Le nom de l’entreprise montréalaise Enseignes Dominion est assez peu connu du grand public. Pourtant, son travail marque le paysage d’ici – c’est elle qui est derrière les enseignes du métro de Montréal, des magasins Dollarama, Simons, des Cineplex ou encore du nouveau centre commercial Royalmount.
Dans l’usine d’Enseignes Dominion, à Anjou, deux hommes s’affairent à coller un morceau de vinyle vert sur un gros cercle jaune lumineux. Cette pièce fera bientôt partie de l’un des emblématiques logos qui ornent les devantures des magasins Dollarama.
Même si la technologie derrière les enseignes lumineuses a beaucoup évolué durant les dernières décennies, passant d’abord des ampoules aux néons, puis des fluorescents aux lumières DEL, l’aspect artisanal est toujours demeuré, souligne Sylvain Fontaine, PDG de l’entreprise qui emploie quelque 50 personnes.
Comme il n’y a pas de cours spécialisé pour devenir fabricant d’enseignes, il faut apprendre au boulot. D’où l’importance de s’assurer de garder ses employés le plus longtemps possible.
« Quand on additionne le nombre d’années d’expérience de toute l’équipe de Dominium, c’est 1065 ans. Donc quand un client fait affaire avec nous, il fait affaire avec 1065 ans d’expérience », souligne Sylvain Fontaine.
Lui-même s’est joint à l’entreprise il y a sept ans, à la mort du propriétaire précédent, Philippe Desautels, fils du fondateur André Desautels.
La femme de Philippe Desautels, Rhéa Fontaine, siège aujourd’hui comme présidente du conseil d’administration. Elle n’est pas l’homonyme de Sylvain par hasard : il s’agit de son cousin.
Des enseignes emblématiques
Rhéa Fontaine a été pendant les dernières décennies aux premières loges de l’évolution d’Enseignes Dominion et énumère, les yeux brillants, des projets marquants sur lesquels l’entreprise a travaillé.
L’entreprise a été fondée en 1950 – elle souligne donc cette année ses 75 ans –, et dès sa première année en affaires, elle a obtenu le contrat pour faire l’enseigne du Théâtre St-Denis. Le fondateur voyait grand. « Déjà, au début, ça commençait à prendre de l’ampleur. Il est allé s’équiper avec une grue, ce n’est pas partout qu’il y avait ça », fait remarquer Rhéa Fontaine.
D’autres clients marquants se sont succédé : Expo 67 (rien de moins), le club Limelight, Dunn’s Famous, Warshaw, l’aéroport de Montréal…
Toute cette expertise permet maintenant à Enseignes Dominion de se démarquer lorsque vient le temps de réparer des enseignes comme celle de Farine Five Roses, de Molson, ou encore… de la Cantine chez Ben on s’bour la bédaine, à Granby.
Les enseignes lumineuses des magasins Dollarama sont fabriquées chez Enseignes Dominion, à Montréal/Photo: François Roy, La Presse
« Il n’y a pas grand monde qui pouvait même soumettre un prix là-dessus, parce qu’ils ne savaient pas comment faire ça », souligne Sylvain Fontaine, en parlant de cette dernière expérience. « Quand est venu le temps de la rallumer, il y a eu un décompte d’organisé, des gens étaient venus voir ça avec des chaises pliantes… ça montre l’empreinte culturelle que peut avoir une enseigne », souligne-t-il.
Les enseignes de Dominion sont toutes produites à Montréal, et environ 40 % de la production est exportée à l’extérieur de la province, soit en Ontario ou aux États-Unis.
Selon les estimations de Sylvain Fontaine, l’entreprise a produit au moins 75 000 enseignes depuis sa création, et plusieurs de ces pièces illuminent encore le paysage de la province.
L’équipe reste toujours à l’affût des changements technologiques. Parmi les nouvelles tendances, on trouve les lumières RGB qui peuvent changer de couleur – l’enseigne réalisée pour la nouvelle maison de Radio-Canada utilise cette technologie. Les panneaux numériques sur lesquels on peut faire afficher un message changeant sont aussi de plus en plus populaires.
Source: La Presse