jeudi 28 mars 2024
Le déconfinement se déroule au Québec dans une pagaille incroyable

Le déconfinement se déroule au Québec dans une pagaille incroyable

Horacio Arruda, le directeur national de santé publique, l’a affirmé à l’aide d’une des ses expressions fleuries : «Le reste du Québec, c’est le paradis!» Il entendait par là que la situation sanitaire était nettement meilleure en région que dans le Grand Montréal. Quelle était même tellement meilleure qu’il était logique d’y procéder à un déconfinement à la fois rapide et graduel.

Parfait. Je me suis dit que ça méritait d’être vérifié sur le terrain, d’autant plus que j’étais curieux de découvrir ce à quoi pouvait ressembler le «paradis». Ces derniers jours, donc, j’ai fait un petit tour en Estrie, dans un zone commerciale de Sherbrooke que je ne désignerai pas clairement pour une raison fort simple : j’ai assisté là à une pagaille sans nom, tant d’un point de vue sanitaire qu’économique! (Mon but n’est pas de pointer telle ou telle enseigne de grand magasin, encore moins tel ou tel travailleur, mais de révéler les dysfonctionnements ahurissants du déconfinement tel qu’il est aujourd’hui pratiqué.)

Je suis allé à un grand magasin de produits électroniques. De part et d’autre de l’entrée, il y avait deux files : à droite, la file des gens qui venaient retirer un item commandé en ligne; à gauche, celle de ceux qui venaient magasiner. Je me suis installé au bout de celle de gauche, à peu près à la dixième place; il faisait froid, on était tous en plein vent, l’attente promettait d’être longue et harassante.

Chacun se tenait à bonne distance des autres. Un peu avant moi se tenait un seul monsieur qui s’était doté de protections, et il n’y était pas allé de main morte: un masque chirurgical sur la bouche et le nez ainsi qu’une visière en plastique devant tout le visage; il détonnait tellement de nous autres qu’un vendeur a fini par sortir du magasin pour lui demander s’il avait la COVID-19 (non, il était juste ultra prudent). 

L’attente était franchement longue, et il faisait franchement froid en plein vent. J’ai demandé au gars devant moi de bien vouloir garder ma place et je suis allé voir comment ça se passait à l’entrée. C’est là que j’ai découvert que l’intérieur de l’immense bâtisse était dans l’obscurité la plus totale: le magasin avait juste installé une table à l’entrée, et une poignée de vendeurs recevait les clients un par un, allant chercher à l’arrière le produit demandé. Impossible de magasiner puisqu’il était impossible de pénétrer dans le magasin. Si, par exemple, je voulais acheter un nouveau casque d’écoute, il fallait que je sache déjà le modèle qui m’intéressait, car les vendeurs n’allaient sûrement pas m’en amener trois ou quatre différents pour que je puisse les comparer et les essayer.

Lire l'article complet: Les Affaires du 13 mai 2020