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Jeanne Augier, propriétaire du célèbre Negresco, s'éteint à l'aube de ses 96 ans

Jeanne Augier, propriétaire du célèbre Negresco, s'éteint à l'aube de ses 96 ans

L’établissement est placé sous administration judiciaire depuis 2013.

Elle était propriétaire du célèbre palace niçois Le Negresco. Jeanne Augier est morte à 95 ans, dans la nuit de lundi à ce mardi, annonce France bleu. Sa succession s’annonce compliquée.

Placée sous tutelle en 2013 pour la protéger des sollicitations, Jeanne Augier vivait dans un vaste appartement aménagé dans un étage de l'établissement cinq étoiles dont elle avait contribué à faire la renommée. Elle allait avoir 96 ans le 27 mars.

Contrainte de se déplacer en chaise roulante, elle souffrait de pertes de mémoire qui l'empêchaient de gérer efficacement l'hôtel, placé sous administration judiciaire depuis 2013 après plusieurs décennies d'une direction à l'ancienne, mêlant autoritarisme et paternalisme.

Le dernier palace familial de l'Hexagone resté français

Avec sa façade Belle Epoque et sa coupole rose, parfois surnommé la Tour Eiffel de Nice, le Negresco, dont elle a héritée de son père en 1957, est l'un des symboles de la Promenade des Anglais. Véritable hôtel-musée, il abrite 124 chambres et suites au mobilier éclectique.

Revenu aux bénéfices alors qu'il tournait à perte en 2011, selon la direction, l’hôtel est le dernier palace familial de l'Hexagone resté français, doté du label «entreprise du patrimoine vivant», valorisant le savoir-faire tricolore. En raison de sa renommée, l’établissement pourrait valoir entre 300 millions et 400 millions d'euros, selon une estimation de 2016, sans compter le mobilier et les œuvres d'art.

Sans descendants, Jeanne Augier a créé en 2009 un fonds de dotation («Mesnage-Augier-Negresco») qui doit en principe gérer son patrimoine maintenant qu’elle est disparue. Les bénéfices doivent aller au développement de l'hôtel, à la défense des animaux, aux handicapés et au «rayonnement de l'art français».

La succession s'annonce compliquée en raison des multiples convoitises et conflits autour de l'hôtel. En 2017, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, a saisi le tribunal de commerce pour décider de la suite. Cette intervention a été vécue comme une prévente déguisée par la direction et les salariés qui ont ensuite obtenu que le dossier soit dépaysé à Marseille (Bouches-du-Rhône). Une enquête du parquet national financier est également en cours. Elle a valu à Jean-Michel Prêtre, en décembre, une perquisition à son domicile et à son bureau au palais de justice.

Source: Michel Loiseleux, via Le Parisien du 8 janvier 2019