samedi 20 avril 2024
Les vaccins contre la COVID-19 viennent-ils avec un risque de Guillain-Barré?

Les vaccins contre la COVID-19 viennent-ils avec un risque de Guillain-Barré?

«Ma fille a vécu un gros épisode du syndrome de Guillain-Barré (SGB) dans le passé. Les spécialistes ont mentionné la possibilité que celui-ci a pu apparaître suite à un vaccin contre la grippe. Après plusieurs années, elle a tenté une nouvelle vaccination contre la grippe, mais elle a recommencé à avoir des engourdissements qui ont duré environ 6 mois. C’est donc terminé pour elle, les vaccins contre la grippe ! Et vous comprendrez qu’elle et moi nous posons des questions au sujet des vaccins contre la COVID-19. Viennent-ils, eux aussi, avec un risque de SGB?», demande Francine Brousseau, de Québec.

Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie neurologique rare, touchant entre 1 et 2 personnes par 100 000 à chaque année, mais qui peut être très sérieuse. Elle survient quand le système immunitaire se met, pour des raisons encore mal connues, à attaquer le «système nerveux périphérique» — ce qui comprend tous les neurones situés en dehors du cerveau et de la colonne vertébrale, lesquels forment ensemble le système nerveux dit «central». Cela cause des degrés variables de paralysie dans certaines parties du corps, allant du simple engourdissement à la paralysie complète en passant par une sensation de faiblesse.

La plupart du temps, les symptômes disparaissent d’eux-mêmes au bout de quelques jours à quelques semaines mais, dans certains cas, ils peuvent s’étirer sur plusieurs années. Et lorsque la paralysie touche des nerfs impliqués dans des fonctions vitales, comme ceux qui contrôlent la respiration, le SGB peut même devenir fatal — ce qui n’arrive heureusement pas souvent. 

Maintenant, quand on entend parler de ce syndrome dans les médias, c’est habituellement pour faire un lien avec les vaccins, ce qui est un peu malheureux. Pas parce que ce lien est faux, disons-le : il existe bel et bien. En 1976, quand une nouvelle souche de grippe potentiellement pandémique est apparue, les États-Unis se sont tout de suite lancés dans un programme de vaccination mis sur pied à la hâte. Mais après que plusieurs millions de personnes eurent reçu l’injection, on s’est rendu compte que le vaccin causait le SGB au rythme de 1 cas par 100 000 doses, ce qui (avec le fait que la souche de grippe ne s’est pas propagée autant qu’on le craignait) a mené à l’interruption du programme.

Depuis, de nombreuses études ont été menées pour voir si les autres vaccins contre la grippe avaient le même genre d’effet. Elles n’ont pas toutes observé un lien significatif avec le SGB, mais dans l’ensemble il semble que les vaccins antigrippaux viennent avec un risque de développer ce syndrome de 1 à 2 cas par million de doses administrées, lit-on dans une revue de la littérature médicale parue en 2014 dans Clinical Infectious Diseases. Notons que c’est à peu près ce qui a été observé au Québec en 2009-2010 lors de la vaccination contre la grippe dite «A(H1N1)» : 2 cas par million, selon une étude parue en 2012 dans le Journal of the American Medical Association.

Lire l'article complet: Le Quotidien du 10 janvier 2021