Synonymes de raffinement et d’histoire enracinée dans le terroir, les grands vins attirent les collectionneurs et… les fraudeurs. L’industrie vinicole est en effet ciblée par des escrocs qui font passer de la piquette pour des vins d’exception. Ce crime continue d’être alléchant puisqu’il est aussi rentable que peu risqué pour les fraudeurs, déplore l’experte en authentification de grand cru, Maureen Downey, surnommée la « Sherlock Holmes des vins ».
Encore cet automne, Europol, l’agence européenne de police criminelle, a démantelé une vaste opération de contrefaçon de grands vins français, que les fraudeurs vendaient 15 000 euros (environ 22 000 dollars) la bouteille. Le vin était fabriqué en Italie et les bouteilles, habillées de fausses étiquettes — l’une des nombreuses méthodes de contrefaçon utilisées par les criminels —, devaient être livrées partout dans le monde à d’honnêtes négociants en vins qui croyaient avoir affaire à de vrais bordeaux de qualité supérieure.
Simple anecdote ou réel problème ? Lorsque l’on demande à Maureen Downey, fondatrice de l’entreprise Chai Consulting, quelle est l’ampleur de ce type de fraude, elle répond : « Voilà une question que l’on se pose depuis longtemps. Si on le savait, cela voudrait dire qu’on a la situation en main, ce qui n’est pas du tout le cas », dit-elle en entrevue avec Le Devoir depuis la Californie. Elle signale que même des organisations terroristes font le commerce d’alcool contrefait, car c’est pour eux une façon rapide de faire de l’argent.