lundi 6 mai 2024
Château Crémat, le porte-étendard de l’appellation Bellet

Château Crémat, le porte-étendard de l’appellation Bellet

Sur les hauteurs de Nice se dresse un superbe château baroque aux teintes rouges qui surplombe carrément la colline de Bellet. Dans le nuancier des couleurs, ce rouge sarde est la couleur emblématique de la ville de Nice, rappelant son rattachement à la Maison de Savoie aux influences italiennes. Niché au cœur de l’une des plus petites AOC de France, le Château Crémat étend ses vignes sur une quinzaine d’hectares sur les 55 que totalisent l’appellation Bellet. De ces hauteurs on aperçoit la mer qui se déploie du Cap Ferrat jusqu’au massif de l’Estérel et l’on imagine fort bien que les embruns portés par le vent, laisseront leur empreinte sur les grappes. De l’autre côté, les montagnes alpines se hissent faisant barrage au mistral et stoppant net les nuages dans leur course vers le large. C’est au cœur de ce microclimat, sur un terrain accidenté et pentu, un sol pauvre appelé poudingue que l’on cultive la vigne depuis l’époque romaine.

Les vins de la propriété

C’est en 1906, qu’un marchand d’huile d’olive fait ériger le Château et replante de la vigne. Le sol composé de galets roulés, d’argile, de silices et de calcaire, le fameux Poudingue, favorise un bon drainage du vignoble où le soleil plombe 300 jours par an et où le mercure dépasse les souvent les 30 degrés en période estivale. La quinzaine d’hectares est morcelée en plusieurs parcelles et favorise la culture et une vinification parcellaire. Le mariage judicieux entre les cépages autochtones et les cépages nobles confèrent aux vins de toute la palette de couleurs une harmonie d’arômes et de saveurs.

Pour les blancs, c’est le maître cépage provençal Rolle (aussi appelé Vermentino) qui apporte avec ses 90% de contenu, la rondeur et la finesse alors qu’avec ses 10%, le Chardonnay dépose un soupçon de minéralité. En rouge, c’est la Folle noire au mûrissement tardif qui donne sa singularité gustative au Château Crémat alors que le grenache apporte la touche aromatique et beaucoup de rondeur.  

La culture agrobiologique est l’approche retenue par le maître viticulteur de la propriété, Alain Vallès. De plus, dans ce vignoble aux pentes abruptes et escarpées toutes les actions liées à la viticulture, de l’effeuillage aux vendanges, sont faites manuellement. Pour la vinification et la fermentation, les baies sont égrappées, triées à la main et déposées entières dans les cuves conformément aux pratiques de la macération pelliculaire. Vingt-cinq mille bouteilles verront ainsi le jour à chaque millésime.

Lors de notre passage au caveau sous la houlette d’Emmanuel Da Rocha, nous avons dégusté le blanc 2020 à la robe dorée et soutenue. Le nez ample et généreux révélait des arômes de fleurs blanches avec une touche miellée et épicée. En bouche, on retrouve une texture onctueuse aux saveurs de fruits exotiques et de romarin, le tout en équilibre entre le gras et l’acidité et une fin de bouche riche et parfumée. Le rouge du millésime 2016 à 75% de Folle noire et 25% de grenache se dévoile sous des arômes de baies rouges, de menthol et de cacao pour éclore sur des saveurs à la fois fruitées et animales. De quoi rehausser les grillades estivales ou le gibier automnal.

Château Crémat 1

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.