jeudi 18 avril 2024
La taxe Trump sur les vins et spiritueux suspendue pour 5 ans

La taxe Trump sur les vins et spiritueux suspendue pour 5 ans

Les professionnels du vins et spiritueux français ont salué mardi la suspension pour cinq ans non sans soulagement des droits de douane punitifs que Washington et Bruxelles s’infligeaient mutuellement dans le cadre de leurs différends commerciaux sur l’aéronautique.

Afin de faire céder l’Union Européenne sur des subventions qu’auraient touchées l’avionneur Franco-Européen Airbus et que les États-Unis contestaient, Donald Trump en octobre 2019 pour les vins français (non effervescents) avait surtaxé de 25% ces produits. Ces surtaxes avaient été étendues en janvier 2021 à certaines eaux-de-vie de vin (cognac, armagnac, Etc.). De son côté, l’UE avait surtaxé en octobre 2020 certains produits américains dont des spiritueux comme le Bourbon en réaction.  Ces droits de douane supplémentaires de 25% frappaient notamment les exportations françaises de vins et de certains spiritueux vers les États-Unis, mais aussi des fromages italiens, l’huile d’olive espagnole, etc., rappel l’Agence France Presse (AFP) dans sa dépêche mardi 15 juin.

La Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux de France (FEVS) a fait le compte suite à ce bras de fers, les sanctions ont entraîné une chute des exportations vers les États-Unis de vins français de 450 millions d’euros entre le 18 octobre 2019 et décembre 2020. “Le marché américain est un marché énorme pour les vins français”, souligne de son côté Bernard Farges président du Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB). Il évoque quant à lui une perte de chiffre d’affaires de 500 millions d’euros entre octobre 2019 et l’annonce du moratoire sur les surtaxes en février. La filière française des vins et spiritueux “a payé un lourd tribut” dans ce conflit, relève Jérôme Despey viticulteur dans l’Hérault et secrétaire général du syndicat majoritaire FNSEA (Fédération Nationales du Syndicats des Exploitants Agricole). “Nous avons perdu des parts de marché, au profit de l’Italie et de pays tiers comme la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud (…). Nous avions demandé un fonds de compensation” à l’Union européenne “mais nous ne l’avons pas obtenu”. “Une grande déception”, conclut-il à l’AFP.

L’arrivée suite à la victoire des Démocrates en novembre 2020 de la nouvelle administration américaine a rebattu les cartes. Les États-Unis et l’UE ont suspendu en mars toutes ces surtaxes liées aux différends dans l’aéronautique. Cette mesure, d’une durée de quatre mois, devait prendre fin le 11 juillet et l’inquiétude montait dans les secteurs économiques concernés. Mardi, l’UE et les États-Unis se sont entendus sur un armistice de cinq ans pour régler le vieux conflit Airbus/Boeing. Une percée obtenue durant une visite du président américain Joe Biden à Bruxelles pour un sommet UE/États-Unis. “Nous sommes soulagés car cela donne une visibilité aux entreprises”, a déclaré à l’AFP Nicolas Ozanam, délégué général de la  FEVS. “De ce point de vue, nous sommes satisfaits par cette décision sur le court terme”. “En même temps, on n’a pas réglé définitivement le dossier”, a-t-il relevé. “Nous ne pouvons qu’appeler les autorités américaines et européennes à profiter de cet élan et de cette coopération retrouvée pour poursuivre les efforts et clore définitivement ce conflit”,

Dans l’Hexagone, l’ensemble des membres de la filière se félicite d’un tel accord qui devrait permettre de nouvelles opportunités de développement. Dans le Bordelais, Bernard Farges, président du CIVB confie à l’AFP : “C’est une excellente nouvelle. L’horizon n’est pas totalement dégagé mais cinq ans, ça redonne de la perspective. Les acteurs économiques vont pouvoir travailler avec beaucoup plus de stabilité”. Idem pour Jérôme Despey, c’est “un vrai soulagement”. “Mais nous attendons une résolution du contentieux entre les États-Unis et l’Europe sur le fond car nous sommes des victimes collatérales d’un conflit commercial qui n’est pas le nôtre”, précise-t-il à l’AFP. “Nous ne voulons pas que le spectre de nouvelles sanctions revienne sur nous”.

Le dialogue semble désormais possible entre les parties et surtout ce ne sont plus les filières viticoles et Agro-Alimentaires de l’Union Européenne qui sont affectées par ces contestations de subventions versées à Airbus. Gageons que cette nouvelle redonne quelques perspectives à une filière viticole française durement touchée par le gel de printemps et qui est engagée dans un rude combat sur les marchés à l’export tant en volume qu’en prix.

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...