lundi 29 avril 2024
De bonnes perspectives de vendanges en France

De bonnes perspectives de vendanges en France

Comme chaque année au mois d’août, le ministère de l'Agriculture a dévoilé les premières estimations des vendanges 2023, sous réserve que les dégâts causés par le mildiou à Bordeaux et les orages de grêles de fin aout sur l’hexagone ne perturbent pas trop ces estimations

Mais la France semble s’en sortir mieux que ses voisins Européens. : -14% de vendanges pour l'Italie, -12% pour l'Espagne en 2023. Sur les trois principaux pays producteurs du Sud de l’Europe, seul le Portugal s’attend à une augmentation de ses volumes cette année, l’Italie et l’Espagne annonçant des quantités en baisse dues aux aléas climatiques, la sécheresse en particulier.

Les vendanges 2023 en France sont attendues «au niveau de la moyenne» de celles des années précédentes, selon une estimation publiée par le ministère de l'Agriculture et reprise par une dépêche de l’Agence France Presse (AFP). Optimisme tempérée par l'«incertitude» provoquées par la maladie du mildiou qui a infecté les vignes du bordelais. «La production viticole se situerait en 2023 entre 44 et 47 millions d'hectolitres, au niveau de la moyenne» des années 2018 à 2022, rapporte le service statistique du ministère, Agreste. Ces prévisions de récolte «sont provisoires au regard de l'incertitude entourant les conséquences des attaques de mildiou dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest», précise le service.

D'autant que les premiers coups de sécateur viennent à peine d'être donnés – la semaine dernière dans des vignes de Fitou, dans le sud de la France – et que la vendange s'étalera jusqu'au début du mois de novembre pour les liquoreux comme les vins de Sauternes. En dehors du Sud-Ouest et du Languedoc-Roussillon, où «sévit une sécheresse persistante», «la situation dans les autres vignobles reste globalement favorable, les sols ayant été rechargés en eau dans la plupart des bassins», selon la note de conjoncture.

Rappelons que, dans le trio de tête des producteurs mondiaux de vin avec l'Espagne et l'Italie, la France avait produit plus de 46 millions d'hectolitres de vin en 2022 en dépit de la sécheresse exceptionnelle de l'été.

Cette année, la situation est particulièrement tendue à Bordeaux, qui a déjà fait face à une crise de surproduction, menant à un programme d'arrachage cofinancé par l’Europe, l’État et la Région Aquitaine. Et pour cause, près de 10 000 ha de vignes (sur 110 000) sont candidats à l'arrachage, après les vendanges, pour réguler l'offre et redresser les prix. En parallèle, des «précipitations fréquentes associées à des températures élevées» au printemps ont favorisé le développement du mildiou, une grave maladie de la vigne causée par le développement d'une algue parasite s’attaquant aux parties vertes du végétal. Les conséquences de cette maladie sont telles que les feuilles des vignes se couvrent de tâches et flétrissent, les grappes se dessèchent jusqu'à mourir. La violence de l’attaque fut telle que les vignerons ont eu du mal à mener une politique de traitement efficace. Pourtant une belle vendange s'annonçait à l'origine, mais «le mildiou a fortement [affecté] la récolte, c'est sûr», a déclaré le directeur de la communication du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Christophe Château. Les dégâts sont encore impossibles à évaluer : le mildiou ne sévira pas davantage, mais le vignoble peut encore souffrir des intempéries d'ici le début des vendanges. Celles-ci sont attendues début septembre pour le sauvignon blanc et mi-septembre pour le merlot, représentant environ 60% des surfaces, selon le porte-parole des vins de Bordeaux. Outre le mildiou, d'autres maladies de la vigne (oïdium, botrytis) «occasionnent des pertes importantes pouvant atteindre jusqu'à 30% en moyenne» dans les bassins de production du Sud-Ouest.

Pour le Languedoc-Roussillon, les vendanges débutent un peu avant le 15 aout dans les Pyrénées-Orientales, du côté de Rivesaltes et Calce. Julien Thiery, chef de service viticulture de la chambre locale d'agriculture, s'attend à une récolte «historiquement faible» dans le département, autour de 400 000 hectolitres (contre 569 000 en 2022 et 756 000 en 2013) à cause de la sécheresse. Malgré tout, à l'échelle du Languedoc-Roussillon, qui comprend aussi l'Aude, le Gard et l'Hérault, «la production devrait ne pas trop s'éloigner de la moyenne» des cinq dernières années, relève le service statistiques Agreste.

Plus au nord, en Alsace, les vendanges débuteront dès le mercredi 23 août pour les crémants d'Alsace puis le 4 septembre pour les vins tranquilles, avec un beau millésime en perspective.

En Champagne, «les grappes sont bien fournies» et les maladies «contenues». La Bourgogne a été affectée par des épisodes de grêle, mais les dégâts sont restés marginaux : «Le potentiel est prometteur, avec des grappes en nombre, malgré parfois la pression du mildiou», note Agreste.

En Corse, «si les conditions météorologiques restent clémentes, on pourrait avoir un très joli millésime en quantité satisfaisante», observe Nathalie Uscidda, directrice générale du centre de recherche viti-vinicole insulaire de l'île (CRVI).

À un millier de kilomètres de là, en Loire-Atlantique, «ce devrait être une belle récolte, un beau volume», estime aussi Gwenaël Barré, qui produit notamment du muscadet à Monnières. Toutefois, «on reste toujours prudent tant que la récolte n'est pas dans les caves : un orage, de la grêle, il peut toujours y avoir une catastrophe.» Chez lui, les vendanges sont attendues «tout début septembre» alors qu'elles avaient débuté fin août l'an dernier : le changement climatique a habitué les vignerons à des vendanges de plus en plus précoces.

Enfin, pour les Côtes du Rhône, c’est un jolie millésime tant en qualité qu’en quantité qui est attendu même si ponctuellement les orages en juillet ont fait de gros dégâts localisés.

Un rapport du ministère de l’agriculture plutôt encourageant mais les mois de septembre et octobre seront déterminant pour s’assurer tant des volumes que de la qualité. L’évolution de la météo va être suivie de près par les professionnels.

Source : McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...