Méthodiquement, la pince mécanique déracine les vignes de Renaud Jean. Une destruction « compliquée à vivre » pour ce viticulteur, mais « le moins mauvais calcul » grâce à un plan d'arrachage subventionné pour sauver le Bordelais de la surproduction, et bientôt étendu à d'autres régions.
Ceps, piquets, fils de fer, les rangées disparaissent sous les secousses de la machine, ramenant ces trois hectares de coteau à l’état de jachère. Le bois entassé sur la parcelle sera brûlé, la ferraille recyclée.
À Saint-Martin-de-Sescas (Gironde), dans l’Entre-deux-Mers, la terre argilo-limoneuse est pourtant fertile, l’exposition plein sud excellente, les vignes épanouies.
Mais face à la surproduction qui mine le Bordelais, premier vignoble AOC de France avec 103 000 hectares, 1 200 viticulteurs se sont résignés à bénéficier du dispositif d’arrachage cofinancé par l’État et l’interprofession à hauteur de 57 millions d’euros.
Quelque 8 000 hectares sont concernés d’ici au 31 mai, et jusqu’à 1 500 hectares supplémentaires le seront l’hiver prochain. D’autres viticulteurs arrachent des vignes sans subvention, espérant conserver leur droit à plantation si le marché repart, ont constaté les entrepreneurs du secteur.
Arracher, « ce n’est pas un bon calcul, mais c’est le moins mauvais: j’ai dû choisir entre la peste et le choléra », raconte à l’AFP Renaud Jean, qui supprime plus de la moitié de ses 37 hectares de vignes.