mercredi 24 avril 2024
Qu'est-ce que le tourisme régénérateur?

Qu'est-ce que le tourisme régénérateur?

Qu’est-ce que ce concept de tourisme ? Une nouvelle approche avisée? Une nouvelle élucubration marketing? Une entreprise canadienne nous éclaire.

Une rarissime bonne nouvelle à avoir égayé notre printemps covidien 2020 a été le retour des poissons dans les eaux de Venise. Rappelez-vous ces dauphins batifolant dans ses canaux : cette image forte claironnait, sans équivoque, qu’en l’absence des touristes, la nature reprenait ses droits, se régénérait.

Mais bien avant la COVID-19, certains acteurs de l’industrie, dont Adventure Canada, s’étaient déjà penchés sur l’idée d’un tourisme plus que durable. Un tourisme qui irait au-delà de l’objectif de ne pas causer de tort aux destinations visitées. Un tourisme qui se voudrait « réparateur » de préjudices antérieurs. Bref, l’idée que ses acteurs pouvaient — aussi — être des agents de régénération.

Établie en Ontario, Adventure Canada est une entreprise familiale qu’ont fondée deux frères, Bill et Matthew Swan, ainsi qu’un ami commun, David Freeze, en 1987. Tous trois guides de descente en eaux vives, ils rêvaient d’aller au-delà de la rivière des Outaouais. Mission accomplie : à bord de navires de petite capacité, ils emmènent leurs croisiéristes — parmi lesquels la romancière Margaret Atwood et le chercheur écologiste David Suzuki — en Arctique comme en Antarctique en passant par les provinces maritimes. De leurs réflexions est né un programme de tourisme régénérateur, qui en est à sa troisième année d’existence. La présidente-directrice générale de la compagnie, Cedar Swan, qui supervise ledit programme, répond à nos questions.

Nous avons entendu parler de l’agriculture régénératrice, mais qu’est-ce que le tourisme régénérateur?

C’est un tourisme qui vise à améliorer le concept de durabilité en ajoutant un « plus » au résultat d’une expérience de voyage. Idéalement, celle-ci devrait améliorer à la fois la communauté d’accueil, le voyageur et les écosystèmes. Elle devrait avoir un effet durable plutôt que passager. Elle met aussi les voyageurs et l’industrie au défi de passer du statut d’observateur ou de visiteur à celui de participant actif et engagé. Au bout du compte c’est un processus holistique par lequel les priorités de la communauté d’accueil sont plus valorisées que celles du voyageur.

Pauline Sheldon, une experte de l’économie circulaire, dit aussi : « Le tourisme régénérateur nécessite un changement fondamental dans notre façon de voir le monde. C’est un engagement envers le tourisme en tant qu’outil pour créer des communautés d’accueil prospères et pour régénérer et soigner les ressources abîmées. Ce changement philosophique et pratique favorise la collaboration plutôt que la concurrence, la communauté plutôt que l’intérêt personnel, la culture plutôt que la marchandise, l’abondance plutôt que la rareté et le bien-être plutôt que le profit. »

Lire l'article complet: Le Devoir du 20 mars 2021