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Revendications violentes, entre autres au Chili et au Liban, contre les abus de la fiscalité

Revendications violentes, entre autres au Chili et au Liban, contre les abus de la fiscalité

Certains pays comme le Liban ou le Chili connaissent actuellement d'importants mouvements sociaux liés aux dérives de la fiscalité. Jean-Paul Betbeze décrypte ce phénomène.

Atlantico.fr : Quelles sont les revendications communes aux différents mouvements sociaux qui, des manifestations au Chili ou au Liban, bousculent certains pays ?

Jean-Paul Betbeze : Ce qui est de commun dans ces revendications violentes, c’est le refus de hausses d’impôts indirects, qui frappent en réalité directement tout le monde, surtout les ménages aux revenus modestes. Le ticket de métro plus cher bouleverse Santiago puis le Chili tout entier depuis une semaine. Depuis une semaine aussi, une taxe de 0,18 euro par message WhatsApp enflamme Beyrouth, puis les grandes villes du Liban. Il y a plus d’un an, une hausse 6 centimes pour un litre d’essence en France avait fait naître les « gilets jaunes ». Depuis la hausse de l’essence a été supprimée en France, mais « l’esprit gilet jaunes » demeure et l’idée qu’elle obéissait au principe pollueur-payeur n’est plus avancée. La lutte contre la pollution attendra… « la décroissance » ! La hausse de WhatsApp aussi a été abandonnée au Liban, pour réduire le déficit budgétaire, mais les échauffourées demeurent. Enfin, le Chili serait « en guerre » selon son Président, Sebastian Piñera, alors qu’il allait économiquement plutôt bien.

Partout, des étincelles mettent ainsi le feu aux poudres, inquiétant, surprenant, révélant… mais quoi ? Elles se produisent en effet dans des pays avec des situations et des niveaux de développement très différents.

Les manifestants sont-ils animés par des questions politiques, ou sont-ils des consommateurs inquiets ?

Il n’y a rien de politiquement commun dans ces différents cas. Au Chili, c’est plutôt une révolte d’impatience. Le pays pouvait en effet passer pour un modèle de tranquillité et de réussite, avec une croissance de l’ordre de 1,9%, une inflation de 2,1%, un taux de chômage de 7,2%, un déficit public de 3,1% et un endettement public de l’ordre de 26% du PIB. La flat tax vient de baisser, passant de 40% du revenu des ménages en 2016 à 35% actuellement, tandis que l’impôt des sociétés est en hausse régulière de 18,5% en 2012 à 27%. La société est très inégalitaire, autant que le Mexique, mais sans les extrémités et la violence mexicaines. Sa politique fiscale paraissait bien orientée, même si les lacunes des services publics, notamment de santé et d’éducation sont considérables.

Lire l'article complet: Atlantico.fr du 23 octobre 2019