claviers et des portables ont résisté, mais le lien d’amitié ne s’est jamais rompu.

Salut Martin! Andrée, nous t’embrassons.

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.