lundi 13 octobre 2025
Dans mon dernier livre, Jean-Yves est cité plus de 20 fois. Avec Don-Jean Léandri, de par leur présence, ils en sont les champions. Dans mon dernier livre, Jean-Yves est cité plus de 20 fois. Avec Don-Jean Léandri, de par leur présence, ils en sont les champions.

Jean-Yves Bernard, un grand sommelier, mon ami...

Mon cher Jean-Yves,

Merci de m’avoir donné le temps de me remettre légèrement de mes émotions avant de t’écrire. C’est toutefois bien difficile de le faire, maintenant que tu as pris le large quelques jours après notre dernière rencontre, champagne à la main. J’ai fait ta connaissance le 14 septembre 1988, sur les bancs de l’ÉHDL à Ste-Adèle. Et à partir de ce jour, on ne s’est plus quittés, comme un vieux couple. Tu avais tellement aimé ton cours… que tu as récidivé en 1992. Et pourtant, tu connaissais déjà presque toutes les ficelles du métier. Tu sais pourquoi tu était bon avec la clientèle? Parce tu avais le charisme, le talent de charmer Monsieur ou Madame avec ta gentillesse et ton sens de l’écoute. Tu avais compris que pour vendre - du vin en l’occurence - il fallait faire rêver les clients. 
 
Avec toi et d’autres élèves, on a créé l’ACSP, et tu m’as assisté de façon formidable pendant près de 14 ans. Avec bien entendu notre ami Don-Jean, dont je parle dans les textes qui accompagnent les photos. Merci, mon cher vice-président ! 
 
Mais au-delà de notre amour pour le bon vin, au-delà du travail et de nos responsabilités associatives nationales et internationales, nous nous sommes découverts d’autres point en commun, d’autres priorités. Celle de voyager ensemble, de découvrir et de continuer à apprendre, celle de rire et de chanter. À ce sujet, merci mon chum d’avoir partagé ton amour de la musique, à la maison et bien ailleurs sur la planète, et c’est à toi que je dois tous ces shows auxquels tu m’as permis d’assister : Clapton, Neil Young, Dylan, McCartney, les Stones évidemment, et bien d’autres encore. Je ne compte évidemment pas tous les partys organisés chez toi… ou à la maison, où tu étais automatiquement invité. Ta présence était gage de réussite et je savais que si un pépin allait se présenter, que tu me le réglerais en moins de deux. Faut dire aussi que tu n’étais pas le dernier et que tu ne te faisais pas prier…
 
Merci mon Jean-Yves d’avoir croisé mon chemin. Je ne t’oublierai jamais. Pour qui que ce soit, le deuil n’est jamais facile à vivre. Dans son excellent papier intitulé Le temps des deuils, ce dimanche dans La Presse, Stéphane Laporte nous parle de ces baby-boomers, dont nous faisons partie, et qui quittent ce monde en faisant exploser nos cœurs. Eh bien tu as réussi à faite exploser le mien. Plus loin, il précise que « ce qu’il y a de plus beau dans le deuil d’un défunt, c’est que ça rapproche les vivants », puis que « L’amour que l’on ressent pour le disparu s’étend à ceux et celles qui le ressentent aussi. » Enfin, « qu’en ces temps de discours haineux, les discours amoureux font du bien. ». Il ne croyait pas si bien dire car c’est ce que j’ai ressenti à la lecture des plus de deux-cents messages qui t’ont été adressés, que j’ai pris le temps de lire, ces mots qui prouvent combien on t’a aimé, ces mots de tous ces gens qui continueront à te porter dans leur cœur. Au nom de notre grande amitié, je trinque à toi mon Jennyves !
 
À ses enfants Éric et Julie, à sa famille et à ses proches, je renouvelle mes sincères condoléances.
 
Dans mon dernier livre, L’Odyssée d’un sommelier, Jean-Yves est cité plus de 20 fois. Avec Don-Jean Léandri, de par leur présence, ils en sont les champions. Extrait d’un passage : 1999. En tant que responsables du congrès à Montréal, nous fûmes, Jean-Yves et moi, passablement sollicités. Et l’on percevait déjà une légère excitation chez tous ceux qui se faisaient une joie de participer pour la première fois en Amérique du Nord à cette édition du Mondial à la forte symbolique puisqu’il était assorti du millésime 2000. Même si le fardeau de son engagement s’est allégé au début des années 2010, je veux souligner ici le boulot remarquable que Jean-Yves Bernard a abattu, et cela, sans jamais compter ses heures. Actif depuis les premiers jours de l’ACSP, il n’a eu de cesse par sa détermination de la mettre en lumière tout en défendant bec et ongles la place du sommelier. Homme de terrain, il pratiqua longtemps la profession dans plusieurs établissements, et il sait de quoi il parle. Doté d’une sensibilité qui semble contraster avec sa forte carrure, Jean-Yves, avec qui je m’étais rapidement lié d’amitié, brillait dans les réunions internationales comme celle-ci, par sa bonhomie et sa posture positive et engageante. Avec son accent et ses expressions qui faisaient partie du personnage, nos confrères appréciaient son humour tout autant que son doigté dans les rapports avec les autres. Enfin, malgré une légère forme d’inquiétude que j’ai pu déceler chez lui, il avait, et a gardé en dépit des sales coups du sort et de la maladie, le don de me rassurer... Et il fut un temps président de l’ACSP.