vendredi 26 avril 2024

Nick Hamilton chroniqueur vins

Je l’ai rencontré pour la première fois il y a trois ans à une dégustation de vins grecs et j’ai été très impressionné par la précision de ses analyses. Le vin avec lui c’est du grand art. Il s’agit de Nick Hamilton, chroniqueur au Voir. Je l’ai revu dernièrement pour parler de notre métier.

RH. Vous avez une longue expérience comme chroniqueur vins, racontez-nous ce drôle de métier.

NH. – Le métier de chroniqueur vins peut être vu de plusieurs façons. Le chroniqueur est celui qui conseille le vin aux amateurs, mais il faut regarder ce métier d’un œil très professionnel et livrer la marchandise au niveau de chaque pays, de chaque région. Il y a des types de vins qui sont caractéristiques de ces endroits.

Pour moi le chroniqueur vins est celui qui doit justement trouver ces vins qui sont représentatives de la région, en ayant soin de ne pas montrer son goût personnel, parce que son goût personnel peut ne pas être celui de la typicité de la région. On peut aimer, par exemple un Bourgogne léger parce qu’on aime les Pinots noirs légers, mais en même temps si on goûte à un Nuit Saint-Georges qui est un vin plus costaud, s’il est trop léger il n’est pas vraiment typique. Il faut aussi tenir compte des meilleurs rapports qualité prix, parce qu’on sait que dans le milieu des vins il y a beaucoup de produits qui peuvent varier en prix, parce qu’il y a des producteurs beaucoup plus pressés d’aller récupérer les investissements d’une nouvelle acquisition, d’une nouvelle cuve, d’une nouvelle entreprise qu’ils ont créée.

Parfois il y a des vins qui sont trop chers selon mes connaissances, après avoir parlé avec un producteur je me rends compte que certains vins pourraient être vendus moins chers. Quand on connaît les prix maximums des plus grands vins de la planète, lorsqu’on sait que cela coûte vingt, vingt-cinq dollars pour les plus grands vins, on se demande pourquoi vendre des vins si chers. C’est certain qu’il y a toujours l’offre et la demande. En même temps on sait que certains producteurs ont la conscience professionnelle de se dire, je peux vendre ce vin là à un prix où je peux tout de même faire un bon profit, et être juste envers les consommateurs.

RH. Au fond ce que vous nous dites c’est que le chroniqueur vins c’est surtout un guide.

NH. – Oui tout à fait. D’aller sur le terrain, de dénicher les meilleurs achats et de trouver les vins qui sont les plus représentatifs de chaque région, de chaque appellation.

RH. Quels sont les pays producteurs qui vous ont le plus impressionné?

NH. – C’est difficile parce qu’il y en a plusieurs. J’ai eu l’occasion dans les dernières années de voyager dans plusieurs pays producteurs tels que l’Afrique du Sud, le Chili, la Nouvelle Zélande, évidemment les vieux pays comme l’Italie, la France et l’Espagne aussi. Je dirai que ce sont les petits pays qui m’impressionnent surtout, parce qu’ils ont moins d’histoire, moins d’expérience mais on voit des produits qui sont vraiment impressionnants. Je pense entre autres au Chili, où j’étais allé l’année passée, où j’ai vu des choses que je ne m’attendais pas, des types de vins qu’on n’avait pas encore vu ici au Québec mais qui arrivent heureusement.

Des vins qui viennent complètement du nord ou bien très au sud et non de cette bande centrale de vignobles autour de Santiago, qu’on connaît bien. En découvrant des vins des régions qui sont beaucoup plus au nord comme Elqui et Limari ou tout à fait dans le sud, comme Bio-bio ou Itata, j’ai été vraiment surpris de voir la diversité qu’il y avait et évidemment la qualité toujours à la hausse des vins dans ce pays. Même chose la Nouvelle Zélande où j’étais, il y a quelques années. Là aussi une grande diversité de produits, des vins de très bonne qualité. Un style qui plaît d’après-moi, et qui est à l’avantage du consommateur québécois. Le climat y est assez frais et puisque la Nouvelle Zélande est composée de deux îles, l’influence maritime est importante. On y trouve des vins qui sont assez frais, avec une bonne acidité, des vins fort agréables.

Donc le Chili et la Nouvelle-Zélande sont peut-être les deux pays qui m’ont le plus impressionné dans les dernières années.

RH. Dans votre longue carrière où vous avez dégusté et analysé des milliers de vins, quels sont ceux qui vous ont le plus plu?

NH. – Plaire, alors cela devient tout à fait personnel. J’aime les vins qui ont de la matière tout en demeurant équilibrés. Cela pourrait être plein de choses. J’aime bien le cépage Pinot Noir, comme beaucoup de gens, parce qu’il y a beaucoup d’amateurs du Pinot Noir. C’est mon cépage favori en rouge. C’est certain qu’il y a la Bourgogne, mais j’ai découvert des Pinots Noirs en Californie, en Oregon, en Nouvelle Zélande, qui étaient délicieux. Si j’étais exécuté demain-matin et ce soir était mon dernier repas, qu’est-ce que je boirais? Je boirais un Pinot Noir sûrement; peut-être un grand Bourgogne, peut-être un excellent Pinot Noir d’Oregon. Ce sont des vins qui me plaisent énormément, mais j’adore aussi les blancs. On sait qu’au Québec, 78% des consommateurs préfèrent le vin rouge.

J’étais comme ça à mes débuts, mais je me suis rendu-compte qu’avec les années, j’ai de plus en plus tendance à aller vers les blancs, sans négliger les rouges. Il n’y a pas de région vraiment précise pour mes préférences en blanc. J’ai goûte hier un Verdicchio di Castelli di Gesi de la région des Marches, fait avec du cépage Verdicchio. C’était aromatique, rond, savoureux. Ce n’était pas un Chablis avec l’acidité vive, mais j’ai été charmé par ce vin là. Je dirais que ma consommation maintenant est presque 50-50. C’est quasiment un classique de commencer un repas ou l’apéro avec un blanc et dépendant de ce qu’on mange continuer avec un rouge.

RH. C’est très curieux, parce que moi aussi je vais de plus en plus vers les blancs.

NH. – Génial.

RH. Vous êtes un formateur très apprécié, vraiment très apprécié et très connu. Des gens qui ont passé par vos ateliers de formation nous disent qu’ils ont vraiment appris quelque chose. Pour nos auditeurs curieux et intéressés, pourriez-vous leur dire où et comment ils pourraient acquérir les connaissances qui leur permettront de mieux choisir et de mieux déguster le vin?

NH. – Je dis toujours que la chose la plus importante c’est un bon cours d’introduction. C’est la base. Mon cours d’introduction est conçu pour donner une meilleure compréhension. Après cinq soirées de deux heures trente avec dégustation évidemment, on a une bien meilleure idée de ce qui se passe dans notre verre. C’est comme si on était dans une pièce depuis longtemps dans le noir et finalement quelqu’un met la lumière et alors on voit clair, on comprend. J’offre des cours d’introduction et aussi des cours plus avancés. Pour les gens qui veulent me rejoindre, on peut toujours faire Nick Hamilton sur Google mais le nom de mon entreprise c’est Les Conseillers du Vin et on peut aussi faire www.lesconseillersduvin.ca et on va tomber sur mon site. On peut encore me joindre par téléphone. Le numéro est le (514) 271-2175

Roger Huet
Chroniqueur
Président du Club des Joyeux

À propos de l' auteur

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...