jeudi 3 octobre 2024
France – La production de vin en 2024 attendue en forte baisse après les divers incidents climatiques

France – La production de vin en 2024 attendue en forte baisse après les divers incidents climatiques

La production viticole en France devrait diminuer fortement cette année, le temps très humide ayant favorisé le développement de maladies dans les vignobles français, tandis que certaines régions ont été touchées par la grêle et les gelées, nous indiquent les prévisions du ministère de l'Agriculture publiées le vendredi 9 août. 

Comme chaque année en ce début août, le service statistique du ministère de l'Agriculture publie ses estimmations pour la vendange française à venir et il est peu de dire que 2024, en ce qui concerne le volume, s'annonce déjà comme très décevant. La production totale de vin devrait se situer entre 40 millions et 43 millions d'hectolitres, un volume inférieur à la moyenne quinquennale de 44,2 millions d'hectolitres et bien en deçà des 47,9 millions d'hectolitres produits en 2023.

Cette indication est donnée alors que nous sommes encore bien loin de la date du début des vendanges dans l’ensemble des régions viticoles françaises. La fourchette est large (40 à 43 millions), la météo pouvant encore réserver des surprises, bonnes ou mauvaises.

Le mildiou, favorisé par les conditions humides du début de l'été, a touché la plupart des bassins viticoles et pourrait causer des pertes importantes. Il est indiqué également que des épisodes de gel ou de grêle ont aussi localement réduit les volumes. De plus, les conditions d'humidité et de fraîcheur connues par les vignobles français, lors de la floraison, ont aussi entraîné des phénomènes de chute des fleurs et parfois de variation de la taille des baies.

Les sols bien rechargés en eau, hormis dans le sud de la France, pourraient limiter cette baisse de production, prévient cependant le ministère de l'Agriculture, qui note que la végétation accuse un retard d'une à deux semaines par rapport à l'année précédente. Ce retard, qui est en soi une date plus normale, est lié à un été en France plus frais qu’en 2023.

Le communiqué, qui ne fournit pas d'estimations détaillées par région, signale néanmoins que la production en Champagne est attendue en baisse par rapport à 2023, après les gelées de printemps et la grêle, tout comme la Bourgogne et l’Alsace. Ces trois régions sont les moins touchées par la crise viticole, la demande restant soutenue.

Dans le Bordelais, une réduction planifiée des surfaces d'environ 8000 hectares suite à une politique d'arrachage des vignes a contribué, en plus des pertes liées aux évènements naturels, à une diminution de la production, ajoute le Ministère. Mais globalement, toutes les régions connaitrons une baisse de leur production, que se soit en Languedoc, en Provence, en Côte du Rhone ou dans la Loire.

Les perspectives économiques pour le secteur viticole sont tout aussi préoccupantes que les pertes agricoles. Avec une production réduite, la France risque de perdre son leadership mondial en termes de quantité, acquis en 2023 grâce à une récolte exceptionnelle de 48 millions d'hectolitres. L’Italie devrait reprendre la place de n°1, même si les éléments climatiques n’ont pas non plus été très favorables, idem pour l’Espagne.

Les conséquences économiques pourraient être graves, notamment en termes de pertes de revenus pour les producteurs et de baisse des ventes. En effet, avec un marché mondial qui décroit, peu de perspectives d’augmentations de prix, alors que les volumes seront moindres. Il faudra suivre particulièremenl l’évolution des prix des vins rouges, dont la demande s’est érodée ces dernières années.

Quant à la qualité, qui est un point tout aussi important que le volume produit, il est encore trop tôt pour le savoir. C'est à l’issu des vignifications qu’un point pourra être fait. Il est certain que les professionnels espèrent des mois de septembre et d'octobre cléments, c’est-à-dire beau et relativement chaud, afin de maximiser les maturités. Seul un bon niveau qualitatif pourra faire revenir les consommateurs, qui manquent tant à la filière.

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...