vendredi 29 mars 2024
La retraite est encore bien loin pour Sœur Angèle

La retraite est encore bien loin pour Sœur Angèle

Chômer n’est pas un verbe qui fait partie du vocabulaire de Sœur Angèle, qui célébrera ses 80 ans le 11 août. Elle est marraine du nouveau quatuor de fines herbes Garno, dont une partie des profits ira à la Fondation Sœur Angèle, et elle recevra cet automne un prix d’excellence décerné par un organisme européen et une nomination prestigieuse, en plus de voir sa biographie rééditée.

Il est 10 h. La messe vient de prendre fin et Sœur Angèle est fraîche et dispose pour me rencontrer dans son havre de paix, l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Montréal, où elle m’a donné rendez-vous. Celle que certains surnomment «sœur volante» est toujours aussi énergique. Dire qu’elle deviendra octogénaire le 11 août!

Vieillir, ça l’importe peu. «C’est comme avant. C’est comme si j’avais 60 ans. Je pense que tout est dans notre façon de penser, dans notre générosité. Si on a donné toute sa vie, on continue, mais il faut garder la sérénité, le bonheur dans notre cœur. Quand j’ai eu la maladie C — parce que je ne la nomme plus (NDLR: Elle a été opérée en janvier 2012 pour un cancer du côlon) —, je me suis dit que c’était un signal, qu’il m’en restait moins à faire que j’en avais fait. Mais il ne faut pas ruminer cette pensée. Chaque jour qui passe, on s’approche de la mort pour une autre vie; c’est pour ça qu’il ne faut pas s’en faire. Ce sont les gens qui me font réaliser que je vais avoir 80 ans, pas moi. Je me dis que ce n’est pas ce que j’ai fait qui est important, mais ce qui reste. C’est pour ça que j’ai créé la Fondation Sœur Angèle il y a trois ans. Je dis aux enfants: "Sœur Angèle va essayer de vous donner des ailes pour réaliser vos rêves." Je continue ma petite vie. Je suis dans ma 62e année de vie religieuse. Je regarde les sœurs et je me dis qu’elles ne rajeunissent pas...»

À ce propos, on entend souvent dire dans les médias que l’avenir des religieuses au Québec est menacé par le peu de relève. «On a vécu 100, 200, 300 ans de la même façon. Là, on est dans un tunnel de réflexions. Je me dis qu’il va y avoir une relève, mais différente. Il ne faut pas s’inquiéter; on se tourne vers un avenir différent.»

Retour en arrière

Pour répondre à la demande, sa biographie intitulée tout simplement "Sœur Angèle" et parue en 2013, sera rééditée à la mi-septembre... avec quelques ajouts. Pour l’occasion, la célèbre religieuse doit faire un travail de moine et replonger dans ses souvenirs des 10 dernières années afin de les relater dans le livre.

«Ma vie est une simple vie quotidienne, comme celle que les gens vivent aussi. Ma mission n’était pas d’être missionnaire en Afrique. Je suis missionnaire pour de courtes durées. Que je fasse de la télévision ou n’importe quoi d’autre, je suis là pour les gens, pour essayer de leur faciliter la vie, qui est parfois difficile. Je n’aime pas reculer; je vis dans le présent et je regarde en avant. Le plus dur en ce moment, c’est d’aller chercher dans ma mémoire ce qui s’est passé dans la vie de Sœur Angèle il y a 10 ans.»

Et Dieu sait qu’elle en a fait des choses! Et elle continue à en faire... Le 18 août, sur le terrain de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Montréal, situé sur le boulevard

Gouin Est, aura lieu Le jardin des trouvailles de la Fondation Soeur Angèle, une grande vente-bénéfice de divers produits, dont des conserves de la religieuse, ainsi que des articles de cuisine et de décoration. Et il y aura sur place du blé d’Inde et des hot-dogs pour tous.

Deux distinctions

Le nom de Soeur Angèle brillera bientôt à l’étranger puisqu’en septembre, elle se rendra en France afin d’y recevoir un prix d’excellence décerné par un organisme européen, ainsi qu’une nomination prestigieuse dont elle ne connaissait pas les détails au moment de notre rencontre.

«Je suis surprise, parce que ces prix sont remis à une seule personne par pays. La force des médias est incroyable: elle traverse toutes les frontières. Quand je vois qu’on me remet des prix, je me dis que je dois être à la veille de mourir! (rires) En 10 ans, j’ai reçu l’Ordre du Canada (2013) et l’Ordre national du Québec (2016). Je me dis que tout ça va peut-être apporter une ouverture des autres pays au Québec. Je pense aux jeunes et je leur dis qu’il ne faut jamais perdre l’espérance, car le jour où on s’y attend le moins, quelque chose arrive. Je n’ai jamais choisi d’être à la télé; c’est arrivé comme ça. Et si je fais de la télé, c’est pour motiver les gens. Par exemple, je suis présente tous les dimanches à l’émission "La victoire de l’amour", à TVA. Ma grande disponibilité fait partie de mon charisme. Je me dis que j’ai peut-être un petit message à passer. Dans ma vie, j’ai été si peu souvent à la maison que pas un homme ne serait resté avec moi... il n’aurait pas "toughé la run"! (rires) Je remercie la vie de m’être sortie de tout ce qui m’est arrivé et d’être encore capable de rendre service.»

Un beau voyage figure aussi à l’agenda de Soeur Angèle cet automne. Début octobre, elle accompagnera un groupe de Québécois durant un périple de 12 jours dans le sud de l’Italie, afin de leur faire visiter son pays natal.

Marraine pour les épices Garno

Reconnue pour son amour de la cuisine, Soeur Angèle s’est associée avec grand plaisir avec Garno, une entreprise québécoise qui vend des épices et des fines herbes. Elle est marraine d’un nouvel ensemble de quatre fines herbes nommé La Jardinière. Pour chaque produit vendu, 1 $ sera remis à la Fondation Soeur Angèle, qui vient en aide aux enfants défavorisés.

«Tant que je le pourrai, je vais inciter les gens à bien se nourrir en cuisinant chez eux. En plus, cuisiner réduit le stress. Tout le monde me demande: “Quand allez-vous arrêter de travailler?” Je leur réponds: “Quand vous allez arrêter de manger!”» Pour promouvoir le nouvel ensemble Garno, Sœur Angèle fait une tournée de dégustation dans des épiceries un peu partout au Québec.

Source: Lou White, via TVA Nouvelles du 4 août 2018