Sont souvent évoqués sous cette rubrique les vins de Provence, et plus précisément ceux issus des collines niçoises. Mais la région des Alpes-Maritimes ayant tant à offrir que certains écarts sont autorisés ici par l’éditeur, nous l’en remercions. Par conséquent, la vie culturelle ou d’autres sujets plus ludiques font parfois l’objet de l’attention du chroniqueur, nous l’espérons… pour votre plus grand plaisir. Or, cette fois, il sera quand même question d’agriculture pour la mise en bouche, avant d’aborder un élément touristique plutôt insolite. D’une pierre, deux coups !
Une sculpture d’agrumes au Carnaval de Menton
En effet, dans ce pays de cocagne tout pousse et chaque saison a de quoi garnir les étals des marchands. Au-delà de la vigne que l’on cultive sur les collines de Bellet, Bacchus a planté quelques ceps dans une petite bourgade du département, Villars sur Var. Les 20 000 bouteilles de Clos St- Joseph qu’on y produit annuellement sont issues des cépages grenache, mourvèdre et syrah pour le rouge et bien sûr le rolle officie en maître-roi pour le blanc. A chaque dégustation du Clos St-Joseph blanc, j’ai été agréablement surpris des qualités florales du bouquet et de la bouche ample, grasse et acidulée. Une pépite !
D’autres cutures maraîchères dans l’arrière-pays et sur les hauteurs alpines
Il y a plus de 1800 exploitations agricoles dans les Alpes-Maritimes allant des producteurs horticoles aux plantations d’oliviers et d’agrumes en passant par les éleveurs ovins pour la plupart. De la fleur on en trouve abondement, en toute saison. Dès janvier le mimosa se pointe, au printemps sur les hauteurs le célèbre muguet de Nice embaume l’air des riverains, la lavande colore le plateau de Valensole en juillet et d’innombrables variétés de roses s’épanouissent à Grasse pour satisfaire les besoins du monde de la parfumerie. Un climat tellement favorable à la culture florale qu’ici à Nice il y le marché aux fleurs 6 jours par semaine douze mois durant. Les terres fertiles de la région favorisent également la culture d’arbres fruitiers et à Menton le citron règne en majesté. On lui organise même son carnaval ! L’auguste agrume ne fait pas qu’acidifier les plats locaux ou aider à la digestion sous forme de Limoncello, il fait bomber le torse des mentonnais derniers citoyens français au sud-est de l’Hexagone, juste avant la frontière italienne. Et le légume porte-étendard de la cuisine nissarde est la courgette. Au printemps l’on farcie à la viande la fleur de la cucurbitacée ou on la panne légèrement avant de la frire pour servir les délicieux beignets de fleurs de courgettes…un régal ! Enfin, on ne peut passer sous silence les oléiculteurs de la région. Ici, on l’aime petite l’olive niçoise, noire ou verte l’iconique Caillette possède sa propre AOC.
Un département qui porte bien ses deux identités
Bienvenue dans les montagnes alpines des Alpes-Maritimes.
Tel qu’annoncé, faisons un pas de côté et allons explorer d’autres avenues du département des Alpes-Maritimes.
Sachez d’abord que chaque département français tient sa dénomination des éléments géographiques qui le définissent soient les montagnes, les fleuves ou les rivières. Pour l’exemple, citons la Gironde, le Var, le Rhône, les Vosges. Or, la topographie contrastée du département 06 des Alpes-Maritimes répond parfaitement à ce critère étant traversé par la chaîne des Alpes qui vient choir dans la mer Méditerranée. La région est mondialement reconnue surtout grâce à son littoral, la bien nommée Côte-d’Azur et le faste de sa Riviera qui s’étend de Menton à Cannes avec une halte à Monaco. On évoque également les 3 corniches posées tels des belvédères d’où l’on admire le panorama offert par les caps, les baies et les jolies criques en bord de mer. C’est aussi la partie la plus densément peuplée du département. Mais qu’en est-il des reliefs alpins…premier élément descriptif des Alpes-Maritimes ?
En fait, à peine faut-il rouler 30 minutes pour un changement radical de décor. Dès que l’on s’engouffre dans la plaine du Var la route rétrécie, les falaises façonnent désormais le paysage, la végétation se transforme et se raréfie au fil de l’ascension. Dans la Vallée des Merveilles au nord-est du département le Mont Gélas culmine à 3143 mètres. Ailleurs, la neige s’invite en hiver et les skieurs sont comblés à Isola, Valberg ou Auron.
Les couleurs du Québec au sommet du col de la Bonette
Enfin, le point d’orgue de toutes balades en pays montagneux demeure le franchissement du mythique Col de la Bonnette pour en bout de course atteindre le charmant village de Barcelonette. Un parcours sinueux de 50 kilomètres, bordé de paysages époustouflants à une altitude atteignant 2802 mètres, ce qui en fait la plus haute route d’Europe. Les sites bucoliques et verdoyants alternent avec des passages arides, parfois lunaires. L’asphalte s’y déroule et serpente à l’ombre des caps abrupts et gare à ne pas se laisser hypnotiser par le panorama, le moindre écart de route et le ravin est apte à vous engloutir. Il est donc préférable de s’arrêter fréquemment avant de sortir la caméra pour capter des images saisissantes. Le cadre enchanteur et majestueux est prétexte tantôt à l’émerveillement, tantôt au recueillement. Nul ne peut rester insensible devant ce paysage unique et mystérieux…l’émotion nous submerge inévitablement. Par ailleurs, les randonneurs sont nombreux à sillonner ces sommets afin de contempler les très verts pâturages ou prendre une pause au pied des bourdonnantes cascades. La faune recense loups, sangliers, marmottes et espèces rares de volatiles, alors que la flore compte plus de 2000 espèces de fleurs différentes. Bref, que du bonheur !
Incidemment, les amateurs de la petite reine (le vélo) qui ont suivi à la télé le Tour de France 2024, ont pu apercevoir les images des cyclistes enfilant les nombreux lacets et grimpant à la force du mollet les 2802 mètres du Col de la Bonnette avant de redescendre jusqu’à Barcelonette. C’était l’une des dernières étapes avant l’arrivée triomphale des coureurs, à Nice.
Les lacets du col de la Bonette
En terminant, il est évident qu’au haut de ces montagnes alpines, il n’y a point de cultures maraîchères ni d’élevages ovins ou autres. En revanche, à quelques centaines de mètres en contrebas on peut y croiser les agneaux de Sisteron paissant paisiblement.
Bonne route !
Couleurs des sommets alpins