jeudi 25 avril 2024
Brasserie Auval : rester petit, malgré la demande

Brasserie Auval : rester petit, malgré la demande

Après avoir cofondé la Microbrasserie Pit Caribou en 2007 et « s'être donné corps et âme à son entreprise » pendant plus de sept ans, Benoit Couillard avait envie de revenir à l'essentiel: brasser les bières qu'il aime de façon plus artisanale, satisfaire son marché local, soit la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, et avoir du temps pour sa famille (il est papa de deux jeunes gamins). Il a vendu ses parts dans Pit Caribou et démarré le projet dont il rêvait. La toute petite Brasserie Auval a ouvert ses portes en août 2015 et a fait rapidement parler d'elle.

«J'ai mis quelques bouteilles sur le marché et tout de suite, le téléphone a commencé à sonner, se rappelle le sympathique brasseur. Il faut dire que le marché a beaucoup évolué depuis 2007. Maintenant, les gens sont tellement à l'affût de tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux.»

Les premiers brassins de l'as du vieillissement en barriques ont aussitôt connu un succès fou. Les Saison Espinay (saison du Nouveau Monde), Framboëse (bière à la framboise vieillie en fûts de chêne) et Arcane 17 (IPA) se classent parmi les meilleures au monde sur les sites de notation RateBeer et Untappd. Le bouche-à-oreille commence son oeuvre.

Rester petit, malgré la demande

Tout le monde veut goûter la bière Auval, mais seuls quelques rares détaillants spécialisés hors de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent (sélectionnés soigneusement par Benoit Couillard) réussissent à en obtenir. C'est le cas de L'axe du malt, seul détaillant de Québec à en vendre.

«Avant Auval, je n'avais jamais vu des gens faire la file pour de la bière, pas au Québec en tout cas. La demande est vraiment plus forte pour ces produits», explique Rémy Du Berger, propriétaire du dépanneur spécialisé L'axe di malt, à Québec.

Une demande effectivement beaucoup trop grande pour la toute petite capacité de production - 2500 litres par brassin - et le temps de maturation assez long (plusieurs produits subissent un vieillissement en barils). La solution magique n'existe pas. Grossir ne fait pas partie des plans de Benoit Couillard, qui souhaite demeurer petit et contrôler la qualité de son produit de A à Z.

«Tu dois savoir ce que tu veux, choisir ton marché. Moi, j'ai décidé de combler ce marché le plus localement possible avec seulement une cinquantaine de clients dans la région. Les gens trouvent que c'est égoïste de ma part. Mais à partir du moment où tu es capable d'en vivre et d'avoir du temps pour peaufiner tes bières, pourquoi vouloir plus?»

Source: Lou White, via La Presse du 6 juin 2017