vendredi 26 avril 2024
Louis Lurton investit dans les vins québécois

Louis Lurton investit dans les vins québécois

La famille Lurton est bien connue dans le monde du vin en France. Un de ses membres, Louis, exploite maintenant un vignoble à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. Il croit dans le potentiel du vin québécois.

Louis Lurton et son associé québécois Pierre Rémillard ont acquis un vignoble à Saint-Basile-le-Grand, il y a deux ans et demi.

Depuis, Louis Lurton s’est fait discret.

« Je me sens vraiment comme un apprenti, c'est-à-dire que je réapprends un peu tout », explique-t-il, dans sa première entrevue à un média.

On a essentiellement du frontenac (cépage). Moi, c'est complètement loin de mes repères avec le merlot, le cabernet et le sauvignon blanc.

Louis Lurton, vigneron

Louis Lurton n’a pas encore mis à sa main son vignoble québécois. Le Domaine Saint-Basile Lurton-Champagne, où il réside, est somme toute en bon état, dit-il.

Mais beaucoup de travail reste encore à faire avant que le vin soit à la hauteur de ses attentes.

« Souvent, les gens qui connaissent la famille Lurton et Louis Lurton, se disent : "Ah, mon Dieu! Ça va être un vin incroyable!" » remarque Pierre Rémillard.

« Mais ce qu’il faut penser, c’est que, quand on achète un vignoble qui était déjà installé ici, ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut renverser la vigne, poursuit-il. Déjà, on a planté au-dessus de 20 000 plants l'année passée. »

Un pionnier du vin bio

En France, la famille Lurton fait partie de l’« aristocratie du bouchon », indique Gilles De Revel, doyen honoraire de la faculté d’œnologie de l'Université de Bordeaux et directeur adjoint de l'Institut des sciences de la vigne et du vin.

« C’est une famille qui s’est créée sur le vin, sur la richesse du vin, sur les alliances peut-être de temps en temps familiales, ce qui leur a permis d’être une famille importante, dit-il. Elle n’est pas aristocratique dans le sens historique du terme. »

Louis Lurton n’est pas le plus connu de la famille. Il n’était pas à la tête de « prestigieux » châteaux en France, selon Gilles De Revel. « Mais il avait une particularité qui était très progressiste à l'époque et finalement, qui lui rend un peu hommage; c'est le fait d'avoir choisi l'agriculture biologique avant tout le monde, ajoute-t-il. À l'heure actuelle, vous avez 30 % des propriétés à Bordeaux qui [se sont converties], soit en totalité, soit partiellement, au biologique. »

Louis Lurton s’est lancé dans le bio en 1994, ce qui lui a valu d’être traité de fou à l’époque. « C'est vrai que j'ai l'image un peu d'original, dans la famille, parce que je vais toujours chercher des choses bizarres. J'ai été, je pense, le premier dans la région de Bordeaux à faire passer un cru classé en culture biologique. »

À la veille de la retraite, le vigneron français se lance maintenant dans une nouvelle aventure. Il a vendu ses deux châteaux en France et s’est installé au Québec, où habite son fils. Ses enfants ne voulaient pas prendre la relève des activités familiales en France. En plus d’avoir investi dans un vignoble au Québec, il a lancé, avec Pierre Rémillard, Xpression Vin, une entreprise qui embouteille du vin distribué en épicerie.

Louis Lurton croit dans l’avenir de son vin québécois.

Aujourd’hui, il y a une vraie tendance pour aller vers la fraîcheur, dit-il. Le Québec, qui a quand même des conditions correctes pour le mûrissement des raisins – en tout cas, à certains endroits –, a un vrai potentiel pour fournir des raisins de qualité quand on cherche des vins avec un potentiel d’acidité, de fraîcheur, d’arôme… ceux qui sont un peu dans la tendance des 20 ou 25 années prochaines.

Louis Lurton, vigneron

Le vin du Domaine Saint-Basile Lurton-Champagne n’est pas encore vendu à la Société des alcools du Québec. Pour le moment, il est offert aux invités des mariages tenus au Domaine.

Source: Radio-Canada du 25 septembre 2018