Si vous cherchez, à partir de ce dimanche 31 mars 2019, une chambre d’hôtel ou une chambre d’hôte, ou encore un gîte rural dans la région bordelaise, passez votre chemin, tout est déjà complet! La fièvre des primeurs commence dès ce lundi avec la découverte du millésime 2019.
Les Primeurs : qu’est-ce que c’est ?
La semaine officielle des primeurs, organisée à partir de lundi par l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), va permettre aux producteurs bordelais de rencontrer environ 6000 importateurs, distributeurs, cavistes ou encore restaurateurs du monde entier. Ces professionnels viennent découvrir ce millésime dans le but de l’acheter via les négociants de la place de Bordeaux, et pour les journalistes de le noter. Par ce système, ces clients sont ainsi assurés d’obtenir des caisses de grands crus, parfois introuvables une fois en vente au grand public, et de les acheter, en principe, à un prix inférieur à celui de leur mise sur le marché près de deux ans plus tard.
À l’exception du Château Latour, premier grand cru classé de Pauillac, les 200 crus classés, qui représentent seulement 3% des volumes bordelais, vendent ainsi d’ici juin une grande partie de leur dernière récolte. Pour rappel, le vignoble de Bordeaux rassemble près de 5800 producteurs.
2018, le millésime de la peur
Si aujourd’hui les producteurs ont le sourire, l’année 2018 leur a réservé bien de mauvaises surprises. Gel, grêle, rien n’a épargné le vignoble ce printemps puis ensuite, une virulente attaque de mildiou a fini d’en achever certains, mais a aussi coûté cher en traitement. Si 2018 reste qualitatif grâce à une belle fin d’été et un automne conciliant, les volumes, eux, seront inférieurs aux attentes. Mauvaise nouvelle pour la place du Bordeaux, qui avait déjà subi les difficultés de 2017 et a vu ses parts de marché baisser à l’exportation de 12% cette année 2018 en volume.
Les primeurs : un pari sur l’avenir
Peu de surprises pour les professionnels du secteur cette semaine-là, le timing commercial est rodé. Après les dégustations des prochains jours, chacun rentrera chez lui se faire une opinion. Fin avril à début mai, les critiques publient leurs notes et la mayonnaise prend, ou pas. La confiance et la conjoncture économique (la majorité des grands vins sont exportés) jouent autant que le portefeuille. La balle passe ensuite derrière les grilles des châteaux: à quel prix vont-ils vendre? Car l’autre "spécificité" des primeurs, c’est que ce n’est pas la demande qui fixe les prix, tout au moins au début, mais l’offre, c’est-à-dire les producteurs. Une fois la décision annoncée aux négociants via les courtiers (les grands crus ne vendent pas directement), chacun se positionne. Avec, en bout de chaîne, les clients.
Pour compliquer la tâche, la conjoncture n’est pas simple: Brexit, Trump, marché chinois en léger retrait... Ces dernières années, la tendance est claire: il est moins intéressant d’acheter en amont. Pour certains, il s’agit d’un mouvement de fond; pour d’autres, une parenthèse dans la longue histoire des primeurs.
Donc vous l’aurez compris, la semaine prochaine, partout autour de Bordeaux, des dégustations seront organisées par les syndicats, les œnologues, des clubs de propriétés, les négociants, les châteaux. Ce coup de projecteur fait du bordelais, sur quelques jours, le cœur de la planète vin... Suspens intenable, qu’en sortira-t-il?
Source: McViti