lundi 6 mai 2024
Les alcools anisés

Les alcools anisés

À l’aube de la saison estivale et alors qu’une première canicule a déjà frappé le Québec, rendons hommage aux boissons alcoolisées les plus désaltérantes qui soient : les apéritifs anisés. Rafraîchissantes à souhait, ces boissons sont d’excellents remèdes aux coups de chaleur quand l’heure de l’apéro a sonné.

L’angle pour vous en parler aujourd’hui est celui d’un match entre le Liban, la Turquie, la Grèce et la France. Uniquement des alcools blancs ; les autres Pastis, Ricard ou Pernod… j’y reviendrai.

Il y a quelques jours, j’ai organisé, en compagnie de quelques amis, une dégustation à l’aveugle afin de départager l’arak libanais, le raki turc, l’ouzo grec et l’anisette française. Deux enjeux se dessinaient, lequel est lequel ? Quelles sont mes préférences, dans l’ordre ?

Mais avant, un petit mot sur l’élaboration de ces boissons porte-étendard de leur pays respectif. Bien que le dénominateur commun soit l’anis, dans ce quatuor on distingue deux familles. L’arak et le raki sont élaborés à partir de moût de raisins distillés qui donne l’eau de vie de raisin à laquelle sont ajoutées des graines d’anis. Si au Québec ces boissons sont généralement servies à l’apéritif, au Liban et en Turquie, on les servira tout au long du repas, particulièrement s’il s’agit d’un mezzé, avec sa ribambelle de plats. En revanche, l’anisette et l’ouzo sont principalement élaborés à partir d’un alcool obtenu par la macération et la distillation de plantes ou de céréales. La badiane (ou anis étoilé) est le composant majeur qui donne ce goût et cette sensation de fraîcheur. Sont incorporés selon les recettes propres à chacun, fenouil, réglisse et autres plantes locales. Évidemment, la meilleure façon de consommer ces produits est d’allonger avec de l’eau fraîche et d’ajouter 2 ou 3 glaçons à la toute fin, pour évier les grumeaux dans votre verre.

J’en reviens à notre dégustation. D’abord le comité était composé d’une libanaise, Marlène Nourcy, de deux turcs, Madlen et Jan Arin, une franco-polonaise, Eva Godfrin, et deux pieds-noirs, Jean-François Guillaume et votre serviteur. La dégustation s’est déroulée sur les hauteurs de Nice, qui borde le bassin méditerranéen, qui est le berceau de ces boissons exaltantes. La seule règle de dégustation était de servir une dose égale de chaque alcool avec la même proportion d’eau dans les 4 verres. Le résultat est éloquent, la majorité a identifié et préféré la boisson de son pays. Cinq des six participants ont d’abord reconnu dans l’ordre l’ouzo, l’arak, l’anisette et le raki. Deux votes de première place ont été décernés à l’arak et au raki, un vote pour l’anisette et un vote pour l’ouzo.

  • Arak : 2 points (reconnu par la libanaise)
  • Raki : 2 points (reconnu par les turcs)
  • Anisette : 1 point (reconnue par les pieds-noirs)
  • Ouzo : 1 point (reconnu par la franco-polonaise qui arrive de Grèce !)

La typicité de chaque boisson est à ce point remarquable qu’on a tous décelé la légèreté de l’ouzo, le goût beaucoup plus accentué de l’arak et du raki et la fraicheur de l’anisette.

Pour bien faire honneur à ces saveurs anisées d’Europe et du Proche-Orient la soirée s’est poursuivie par un excellent mezzé, composé d’une douzaine de plats.

Bon été et large soif à tous !

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.