jeudi 25 avril 2024
Les plages prisées des vacanciers envahies par les algues

Les plages prisées des vacanciers envahies par les algues

Des plages couvertes d'algues, des montagnes de dépôts nauséabonds à enjamber avant d'atteindre la mer et de l'eau contaminée par endroits. Les vacanciers qui comptaient profiter du soleil du Sud cette année pourraient hésiter avant de mettre les pieds dans l'eau.

Les éclosions d’algues bleu-vert ont fait beaucoup moins de vagues cet été au Québec. Mais c’est tout le contraire en Floride, au Mexique et ailleurs dans les Caraïbes, où les plages paradisiaques prisées des vacanciers sont envahies par les algues.

« Ce n’est pas très joli, concède Denis Jimenez, établi au Mexique depuis 2015. Pratiquement toute la côte Riviera Maya a été impactée. »

De nombreuses plages ont été, ou sont encore, couvertes de sargasses, des algues brunes qui font parfois jusqu’à 12 mètres de long. Elles se développent dans l’océan Atlantique et sont rejetées sur les côtes par les vagues et les courants marins.

L’ex-navigateur, qui dessine et conçoit aujourd’hui des bateaux, appréhende une saison particulièrement difficile cette année.

« Les biologistes se sont basés sur les quantités d’algues récoltées par rapport à 2015, qui a été la saison la plus forte, et ils se sont rendu compte qu’ils en avaient déjà récolté trois à cinq fois plus qu’à la même période en 2015 », explique Denis Jimenez.

Sa femme Christine et lui ont dressé une carte indiquant toutes les plages où la présence d’algues sargasses a été signalée depuis le début de l’année.

Alors que les plages du Mexique, des Caraïbes et de la côte est de la Floride sont aux prises avec les sargasses, des « marées rouges » ont pour leur part atteint la côte ouest de la péninsule floridienne.

Le phénomène revient annuellement dans le golfe du Mexique, mais la concentration d’algues rouges Karenia brevis dans ce secteur est la pire des dix dernières années. Les neurotoxines générées par ces algues microscopiques ont tué crustacés, poissons et mammifères marins et donné une coloration parfois rougeâtre à l’eau.

Année exceptionnelle?

« Ce sont deux phénomènes indépendants, mais qui coïncident cette année », explique la professeure au département de sciences biologiques de l’UQAM, Dolorès Planas.

Les éclosions d’algues sont normalement associées à un apport riche en nutriments provoqué entre autres par la pollution de l’eau par l’humain, dont la présence de phosphate et de nitrates dans les eaux de ruissellement, d’égouts ou souterraines.

« Les algues ont donc accès à beaucoup de nourriture et avec de la lumière pour s’alimenter, elles croissent jusqu’à en arriver à des conditions presque épidémiques », explique la professeure.

Il existe des dizaines de milliers d’espèces d’algues. Elles jouent un rôle crucial dans la survie et l’équilibre des écosystèmes aquatiques, notamment comme premier maillon de la chaîne alimentaire. Elles produisent également une quantité importante d’oxygène.

Certaines algues rouges, en milieu marin, et bleu-vert, en milieu d’eau douce, produisent toutefois des toxines. D’autres algues, comme les brunes, sont surtout incommodantes lorsqu'elles sont présentes en grande quantité, puisqu’elles dégagent de fortes odeurs en se décomposant et attirent les insectes sur les plages.

Certaines années sont plus propices à leur développement et à leur transport vers les côtes, note à son tour le biologiste Philippe Juneau.

Les algues rouges de la Floride, par exemple, perdurent depuis près d’un an, depuis la précédente saison des ouragans, alors qu’elles se limitent habituellement à un maximum de quatre à six semaines par année.

Le constat est le même pour la sargasse. « Avant, on pensait qu’il y avait une saison plus méchante, en novembre et en décembre, se rappelle Denis Jimenez. Depuis, ça s’est malheureusement étalé dans l’année, et la saison devient de plus en plus large, sans qu’on sache s’il y aura interruption ou pas. »

Il prévoit un prochain arrivage sur les côtes mexicaines en septembre, puisque des images satellites montrent qu’un banc d’algues s’est détaché au nord du Brésil et se déplace présentement dans la mer.

L’ex-navigateur a d’ailleurs conçu un bateau pour les récupérer avant qu’elles n’atteignent les côtes. Il collabore également avec les autorités mexicaines pour installer des barrières flottantes et freiner leur progression.

L'article complet sur: Radio-Canada du 10 août 2018

Source: Nicolas Desgranges, via Facebook du 13 août 2018