jeudi 25 avril 2024
«On rassemble les gens qui veulent faire bouger les choses» - Benoît Girouard, du mouvement Entrepreneurs en Action du Québec

«On rassemble les gens qui veulent faire bouger les choses» - Benoît Girouard, du mouvement Entrepreneurs en Action du Québec

NOTE DE L'ÉDITEUR
J'appuie ces entrepreneurs qui font des pieds et des mains pour ne pas couler...

 

Créé il y a six semaines, le mouvement Entrepreneurs en Action du Québec (EAQ) vise à rassembler les PME victimes de la crise et à faire avancer leur cause. On retrouve notamment dans ses rangs de nombreux restaurateurs en colère. L’initiateur de ce mouvement, c’est Benoît Girouard, ancien président de l’Union paysanne aujourd’hui propriétaire de gym à Saint-Jérôme, à bout de patience devant la situation actuelle… Son but ? Aider les PME et « faire payer la CAQ ». Entretien.

HRImag : Comment est né ce regroupement ?

Benoît Girouard : Quand François Legault a dit en septembre que sa stratégie était d’ouvrir et de fermer les restaurants et les gyms jusqu’à l’obtention d’un vaccin, je me suis retourné vers le CA de ma coopérative de gym et j’ai dit « On est dans la merde, il va nous faire fermer... » Le gym était alors en parfaite santé financière ; mais là, encore quelques mois comme ça et on ne passera plus au travers. J’ai donc fait une vidéo pour prendre position, et elle a été vue 350 000 fois. De nombreux entrepreneurs m’ont ensuite contacté pour parler de leur situation. On a donc lancé une page de témoignages, puis on a décidé de se regrouper car les grosses associations ne nous entendaient pas.

Vous trouvez que Restaurants Canada ou l’Association Restauration Québec, par exemple, ne sont pas assez à l’écoute ?

Non, ça ne bouge pas, dans aucun secteur. Nos membres restaurateurs sautent en l’air quand lisent les annonces de Restaurants Canada... Quand t’es une grande association, tu peux malheureusement oublier pour qui tu travailles : tu deviens fonctionnaire avec un excellent salaire, t’es reçu avec du champagne dans les soirées du gouvernement, ton organisme reçoit des subventions de l’État, et au bout d’un moment tu passes plus de temps à caresser les ministres et à t’occuper de tes intérêts que de ceux des gens que tu représentes. Le mécontentement de nos membres restaurateurs est très clair et la déception importante, surtout envers l’ARQ, qui perd du temps à négocier alors que les faillites se multiplient. Ils auraient pu avoir un réel poids mais ils n’ont pas du tout utilisé leur pouvoir…

Les restaurateurs qui payent les plus lourdes cotisations à ces associations, et qui font donc entendre leurs voix, ce sont certaines chaînes de restauration rapide, celles qui ont vu leurs revenus augmenter de façon très importante parce qu’elles étaient déjà axées sur le prêt à emporter. Autour d’elles, les autres restos ferment et il n’y a plus de pénurie de main d’œuvre : la crise est bonne pour eux ! Mais les indépendants ont tous écopés. Donc nous, on rassemble les gens qui veulent bouger et tenter de faire quelque chose.

Lire l'article complet: HRImag du 9 décembre 2020