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L’embouteillage des vins et spiritueux actuellement perturbé par une pénurie de verre

L’embouteillage des vins et spiritueux actuellement perturbé par une pénurie de verre

Conséquence d’une multiplicité de facteurs, les producteurs de vins, de spiritueux mais aussi tout le secteur alimentaire sont touchés par cette pénurie de verre. A un point tel que certains ne peuvent plus aujourd’hui livrer leurs clients. Analyse de la situation avec Eric Citone, CEO de Berlin Packaging France – Bruni Glass.

Thierry Heins: Quelle est l’origine de cette situation préoccupante ?

Eric Citone: La verrerie est un secteur très équilibré. Il y a autant de verreries en Europe, il y a autant de tonnes de verre qui sortent tous les jours, pas plus, pas moins. Le moindre déséquilibre perturbe l’ensemble de la filière. Et depuis la crise du Covid, toutes les difficultés se sont accumulées pour la déséquilibrer complètement.

La pandémie a amené beaucoup de crainte chez les verriers, à la suite d’une baisse importante de la demande. Certains fabricants ont décidé d’arrêter des lignes de production. Par conséquent, l’offre s’est réduite. Cette crise est arrivée également à un moment où beaucoup de fours étaient déjà à l’arrêt, pour rénovation. Au moment de la reprise, des lignes n’ont pas redémarré par manque de personnel touché par le covid. Il faut également du temps pour redémarrer un four, en moyenne deux mois. Les verriers ont alors adapté leur politique, pour maximiser les « runs » de production, sans devoir changer de moule verrier. Cela a commencé à provoquer de la pénurie, parce qu’au lieu de changer régulièrement de moules, les verriers sont passés sur de très longs runs. Aujourd’hui, certaines références sont produites une fois tous les 4-5 mois.

Comme les clients ont vu qu’ils avaient des difficultés à s’approvisionner, ils ont commencé à surstocker. Cela a exacerbé le problème. Et puis, avec le rebond post-covid de la demande mondiale à la rentrée 2021, sur des stocks de verrerie faibles, la situation s’est aggravée. N’oublions pas non plus qu’avant la pandémei, la Chine exportait beaucoup de verre, à destination de l’Europe et des Etats Unis. Avec l’envolée du prix des containers, de 3000 à 18000 dollars, la Chine est sortie du marché. Et les USA sont venus s’approvisionner en Europe.

T.H.: Il y-a-t-il un problème de manque de matières premières, ou du prix de celles-ci ?

E.C.: Le secteur est également impacté par des augmentations importantes de prix des matières premières mais aussi des problèmes d’approvisionnement des matières qui entrent dans la fabrication du verre, telles que sur le calcin (verre cassé), les produits chimiques… Est-ce que les problèmes d’approvisionnement sont dus à une rareté des produits sur le marché, ou est-ce la demande importante qui crée la rareté ? C’est difficile à dire.

Le prix du gaz est également fortement à la hausse depuis un an. Tous les fours travaillent au gaz. La crise ukrainienne a accentué le problème : fermeture des 6 usines verrières en Ukraine (verre blanc), et crainte de ne plus avoir de gaz. Car un four cela ne s’arrête pas en deux minutes, sinon vous le perdez. Et Il faut deux mois pour le rallumer.

Les verriers se sont donc posé la question suivante : faut-il fermer des fours car l’énergie augmente tellement que nous ne sommes plus rentables ? Quelques lignes ont ainsi été fermées. Aujourd’hui cela va un petit peu mieux.

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