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Luc Provencher, un agent de liaison exceptionnel dans le monde du vin au Québec

Luc Provencher, un agent de liaison exceptionnel dans le monde du vin au Québec

Le monde du vin est fascinant mais il peut paraître complexe pour le néophyte qui hésite parfois à s’y aventurer. Pour y arriver l’amateur en devenir a besoin d’une courroie de transmission, d’un pédagogue en soif de transmission, d’un vulgarisateur hors pair mais néanmoins passionné qui sait s’adresser à lui sans condescendance tout en maniant l’art de le captiver. Ce talent on le retrouve indéniablement chez Luc Provencher qui a œuvré au sein de filière québécoise du vin et de la gastronomie pendant quelques décennies. Avec son talent de communicateur il a su faire rayonner un certain art du savoir boire avec fougue, passion et en toute simplicité.

Un parcours au long cours

Luc Provencher a mis un certain temps à éclore mais une fois lancé, il n’a jamais dévié de sa trajectoire entraînant dans son sillage une multitude d’amateurs nouvellement convertis sans pour autant laisser les plus chevronnés au bord de la route. Son moteur, établir un lien direct entre l’amateur et ceux et celles qui se cachent derrière l’étiquette de ces fameuses bouteilles de vins que l’on chérie tant.

C’est sous l’enseigne du monopole de la SAQ en 1985 que Luc a fourbi ses armes pour la première fois, à la glorieuse Maison des vins de la Place Royale, à Québec. Il avait déjà franchi le cap de la trentaine et s’était d’abord employé à développer sa fibre de mélomane chez un célèbre disquaire du Vieux-Québec. Nul ne peut aborder le monde de la musique et du vin sans être touché par la grâce. Soit on possède de façon innée une certaine sensibilité avec à la clé une touche d’humanisme, soit on développe ces facultés à la fréquentation de ces deux univers sensoriels. Vous me voyez venir…c’est plutôt inné chez l’ami Luc et ceux qui le connaissent peuvent en témoigner. N’en déplaise à l’humilité du principal intéressé ! Car, qui du haut d’une colline à Porto peut être ému aux larmes devant le spectacle d’un somptueux vignoble verdoyant plongeant dans le Douro ?

jean2Ici, chez Gérard et Chantal Gauby dans le Roussillon, Luc Provencher avouera avoir vécu l’une des plus belles rencontres de sa carrière

Les choses étant ce qu’elles sont, il est parfois long de gravir les échelons au sein d’une grosse entreprise. Or, le talent ne sait attendre, il a besoin d’éclore, Luc veut qu’on lui lâche la bride. Il le ressent, il peut contribuer davantage à la chose du vin. 

Par ailleurs, l’Agence promotionnelle de vins et spiritueux Charton & Hobbs qui possède un portefolio de produits prestigieux, transige bien avec la SAQ et autres professionnels de la restauration mais communique peu et moins directement avec le consommateur. C’est alors que l’un des dirigeants de l’entreprise, le regretté Carol Lafontaine croise la route bien calme de Luc Provencher. Carol voit en cette pépite un élément qui pourrait devenir un rouage important dans le désir de l’Agence de créer un lien avec le consommateur et tout le microcosme de la filière vin au Québec. Avec ses supérieurs, il dessine les contours et responsabilités inhérentes à cette nouvelle fonction et propose à Luc de revêtir le costume d’un poste taillé sur mesures où il pourra enfin donner libre cours à ses compétences et son fort désir de communiquer. L’entente est rapidement conclue à la satisfaction de tous. 

Nous sommes en 1989 quand Luc Provencher se joint à l’équipe C&H à titre de Directeur des communications, section Vins fins. Désormais établi à Montréal, Luc s’attaque à la tâche de convier toutes « les parties prenantes » afin de faire rayonner les vins et spiritueux regroupés au sein de l’Agence Charton et Hobbs. Sous la galvaudée et froide épithète se retrouvent les amateurs, oenophiles, chroniqueurs spécialisés, restaurateurs, sommeliers, conseillers en vin, acheteurs de la SAQ et bien sûr, au sommet de la pyramide, les responsables de tout ce bazar…les producteurs, viticulteurs, œnologues et tutti quanti ! Luc Provencher devient le liant qui cimentera l’union entre tous ces professionnels et passionnés.

Sur trois décennies, Luc tend sa toile, gonfle son carnet d’adresses chez les producteurs européens et du monde viticole international. Il a ses entrées auprès de Maisons prestigieuses présentes aux quatre coins du globe comme Beringer, Mondavi, Castello Banfi, Vina Ijalba, Mommessin, Delas et j’en passe.

Luc et JPDEn fouillant dans ma boîte aux archives, j’ai retrouvé cette photo où Luc et moi entourons Jean-Paul Durup, du Château de Maligny, à Chablis

Je pourrais citer une liste longue comme le Bras canadien de vignerons conviés par Charton & Hobbs pour propager la bonne nouvelle et que Luc nous a présenté au fil des ans. Evoquons quand même 

  • Jean-Paul Durup  de Chablis 
  • Alphonse Mellot de Sancerre
  • Jean-Claude Boisset et Grégory Patriat de Bourgogne
  • Jean Abeille et Pierre Fabre de Châteauneuf-du-Pape
  • Régine Sumeire de Provence
  • Jean-François Janoueix de St-Emilion
  • Jorge Guimaraes du Portugal

Sylvain Pitiot l’œnologue du Clos de Tart pour une mémorable dégustation verticale d’une quinzaine de millésimes du célèbre grand cru de Bourgogne…événement où je me suis rendu en invoquant Bacchus, Dionysos et autres Dieux du vin, tant le Clos de Tart me fait vibrer.

Pour ces rencontres formatrices et conviviales sont conviés les ténors de la presse gastronomique pour le volet promotionnel, les restaurateurs, sommeliers et conseillers en vin pour l’aspect formateur et commercial ainsi que des amateurs qui viennent assouvir leur passion en y laissant quelques deniers au passage. Luc y déploie ses talents de communicateur présentant les uns aux autres, voyant au service aux conditions optimales à l’appréciation des produits et encensant comme il se doit les producteurs ayant fait le déplacement loin de leur contrée. La coutume veut que l’exercice se répète dans les différentes régions du Québec afin de toucher un maximum de gens. Comme le dit alors Luc « le vin est un vecteur de plaisir ». 

Autre trait distinctif et nul doute que la personnalité attachante de Luc y est pour beaucoup, nombre des producteurs cités plus haut ont établi des liens amicaux étroits avec certains amateurs québécois. En effet, Luc possède une aisance relationnelle hors du commun et il lui est facile de créer des ponts entre les gens qui de surcroit partagent la même passion. Sa chaleur humaine, sa bonhommie et son sens de l’hospitalité sont prétextes à créer des connexions humaines positives et chaleureuses.

unnamedUn plaisir renouvelé en ce mois d’octobre 2025

Entretien avec l’ami Luc

Lors de mon dernier séjour à Montréal, j’ai retrouvé Luc et bien sûr, nous avons ressassé un peu cette belle époque. De la Maison des vins où nous avons travaillé ensemble, « mon passage à la Maison des vins de Québec a contribué à développer et nourrir ma passion pour l’univers du vin » m’avoue-t’il pour témoigner de ses débuts. Et d’ajouter « le monde du vin possède une grande complexité liée à une foule de disciplines comme la géographie, l’histoire, la biologie, la gastronomie et bien sûr l’humanité ». Cela fait consensus dans la sphère viticole et j’en suis, tant dès que l’on s’y intéresse moindrement, déguster un verre de vin élargit tous les horizons. Loin d’être une corvée, cet apprentissage comble l’amateur. C’est cultiver un certain art de vivre et une forme d’hédonisme contemplatif. Au fil de la conversation, Luc emploie régulièrement les termes de liant et de convivialité car le vrai plaisir du vin est dans le partage. Le partage d’un bon verre de vin certes, mais aussi le partage de la table, de discussions animées et surtout… d’amitiés durables. 

Enfin, Luc et moi partageons le même point de vue : le vin est un produit noble qui s’apprécie néanmoins bien humblement. Il mérite notre attention au premier abord afin de reconnaître le labeur des gens qui ont fait en sorte au fil des siècles, que l’on puisse apprécier des produits aussi complexes et aboutis. Après, place au plaisir… sans fla-fla. Quant à savoir quel vin est le meilleur la réponse fuse, « c’est celui dont on redemande un autre verre ». 

Et Luc Provencher de conclure « j’ai toujours pris plaisir à penser que j’étais un marchand de bonheur ». Voilà, la messe est dite !

À propos de l' auteur

Jean Chouzenoux a travaillé 35 ans à la Société des alcools du Québec, y a occupé différents postes de gestion aux ventes, aux communications et à la commercialisation.
 
Membre de nombreuses confréries bachiques et gastronomiques et animateur de tournées viticoles dans le vignoble européen. Juré dans les concours internationaux de dégustations, fut chroniqueur sur les vins à la radio et collabore ponctuellement au magazine Prestige de Québec.
 
Installé à  Nice depuis 2010, où il continue d'entretenir sa passion pour le vin.