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Le maïs de Neuville, protégé par une appellation d’origine contrôlée

Le maïs de Neuville, protégé par une appellation d’origine contrôlée

Les cultivateurs de maïs de Neuville aiment à dire que leurs épis sont les plus sucrés du Québec. Chose certaine, leur maïs est unique: il est le seul de la province à être protégé par une appellation d'origine contrôlée, obtenue après trois années de démarches, le 5 juin dernier.

Plus juteux, plus sucré

Protégé par une appellation d'origine contrôlée, le maïs de Neuville est par le fait même exceptionnel. On ne compte encore que sur les doigts d'une seule main les produits ainsi identifiés au Québec (alors que la France en dénombre plus de 400).

«Les gens disent que notre maïs est le meilleur, et on va enfin pouvoir faire en sorte de préserver cette réputation, croit Isabelle Béland, de l'Association des producteurs de maïs sucré de Neuville. On entend souvent des gens dire qu'ils ont acheté du "maïs de Neuville" bien en dehors de notre territoire, quand on en produit à peine assez pour alimenter notre propre kiosque!»

Cet été, les producteurs pourront apposer des logos distribués par Ecocert Canada certifiant que leur récolte est authentique et protégée, sous certaines conditions.

Le logo sera d'autant plus utile qu'il est impossible de distinguer, à l'oeil nu, un maïs produit à Neuville d'un autre.

«C'est surtout le savoir-faire qui s'est développé avec les années qui fait la différence: on sait exactement quelles variétés planter, il est cueilli juste à point, assez mûr, mais pas trop», explique Isabelle Béland, de l'Association des producteurs de maïs sucré de Neuville.

«Et puis, le sol est très particulier, ce sont des terres sableuses calcaires, et il y a l'effet du fleuve, tout ça a une influence», ajoute Isabelle Béland.

Approuvé par le chef

«Le maïs de Neuville est particulièrement juteux et sucré», opine Jean-Luc Boulay, chef réputé des restaurants Saint-Amour et Chez Boulay, à Québec, où sont particulièrement mis en valeur les produits du terroir québécois.

Le chef, Français d'origine, n'était pourtant pas un grand adepte de blé d'Inde à son arrivée au Québec, il y a 40 ans. «Je n'ai pas de souvenirs d'enfance qui y sont rattachés, je n'en ai pas mangé quand j'étais petit, et cela m'a pris quelques années avant d'aimer ça, de passer par-dessus le choc culturel», raconte-t-il. Mais il y a pris goût et, maintenant, il aime en ajouter dans les plats, «pour le côté sucré, la texture et la couleur que cela apporte», souligne-t-il. Il achète essentiellement celui de Neuville, parce qu'il habite non loin de là, mais surtout, il n'en mange que l'été, pendant la saison des récoltes.

«C'est un produit de saison: comme je ne mange pas de fraises en hiver, je ne mange pas de maïs en hiver.»

Dans ses restaurants, il en fait une bisque, des croquettes, mais chez lui, avec sa famille, il l'aime tout simplement sur le barbecue, cuit avec ou sans son enveloppe, et avec un peu (beaucoup!) de beurre saupoudré de fleur de sel.

Le printemps difficile risque de retarder l'arrivée des premiers épis, toujours les plus précoces dans la région de Québec. «On prévoit une première récolte autour du 25 juillet, deux semaines plus tard que d'habitude», remarque le cultivateur Claude Dubuc. En début de saison, on le paiera environ 9,50 $ la douzaine, 7 $ au plus fort des récoltes, et on peut espérer en trouver jusqu'en septembre. «Plus on est tard dans la saison, plus il est sucré», assure Mme Béland.

Mais il faudra aller jusqu'à Neuville pour en trouver «du vrai de vrai»: quelques commerces de Québec en tiennent, parfois un kiosque de Baie-Saint-Paul, mais c'est tout: on ne compte qu'une dizaine de cultivateurs de maïs de Neuville. Et surtout, il faut le manger aussitôt cueilli. «On a fait le test, raconte Claude Dubuc: le maïs perd 25 % de son sucre en 24 heures s'il n'est pas réfrigéré.»

Source: Lou White, via La Presse du 19 juin 2017