vendredi 26 avril 2024
De défier l'autorité en ouvrant son restaurant au Québec, c'est se pendre soi-même, à moins que d'être un vaste mouvement de participants

De défier l'autorité en ouvrant son restaurant au Québec, c'est se pendre soi-même, à moins que d'être un vaste mouvement de participants

Le 11 janvier dernier, plus de 500 restaurants ouvraient leurs portes à Mexico, malgré la menace du secrétaire du gouvernement de la capitale d’appliquer des sanctions aux restaurateurs rebelles. Quelques jours plus tard, 50 000 restaurants et bars en Italie embarquaient dans l’initiative IoApro (Moi, j’ouvre) lancée sur les réseaux sociaux, qui invite les restaurateurs à rester ouverts après le couvre-feu de 18h imposé par l’exécutif. Un fonds soutenu par une équipe d’avocats a même été mis sur pied pour défendre les restaurateurs et clients qui seraient verbalisés.

Dernièrement, c’est en France qu’on a pu observer un mouvement de désobéissance civile alors que plusieurs restaurateurs ont ouvert leurs portes dès ce lundi, allant à l’encontre des restrictions en vigueur pour défendre leur droit à travailler. À l’origine de ce mouvement : le restaurateur Stéphane Turillon, qui a posté début janvier une vidéo sur Facebook largement partagée. « Maintenant il faut se révolter, faire la révolution. On ne va pas se laisser crever comme ça. Moi, par défiance, je vais ouvrir mon restaurant. Vous ferez comme vous voulez mais ici je suis chez moi. Alors si vous voulez venir me fermer, venez, invective le restaurateur dans sa vidéo. Hôteliers, restaurateurs, bars, discothèques, ouvrez, ouvrez tous en même temps ! » Le ministre de l’Économie français a prévenu que les restaurants clandestins qui servent des clients à table seront privés d’aides publiques pendant un mois (soit 10 000 euros par mois ou une indemnisation de 20% du chiffre d’affaires 2019, dans la limite de 200 000 euros par mois).

Et au Québec ? Si les salles à manger pourront rouvrir dans six régions à partir de la semaine prochaine, la plupart des restaurants resteront encore fermés pour une période indéterminée. Mais une mobilisation de désobéissance civile n’aura pas pour autant lieu chez nous, pense François Meunier, vice-président de l’Association Restauration Québec (ARQ). « Pour que ça ait un poids, il faudrait que la mobilisation soit de très grande importance, ce qui n’arrivera pas. Bien sûr, il y a énormément de détresse dans l’industrie, beaucoup sont pris à la gorge et certains se rebiffent au lieu de subir la situation - et c’est tout à fait normal. Mais de penser que parce qu’on est quelques dizaines à se mobiliser ça va changer quelque chose au niveau des conséquences, c’est un risque à mon avis trop important. » Ces conséquences comprennent une amende ainsi que la suspension du permis d’alcool pour un minimum de 45 jours, voire l’abrogation du permis si le restaurateur persiste à rester ouvert. « Il ne sera pas gagnant », résume François Meunier.

Lire la suite: HRImag du 3 février 2021