jeudi 18 avril 2024
Oser sortir du carcan des recettes

Oser sortir du carcan des recettes

Alors que certains font d’un « touski » un festin, d’autres trouvent inimaginable l’idée de devoir improviser un souper. Les recettes prennent-elles trop de place dans nos cuisines ? Des voix s’élèvent pour appeler à se libérer de ce carcan.

Fermière de famille depuis 15 ans, l’agronome Véronique Bouchard fait régulièrement face au manque de connaissances de ses clients. Quel nouvel abonné de panier bio n’a jamais paniqué en découvrant son premier lot de topinambours ?

« Je dois fournir des recettes pour que les gens soient capables de changer leur alimentation, l’adapter au fil des saisons, remarque Véronique Bouchard, cofondatrice de la Ferme aux petits oignons, à Mont-Tremblant. Mais je ne peux pas fournir une recette pour chaque légume chaque semaine. J’ai réalisé que le fait que les gens aient besoin de recettes pour cuisiner est un frein pour adopter des changements qui seraient vraiment bénéfiques, autant pour des raisons d’équité sociale que d’environnement. » Un frein à l’autonomie et à la résilience alimentaire donc, un frein à adopter une alimentation locale.

La nécessité est mère de l’invention

C’est un hasard si Cuisiner sans recettes, le livre sur lequel elle travaillait depuis cinq ans, est sorti l’automne dernier, à un moment où la pandémie a forcé les Québécois à réfléchir à leur autonomie alimentaire. Les défis sont grands et collectifs, certes, mais la solution se trouve aussi dans nos cuisines. Si la crise sanitaire a fait appel à notre capacité d’adaptation, elle a aussi permis, selon Véronique Bouchard, « de voir un monde de possibles ». Un monde où on fait son propre pain, où on apprend à cuisiner avec les produits disponibles et où on valorise le travail des producteurs d’ici. Un retour aux sources en quelque sorte.

Mais si nos grands-mères maniaient l’art d’improviser avec brio, la perte d’un savoir-faire culinaire et la surabondance de recettes ont fait de ces dernières un guide auquel plusieurs cuisiniers amateurs n’osent pas déroger.

Lire l'article complet: La Presse du 2 janvier 2021