mardi 16 avril 2024
La Ville promet des chantiers mieux gérés à Montréal...

La Ville promet des chantiers mieux gérés à Montréal...

La Ville de Montréal admet que la coordination des chantiers est compliquée et imparfaite, entre autres parce qu’elle utilise certains outils technologiques vétustes.

«Les chantiers à Montréal, c’est un vrai casse-tête», a dit Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures au Comité exécutif de la Ville de Montréal, en entrevue à l’équipe numérique de notre Bureau d’enquête.

L’année 2018 marque le record du plus grand nombre de kilomètres de rues perturbées par des travaux dans la Métropole. 

Posté au coin des rues Saint-Denis et Jarry, où des pelles mécaniques éventrent la chaussée, M. Ouellet promet la même chose que sa patronne, la mairesse Valérie Plante: son équipe veut diminuer la durée des chantiers et améliorer la fluidité de la circulation.La Ville compte sur le Bureau d’intégration et de coordination, mis sur pied par l’administration de l’ex-maire Denis Coderre en 2014, qui répertorie les travaux à exécuter par tous les partenaires (ministère des Transports, Hydro-Québec, entrepreneurs privés, etc.) et certains chantiers jusqu’à cinq ans à l’avance.

Mais pour Sylvain Ouellet, la technologie informatique utilisée n’est pas à point.

«Il faut passer à quelque chose de plus robuste qu’Excel, et on planche là-dessus», a-t-il souligné, ajoutant que le logiciel en question devrait être développé avant la fin du mandat, donc d’ici 2021.

«Pagaille urbaine»

En attendant que les promesses se concrétisent, les entraves à la circulation, elles, sont bien réelles. Sylvain Ouellet le sait et reconnaît que la Ville a sa part de responsabilités dans cette «pagaille urbaine», à commencer par les décennies de négligence du réseau souterrain de la métropole.

Certains réseaux d’égouts et d’aqueducs ont plus de 100 ans, tandis que d’autres, qui datent des années 50, sont moins solides et nécessitent aussi d’être changés à court terme.

«Il y a des pas de géants qui ont été faits au courant des 10 dernières années pour mieux gérer les chantiers, mais est-ce que c’est parfait? Évidemment que non. On est encore loin de la coordination parfaite», a-t-il laissé tomber.

«Des travaux comme ceux du Réseau express métropolitain (REM), du pont Champlain ou de l’échangeur Turcot, ça s’ajoute à ceux prévus par la Ville et ça vient complexifier la planification des travaux», a constaté le vice-président du comité exécutif.

Nouvelle unité

Les plus petits chantiers sont aussi dans la mire de l’administration Plante. La Ville compte depuis peu sur une nouvelle unité, l’Escouade mobilité, qui parcourt les rues de la ville pour s’attaquer à ce genre d’entraves qui causent bien des soucis aux automobilistes, mais aussi aux piétons et aux cyclistes.

«L’escouade va se concentrer notamment sur les chantiers mal aménagés, s’assurer que la signalisation est conforme», a décrit Sylvain Ouellet.

Bientôt des chantiers moins laids

Montréal fait piètre figure quand vient le temps de décorer ses chantiers, a constaté Sophie Paquin, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.

«Les travaux peuvent gravement affecter les artères commerciales. Il faut réussir à maintenir ces sites attractifs», a-t-elle affirmé.

La spécialiste énumère des pistes d’idées originales, allant de jardins suspendus le long des chantiers à un mur d’escalade, en passant par des projections lumineuses ou des œuvres d’art éphémères.

Quelques efforts

Mme Paquin semble peu impressionnée par les quelques efforts faits dans le passé, par exemple sur le chantier de la rue Saint-Denis, à la hauteur du Plateau, où une longue terrasse rouge et des passerelles modulables entouraient les travaux.

Plus récemment, sur les chantiers de la rue Sainte-Catherine et de l’avenue Laurier, la Ville a opté pour des sérigraphies sur toiles.

«J’ose espérer qu’on va être plus proactifs à intégrer le design dans les conceptions de chantiers. Pourquoi ne pas se risquer à faire mieux?», a-t-elle demandé.

Les chantiers en chiffres:

- Nombre de chantiers municipaux prévus à Montréal en 2018: 400

- Déficit d’entretien des infrastructures de Montréal:

2015: 3,2 milliards

2010: 1,4 milliard

- Kilomètres de rues affectées pour des travaux sur les chaussées, les égouts, les aqueducs et les voies cyclables:

2018: 500 km

2017: 469 km

- Nombre de constats d’infraction remis par le SPVM à des entrepreneurs ayant omis d’installer une signalisation conforme aux normes autour d’un chantier :

2017: 63

2016: 51

2015: 78

Ces chiffres n’incluent pas les chantiers provinciaux, fédéraux et ceux de promoteurs privés qui empiètent sur la voie publique.

Source: TVA Nouvelles du 28 juin 2018

NOTE DE L’ÉDITEUR

revue mort de rire