vendredi 29 mars 2024
Roméo Bouchard dénonce le monopole de l'UPA

Roméo Bouchard dénonce le monopole de l'UPA

L’agriculture biologique et écologique, les petites fermes et la relève sont freinées par le monopole syndical dans l’agriculture, dénonce le fondateur de l’Union paysanne, qui appelle à une pression populaire pour que les choses changent.

«C’est un frein, un verrou à une diversification de l’agriculture», soutient Roméo Bouchard, qui lutte depuis 40 ans pour un pluralisme syndical.

M. Bouchard ne souhaite pas la fin du syndicat actuel de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Il demande cependant à ce que d’autres syndicats qui ont des visions différentes puissent faire entendre leurs voix. Le Québec est d’ailleurs la seule à avoir ce modèle à travers le monde. 

Le système actuel selon l’homme de 82 ans qui publie ces jours-ci le livre L’UPA - Un monopole qui a fait son temps, favorise les plus grosses fermes qui produisent à grande échelle ou qui exportent.

«Les quotas sont rendus trop chers pour les petites fermes ou pour la relève qui veut se lancer. Ce sont donc ceux qui sont déjà présents qui grossissent. Il y a aussi le financement agricole, comme le programme de stabilisation des revenus agricoles, qui est basé aussi sur la grosseur de la production. Les petits n’y ont pas accès, ce n’est pas avec ça que tu bâtis une agriculture de proximité», cite en exemple M. Bouchard.

Meilleurs prix

Ce dernier soutient qu’un modèle unique n’est plus adapté à la réalité d’aujourd’hui où le consommateur veut de plus en plus consommer localement et se questionne sur l’utilisation des pesticides et des antibiotiques.

«C’est impossible de parler en même temps au nom d’une ferme urbaine, du petit producteur bio au fond d’une région et de la ferme de 1400 vaches», insiste-t-il.

Le consommateur en sortirait même gagnant puisqu’il aurait accès à plus de produits différents à meilleur prix, ajoute l’homme qui est agriculteur biologique de métier.

Modifier la loi

«Si d’autres sortes d’agriculture se développent, ces produits seraient plus nombreux, nous pourrions donc les offrir à des prix plus ordinaires», croit M. Bouchard.

Pour y arriver, il faudrait selon lui que le gouvernement provincial décide de modifier la Loi sur les producteurs agricoles, qui date de 1972, pour y inclure le pluralisme syndical.

«On a fait appel aux tribunaux sans succès, on a eu le rapport Pronovost [issu de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et l’agroalimentaire québécois en 2006] qui proposait d’abolir l’accréditation et la cotisation à un syndicat unique. Je pense que ça prend maintenant la pression des consommateurs pour que ça change», souligne Roméo Bouchard. 

Source: TVA Nouvelles du 27 mars 2018