mardi 14 mai 2024
L'ennemi no 1 des convives sur une terrasse, ce sont les guêpes, qui ont un rôle très important dans la régulation des populations d'insectes

L'ennemi no 1 des convives sur une terrasse, ce sont les guêpes, qui ont un rôle très important dans la régulation des populations d'insectes

NOTE DE L'ÉDITEUR

Une nouvelle astuce pour occuper les guêpes est de prendre une pomme rouge, d'enlever un petit morceau afin d'enlever la pellicule et de la déposer loin de vous... Les guêpes vont se jetter dessus, et vous ficher la paix.

 

Les sociétés de désinsectisation parlent d'une année "record". "Cet été est exceptionnel", assure auprès de l'AFP David Oliveira Texeira, chef d'équipe de DKM Experts pour le Bas-Rhin. Ainsi, l'activité de destruction de nids de guêpes (et de frelons) a augmenté de 300% pour son entreprise. Selon cette dernière, bien d'autres régions en France sont concernées par ce phénomène. Des jardins aux terrasses des bars, en campagne ou en ville, on guette la guêpe et on la chasse à grands coups de revers de main. Franceinfo répond à quelques questions sur cet insecte mal connu, qui souffre d'une mauvaise réputation bien qu'il soit bénéfique pour l'environnement.

Y a-t-il une prolifération de guêpes cette année ?

En réalité, pas vraiment. L'été est la saison où les colonies de guêpes sont les plus actives. Nous en voyons donc logiquement davantage en juillet et en août. En outre, la météo leur a été particulièrement favorable ces derniers mois. L'hiver doux et le printemps chaud ont permis aux reines de survivre et de développer au mieux leur nid, contrairement à l'an passé, où "l'hiver rigoureux et une sécheresse relativement longue avaient sérieusement touché les guêpes et les frelons européens", souligne Eric Darrouzet, de l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte de l'université de Tours.

La question de la recrudescence des guêpes s'est déjà posée auparavant. En 2015, Le Monde avait évoqué le sujet. Libération en avait fait de même en 2018, interrogeant Quentin Rome, entomologiste au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. "Non, il n’y en a pas plus", avait répondu le spécialiste qui disait être habitué aux sollicitations des médias sur ce point chaque année.

"Ce n'est qu'une question de perception", juge Samuel Jolivet auprès de franceinfo. Pour le directeur de l'Office pour les insectes et leur environnement (Opie), la population de guêpes n'a pas connu de grande évolution ces dernières années. "Nos contemporains ont perdu l'habitude d'avoir de la biodiversité autour d'eux. Ils sont de plus en plus inquiets et prennent les guêpes comme des agressions", estime-t-il.

Ces insectes se déplacent aussi afin de chercher de la nourriture pour leurs larves. Elles peuvent aller loin pour en trouver, "par exemple au niveau des ruchers ou dans les zones périurbaines et urbaines où nos jardins, nos parcs sont entretenus sans pesticides. Du coup, les gens y croisent plus de guêpes", poursuit Eric Darrouzet.

"Ce qui nous donne aussi l'impression de voir beaucoup de guêpes, c'est qu'il ne pleut pas beaucoup", ajoute l'entomologiste Nicolas Moulin, interrogé par Brut. Assoiffées, elles cherchent de l'eau par tous les moyens et se rapprochent donc des humains, confirme Samuel Jolivet. Elles aiment également la bière, en raison de leur appétence pour les liquides sucrés, elles qui se nourrissent de nectar et de pollen. S'il n'y a pas encore de données sur les populations de guêpes en France, Eric Darrouzet ne "voit pas pourquoi les populations exploseraient". "Les études montrent plutôt que les insectes disparaissent à une vitesse alarmante, notamment du fait de l'utilisation à outrance de pesticides en milieu rural."

Lire l'article complet: franceinfo du 25 août 2020