mardi 30 avril 2024
Hospices de Beaune : une pause dans la hausse Crédit photo: Arnaud Finistre, AFP

Hospices de Beaune : une pause dans la hausse

Depuis 2018, quelle que soit la qualité du millésime et/ou les volumes, la vente des hospices de Beaune battait tous les records. La pièce de charité en était un exemple. 2023 montre une pause, légère toutefois.

Le dimanche 19 novembre, à l’issu de la vente de charité des vins des hospices, la dépêche de l’Agence France Presse (AFP) tombait, pas de record. À sa course effrénée à une inflation gigantesque depuis 2018, malgré le parrainage de l’acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères face aux plus grands acheteurs du monde entier. Le talent d’orateur et l’humour de Thierry Lhermitte, l’acteur du film fétiche « Les Bronzés », épaulé par l’autre parrain de la vente, Michel Cymes, médecin animateur d’émissions de santé du petit écran, n’ont pas suffi à booster les enchères du lot vedette, adjugé pour « seulement » 350 000 euros (hors frais), soit 1 215 euros la bouteille.

Comme il est de tradition, les enchères avaient réservé une pièce (comme on appelle un fût en Bourgogne) pour une cause particulière. L’an dernier, ce fût, alors réservé à la cause des enfants, avait été adjugé 810 000 euros, soit plus de 2 800 euros la bouteille.

Pour cette 163e édition, c’est au « bien vieillir » que revenait le bénéfice de ce fût d’exception, tant par le contenu (un Mazis-Chambertin Grand Cru) que par le contenant : la « pièce » a été façonnée dans un chêne de 220 ans ayant servi à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris. Le produit de cette « pièce de charité » ou « pièce des présidents », sera ainsi versé à deux associations : la Fondation pour la recherche médicale (FRM, parrainée par Thierry Lhermitte) et l’Initiative pour la recherche sur la longévité en bonne santé (IRLB, soutenue par Michel Cymes).

Une fois la pièce écoulée, les enchères se sont poursuivies à un rythme effréné, les plaquettes numérotées se levant dans la foule des quelque 800 acheteurs d’Europe, d’Amérique et de plus en plus d’Asie, dans l’espoir de mettre la main sur un prestigieux Pommard, Corton ou autre Meursault. « 10 000, 14 000, 18 000… », les chiffres vertigineux défilent dans la bouche de la commissaire, sous les Halles de la « capitale » des vins de Bourgogne, Beaune (Côte d'Or), face à l’Hôtel-Dieu médiéval aux tuiles vernissées, berceau des Hospices nées en 1443, rappelant la succession de records connus ces dernières années par la plus ancienne enchère caritative de vins au monde, née en 1849. Tradition oblige vente animée principalement par les acteurs locaux comme la Maison Albert Bichot, toujours leader dans les enchères.

De 2018 à 2022, le prix moyen d’une « pièce » a plus que doublé, passant de 16 849 à 35 980 euros. Ce qui est présenté n’est pourtant qu’un vin primeur, qui sort donc tout juste des vendanges. Au prix adjugé, il faut ajouter les commissions d’enchères, mais aussi le coût de l’élevage en fût, d’un à deux ans, puis de sa mise en bouteille. Cela ne freine pas une demande sans cesse en hausse : en 2022, la vente avait engrangé près de 29 millions d’euros, plus du double du record de 2018 (14 millions). « Le vin de Bourgogne, malgré le prix, est toujours au top, c’est le meilleur du monde ! », assure Cikuni Taneyama, un Japonais qui en est à ses 5e enchères à Beaune.

Le millésime 2023, s’il est généreux, a fourni moins de fûts qu’en 2022 – 753 contre 817 – ce qui semblait rendre difficile un nouveau record de recette totale. « La récolte était très généreuse, mais nous avons trié de manière très drastique, car tous les raisins n’étaient pas propices », a expliqué Ludivine Griveau, régisseuse du domaine viticole des Hospices, qui couvre 60 hectares. Le nombre moins important de lots aurait pu cependant encore le prix moyen de la pièce, sous le vif enthousiasme des amateurs, d’autant plus difficile à réfréner qu’il s’agit d’une bonne cause. « On vient autant pour les vins que pour la charité », assure le Chinois David Hu.

Les recettes engendrées sont en effet destinées à la conservation du patrimoine tel que l’Hôtel-Dieu médiéval de Beaune, mais aussi à la modernisation de l’équipement des quatre hôpitaux et six Ehpad que comptent les Hospices, soit un millier de lits.

L’institut ne reçoit aucune aide de l’État pour ces dépenses, entièrement financées par les vignes confiées en legs et dons à l’établissement depuis sa fondation en 1443.

Source : McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...