dimanche 28 avril 2024
La firme privée McKinsey touche les pactoles des gouvernements avec la crise actuelle

La firme privée McKinsey touche les pactoles des gouvernements avec la crise actuelle

Le contrat accordé par le gouvernement Legault à la firme de consultants McKinsey pour l’aider à préparer le déconfinement du Québec fait sourciller élus et experts. Ceux-ci s’interrogent notamment sur la pertinence d’impliquer une entreprise privée dans une réflexion qui touche d’abord la santé publique.

Selon les informations colligées par Le Devoir, le ministère du Conseil exécutif (MCE — qui est le ministère du premier ministre Legault) a accordé le 2 avril dernier un contrat de 1,72 million à McKinsey & Compagnie Canada, branche locale d’une gigantesque firme qui compte près de 30 000 partenaires à travers le monde.

Octroyé de gré à gré, le contrat prévoit que la firme aidera à la « mise en place de méthodologie pour opérationnaliser les décisions entourant la levée des mesures de ralentissement de la pandémie COVID-19 ». En langage courant, il s’agit de conseiller le gouvernement sur des scénarios de déconfinement. 

Pour justifier le contrat, le MCE écrit qu’il était « urgent de disposer d’une modélisation qui permet de comprendre les différentes trajectoires possibles pour équilibrer l’évolution de la COVID-19 et la capacité du système de santé à traiter les cas ».

Mais cette expertise ne devrait-elle pas être fournie par des experts en santé publique et en épidémiologie ? C’est une question que posent en chœur les députés Martin Ouellet (Parti québécois) et Vincent Marissal (Québec solidaire), de même que l’épidémiologiste Nima Machouf (Université de Montréal) et l’éthicien Luc Bégin (Université Laval).

« Je me demande pourquoi ces sous ne sont pas injectés vers nos universités et nos départements de santé publique, ou l’INSPQ » (Institut national de santé publique du Québec), relève Mme Machouf. « C’est leur travail. »

« Quel genre d’expertise [de déconfinement] une firme comme ça peut avoir au point de les prendre de gré à gré ?, demande Vincent Marissal. On n’a jamais fait ça, déconfiner. »

Lire l'article complet: Le Devoir du 13 mai 2020