samedi 18 octobre 2025
Le vignoble viennois joue sa partition!

Le vignoble viennois joue sa partition!

J’ai jadis apprivoisé les vins autrichiens par l’entremise de mon bon ami Eugen Kedl, célèbre photographe et auteur de la région de Québec. Fier représentant de son Autriche natale, Eugen fut également le fondateur de la Confrérie Vin-Art International à l’époque où les toges chamarrées avaient largement droit de cité lors de rituels bachiques flamboyants. Monsieur Kedl et son épouse Gretl furent également les fondateurs du Grand Bal Viennois de Québec qui s’est longtemps tenu au Château Frontenac dans les années 2000. Ces souvenirs, je les ai ressassés cette semaine lors d’un séjour à Vienne berceau de la musique classique et seule ville au monde à posséder plus de 600 hectares de vignes en ses murs et sa banlieue contiguë.

IMG 5431Eugen Kedl photographe (décédé en 2008), fier représentant de son Autriche natale au Canada et particulièrement dans la ville de Québec

Les vins autrichiens

On trouve la trace d’une culture viticole en Autriche qui date d’environ 2500 ans avec l’apport des premiers ceps par les celtes.  Puis pour mettre un peu d’ordre géographique dans tout cela, on subdivise le vignoble en quatre grandes régions viticoles que sont la Basse Autriche, Vienne, Burgenland et la Styrie. Enfin, on y produit toute la gamme des vins mais les blancs font généralement meilleure figure qu’ils soient secs, liquoreux ou mousseux. En fait, près de 80% de la production est le résultat d’une vinification en blanc. Bien qu’une trentaine de cépages soient autorisés en Autriche les blancs sont majoritairement issus des riesling, traminer, grüner-veltiner et chardonnay alors que pour les rouges on utilise les variétés autochtones comme le st-laurent et le zweigelt associés aux cépages nobles comme le pinot noir, le cabernet-sauvignon et la syrah. Le vignoble citadin est niché entre le Danube et la forêt viennoise forgeant ainsi un microclimat propice à la viticulture. Comme partout sur la planète l’amélioration qualitative des vins est en forte hausse grâce aux efforts déployés par la nouvelle génération de viticulteurs. Ces jeunes façonnent des vins qui se démarquent par leur authenticité et la singularité de leur terroir. La recherche d’une association avec la cuisine locale est un autre facteur d’émancipation pour ces vins frais, légers et délicats.

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La Domaine Schlumberger

Ici, la production de vins mousseux est la norme. Pas étonnant quand on constate que le vignoble viennois est situé à la même latitude que celui de la Champagne. La méthode traditionnelle (seconde fermentation en bouteille) est principalement employée et on le constate lors de la visite des caves, en déambulant à travers les pupitres à champagne. Bon, ne soyons pas dupe, c’est un peu pour épater la galerie car de nos jours les gyropalettes ont largement compensé l’huile de coude des anciens remueurs.

jean4La longue allée accueillant les pupitres à champagne

Pour l’élaboration, un juste dosage entre les cinq cépages autorisés contribue à la qualité des différents types de vins mousseux allant du brut au semi-sec. Vieillis séparément, le pinot blanc, pinot noir, grüner veltiner, chardonnay et welschriesling seront ensuite assemblés selon le style recherché. Chez Schlumberger la maison s’enorgueillit de produire une cuvée 100% chardonnay, lauréate de nombreuses médailles d’or lors de grands concours internationaux comme les Vinalies ou Mundus Vini. Les 130 hectares du vignoble sont situés en périphérie de la cité viennoise auxquels s’ajoute une large récolte achetée à d’autres producteurs locaux. Un savoir ancestral qui s’étale sur les 3 siècles d’histoire du domaine fait en sorte que le célèbre mousseux viennois était et demeure le vin de prédilection de la noblesse autrichienne. À la cour comme au bal, le Champagne viennois a la cote et fait tourner bien des têtes couronnées autant qu’il envoie valser gentes dames et damoiseaux.  

Château de SchönbrunLe Château de Schönbrunn, jadis résidence estivale de la famille impériale d’Autriche

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.