vendredi 20 juin 2025
Jean-Philippe Lefebvre: pionnier du vin au Québec

Jean-Philippe Lefebvre: pionnier du vin au Québec

À travers réZin, Jean-Philippe Lefebvre n’a pas seulement bâti une agence d’importation : il a modelé un nouvel imaginaire du vin au Québec. Pionnier des vins nature, curieux insatiable, défricheur de cépages oubliés et d’initiatives innovantes, il a toujours été porté par la même conviction : le vin est avant tout un médium pour rassembler et  raconter des histoires.

Un parcours forgé par la curiosité

Né à Laval — un lieu qu’il préfère “mieux taire” dit-il le sourire aux lèvres — Jean-Philippe Lefebvre découvre très jeune la magie du vin par osmose familiale. Un oncle vigneron amateur, des amis passionnés, un premier voyage en solo en France à 15 ans : autant d’étincelles qui allument une passion dévorante. Déterminé à en faire son métier, il vise l’ITHQ, où il obtient un diplôme en gestion hôtelière en 1989, aux côtés d’un certain Martin Picard.

Au fil des expériences — en cuisine, en service, en sommellerie — son amour du vin se précise. Au restaurant le Bistro à Champlain à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides, il affine ses sens, développe son instinct. C’est au contact des grands vins du Jura, en Bourgogne, que son approche se cristallise : le vin doit être vivant, sincère, capable d’émouvoir sans artifice.

Au gré des rencontres, il découvre des pratiques oubliées, des cépages ancestraux, des vignerons rebelles. À Charleroi, dans l’ambiance généreuse des dégustations improvisées, il forge sa compréhension intime du vin comme vecteur de culture et de liens humains.

La naissance de réZin : défendre l’authenticité envers et contre tout

En 1995, avec Éric Beaudoin, il fonde réZin. Le projet est aussi clair qu’ambitieux : importer des vins différents, artisanaux, décomplexés, alors que le marché québécois reste dominé par des standards classiques et formatés.

À l’époque, défendre le vin nature relève de l’acte de foi. Mais Jean-Philippe croit à ce mouvement émergent, qu’il a vu naître en Beaujolais avec Jean Foillard, Marcel Lapierre et Yvon Métras, et qu’il a ressenti jusqu’en Californie avec les zinfandels singuliers de SKY Vineyards.

réZin introduit ainsi au Québec une nouvelle esthétique du vin : des Beaujolais de terroir, des cépages méconnus comme le kadarka hongrois, le país chilien ou l’abouriou français, des vins californiens de petits producteurs, bien loin de l’image opulente et sucrée de la Californie des années 90. Le pari est risqué, mais il trouve un écho auprès de sommeliers curieux et de restaurateurs avides de nouvelles sensations.

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