samedi 20 avril 2024
« Faire des affaires, c’est fabriquer du bonheur… »

« Faire des affaires, c’est fabriquer du bonheur… »

Marie-Ève St-Amour a cette expression qui résume bien le milieu dans lequel elle travaille : « Ça sent bon chez nous ! »

Chez nous, c’est la Boulangerie St-Donat, dont elle est la PDG et qui emploie aujourd’hui 65 personnes à temps plein. Dans cette municipalité connue pour ses attraits touristiques, l’entreprise est l’un des plus importants employeurs industriels. Et qui plus est, elle a traversé avec succès l’étape parfois périlleuse du transfert familial.

La boulangerie existe depuis 1924. À l’époque, elle était située au cœur de St-Donat. Un petit établissement alors artisanal qui respirait l’arôme du pain, comme on en trouvait un peut partout à travers le Québec. « Mon père l’a achetée en 1989, quand elle confectionnait encore des pains, des tartes et des galettes, en misant sur les produits à saveur d’érable, ce qui est devenu notre force », raconte Marie-Ève St-Amour.

En 2006, la petite entreprise est en expansion, on construit alors une usine à l’entrée de la municipalité, « sur des terrains rachetés à mon grand-père, en fait, sur le caveau à patates !», dit-elle.

La boutique du village est ensuite vendue à l’ancien chez boulanger en 2014. Désormais, la Boulangerie St-Donat ne fera plus de pains, mais elle va se concentrer sur ses tartes, carrés aux dates, tourbillons à l’érable et autres douceurs qui se vendent… comme des petits pains chauds, dans toutes les chaînes de supermarchés, Provigo, Metro, IGA, également Costco, jusque dans l’est de l’Ontario.

Parcours surprenant

Marie-Ève St-Amour travaillait dans l’entreprise familiale à temps partiel depuis 1989. Elle a joint l’équipe à temps plein en 2006, comme directrice générale, avant d’en devenir propriétaire et PDG en 2017. Elle avait tout juste 40 ans.

Un parcours plutôt surprenant, puisqu’elle avait étudié auparavant en cinéma et en communications… Mais ce n’est pas là un marché facile, et elle se rendait compte en même temps qu’elle aimait par-dessus tout rencontrer des gens. Et aussi, vivre à Saint-Donat. Puis, pourquoi pas, y faire des affaires ?

De la musique aux oreilles de Marc Saint-Pierre, directeur du service de développement économique de Saint-Donat. « Ici, dit-il, nous misons sur le développement durable, de là le concept de « Parc naturel habité ».

De quoi s’agit-il ? D’abord, d’une déclaration comme quoi il est possible de concilier la nature et l’occupation du territoire si tout est fait dans les règles de l’art, c’est-à-dire le respect de l’environnement, mais aussi des liens étroits avec la communauté, un parti pris pour l’innovation et autres. Puis d’une certification attribuée aux entreprises qui souscrivent à ces grands principes. Comme la Boulangerie, modèle à ces égards.

Marie-Ève St-Amour sait justement concilier attachement au milieu et compétences professionnelles. Elle a suivi des formations pour gestionnaire à HEC Montréal, et surtout, rappelle-t-elle avec fierté, elle a été de la toute première cohorte de diplômés à l’École d’entrepreneurship de Beauce. Le groupe initial des 25, comme on les appellera un jour. Le goût de l’entrepreneuriat, chez elle, a bourgeonné juste au bon moment.

Elle rembourse aujourd’hui progressivement son père, qui a aidé au financement du transfert, « un passage harmonieux, dit-elle, parce que nous avons attendu d’être prêts. »

La suite ? Au-delà des supermarchés, elle vise maintenant le milieu des hôtels et des restaurants, même au-delà des frontières. « Je vise une croissance soutenue mais durable, en continuant à offrir à mes gens des emplois à temps plein », dit-elle.

Marie-Ève St-Amour est encore bien jeune, mais on peut déjà lui poser la question de la future relève… « J’ai deux jeunes enfants, ma plus grande a huit ans, elle me dit déjà qu’elle voudrait travailler avec moi plus tard, elle a le temps, mais l’idée me plairait », confie-t-elle.

Et il lui vient cette magnifique pensée qu’elle exprime tout haut : « Faire des affaires, c’est fabriquer du bonheur… »

Source: Lou White, via Les Affaires du 2 juin 2018